“Une croissance infinie est impossible, nous n’avons qu’une seule Terre” – René Dumont
Et puisqu’il y a urgence https://melenchon2022.fr/
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12 février 2024par Hélène Adam et Martine Billard
Il est courant aujourd’hui de parler de risque fasciste en France en évoquant la possibilité de la victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle. Pourtant utiliser les bons concepts et donc les bonnes dénomination est fondamental en politique pour pouvoir adopter la réponse adéquate.
Quelques rappels historiques sur le fascisme
Historiquement le fascisme apparaît avec Benito Mussolini en Italie. Il est caractérisé par le rejet de l’égalité au nom de la hiérarchie naturelle entre les sexes (les femmes sont renvoyées à la maison et on exige d’elles un grand nombre d’enfants) et de la hiérarchie entre les races. Cela va de pair avec le refus de la démocratie.
En Italie, le fascisme est une réponse à la crise économique de 1919 à 1921, à la montée du Parti Communiste qui remporte 15 sièges de députés aux élections de 1921 et à l‘incapacité de la bourgeoisie de faire front à la révolte populaire pour une vie meilleure.
En Espagne, la chute de la monarchie en 1931 puis la victoire du Front Populaire en 1936 provoquent le coup d’état du général Franco qui s’appuie sur le mouvement fasciste de la Phalange.
En Allemagne, la montée puis la victoire du nazisme s’explique d’une part par les conséquences de la crise économique de 1929 mais aussi par l’humiliation subie avec la signature du Traité de Versailles. La tentative de révolution spartakiste menée par Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht en 1919 dans la foulée de la révolution soviétique a aussi semé la peur au sein de la bourgeoisie au point que les grands patrons de l’industrie et de la banque ont adressé une lettre en 1932 au président Hindenburg l’appelant à nommer Hitler chancelier. Le KPD était en effet passé de 124 000 adhérents en 1928 à 206 000 en 1931 et de 4,6 millions de voix aux élection de 1928 à 5,9 millions en novembre 1932. Mais lors du sixième congrès de l’Internationale communiste en septembre 1928 Staline donne la priorité à la lutte contre la social-démocratie. Ayant subi une répression sanglante en 1919 sous un gouvernement SPD avec notamment l’assassinat de Luxembourg et Liebknecht, le KPD va adopter cette ligne : en novembre 1931, on lit dans la Rote Fahne, l’organe communiste : « le fascisme de Brüning n’est pas meilleur que celui de Hitler… C’est contre la social-démocratie que nous menons le combat principal ».
A chaque fois la prise de pouvoir implique la dissolution du parlement, l’interdiction des partis et syndicats hors ceux liés au mouvement fasciste, l’embrigadement poussé de la jeunesse et sa dévotion au chef (Chemises noires en Italie, Jeunesse Hitlérienne en Allemagne), l’existence de milices armées qui font la loi dans la rue comme les SA, l’emprisonnement des militants syndicaux et politiques ainsi que tout opposant et même leur assassinat. Le fascisme est pour l’intervention de l’État dans l’économie dans sa volonté de contrôle de la société.
Dans ces trois pays, c’est la peur du communisme qui explique le ralliement de la bourgeoisie au fascisme et son succès à une époque où le mouvement ouvrier est en forte croissance aux lendemains de la victoire spectaculaire de la Révolution Russe. L’antisémitisme a également pignon sur rue et les exactions contre les juifs se multiplient dans toute l’Europe avec une nette accélération dans les années 20 et 30 en Europe centrale (Allemagne, Pologne, Hongrie, Autriche).
Mais nous voyons que chaque cas a des spécificités. Ainsi en Espagne l’omniprésence d’une église catholique ultra réactionnaire en est un des aspects.
En Allemagne le nazisme a été l’auteur d’interdictions professionnelles visant les juifs dans toutes leurs activités et avec des attaques particulières contre leur poids dans l’intelligentsia politique, sociale, culturelle, littéraire souvent d’avant-garde. L’ensemble de ces mesures se répand dans une bonne partie de l’Europe et s’accompagne rapidement de la décision d’élimination physique globale de l’ensemble de la communauté juive au travers de la Shoah. S’il y a dans l’histoire bien d’autres exemples de camps de concentration, les camps d’extermination sont de toute autre nature et représentent une rupture fondamentale dans l’histoire récente. La politique d’extermination organisée de manière « industrielle » en fait sa spécificité par rapport à d’autres génocides. Le nazisme c’est aussi l’eugénisme avec l’obsession de la pureté de la race amenant notamment à l’élimination des handicapés mentaux et des roms.
Il y a eu des mouvements fascistes dans d’autres pays d’Europe à la même époque qui ont souvent pris exemple sur l’Italie : Croix fléchées en Hongrie, Oustachis en Croatie …
En France les mouvements nationalistes fascisants et antisémites ont également pignon sur rue et « l’insurrection » du 6 février 34 s’en prend directement à la représentation parlementaire.
La course aux armements et finalement, le déclenchement de la Guerre par l’Allemagne, est également inscrite dans ce mouvement général de montée des formes les plus réactionnaires et anti-républicaines des formations politiques aspirant puis prenant le pouvoir.
Depuis la démocratie a été abolie dans d’autres pays mais le plus souvent au moyen de coups d’états suivis de dictatures militaires (Grèce, Amérique du sud …) et sans une organisation équivalente de l’État, de haut en bas, que l’on peut qualifier de fasciste.
Que ce soit le nazisme, le fascisme ou les dictatures, tous ces pouvoirs avaient comme premier objectif revendiqué comme tel de s’opposer à la montée du communisme après la victoire de la révolution d’Octobre en Russie dans les années 30, et en Amérique Latine d’empêcher d’autres pays de suivre l’exemple cubain.
La période social-démocrate
Nous avons connu ensuite une période de prospérité économique et de relative puissance de la social-démocratie qui n’avait pas pour objectif de remettre en cause le système mais de mieux répartir les fruits de la croissance. Tant que cette croissance était au rendez-vous cela pouvait se gérer dans le cadre du système au moyen d’alternances politiques. Mais la généralisation de la mondialisation financière, de la marchandisation de tous les secteurs économiques et de la vie et la concurrence effrénée précarisent l’ensemble de la société. Avec le développement des délocalisations, de la sous-traitance, de la précarité il n’y a plus dans les pays occidentaux de grande concentrations ouvrières avec de puissants syndicats.
Le rôle « classique » de la social-démocratie est donc terminé, son accès au pouvoir ne pouvant s’effectuer que dans le cadre d’alliances politiques plutôt au centre.
De façon plus générale, nous ne sommes plus dans une situation internationale où le mouvement ouvrier est à l’offensive et peut apparaître comme un danger pour le pouvoir de la bourgeoisie.
Nouvelle menace : la mise en danger de notre écosystème
Une nouvelle menace est apparue : la catastrophe écologique, qui certes ne frappe pas de la même façon les riches et les pauvres, mais néanmoins n’épargne personne et surtout remet profondément en cause l’avenir de l’humanité dans ce mode de production dominant. Beaucoup de luttes se développent partout sur la planète contre la destruction des milieux vivants, l’appropriation de l’eau par une poignée de profiteurs, la contamination des lieux de vie etc … Autant des luttes ouvrières peuvent être apaisées momentanément par des hausses de salaires ou des améliorations temporaires des conditions de travail que le capitalisme s’empressera de reprendre à la première occasion, autant le refus de l’extraction minière ou de la déforestation n’est pas récupérable. Voilà pourquoi dans tous les pays les pouvoirs politiques se durcissent pour maintenir le système productiviste et les privilèges des riches avec l’utilisation massive de moyens de surveillance et allant comme en France jusqu’à traiter les opposants à ce système d’écoterroristes. L’accusation de faiblesse voire de complaisance avec le terrorisme tout comme l’accusation d’antisémitisme dès qu’on exprime un désaccord avec le gouvernement israélien d’extrême-droite permet de dénigrer les opposants et vise à empêcher tout débat public ainsi que toute remise en cause du discours majoritaire porté par les forces politiques au pouvoir avec l’aide de médias possédés par l’oligarchie. Ceci se vérifie dans de nombreux pays.
Reste à dévier la colère populaire vers d’autres ennemis. La montée de la globalisation, l’angoisse du désastre écologique et la peur des migrations liées au réchauffement climatique permet à la bourgeoisie de surfer sur le repli identitaire et la montée du racisme. Mais l’oligarchie ne peut pas se permettre de nier totalement la réalité du réchauffement climatique car c’est contradictoire avec ses intérêts à moyen terme. Dans ces conditions une alliance avec l’extrême-droite pour casser les résistances écologiques peut être une solution à court terme mais pas forcément à long terme.
L’arrivée de gouvernements autoritaires dans différents pays est d’ailleurs intimement lié à l’ultra libéralisme ce qui les différencient du fascisme des années 30.
Y-a-t-il un risque fasciste en France ?
Macron est-il fasciste ? Dire cela est absurde. Il défend les intérêts des plus riches et pour cela n’hésite pas à utiliser la répression pour casser toute volonté de s’y opposer. Il est fort possible qu’il soit aussi profondément réactionnaire comme ses sorties sur Maurras, Pétain etc le laissent penser. Mais il n’a aucunement l’intention d’organiser un mouvement fasciste en France. Ce n’est, si on peut dire, qu’un pouvoir autoritaire.
Fondamentalement, la forme de démocratie que représente la Cinquième République trouve même une illustration assez adéquate à ses formes spécifiques : présidentialisme contre parlementarisme sont poussés à l’extrême au sens où l’utilisation du 49.3 a battu des records. En même temps, cet « excès » est la réponse du pouvoir à une Assemblée où sa majorité n’est pas assurée en permanence, donc qui reflète paradoxalement les faiblesses actuelles des assises politiques d’un gouvernement dont l’accès au pouvoir est le résultat d’un vote en partie dicté par le rejet de Marine Le Pen.
Indéniablement l’action de groupuscules se réclamant du fascisme voire du nazisme a augmenté ces dernières années. Totalement minoritaires, ils peuvent néanmoins être momentanément très utiles au pouvoir pour semer la peur chez les militants. Lorsqu’ils passent les bornes ils sont dissous avant de se reconstituer sous un autre nom. Cependant on ne peut actuellement parler de bandes armées instrumentalisant les forces de l’ordre étatiques ou parallèles, voire rivales mais revendiquant le pouvoir, telles qu’on pouvait en observer la progression dès 1931 en Allemagne et en Italie.
Il y a cependant un risque tout à fait sérieux d’accession du RN au pouvoir et c’est ce phénomène politique, qui rejoint les tristes événements déjà intervenus en Italie notamment, qu’il faut analyser.
A la présidentielle de 2027 en cas de second tour entre Le Pen et un candidat de gauche, il est fort probable, et les sondages actuels donnent cette tendance, que la droite soutienne Le Pen d’autant plus si le candidat de gauche est soutenu par la FI. Nous avons malheureusement vu aux législatives de 2022 que lors des seconds tours FI-RN la droite et les macronistes n’avaient pas hésité à voter pour le RN.
Les tabous ou réserves « républicaines » ne sont plus de mises et, depuis que la LFI représente une réelle force parlementaire de propositions politiques, ce sont souvent ses positions qui ont été « diabolisées » voire considérées ouvertement comme « hors du champ républicain ». Le barrage républicain ne se fait plus contre le RN mais contre la FI.
Le RN avec Marine Le Pen a clairement pour objectif d’accéder au pouvoir par les élections. Sa meilleure possibilité est de gagner la présidentielle de 2027. D’autant que voter pour le successeur de Macron après 10 ans de pouvoir qui auront casser un peu plus l’état social et appauvrit la population tout en aggravant la répression contre tout opposant apparaît difficile. Même sans majorité au parlement ensuite, Macron a montré comment en poussant au maximum la Constitution de la 5ème République il était possible de gouverner sans majorité. Mais cela ouvrirait-il la porte à un gouvernement fasciste ?
S’il parait exclu que le RN se livre à une interdiction/dissolution des partis politiques (y compris la LFI, son pire ennemi), des syndicats (y compris la Confédération Paysanne), d’associations ayant pignon sur rue comme la LDH, il est fort probable qu’il accentuera les formes d’intimidation, de restrictions des libertés, de suppression des subventions, qui lui permettront d’asseoir son autorité.
Marine Le Pen va-t-elle renvoyer les femmes à la maison ? Ce n’est pas crédible. Elle peut essayer de limiter les droits mais ce n’est pas facile car contrairement à la Pologne et la Hongrie la majorité de la population française est aujourd’hui athée ou non pratiquante donc peu influencée par les doctrines religieuses dominantes et par ailleurs attachée aux droits durement acquis par les femmes dont le droit à disposer de son corps.
Il est donc peu probable que l’arrivée du RN signifie la mise en place d’un pouvoir fasciste. Ce sera un pouvoir réactionnaire, anti écologique, anti immigrés et ultra répressif. C’est déjà beaucoup et cela donne suffisamment de raisons de s’y opposer sans convoquer systématiquement des exemples historiques peu pertinents pour comprendre précisément les spécificités complexes de la situation actuelle. Et les potentielles catastrophes diverses annoncées dans le cadre de la crise climatique pourront, hélas, nous amener à être confrontés à des situations tout aussi dramatiques mais prenant des formes et des chemins différents.
Rester lucides c’est se tourner vers la compréhension des phénomènes futurs en lien avec aujourd’hui. C’est apprendre du passé sans vouloir en plaquer les schémas sur une situation du présent. [...]
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17 janvier 2024L’élection européenne aura lieu dans toute l’Union européenne entre le 6 et le 9 juin 2024 avec des modes de scrutin variable selon les pays. Les travaux de l’actuel Parlement européen s’achèveront le 25 avril 2024 et la première séance plénière du nouveau Parlement aura lieu du 16 au 19 juillet.
En France, depuis 2019, il s’agit d’un scrutin sur liste unique alternant femmes et hommes pour élire cette fois-ci 81 députées et députés contre 79 sortants. Les frais de campagne sont remboursés à partir de 3 % mais pour obtenir des élu.e.s il est nécessaire d’atteindre les 5 % des suffrages exprimés. Donc à 4,9 % pas d’élu.e.s mais à 5 % autour de 5 élus en fonction des scores des autres listes.
Tous les citoyens de l’Union européenne résidant en France et qui font la démarche de s’inscrire sur les listes électorales à cette fin peuvent voter. La date limite d’inscription pour toutes les électrices et électeurs est fixé au 1er mai pour les inscriptions en ligne et au 3 mai en mairie.
– 6 au 17 mai : dépôt des listes
– 27 mai début de la campagne officielle impliquant des règles de répartition équitables du temps d’antenne dans les médias entre les différentes listes.
A gauche pour le moment, EELV, le PS et le PCF ont annoncé chacun leur liste refusant toute discussion pour une possible liste unitaire. Cela n’a rien de surprenant.
Le PCF avec Fabien Roussel est sur une ligne d’affirmation politique. Pourtant, il pourrait tirer la leçon de 2019 où leur liste n’avait obtenu que 2,49 % et donc aucun élu et pas de remboursement des frais de campagne alors que les médias ne tarissaient pas d’éloge pour la campagne de Ian Brossat. Le réveil fut sévère. La probabilité qu’ils reviennent sur cette décision est faible puisque malgré les sondages qui ne les avaient jamais donné au dessus de 3 %, ils n’ont à l’époque pas changé d’avis.
De même pour la présidentielle en 2022 si quelques sondages ont donné au début Fabien Roussel à 4 %, à partir d’avril tous oscillent entre 2 % et 3 % pour un score final de 2,28 % mais jamais il n’imaginera se retirer pour permettre l’accession au second tour de Jean-Luc Mélenchon candidat le mieux placé de toute la gauche.
Pour ce qui est de EELV, il est indéniable que pour les européennes, les sondages éloignés du scrutin les ont quasiment toujours sous-estimé. C’est historiquement le scrutin où ils obtiennent les meilleurs scores avec plus de 10 % à trois occasions : en 1989 en tant que Verts 10,59 % ; en 2009 16,28 % en tant que EELV avec notamment les candidatures de Daniel Cohn-Bendit, José Bové et Eva Joly ; en 2019 13,48 % en pleine époque des manifestations massives des jeunes pour le climat. Cette dernière date est d’ailleurs celle où les Verts obtiennent le meilleur score au niveau européen avec 9,32 %. Il est donc vraisemblable que la direction de EELV ne s’inquiète pas, convaincue qu’une fois de plus les sondages les sous-estiment.
C’est leurs scores aux européennes qui leur a régulièrement permis de négocier des alliances avec le PS pour les autres élections. Aujourd’hui l’ambition affirmée publiquement est de pouvoir négocier les élections suivantes sur la base des résultats de juin dont Marie Toussaint tête de liste est persuadée qu’ils porteront EELV en tête. Et ce alors qu’une liste de la NUPES avec une tête de liste écolo leur permettait de se positionner comme capable de rassembler et d’obtenir un bon score et espérons-le de passer devant le RN grâce à une dynamique de campagne qui aurait redonner de l’espoir à bien des électrices et électeurs. On a une montée de l’extrême-droite partout en Europe, une campagne qui risque de se focaliser sur des discours anti immigrés et anti écologie et tout le problème pour EELV est de faire le meilleur score seul pour ensuite obtenir plus d’élus aux élections suivantes ! C’est à pleurer ou à hurler c’est selon !
Côté PS, Olivier Faure, faute de majorité suffisante, est obligé, en échange de 3 socialistes de sa majorité en position éligible, de s’accommoder de Raphaël Glucksmann comme tête de liste. Ce dernier, dirigeant de Place Publique et choisi un peu par défaut en 2019, a décidé cette fois-ci de lancer sa campagne sans attendre l’investiture du PS. Fin décembre, France 24 le présente comme pouvant rassembler gauche réformiste et déçus du macronisme. Très présent dans les médias écrits et audiovisuels, il a reçu le soutien de José Bové ancien député européen Vert et de Daniel Cohn-Bendit et Jacques Attali en froid avec Macron qui n’a plus besoin d’eux. De plus les notables du Parti Socialiste anti NUPES appellent les uns après les autres à soutenir sa campagne trop heureux de l’aubaine qui leur est offerte de mettre leur premier secrétaire en difficulté. Avec la composition sarkozyste du nouveau gouvernement, la bourgeoisie libérale se cherche un nouveau héraut. Un espace se libère donc pour une candidature social-libérale qui pourra être boostée par des médias qui n’attendent que cela. De ce point de vue Raphaël Glucksmann est leur candidat idéal et sa mise en orbite rappelle celle de Cohn-Bendit en 2009.
Si les résultats des européennes le porte devant Marie Toussaint, on peut être sûrs que Olivier Faure n’en aura plus pour très longtemps comme premier secrétaire du PS. Toute la droite du PS ne rêve que de cela. Et la suite logique, qui commence déjà à en écouter certains, sera de construire une candidature au centre gauche pour la présidentielle de 2027.
L’élection européenne est peu représentative compte tenu de l’abstention élevée frappant surtout les classes populaires. Sur 9 élections depuis 1984, cinq ont vu une abstention supérieure à 50 % allant jusqu’à 59,4 % en 2009 et en 2019 avec 49,9% il s’en est fallu de très peu. A la présidentielle de 2022 l’abstention a atteint 26,31 % au premier tour soit 23,59 points de moins qu’aux européennes de 2019. Tirer des leçons sur le rapport de force au sein de la gauche à l’issue des élections du 9 juin peut donc être trompeur.
Mais si le scénario Glucksmann en tête se produisait, la responsabilité de EELV serait grande dans l’échec d’une alternative sociale et écologiste alors que la proposition d’une liste unitaire avec tête de liste écologiste permettait de construire une campagne d’espoir et de regroupement pour les syndicalistes, militants associatifs et sympathisants de gauche qui se désespèrent de voir l’extrême-droite et la droite macronienne progresser.
Faute d’une liste unitaire, il revient à la France Insoumise de mener la campagne européenne la plus ouverte possible, sur la base du programme auquel les jeunes de la NUPES étaient arrivés afin de maintenir cette lueur d’espoir indispensable dans ce moment politique si sinistre entre guerres, montée de l’extrême-droite et virage autoritaire et ultra-libéral de la bourgeoisie.
(Sondage du 15 janvier réalisé par Cluster 17) [...]
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20 décembre 2023* Face au désastre climatique, le capitalisme devient autoritaire
La COP 28, sous le poids des lobbies pétroliers et gaziers, n’a pas été capable de fixer des objectifs précis et datés de sortie des énergies fossiles. Les engagements climatiques pris par les gouvernements ne permettront qu’une baisse de 2 % des émissions mondiales de GES en 2030 par rapport à 2019 au lieu des 43 % nécessaires ! Les multinationales des hydrocarbures continuent à annoncer régulièrement l’ouverture de nouveaux gisements aidés en cela par le financement bancaire. Rien qu’en France de nouveaux gisements devraient être exploités en Gironde à La Teste-de-Buch victime de mega feux à l’été 2022 ainsi qu’en Moselle avec l’exploitation du gaz de couche contenu dans les anciens gisements de charbon. Macron continue avec son double discours y compris comme donneur de leçons à l’étranger. Comme l‘a exprimé crûment Patrick Pouyanné, PDG de Total : « Je connais et je respecte l’avis des scientifiques, le problème c’est qu’il y a la “vie réelle”. Cette transition, elle prendra du temps. Je dois assurer la sécurité d’approvisionnement au coût le plus efficace. ».
En résumé nos profits d’abord et pour la planète on verra plus tard. Or les profits des multinationales n’ont jamais été aussi élevés. Le pillage des ressources ne se limite pas aux hydrocarbures : il faut y ajouter les minerais, encore plus indispensables avec la transition énergétique, le bois, le sable, les ressources halieutiques … Les populations locales, y compris les peuples indigènes dont les territoires regorgent de ces ressources, supportent de moins en moins les ravages provoqués à l’environnement, l’accès à l’eau ainsi que sur leur santé. Les inondations et submersions d’un niveau jamais vu tout comme les sécheresses remettent en cause les possibilités d’habitation d’un certain nombre de territoires.
La conscience de la catastrophe écologique en cours est planétaire. Si les oligarchies continuent à promouvoir leur mode de production et leur mode de consommation destructeur ce n’est pas par méconnaissance des conséquences. C’est par égoïsme et par conviction que eux pourront toujours se donner les moyens de s’en sortir. Mais pour cela ils doivent empêcher la révolte des peuples. Une hausse de salaire peut toujours se récupérer notamment avec l’inflation. Les conditions de travail fluctuent au gré des décennies selon les rapports de force du moment. Mais reculer sur des projets comme les méga-bassines, l’exploitation des hydrocarbures, l’extraction minière ou l’exploitation des ressources naturelles, c’est céder sur la remise en cause du modèle productiviste. Cela impacte trop en profondeur le moteur même du système capitaliste. Les 30 glorieuses ont permis un partage des fruits de la croissance et l’accession au pouvoir de forces social-démocrates. Mais aujourd’hui il n’est plus question de laisser la moindre marge de négociation concernant les enjeux écologiques. D’où la violence qui se déchaîne allant jusqu’au meurtre contre les défenseurs de l’environnement dans tous les pays du monde, la multiplication des dispositifs de surveillance et la criminalisation des activistes écologistes y compris en France.
* Nous sommes entrés dans une phase réactionnaire à l’échelle planétaire
Les conflits armés, la pauvreté, les premières conséquences du dérèglement climatique poussent les êtres humains à migrer à la recherche de conditions de vie plus dignes. Les réseaux de trafic de drogue et de prostitution se mondialisent eux aussi pour élargir leur marché et contourner les systèmes de contrôle existant. Dans des pays jusque là plutôt d’émigration que d’immigration, des forces politiques surfent sur cette modification pour inciter à la xénophobie. Les replis identitaires gangrènent de nombreux états. Les conflits armés se multiplient dans une grande indifférence (Soudan, Yémen, Éthiopie, Kurdistan …) avec le risque toujours présent d’un embrasement plus vaste. Les expulsions de population se répandent soulevant au mieux des indignations sans conséquences : 80 000 arméniens expulsés du Haut Karabach par l’Azerbaidjan, des milliers de réfugiés Afghans expulsés du Pakistan et d’Iran, les Rohingya expulsés de Birmanie et aujourd’hui la volonté d’expulsion des Palestiniens de Gaza, de Cisjordanie et Jérusalem-est par Israël.
La montée de la puissance économique de la Chine, qui a conquis de très nombreux marchés sur tous les continents, l’affaiblissement du poids économique et politique des États-Unis, le refus des pays du Sud de s’aligner dorénavant sur la morale à double standard des pays du Nord, ouvrent la voie au déroulement de la théorie de la guerre de civilisation portée non seulement par l’extrême-droite mais aussi de plus en plus par la droite. Elle oppose un occident fantasmé (comment se définit-il?), voire une soit-disant civilisation judéo-chrétienne (ce sont des pays bien chrétiens qui ont participé de la mise en œuvre de la Shoah) au reste du monde.
Dans tous les pays, l’extrême-droite, souvent liée à l’agro-industrie, soit nie le réchauffement climatique soit le relativise. Ce négationnisme climatique plus la remise en cause des droits des femmes et des personnes LGBTIQ+, le suprématisme blanc ou au minimum le racisme ainsi que l’affirmation de politiques ultralibérales ont provoqué un sursaut électoral lors de certaines élections présidentielles comme aux USA avec l’élection de Biden, Lula au Brésil, Boric au Chili, Petro en Colombie. Mais cela ne fonctionne pas lors des élections législatives et aucun de ces présidents n’a de majorité au Parlement. Impossible dans une telle situation de mener des réformes de fond ce qui a pour conséquence de décourager celles et ceux qui ont fait barrage. L’extrême-droite reprend vite l’offensive et son retour dans des pays qui ont subi l’horreur de dictatures sanguinaires en dit long sur le rejet d’une classe politique incapable d’être à la hauteur des défis du moment. En Argentine, où la pauvreté concerne 40 % de la population et où l’inflation dépasse les 100 %, la droite historique derrière Macri, précédent président de la République, a fait le choix de. l’alliance avec l’extrême-droite ultra libérale de Javier Milei. Pourtant le candidat péroniste Massa n’avait rien d’un militant de gauche. La première semaine du nouveau président a montré qu’il était bien décidé à appliquer le programme qu’il avait défendu en campagne. Au Chili, le même type d’alliance n’a pas réussi à faire valider son projet de Constitution ultra-réactionnaire mais il s’est quand même trouvé 44 % des électrices et électeurs pour l’approuver. C’est une fois de plus la démonstration qu’à l’échelle internationale, la droite est de plus en plus prête à de telles alliances. Lorsque la gauche a encore un peu d’existence elle arrive à contenir difficilement l’extrême-droite, mais ce n’est plus le cas dans les pays où la gauche s’est effondrée ou a dérivé au centre comme en Italie et en Argentine. Une grande leçon à retenir et qui doit nous faire réfléchir sur notre responsabilité de sauvegarder une force de gauche digne de ce nom en France.
Dans l’Union européenne, plus de la moitié des pays ont soit un gouvernement auquel participe l’extrême-droite (Finlande, République Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Italie, Malte) soit son soutien comme en Suède, soit une extrême-droite première ou deuxième dans les sondages (France, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Allemagne, Autriche, Pologne, Estonie). Au Portugal, Chega est donné 3ème voire second avec 17-18 % des voix. Les prochains mois nous montreront quelles alliances vont être tissées au Pays-Bas après les élections législatives qui ont vu arriver en tête le candidat raciste Geert Wilders.
* En France aussi
La France était un des derniers pays à avoir maintenu un système de protection sociale. Sa remise en cause a commencé sous Jacques Chirac, puis s’est aggravée sous Nicolas Sarkozy (Inversion de la hiérarchie des normes, facilitation des licenciements, extension de l’annualisation et du forfait jours, travail du dimanche, création du statut d’autoentrepreneur), poursuivie sous Hollande (Loi El Khomry et aucune remise en cause des modifications précédentes du code du travail).
Depuis 2017, avec Emmanuel Macron président, on assiste à une casse générale de tout ce qui est services publics, politique de santé et politique sociale. Il a retenu les leçons de 2010, où malgré une mobilisation massive déjà pour une attaque contre les retraites, Sarkozy n’a pas cédé. Il a donc appliqué le même principe pour la réforme des retraites de 2023 : ne rien lâcher même face à des manifestations dans tout le pays et un rejet massif dans la population.
De nos jours, il peut donc y avoir une mobilisation importante dans la rue, le capital ne cède pas et utilise la répression pour décourager les gens de manifester. Il ne recule que lorsque ses intérêts à court terme sont menacés et qu’il espère pouvoir reprendre la main ensuite : grève des travailleurs de l’automobile aux USA et grève des travailleurs sans -papiers sur les chantiers des Jeux Olympiques. Mais cela ne remet pas en cause les fondations du projet ultra libéral.
Rien ne sert d’accuser les centrales syndicales de ne pas avoir été à la hauteur. En 36 et 68 il n’y a pas eu de mot d’ordre de grève générale lancé par les syndicats. Ce sont les travailleurs qui se sont lancés dans la grève et les centrales syndicales ont suivi. Mais aujourd’hui le salariat est morcelé par des statuts différents sur un même site de production et avec des concentrations de travailleurs bien moins importantes. La lutte est donc plus difficile d’autant que le rapport de force dans la société s’est aussi dégradé. Il n’y a plus eu de grande victoire sociale depuis 1995 et cela pèse énormément sur les luttes.
* L’oligarchie a mis la main sur les médias
Dans tous les pays, la concentration des médias et le coût d’un hebdomadaire ou mensuel papier laissent la voie libre aux discours de l’oligarchie. Ces dernières années, nous assistons aussi dans de nombreux pays à l’apparition de médias d’extrême droite, journaux radios et télés, n’hésitant pas à utiliser des fake news et même des faits alternatifs.
En France la bourgeoisie a eu la peur de sa vie avec les 22 % obtenus à l’élection présidentielle par Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France Insoumise. Aussi aujourd’hui la ligne plutôt le RN que la FI s’étale sans vergogne dans tous les médias mainstream. Vincent Bolloré, catholique convaincu que les racines chrétiennes de la France sont en danger, a constitué le groupe de médias le plus puissant avec une radio Europe 1, une télé CNews, des journaux comme le JDD et Paris Match qui lui permettent de déverser en continue ses pensées réactionnaires. C’est ainsi qu’il a poussé la candidature d’Eric Zemmour à la présidentielle. Il n’hésite pas non plus à multiplier les procès contre les médias ou les acteurs associatifs qui osent s’opposer à lui et dénoncer ses méthodes ou son business. Une étude a montré que seuls 21 % des téléspectateurs des journaux télévisés des chaînes d’info en continu (BFM, CNews, LCI, France Info) avaient voté pour un candidat de gauche en 2022 avec des records historiques d’audience pour CNews et LCI. Ne pas oublier que les 3 premières sont diffusées en continu dans beaucoup de cafés.
On sait qu’ils ne nous feront aucun cadeau. Il suffit de voir qu’ils ont osé accuser Dominique de Villepin d’antisémitisme en ajoutant à ses propos un mot qu’il n’a jamais prononcé. S’ils osent faire cela avec un ancien premier ministre de droite, rien ne les arrêtera contre la France Insoumise.
Donc rien ne sert de s’étonner, de se scandaliser. Mais ne jamais oublier que sur les réseaux sociaux, rien ne s’efface. Tout couac est détourné et utilisé pendant des mois contre la FI. Les plaintes à l’Arcom ou en justice sont rarement instruites ou traînent pendant des années. Et malheureusement ce bashing matin et soir ne peut pas ne pas avoir de conséquences sur l’opinion publique. Nous en voyons les résultats dans les sondages d’opinion.
Nous avons indéniablement franchi un cran de plus. La moindre insulte, le moindre tag, la moindre menace contre quelqu’un de Renaissance ou LR entraîne immédiatement de grandes déclarations dans les médias, l’ouverture d’une enquête de police voir judiciaire. A côté, les nôtres peuvent se voir attribuer des propos qu’ils n’ont pas tenu, être victimes d’attaques racistes, sexistes, menacés de mort, agressés physiquement (René Revol, Ugo Bernalicis …) voir leur maison brûler comme pour un militant Insoumis des Vosges, pas un mot de solidarité, pas une condamnation. Nos plaintes en justice tombent dans un puits dans fonds.
Nous ne pouvons compter que sur la solidarité entre militants et sur l’autodéfense des nôtres. Il est donc d’autant plus important d’éviter toute situation d’isolement politique.
La NUPES était la bonne stratégie.
Après l’excellente campagne de Jean-Luc Mélenchon, il y avait une petite possibilité de remporter les législatives. Ne pas essayer nous aurait été reproché et aurait désespéré toutes nos électrices et électeurs et toutes celles et ceux qui luttent. Le fait d’avoir un programme commun, enrichi par beaucoup de propositions des réseaux syndicaux et associatifs, a entraîné de nombreux électeurs hors parti.
La NUPES a permis à EELV d’avoir un groupe à l’assemblée nationale sinon comme en 2017 il n’y aurait eu aucun député, au PS et PC d’avoir un groupe et pas seulement quelques députés, et à la FI d’avoir beaucoup plus de députés. Donc toutes les forces politiques de la NUPES ont été gagnantes.
PC, PS, EELV ne rêvent que de faire une alliance anti FI ? Oui mais chacun croit pouvoir écraser les autres à son profit. Or tous se font des illusions :
PCF : Roussel s’illusionne avec sa bonne image personnelle due pour beaucoup à de l’électorat de droite qui ne votera jamais pour lui. Il n’y aura jamais de majorité pour voter pour un parti qui s’appelle « communiste ». C’est la dure réalité même si elle peut être désagréable à entendre pour le PCF. Et les sondages des européennes, avec toutes les réserves qu’on peut faire surtout à tant de distance de l’élection, montrent bien la limite de la stratégie utilisée.
EELV : outre qu’aux élections nationales, présidentielle et législative, les Verts n’ont jamais réussi à faire des scores significatifs, le moment propice pour eux est terminé. Quand on regarde les scores dans les autres pays de l’Union européenne, on voit une baisse très nette du vote écolo. Le lancement de leur campagne électorale montre une volonté de s’adresser en priorité à l’électorat centriste de Macron déçu par le manque d’actions écologiques. Mais sur ce segment électoral il y a Glucksmann qui fait nettement moins peur aux classes moyennes et supérieures.
PS : Il faut reconnaître à Olivier Faure un vrai sens tactique. Mais il reste entravé dans ses marges de manœuvre par le manque de majorité claire et stable au sein de son propre parti. L’imposition de Raphaël Glucksmann comme tête de liste aux européennes par la partie la plus droitière de ce qui reste du PS va le fragiliser car la ligne « Hollande » est bien décidée à lui faire la peau surtout en cas de score honorable aux européennes et à ré-ancrer de manière définitive le PS au centre gauche.
* Du barrage républicain contre le RN à l’alliance de la bourgeoisie contre la FI
Le deuxième tour des législatives aurait dû nous alerter beaucoup plus. Très clairement dans de nombreuses circonscriptions, lorsqu’un candidat de la NUPES faisait face au RN, quelque soit le parti car il n’y a pas eu de différence, la droite et les macronistes ont voté massivement pour le RN alors que les fois précédentes le vote se partageait entre abstention, vote blanc et même vote contre le RN. En 2022 cela n’a pas été le cas. L’exemple le plus flagrant est celui de Caroline Fiat (61,36 % au second tour en 2017, 50,23 % en 2022). Il est à craindre qu’aujourd’hui cela puisse être encore pire.
La question identitaire, utilisée par l’extrême-droite et manipulée par certains médias et une partie de la droite, a hélas tendance à prendre le dessus sur les questions sociales. Des électeurs qui se retrouvent totalement dans les propositions sociales de la FI vont voter RN sur la seule base de cette question identitaire. Il faut reconnaître que nous avons perdu du terrain dans la bataille culturelle. Comme le dit Edgar Morin « le grand remplacement est celui des idées humanistes et émancipatrices par les idées suprémacistes et xénophobes ». A l’Assemblée le RN a voté la moitié des textes du gouvernement et Renaissance leur tend de plus en plus des perches. On pouvait penser que la manifestation du dimanche 12 novembre aurait été le point d’orgue de cette banalisation du RN hissé au rang de grand défenseur de la lutte contre l’antisémitisme avec les félicitations de nombreuses figures politiques de la droite. Mais la recherche à tout prix d’un accord pour faire passer la loi immigration a amené Renaissance à aller encore plus loin dans l’ignominie en acceptant des mesures de préférence nationale, reprenant ainsi une vieille revendication de la famille Le Pen.
Nous savons donc maintenant très clairement que la France n’est plus à l’abri d’une victoire du RN si cela apparaît à la bourgeoisie comme la seule solution pour éviter la remise en cause du modèle économique en vigueur. Il faut donc empêcher Le Pen d’accéder au second tour. Pour cela il faut dessiller les yeux de celles et ceux qui croient à son pseudo discours de défense des classes populaires en dénonçant constamment les votes du RN dans les parlements nationaux et européens en défense du système économique et social. En cas de victoire de Le Pen, même sans majorité au Parlement, celle-ci pourra utiliser les moyens de la 5è République dont Macron a montré toutes les possibilités antidémocratiques. La police lui étant d’ores et déjà acquise, la répression pourra encore s’accentuer contre toutes celles et ceux qui oseront s’opposer à ses politiques.
* Face à la menace Le Pen nous devons tout faire pour reconstruire le rapport de force.
Le passage d’une phase d’ascension politique à une phase de stagnation doit nous amener à réfléchir sur comment agir.
Pour exister au détriment des autres, chacun y va de sa petite phrase, voire de l’insulte, anti Mélenchon et anti FI. C’est insupportable. Mais réagir dans le même registre n’amène à rien. Cela a surtout comme conséquence au niveau militant de sectariser ou de décourager et au niveau grand public de mettre tous les politiques dans le même paquet : ils se valent tous.
Le but n’est pas de retourner à une ligne social-démocrate molle, ce serait l’assurance d’un échec total. Il s’agit à partir d’un socle existant, inférieur au 22 % de la présidentielle de 2022 qui était la conjugaison d’un vote de conviction et d’un vote de raison, d’élargir notre audience. Ne pas abdiquer nos convictions mais savoir les défendre en positif, en donnant envie. Rassembler sur une ligne claire mais sans excommunication contre celles et ceux qui hésitent. Nous ne sommes plus à l’époque « d’électorats captifs » comme il a pu en exister à une époque où l’électorat de gauche était très délimité. Après les déceptions des gouvernements socialistes Mitterrand puis Jospin, celui de François Hollande de soumission au capital, aura achevé l’espoir que la « gauche » puisse changer la vie. C’est sur la base de cette réalité, que la FI a été construite, pour offrir un horizon à toutes celles et ceux qui refusaient de se vautrer dans le libéralisme. C’est parce que nous avions compris le rejet du PS dans la population que nous avons refusé aux législatives de 2017 de passer quelque accord que ce soit avec lui. Les résultats nous ont donné raison puisque nous avons obtenu 17 députée.s sur nos propres forces alors que EELV par exemple n’en obtenait aucun malgré son accord avec le PS. De même aux municipales de 2020 puis aux régionales nous avons mis comme préalable la rupture avec les politiques libérales. Cela nous a empêché d’avoir beaucoup d’élu.e.s ? C’est vrai, nous avons fait passer les convictions politiques avant les postes. C’est cette clarté qui explique aussi la confiance qui ensuite a pu s’exprimer dans le vote FI. Mais si la majorité de la population se retrouve dans nos propositions notamment sociales, beaucoup hélas ont du mal à croire à la possibilité de leur réalisation. Nous continuons à payer les renoncements de la gauche qui a gouverné.
Il faut nous adresser aux travailleuses et travailleurs et aux habitants des quartiers populaires mais aussi aux milieux ruraux. De nombreuses luttes s’y développent contre la fermeture des services publics (hôpitaux, maternités, ligne de chemin de fer …) qui permettent de faire le lien avec les quartiers populaires qui vivent la même réalité. C’est aussi dans cet espace qu’ont lieu les affrontements qui remettent en cause le modèle capitaliste pour un autre modèle agricole et contre les projets écocides (bassines, déforestation pour installer des fermes solaires, autoroutes …). Développer le militantisme dans ces zones permet de contenir le nombre de députés du RN. Les mobilisations pour les services publics et contre les attaques à l’environnement qui se déroulent en milieu rural sont des moments privilégiés de politisation dans des zones où les fermetures d’usines ont souvent réduit l’espace militant et où bien souvent il existe plus de syndicalistes retraités que de syndicalistes en activité.
* Le problème n’est pas d’être pessimiste ou optimiste mais d’être lucide
Nous devons tout faire pour ne pas nous retrouver dans la même situation que les fois précédentes : un second tour opposant Le Pen à un candidat de droite qui verrait une campagne de surenchères racistes et réactionnaires. Il est indéniable qu’avec un seul candidat de la « gauche » au premier tour, Jean-Luc Mélenchon aurait été présent au second. A celles et ceux qui expliquent que lorsque la gauche a gagné les fois précédentes il y avait plusieurs candidats au premier tour, c’est avoir une vision totalement statique de l’histoire. Le contexte n’est plus le même. Nous sommes maintenant dans une tri-polarisation de la vie politique avec une extrême-droite au plus haut.
Aujourd’hui il nous faut absolument construire un front politique, social et écologique pour contrer la droitisation de la société et le recours à l’extrême-droite. L’alliance des macronistes, de LR et du RN sur la loi immigration montrent que des barrières ont sauté. Une fois mis le doigt dans l’engrenage de la préférence nationale défendu par le RN et avant le FN et son ancêtre Ordre Nouveau, plus rien ne pourra l’arrêter. Il n’est qu’à voir la jubilation de Le Pen à l’Assemblée. Dorénavant on peut parier qu’à chaque loi ils vont essayer de pousser leur avantage.
En sombrant dans cette compromission avec le RN afin d’obtenir un vote positif pour ensuite expliquer que cette loi immigration contient des dispositions contraires à la Constitution, Macron Borne et Darmanin aggravent le rejet de la politique tout comme la montée du RN.
Rien n’est encore joué. Mais il faut reconnaître que la situation n’est pas bonne et en tirer les leçons dans nos choix d’actions et d’expression. Se taper dessus entre militants Insoumis.e.s est totalement contre-productif. Amoindrir nos propositions pour être bien vus de ceux qui ont failli précédemment n’est pas plus efficace. Dans cette situation angoissante et difficile, nos député.e.s sont reconnu.e.s pour la fermeté de leurs convictions, leur présence sur le terrain et auprès des luttes. A nous de nous appuyer sur cela pour collectivement accentuer notre implantation dans tout le pays.
Cette séquence de la loi immigration provoque une aspiration large à l’action de toutes celles et ceux qui refusent de baisser les bras devant cette politique nauséabonde. La France Insoumise a fait une proposition. J’espère que toutes les forces syndicales, associatives et politiques sauront se retrouver pour organiser la riposte. [...]
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19 mai 2023La NUPES est née d’un accord entre les forces de gauche et écologiste après le premier tour de la présidentielle en vue des législatives. C’est un accord à la fois politique et électoral, ce qui n’est pas fréquent au sein de la gauche même si les Verts ont plusieurs fois passé des accords avec le PS. C’est même une grande première en ce qui concerne un accord englobant toutes les circonscriptions de métropole.
– 1997 premier accord politique et électoral entre PS et Verts qui donne pour la première fois des député.e.s aux Verts : 8 mais pas assez pour constituer un groupe autonome (ils rejoindront le groupe RCV avec le Mouvement des Citoyens de Jean-Pierre Chevènement). Yves Cochet et Dominique Voynet deviendront ministres de Jospin. A l’époque le PCF obtient 9,94 % des voix et 34 député.e.s.
– 2002 : l’élection présidentielle est marquée par l’arrivée au second tour de Jean-Marie Le Pen. Les législatives dans la foulée poussent la gauche à se serrer les coudes. Un accord politique minimal est signé entre PS et Verts accompagné d’un accord électoral laissant 58 circonscriptions aux Verts en échange de leur retrait dans 68 circonscriptions au profit du PS. Pour la première fois aussi le PS ne se présente pas dans certaines circonscriptions de député.e.s sortants PCF. Le PS n’a plus que 141 député.e.s (-115) , le PCF 21 (-13) et les Verts 3 (-5) ce qui les obligera à siéger en non-inscrits.
– 2007 : les Verts refusent un accord avec le PS mais ce dernier soutient quand même les 3 sortants ainsi que François de Rugy élu en Loire-Atlantique dans le cadre d’un accord local. Le PS regagne quelques sièges en obtenant 186 mais le PCF continue à en perdre terminant à 15 député.e.s en dessous du nombre nécessaire à l’époque pour constituer un groupe. C’est ainsi que naîtra le groupe GDR regroupant communistes, Verts et des députés ultra-marins.
– 2012 : signature d’un contrat de mandature entre PS et EELV, souvent qualifié d’a minima, plus un accord électoral censé garantir 25 à 30 député.e.s EELV en cas de victoire de la gauche. Il y aura 17 député.e.s EELV bien que la gauche ait gagné la majorité à l’Assemblée nationale après la victoire de François Hollande à la présidentielle. Il faut souligner qu’il y a eu une dizaine de dissidents PS contre des candidats EELV malgré l’accord.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2011/11/16/les-principaux-points-de-l-accord-ps-eelv_1604266_823448.html
Le Front de Gauche regroupant le PCF, le PG et d’autres forces va uni aux législatives mais 82 % des circonscriptions sont affectées au PCF. Au final 10 député.e .s sont élu.e.s dont 9 du PCF (-6) et un député PG sortant mais qui quitte rapidement le PG. Bien que le nombre nécessaire à la constitution d’un groupe ait été abaissé à 15, faute de les atteindre le PCF est obligé de continuer avec la formule GDR.
– 2017 : Accord entre le PS et EELV laissant 42 circonscriptions à EELV contre 53 où ils ne se présentent pas face au PS. Mais ils n’obtiendront aucun député et le PS chute à 30 député.e.s. Le bilan du quinquennat Hollande est terrible pour le PS et EELV même si ces derniers n’y sont restés que 2 ans.
Le PCF et la France Insoumise n’arrivent pas à un accord. Pour plus de détails je renvoie à mon article de blog https://martinebillard.fr/legislatives-2017-et-candidatures-pcf/
Le PCF obtient 10 député.e.s et ne peut toujours pas constituer de groupe communiste. Il choisit de reconduire la formule GDR avec des député.e.s ultra-marins.
Par contre la France Insoumise obtient 17 député.e.s lui permettant de constituer son propre groupe.
Quand on fait un rapide bilan on voit que Les Verts puis EELV n’ont jamais réussi à obtenir des député.e.s hors accord avec le PS et que le PCF reflue depuis 2002, ce qui n’a rien à voir avec la FI qui n’est apparue qu’en 2016.
2022 : je renvoie là aussi à mon billet de blog qui explique le contexte politique de l’accord https://martinebillard.fr/2017-2022-deux-contextes-deux-strategies/
Ce qui s’est traduit par 31 député.e.s pour le PS (contre 30 sortants), 23 pour EELV soit un nombre jamais atteint, 11 pour le PCF (contre 10), 75 pour la FI.
Dans le texte issu de son récent congrès, le PCF répète encore la fable que ses candidats auraient été en meilleure posture pour gagner dans certaines circonscriptions que la FI. Sans vouloir être agressive il faut quand même rappeler que par exemple les circonscriptions 92-11 (Bagneux Malakoff) ou 69-4 (Vénissieux) anciennement communistes et régulièrement perdues par le PCF depuis 10 ans ont cette fois été gagnées par des candidats FI-NUPES. Pour plus de détails, là encore je vous renvoie à un précédent billet de blog https://martinebillard.fr/premier-bilan-politique-des-legislatives/
Donc il faut redire encore une fois que l’accord NUPES a profité à tout le monde en terme d’élu.e.s
Il faut d’ailleurs reconnaître que le PS (au moins sa majorité actuelle) et EELV remettent peu en cause les gains électoraux. C’est le contenu programmatique qui est plus souvent attaqué. Pourtant à l’Assemblée nationale nos député.e.s déposent des propositions de loi communes, votent les amendements des uns et des autres. Les désaccords existants étaient signalés dans l’accord comme par exemple celui sur le nucléaire avec le PCF et en moindre mesure avec le PS. Ces attaques donnent donc l’impression qu’elles ont plutôt pour objet de chercher à amoindrir les points d’accord entre les différences forces afin de relativiser les possibilités d’alliance.
Les élections européennes de 2024
Ces élections ont pour objet d’élire le Parlement européen dont il faut rappeler qu’il n’a pas le pouvoir d’initiative législative qui reste réservé à la Commission européenne et qu’au niveau budgétaire il ne peut qu’intervenir que sur les dépenses mais n’a pas la possibilité de proposer des recettes.
La première question à se poser pour ces futures élections est de savoir s’il y a la moindre possibilité d’avoir une majorité progressiste dans ce Parlement. Depuis 1999 c’est toujours la droite qui est en tête et le Parlement est géré par un accord de « gouvernement » entre droite et social-démocratie.
Mais l’extrême-droite hélas se renforce dans de nombreux pays de l’Union et donc aussi au Parlement européen et la tentation d’une alliance de remplacement droite-extrême-droite est de plus en plus présente.
Dans son billet Manon Aubry précise La présidente des socialistes au Parlement européen en a aussi pris conscience. Elle annonce (on attend de voir dans les actes !) que la coopération socialistes-libéraux-droite n’est plus possible, si la droite et les libéraux continuent à se rapprocher de l’extrême-droite.
Dans ces conditions faire du débat sur Europe Fédérale ou pas le motif ou pas d’un accord est purement idéologique car la question ne se posera pas. La Commission européenne est composée d’un représentant par état et pareil les rapports de force au niveau des différents pays ne laissent pas envisager une bascule à « gauche ».
La probabilité de modifier l’Union Européenne de l’intérieur n’est donc pas à l’ordre du jour au moins lors de ce renouvellement.
Or rien n’empêche de préciser pendant une campagne commune pourquoi la question de l’Europe Fédérale n’est pas mise en avant sans que ses partisans renient leurs convictions.
Comme l’a bien démontré Manon Aubry les différences de positionnement par rapport aux dossiers concrets que les parlementaires européens ont à traiter sont minimes
https://www.manonaubry.eu/mes-combats/humeur/liste-commune-nupes-aux-europeennes-je-reponds-sur-le-fond-eux-ecologistesa-melanie-vogel-et-david-cormand
Les batailles à mener dans le prochain parlement tourneront encore beaucoup autour des questions de concurrence et de politique écologique pour lesquelles il y a peu de divergences.
La publication de 2 sondages, IFOP et Harris Interactive, démontreraient la nécessité de partir avec des listes séparées pour avoir plus d’élu.e .s. Il y a plusieurs faiblesses à une telle conclusion. Les sondages pour les européennes se sont toujours révélés loin des résultats, notamment parce qu’il est très difficile de prévoir le taux de participation, qui est un des plus faibles de toutes les élections écartant de fait les classes populaires. Les électeurs perçoivent peu d’enjeux et donc ne votent pas du tout de la même façon que pour les élections nationales ou locales. Ensuite un évènement de dernier moment peut modifier du tout au tout les intentions de vote.
Mais je suis d’accord avec EELV sur un point : une liste NUPES ouvrira la voie à une liste écolo divers (conduite par Delphine Batho?) et une liste PRG-PS dissidents. Maintenant les scores proposés dans ce scénario pour ces 2 types de liste me semblent peu crédibles. Or l’effet de seuil est très important puisqu’à 5 % cela donne autour de 4 sièges mais 4,99 c’est zéro. De la même façon rien ne dit qu’une liste PCF seul atteindrait les 5 % (l’IFOP les donne à 5 % Harris à 3 % et le score de Brossat en 2019 était de 2,49 % et celui de Roussel à la présidentielle 2,28 %. Donc la vision de 10 député.e.s de plus en cas de listes séparées est basée sur une hypothèse plus qu’aléatoire.
Autre obstacle avancé par EELV, leur volonté de faire une campagne européenne. Mais même avec une liste unitaire rien n’empêche que chaque force ait en plus sa propre expression.
Ensuite ne concevoir l’intérêt de cette élection qu’en terme du nombre d’élu.e.s alors que cela aura peu d’effet sur la majorité à attendre au Parlement est avoir une analyse politique très restreinte des enjeux du moment.
Et justement quels sont-ils ces enjeux ? : pour l’ensemble de l’Union Européenne, donner un coup d’arrêt à la montée des partis d’extrême-droite et de droite réactionnaire d’autant plus que l’urgence écologique impose des politiques que ces forces refusent totalement, sans oublier évidemment la défense de tous les droits : femmes, LGTBI+, migrants
Vu le poids de Le Pen dans l’extrême-droite européenne, l’enjeu de limiter le score du RN est fondamental pour l’Union Européenne et pour la France évidemment. Les laisser continuer à progresser aura forcément des répercussions sur la vie politique française.
Alors que le bloc bourgeois a clairement choisi l’extrême-droite plutôt que la NUPES, nous ne pouvons leur faire le cadeau de partir divisés et ainsi les installer comme la force politique alternative aux politiques libérales de Macron.
Alors oui il faut tout faire pour une liste NUPES avec un programme basé sur les batailles à mener pour les 5 ans de la législature concernée. [...]
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5 avril 2023Darmanin avait prévenu le 11 février 2021 en déclarant trouver Marine Le Pen trop molle. Aujourd’hui en France, être opposant politique c’est se faire traiter de terroriste . C’est pour les député.e.s se faire sanctionner pour avoir chanté la Marseillaise dans l’hémicycle. C’est pour la LDH une demande de remise en cause de ses faibles subventions pour avoir osé dénoncer les violences policières.
Emmanuel Macron a été élu président de la République avec une feuille de route très claire : défendre les intérêts de la finance et le modèle économique en place notamment le modèle agro-industriel. Pour lui pas question de négocier des compromis pour une répartition un peu plus équitable entre capital et travail. Déjà en tant que ministre de Hollande sa ligne était claire : tout pour le capital privé et peu importe les impacts sur l’environnement (rappelons-nous les cars Macron) et sur les conditions de travail.
Les mobilisations contre la loi Travail en 2016 ont vu le retour d’un niveau de violence répressive qu’on avait oublié avec une utilisation massive et indiscriminée de grenades de différents types, la multiplication de violences policières et déjà l’explosion d’arrestations abusives visant notamment les jeunes.
Un premier mandat de Macron déjà très répressif
Le premier mandat de Macron de 2017 à 2022 lui a donné les moyens politiques d’appliquer sans entrave sa ligne ultralibérale : une des premières lois votées est le détricotage du code du travail avec la généralisation des accords d’entreprise prévalant sur ceux de branche, la facilitation des licenciements, la réduction des instances du personnel. C’est ensuite l’ouverture à la privatisation du rail incluant la suppression du statut de cheminot. Côté finances, les impôts des plus riches et des grosses entreprises sont réduits au minimum avec notamment la suppression de l’ISF, de la flat tax et la réduction drastique du nombre de personnels des impôts limitant ainsi les contrôles. L’action écologique s’est limitée à des discours en général immédiatement démentis par les faits comme sur le sujet des pesticides.
Macron a multiplié les lois répressives, au point que Charles de Courson, député centriste, s’en était ému en 2019 : « L’autorité administrative va priver un individu de sa liberté de circulation ou de manifester au motif qu’il y a une présomption, des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace d’une particulière gravité pour l’ordre public » « Mais où sommes-nous, mes chers collègues ? C’est la dérive complète ! On se croit revenu sous le régime de Vichy ! Réveillez-vous ! Par votre attitude, vous êtes présumés résistants, donc on vous met en taule ». Déclaration très prémonitoire lorsqu’on écoute Darmanin aujourd’hui.
Sous prétexte de lutter contre l’islamisme radical, la loi Séparatisme d’août 2021 peut en fait s’appliquer à toutes les associations, ce qui avait été dénoncé à l’époque notamment par les député.e.s Insoumis.e.s et ce qui se vérifie depuis plusieurs mois avec la suppression au nom de cette loi de subventions à des associations intervenant dans le champ de l’écologie comme Alternatiba.
Les jeunes ont été particulièrement visés. On se rappelle cette image effroyable de décembre 2018 où on voit 151 jeunes lycéens de Mantes-la-Jolie forcés de rester agenouillés tête baissée, les mains sur la tête pendant plusieurs heures et ce pour que l’IGPN conclue qu’aucune faute n’avait été commise par les policiers !!!
Le mouvement des Gilets jaunes a vu une escalade dans cette répression avec de nombreux manifestants mutilés : 24 ont été éborgnés, 5 ont eu la main arrachée selon le décompte effectué par le journaliste David Dufresne et Zineb Redouane, 80 ans, est morte après avoir reçu une grenade lacrymogène au visage dans son appartement, à Marseille. Pour le ministère de l’intérieur il y a eu au moins 4 439 blessés côté manifestants. Les forces de l’ordre ont tiré 12.908 LBD. 12.107 personnes ont été interpellées en six mois, dont 10.718 placées en garde à vue. Mais le nombre de condamnations s’élève à 2 000 montrant ainsi que bon nombre d’interpellations ont pu être abusives. 313 enquêtes pour des soupçons de violences policières ont été ouvertes dont les deux tiers ont été transmises à la justice.
Ce premier mandat aura aussi été marqué par le recours massif aux ordonnances montrant ainsi le mépris général que porte Macron au Parlement puisque ayant la majorité à l’Assemblée il pouvait faire adopter tout ce qu’il voulait sans utiliser cette procédure peu démocratique.
Le libéralisme autoritaire à l’œuvre
Macron n’a que faire de l’opinion publique. Il considère qu’il doit son élection à lui seul et que les député.e.s Renaissance n’existeraient pas sans lui. Comme il ne peut pas se représenter en 2027, peu lui importe qu’il soit populaire ou non.
Les législatives de 2022 ne lui ayant pas donné de majorité et sa réforme des retraites étant massivement refusée par la population, son fonctionnement autoritaire s’est accentué et malheureusement la Constitution de 1958 lui donne tous les outils pour. Aucun président de la 5ème République n’avait osé aller aussi loin.
Les habitudes répressives ont vite été reprises après la pause du COVID comme le 19 juin à Redon en Bretagne, où une free party illégale est durement réprimée. Les forces de l’ordre ont alors détruit à coups de hache 100.000 euros de matériel musical, en l’absence de toute procédure, et en s’en réjouissant sur les réseaux sociaux et un jeune homme a perdu sa main.
Si les premières manifestations contre la réforme des retraites se sont plutôt passées « tranquillement » bien que les quelques interpellations effectuées à ces occasions n’aient rien eu à envier à la violence déployée précédemment, l’entrée de la jeunesse dans la lutte et le durcissement de la mobilisation face à l’obstination du pouvoir ont vu réapparaître les pratiques policières violentes.
Mais après Sainte-Soline, la première réaction est la sidération. Comment a-t-on pu arriver à un tel niveau de violence et à un tel bilan : plus de 200 blessés dont 7 graves côté manifestants avec 2 dans le coma dont un y est toujours. Il y a très longtemps qu’on avait pas vu un tel déchaînement de violences policières. Dans un billet sur Reporterre, https://reporterre.net/Megabassines-Etre-pret-a-tuer-pour-proteger-un-tas-de-terre-en-dit-long Christophe Bonneuil fait la comparaison avec la répression des manifestations contre les centrales nucléaires dans les années 70. Pour avoir participé en son temps à la manifestation contre la construction de Super Phénix à Creys-Malville, j’ai l’impression que cette fois-ci un cap est franchi avec l’utilisation des quads et l’obstruction du passage des secours. De plus à l’époque il me semble que la violence était pratiquée par bien plus de manifestants qu’aujourd’hui. A Creys-Malville aussi, le ministre de l’intérieur avait fait monter la pression dans les jours précédents la manifestation. Mais à l’époque les seuls visés étaient les militants anti-nucléaires.
Aujourd’hui la répression à Sainte-Soline va bien au-delà et a pour objectif d’envoyer aussi un message aux manifestants contre les retraites. Depuis l’activation du 49-3, des affrontements police-manifestants ont réapparu et le gouvernement tente de jouer sur la peur des désordres. Mais vu son intransigeance sur les 64 ans, les blocages et autres actions un peu dures restent soutenues majoritairement. Toutes les tentatives pour retourner l’opinion publique ont échoué : rien n’y fait, les françaises et français ne veulent pas de la réforme des retraites. Il lui fallait donc passer au stade supérieur en cherchant un sujet moins consensuel .
De ce point de vue Sainte-Soline sert de substitut. Mais avec la persistance de la sécheresse et après une année 2022 marquée par les canicules, les incendies et le manque d’eau, beaucoup de français s’interrogent aujourd’hui sur les politiques à mettre en œuvre pour garantir un égal accès à l’eau . Malgré le poids des médias utilisé pour défendre le principe des bassines au profit de quelques gros producteurs de maïs pour l’élevage industriel et l’exportation, le doute s’est installé.
Or on le voit avec les interventions de plusieurs ministres ces derniers jours, l’axe central de la politique macroniste est : « Pas touche au modèle agro-industriel ». Les intérêts économiques sont énormes et il y a une clientèle politique que se dispute Renaissance, LR et RN. D’autres projets de mega bassines sont prévus par exemple dans le Puy-de-Dôme.
L’annonce de la dissolution des Soulèvements de la Terre est là pour décourager toute mobilisation.
Pour défendre les intérêts de la finance et le modèle agricole productiviste, le pouvoir est prêt à tout
Dans un monde où l’accès aux ressources vitales devient de plus en plus source de conflits violents, où l’exigence de justice sociale grandit, l’heure n’est plus à la répartition ni au modèle social-démocrate. Partout les formes de pouvoir se durcissent et prennent des formes autoritaires. Les opposants progressistes se voient diaboliser et tous les moyens sont utilisés notamment pour les écarter des élections s’ils ont quelque chance de les gagner comme on a pu le voir dans différents pays avec l’utilisation du lawfare, c’est à dire l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques (l’exemple le plus fameux étant contre Lula, l’actuel président du Brésil).
C’est aujourd’hui la dérive à laquelle on assiste en France. Faute d’avoir pu convaincre la population de la justesse de sa réforme des retraites et pour poursuivre ses objectifs de livrer au secteur privé la santé et l’école, Macron veut absolument briser toute volonté de résistance du mouvement social, toute prise de conscience de la jeunesse et détruire tout espoir d’alternative de progrès. Les salariés ne doivent plus oser revendiquer, les paysans doivent se soumettre au modèle agro-industriel, les jeunes rêver de devenir milliardaires et l’ensemble des français.e.s consommer sans se poser de questions.
Donc les salariés qui s’obstinent à manifester se font traiter de factieux et la répression contre les syndicalistes s’intensifie, le refus de laisser faire la destruction de notre environnement est synonyme d’écoterrorisme et les intellectuels qui osent dénoncer les violences policières pratiquent le terrorisme intellectuel.
Pendant ce temps le nombre d’actions de commandos d’extrême-droite explose, la FNSEA et la Coordination rurale n’hésite plus à menacer leurs opposants. La NUPES est sommée de dénoncer les violences contre la police ou les menaces contre des élu.e.s Renaissance mais lorsque le maire de Saint-Brévin-les-Pins est visé par un incendie volontaire, lorsque Morgan Large, journaliste spécialisée dans les enquêtes sur l’agroalimentaire est victime pour la deuxième fois d’une tentative d’assassinat, lorsque Marine Tondelier secrétaire nationale de EELV est menacée par la Coordination rurale, lorsque un commando d’extrême-droite essaie d’entrer de force chez Raphaël Arnault, leader de la Jeune Garde à Lyon, silence total de Darmanin. Pas un mot pour désavouer tous ces actes. Rien.
https://reporterre.net/Passages-a-tabac-intimidations-Les-ecologistes-pris-pour-cible
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C’est dans ce contexte qu’a eu lieu la législative partielle de l’Ariège suite à une inversion de bulletins du RN entre les deux circonscriptions de l’Ariège en juin. La présence d’une “dissidente” PS soutenue par la présidente de région Carole Delga, a permis à tous les opposants à la NUPES de s’allier. Il y avait eu quelques prémisses en juin mais cela s’était fait en toute discrétion. Cette fois-ci cela s’est fait au grand jour : toutes les forces politiques qui n’ont pas pour objet de remettre en cause le système libéral, de la droite du PS à l’extrême-droite en passant par le centre et la droite, se sont unies pour appeler à battre Bénédicte Taurine élue en 2017, réélue en juin 2022. A l’heure où la DGSI souligne le danger du terrorisme d’extrême-droite, Darmanin, Macron et leurs idiots utiles préfèrent s’en prendre à la NUPES.
L’enjeu du moment est clair : d’un côté celles et ceux qui continuent à défendre l’espoir d’une société plus juste, plus démocratique, plus écologiste, de l’autre ceux qui sont prêts à toutes les alliances, toutes les compromissions pour défendre le système. L’extrême-droitisation de la droite française, la radicalisation du lobby agro-industriel, la multiplication des actions de commandos fascisants doivent nous alerter. L’heure est à serrer les rangs pour éviter un scénario à l’italienne. [...]
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19 février 2023Le gouvernement a donc transmis au Sénat son projet de loi sur les retraites incluant les amendements adoptés à l’Assemblée mais en maintenant l’article 2 sur l’index senior bien qu’il ait été rejeté.
Emmanuel Macron avait affirmé son objectif dès la campagne présidentielle : repousser l’âge de départ en retraite à 65 ans et ce non par urgence financière mais par pure idéologie. Macron est un pur libéral qui veut réduire au strict maximum tout ce qui est dépense publique. C’est le cas pour l’école et l’université avec l’objectif de transférer le maximum de l’éducation à l’enseignement privé et aux grandes écoles et écoles de commerce privées pour ce qui est du supérieur.
C’est le cas pour l’hôpital au risque que même les plus aisés finissent par avoir du mal à se soigner lorsqu’ils sont obligés comme le commun des mortels de faire appel aux urgences.
Pour la retraite, son objectif est de réduire le montant des retraites versées par la Sécurité Sociale et les complémentaires pour obliger à s’affilier à des sur-complémentaires ou à des assurances diverses dont les capitaux seront placés dans des fonds de pension en actions.
N’ayant pas de majorité à l’Assemblée nationale il lui fallait soit trouver des alliés soit passer en force en utilisant les moyens donnés par la procédure législative.
Trouver des alliés pour faire passer la réforme ?
La réforme Touraine prévoyant l’allongement de la durée de cotisation à 43 ans n’a pas rencontré en 2013 de front uni intersyndical contre, seules la CGT et FO s’y sont totalement opposés.
Cette fois-ci impossible pour le gouvernement de négocier avec la CFDT car elle a toujours été opposée au report au-delà de 62 ans et l’a même réaffirmé par un vote lors de son dernier congrès.
Elle défend depuis longtemps une réforme systémique c’est à dire une retraite à points, où chacun cotise pour lui-même. C’est d’ailleurs pourquoi elle n’était pas opposée au projet présenté en 2019 par Macron. Suite au Covid ce projet a été abandonné et Macron a finalement décidé de se contenter, pour le moment, d’en finir avec les derniers « régimes spéciaux » d’importance et de repousser l’âge de départ en retraite.
A vrai dire Macron n’est pas un grand adepte des négociations avec les corps intermédiaires, syndicats ou associations. Il se moque de fâcher les syndicats. Il a aussi tiré les leçons du mouvement pourtant massif de 2010 qui n’avait pu empêcher l’entrée en vigueur de la réforme de Sarkozy. Donc pourquoi s’embêter à négocier puisqu’il est convaincu de pouvoir passer en force.
Il n’a de même aucun respect pour le Parlement. A l’inverse de la droite historique qui se sentait obligée de devoir rendre des comptes à son électorat, ce n’est pas le problème de Macron qui pense que les députés dépendent de lui et se moquent totalement de savoir si sa politique peut les mettre en difficulté localement.
Macron a fait le choix d’utiliser cette réforme pour une opération politicienne de cornérisation de LR ou au moins de poursuite du débauchage d’une partie de ses députés. Ayant toujours défendu le report à 65 ans, LR se retrouvait dans une position plus qu’inconfortable d’autant que les sénateurs LR voteront la réforme. Ils ont donc essayé de faire croire que grâce à leur opposition ils allaient arracher des concessions tout en faisant traîner pour ne pas donner l’impression qu’ils se vendaient un peu vite.
La gestion du temps une arme politique
Le gouvernement avait plusieurs contraintes :
– essayer d’avoir l’opinion publique avec lui et la garder
– ne pas laisser se développer une mobilisation sociale dure
– ne pas perdre le vote à l’Assemblée
Les opposants à cette réforme avaient exactement l’intérêt opposé : développer la mobilisation tout en gagnant l’opinion publique et en la gardant, ne pas laisser passer un vote contre.
La première préoccupation du gouvernement était donc d’aller vite pour empêcher la mobilisation de se développer. Et il faut reconnaître qu’il a très bien su jouer de l’agenda et des procédures législatives.
Le choix de février était tout sauf innocent.
Au départ la présentation était prévue le 15 décembre pour un début d’examen le 10 janvier puis Macron a annoncé le report soit-disant pour ne pas gâcher les fêtes ni le mondial de foot.
En fait assuré de 4 semaines de vacances scolaires en février, le gouvernement savait qu’il empêchait les syndicats de lancer une grève dure pendant les congés car cela pouvait retourner l’opinion publique.
Bien choisir la procédure législative
Habituellement une réforme des retraites passe par un projet de loi ordinaire car elle ne contient pas que des mesures financières. Pour aller vite, le gouvernement peut déclarer la procédure accélérée qui réduit le débat au parlement à une seule lecture dans chaque assemblée et y ajouter le temps législatif programmé qui limite le temps des débats à un maximum de 50 heures. C’était la méthode adoptée en 2010 par Sarkozy.
Pour cela il faut que le texte ait été déposé 6 semaines avant le début du débat dans l’hémicycle. C’était tout à fait possible. Par contre sans majorité assurée, cela ne garantit pas le vote et peut donc obliger à utiliser un 49-3. Or sur les projets de loi ordinaire le gouvernement n’a le droit qu’à un 49-3 par session ordinaire c’est à dire jusqu’au 30 juin.
Le gouvernement a donc fait le choix d’utiliser la procédure de la loi de finances rectificative de la Sécurité Sociale, le fameux article 47-1 – très rarement utilisé – car il n’y a pas de limite à l’utilisation du 49-3 pour les lois de finance et au cas où cela se passerait mal au Sénat il pourra faire traîner pour terminer par légiférer par ordonnances. Un véritable détournement de la procédure législative.
L’art de la communication
Cette procédure oblige à examiner en premier les articles créant les recettes avant de passer à ceux créant de nouvelles dépenses. Le gouvernement savait donc qu’il ne pouvait pas inverser l’ordre d’examen des articles comme il aurait pu le faire avec un projet de loi ordinaire où il aurait pu imposer l’examen de l’article 7 au moment où il le souhaitait. Il a aussi insérer l’article 2 sur l’index senior alors qu’il sait pertinemment que cet article est ce qu’on appelle un cavalier législatif car ne comportant aucun aspect financier il n’a rien à faire dans une telle loi et qu’il est de jurisprudence constante que le Conseil constitutionnel rejette de tel article. Mais le gouvernement voulait faire croire qu’il se préoccupait de l’emploi des seniors.
Le gouvernement voulait donc une victoire mais une victoire nette pas étriquée et cela n’était pas garanti à l’assemblée. Le gouvernement a lui aussi fait jouer la montre tout en rendant responsable la NUPES et tout particulièrement la FI du prolongement des débats.
Malgré tout une défaite dans l’opinion publique
La macronie n’a pu empêcher que le travail de déconstruction mené conjointement par les syndicats, des économistes et les partis et parlementaires de la NUPES démontre à l’opinion publique les conséquences néfastes de sa réforme.
L’imposture des 1200 euros de retraite minimum, déjà pratiqué avec la soi-disant retraite agricole garantie dont les paysans ont déjà pu voir les mensonges, l’aggravation de la situation des femmes, l’injustice pour celles et ceux ayant commencé à travailler tôt notamment en apprentissage, tout cela a pu être démontré. L’opiniâtreté des député.e.s à relancer le ministre du travail pour obtenir des réponses précises, qu’ils ont rarement obtenu, a permis de lever le rideau de fumée que le gouvernement essayait d’étendre pour tromper l’opinion publique.
Il est donc hélas illusoire de penser qu’avec la Constitution de la 5ème République et un président comme Emmanuel Macron devenu un orfèvre pour contourner le Parlement lorsque ce dernier ne se plie pas à sa volonté, il soit possible de contrer totalement un projet de loi. En choisissant la procédure de l’article 47-1, Emmanuel Macron s’est donné les moyens de passer la réforme de son choix au cas où il n’arriverait pas à rallier LR malgré le passage de 65 à 64 ans pour le report de l’âge de départ en retraite.
Il n’y a que la mobilisation sociale qui peut arriver à le faire plier sur ce projet.
Mais il ne s’agit pas de rejeter le travail parlementaire. Faute de majorité assurée, il est possible de jouer des contradictions au sein des droites pour arracher des avancés ou limiter la casse. Cela peut paraître faible et très réformiste à certains mais dans certains cas ce n’est pas négligeable. Certains votes peuvent redonner de l’espoir et de la rage de se battre en montrant que tout n’est pas toujours plié. Cela permet de gagner du temps pour aider la mobilisation à prendre son essor et dans le cas présent à passer les vacances de février pour pouvoir lancer un mouvement de grève dur sans provoquer un immédiat rejet de l’opinion publique. C’est donc très important.
Il permet aussi d’éclairer les zones d’ombre et donc renforcer le rejet de la réforme et élargir son socle.
Aujourd’hui quasiment toutes les catégorie sociales sont contre et seule une petite fraction de retraités et de hauts cadres continuent à soutenir Macron.
Le mouvement de grève à partir du 7 mars doit donc être soutenu massivement pour que son ampleur et sa force oblige Macron à reculer.
Lorsque vous en avez les moyens n’hésitez pas à verser aux différentes caisses de grève. Il en existe une à la France Insoumise qui reverse ensuite les fonds récoltés aux salariés en lutte qui en ont le plus besoin. Ce n’est pas concurrent des syndicats, c’est complémentaire : https://lafranceinsoumise.fr/caisse-de-greve-insoumise/ [...]
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14 novembre 2022Le pouvoir de dissoudre l’Assemblée Nationale est une prérogative du Président de la République garantie par l’article 12 de la Constitution qu’il peut utiliser quand il le souhaite, une fois par session parlementaire (d’octobre à juin). En cas de dissolution, les élections législatives doivent être organisées dans un délai de 20 à 40 jours, en gros 3 à 7 semaines.
La dissolution est en général motivée par la volonté du président de la République d’obtenir une majorité plus confortable et n’est pas liée au vote d’une motion de censure laquelle n’implique que l’obligation de changer de gouvernement.
La seule motion de censure adoptée sous la 5ème République le 5 octobre 1962 a eu pour effet de renverser le premier ministre Georges Pompidou, à la suite de quoi le général De Gaulle, président de la République, a dissous l’assemblée. Les nouvelles élections lui ont donné une large majorité.
En dehors de cette dissolution décidée après une motion de censure adoptée, les 4 autres dissolutions depuis 1958 l’ont été par volonté présidentielle. Seule la dernière le 21 avril 1997 décidée par Jacques Chirac, s’est soldée par un échec. Les nouvelles élections législatives donnent une majorité de 319 députés à la gauche, dont 250 pour le groupe socialiste, 36 pour le groupe communiste et 33 pour un groupe regroupant le PRG des DVG et pour la premières fois des députés Verts (7) alors que la droite disposait antérieurement d’une majorité de 458 députés sur 577.
Contexte politique
La majorité présidentielle a obtenu 249 députés (à 40 députés de la majorité nécessaire) avec un score de 25,81 % au premier tour des législatives et ce après cinq ans de mandat de E. Macron. La NUPES de son côté malgré ses 26,10 % n’a obtenu que 151 députés (75 FI, 31 PS, 23 EELV, 22 GDR dont 12 PC). LR est tombée de 112 à 62 députés et de 15,77 % à 6,98 %. Par contre pour la première fois avec ce mode de scrutin, l’extrême-droite remporte 89 députés RN et 3 non-inscrits. Divers députés centristes ou régionalistes fondent le groupe LIOT avec 16 députés. Il n’y a donc pas de majorité à l’assemblée nationale.
Il reste 41 recours en cours d’instruction au Conseil constitutionnel concernant 38 députés dont 8 NUPES (4 FI, 3 EELV, 1 PC). Les frais de campagne n’ont pas encore été remboursés or il ne faut pas oublier que pour le PS, EELV, le PC et LR la campagne présidentielle n’a pas été remboursée faute d’atteindre les 5 % nécessaires. Repartir aujourd’hui en campagne poserait donc des problèmes de trésorerie à tous ces partis d’autant qu’obtenir des prêts bancaires devient extrêmement difficile.
L’abstention aux législatives de 2022 n’a augmenté que d’un point par rapport à 2017 (52,49 % contre 51,30%) alors qu’à la présidentielle la hausse a été de 4 points entre 2017 et 2022 (26 % contre 22,23%). Il y a eu moins de déperdition entre présidentielle et législatives en 2022.
La majorité présidentielle a donc perdu seulement 2,40 points après cinq ans de mandat de E. Macron. Vu les politiques qu’il a mené, c’est une faible perte. Cela signifie qu’un socle conséquent d’électeurs est satisfait des politiques menées et de son recentrage à droite toute alors qu’on aurait pu penser justement que ce recentrage lui aurait fait perdre bien plus de voix.
LR, compte-tenu de la poursuite des dissensions sur la ligne politique à adopter, opposition ou négociation avec la majorité présidentielle, craint qu’une dissolution ne les fasse perdre encore plus de députés. Coincé entre Macron et Le Pen son espace politique est extrêmement réduit. Ils n’ont donc aucun intérêt à une dissolution.
Le RN se sent sur une pente ascendante et rêve d’une dissolution qui lui ouvrirait les portes du pouvoir.
Pour la NUPES les résultats des législatives marquent un maintien par rapport à 2017. Ce qui vu le contexte d’une campagne présidentielle hargneuse des autres candidats de gauche contre Jean-Luc Mélenchon et le discrédit persistant du PS est un véritable exploit. C’est l’existence de la NUPES qui a permis à la gauche de ne pas s’effondrer, et la campagne législatives sur le thème Mélenchon premier ministre a limité la désaffection des urnes entre la présidentielle et les législatives.
En dehors du PC dont le congrès se tiendra le 9 avril 2023 tous les autres partis tiennent le leur d’ici fin janvier (EELV 29 novembre et 10 décembre, LR 3 et 10 décembre, PS 27-28-29 janvier).
Les enjeux sont importants. A droite selon le président qui sera élu, le positionnement vis à vis du pouvoir ne sera pas forcément le même et une scission n’est pas exclue en fonction du résultat. De même, côté PS, où la défaite de Olivier Faure lors du congrès entraînerait un positionnement plus conciliant vis à vis du pouvoir et une rupture de la NUPES. Enfin vu les rapports de force au sein de EELV on peut déjà savoir que la majorité qui sortira du congrès sera au moins très réticente envers la NUPES si ce n’est totalement opposée.
La NUPES serait-elle reconduite en cas de nouvelles élections ? Il faut l’espérer car sinon la leçon pourrait être sévère. Il ne faut pas oublier que la campagne sera rapide et courte et sans le préalable mobilisateur de la campagne présidentielle. Dans ces conditions l’abstention risque d’être encore plus élevée et hélas à notre détriment car ce sont les classes populaires qui se mobilisent toujours moins dans ce genre de situation. Certes il y a beaucoup de mouvements de grève en ce moment dans de nombreuses entreprises. Mais un éclatement de la NUPES aurait pour conséquences de dégoûter et démobiliser celles et ceux qui actuellement se battent contre les politiques de Macron.
Emmanuel Macron a-t-il besoin d’une dissolution ?
Aujourd’hui l’ensemble des lois de finance (Budget général, budget de la Sécurité Sociale, budgets rectificatifs) peuvent être adoptées que ce soit en première ou en seconde lecture par l’utilisation du fameux 49-3, c’est à dire l’alinéa 3 de l’article 49 de la Constitution. Mais depuis la modification constitutionnelle de 2008, le 49-3 ne peut être utilisé que pour une seule loi hors loi de finances par session (d’octobre à juin).
D’ici la fin de l’année, en dehors du budget, les projets de loi à l‘ordre du jour vont porter sur une nouvelle loi concernant la police, une concernant l’immigration et une sur les ENR (énergies renouvelables). Sur les deux premières thématiques, le gouvernement sait qu’il peut neutraliser, au moins en partie, la droite et l’extrême-droite et obtenir une majorité relative pour les faire adopter. Le projet de loi ENR a été voté à l’unanimité au Sénat avant de venir devant l’assemblée nationale début décembre. La loi de modification de l’indemnisation chômage est adoptée grâce à une alliance de la majorité présidentielle avec LR.
En 2023 viendra la loi portant sur les retraites. Il peut de même espérer une majorité relative puisque la droite est pour repousser l’âge de départ en retraite. A défaut il pourra utiliser le 49-3. Puis viendra la loi de relance du nucléaire pour laquelle il n’aura pas non plus de difficultés à trouver une majorité.
Enfin en dehors du 49-3 il lui reste un autre outil constitutionnel, l’article 44 alinéa 3 : Si le Gouvernement le demande, l’assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le Gouvernement.
Les deux principales différences avec le 49-3 sont que le débat se poursuit jusqu’au vote et que l’opposition ne peut déposer de motion de censure.
Macron n’a donc aucun intérêt ni aucune urgence à dissoudre l’assemblée. [...]
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12 septembre 2022Fabien Roussel explique qu’il est possible d’éradiquer le chômage en 3-4 ans et donc qu’il n’y aura plus besoin d’allocation chômage et de RSA. Il y a juste un petit problème qu’il oublie c’est que nous ne sommes pas au pouvoir, que le second tour de la présidentielle c’est joué entre Macron et Le Pen et qu’il en est responsable.
Éradiquer le chômage supposerait une remise en cause de fond du système libéral puisque le chômage sert à faire pression sur les travailleurs/ses pour les obliger à accepter des conditions de travail et des salaires indécents.
F. Roussel inverse cette situation puisqu’il a cette phrase inouïe qu’on a plus l’habitude d’entendre dans la bouche de gens de droite ou d’extrême-droite : Un système qui nourrit le chômage par les allocations chômage et le RSA https://twitter.com/Fabien_Roussel/status/1568635010743439360?s=20&t=KLFoaHzRjI6esjgaQ5QMjA
Ce serait donc les allocations qui seraient responsables du chômage ? C’est exactement ce que dit la droite en expliquant que les gens ne cherchent pas de travail à cause des allocations et donc qu’il faut les réduire ce que le gouvernement veut faire avec la loi annoncée.
Ce n’est pas ce que pense F. Roussel ? Peut-être mais c’est quand même inquiétant qu’un dirigeant de parti ne sache pas s’exprimer et en arrive à utiliser les mots de ceux qui veulent réduire justement les droits des travailleurs.
Le droit à l’emploi est inscrit dans la Constitution française, plus précisément dans le Préambule de la Constitution de 1946 annexé à la Constitution de 1958
Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi.
Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence.
Il s’agit donc d’un droit constitutionnel indépendant de la conjoncture économique.
Et d’ailleurs les allocations chômage ont été créées à une époque où il y avait très peu de chômage. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’entre 2 emplois il y a du temps nécessaire pour retrouver un autre emploi ou parce que la situation personnelle, problèmes de santé, femmes seules avec enfants, manque de moyens de locomotion, nécessité de formation professionnelle etc. nécessite ce filet de sécurité.
Quelques petits rappels sur ces allocations qui ont été créées sous la 5ème République pour faire face au chômage et qui ont en général eu le soutien du PCF
– décembre 19858 création de l’assurance chômage
– 1974 création de l’allocation spéciale d’attente = 90 % du salaire brut pendant 1 an suite à un accord entre le patronat et les syndicats de salariés ! Elle est supprimée en 1979 car avec la hausse du chômage elle coûte trop cher à l’état.
– 1984 création de l’allocation spécifique de solidarité pour les chômeurs en fin de droits
– décembre 1988 création du RMI avec un vote quasi unanime (4 contre venant de la droite)
Il ne s’agit pas d’assistanat mais de solidarité nationale. Les allocations chômage sont financées par les cotisations sociales des salariés et des entreprises, tout salarié en payant durant toute sa vie professionnelle. Il s’agit donc d’un droit accumulé. Les autres allocations sont financées par l’impôt.
Remettre en cause ces droits est donc une atteinte à la Constitution et à la solidarité nationale. C’est la droite qui parle d’assistanat pour stigmatiser les pauvres et dresser les travailleurs contre eux. La gauche, donc les communistes aussi, a toujours défendu la solidarité. [...]
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9 septembre 2022En finir avec la constitution de Pinochet est une exigence qui vient de loin. Adoptée en 1980 sous la dictature dans un scrutin sans listes électorales, la constitution toujours en vigueur inclue en tant que tel le modèle ultralibéral promu par l’école de Chicago avec son mentor Milton Friedman alors conseiller de la dictature. Elle promeut un état réduit au strict minimum et en corollaire la prévalence du secteur privé et la privatisation des ressources naturelles.
La Concertación, alliance politique entre la Démocratie Chrétienne et le PS chilien, qui a assumé plusieurs gouvernements à partir de 1991, a introduit quelques modifications qui n’ont pu être qu’à la marge comme la fin des sénateurs à vie et une modification du système électoral introduisant un peu plus de pluralité politique.
Le 7 octobre 2019 une augmentation du prix du métro à Santiago provoque une mobilisation des lycéens et étudiants qui s’étend à de nombreux secteurs avec d’énormes manifestations sous le slogan : no son 30 pesos, son 30 años (ce ne sont pas 30 pesos, ce sont 30 ans). La répression est violente provoquant 26 morts et plus de 2000 blessés dont 285 aux yeux plusieurs ayant perdu la vue. Le 15 novembre 2019, un accord est signé pour une nouvelle constitution entre Piñera, alors président de la République, et les partis d’opposition, ce qui sera considéré comme une trahison par certains, convaincus qu’il était possible de faire tomber Piñera. Les manifestants continuent d’exiger sa démission mais la pandémie de Covid interrompt les mobilisations.
La mise en œuvre du processus constituant va se dérouler dans son immense majorité sous le gouvernement de Piñera qui fera campagne contre le changement de constitution.
Le 25 octobre 2020, un premier vote décide du mode d’écriture de la nouvelle constitution : 78,2 % des électeurs se prononcent pour une Convention constituante élue à cet effet et non par un mixte convention-parlement. Mais la participation ne dépasse pas 50,9%.
Les 15 et 16 mai 2021 ont lieu les élections des constituant.e.s à parité : 77 femmes et 78 hommes. 17 sièges sont réservés aux peuples originaires. La composition sociale n’a pas grand-chose à voir avec celle du pays : 59 avocats, 19 professeurs, 12 ingénieurs et 6 journalistes mais aucun syndicaliste d’entreprise. L’abstention atteint 61,4 % et jusqu’à 65 à 70 % dans les quartiers populaires. Une partie des mouvements sociaux avaient appelé au boycott dénonçant le cirque électoral.
Rencontre avec certains conventionnels
La majorité de droite du Congrès avait imposé la nécessité d’approuver les propositions par un vote des 2/3, convaincue d’obtenir au moins 1/3 des sièges ce qui lui aurait donné de fait un droit de veto. Les résultats la surprendront totalement. La composition s’établit ainsi : Droite (En avant pour le Chili) 37 sièges soit 24 %, Gauche (Apruebo Dignidad dont PC et Convergencia social parti de Boric ) 28 soit 18 %, Lista del pueblo (liste constituée par des candidat.e.s de mouvements sociaux) 26 soit 16,77%, Lista del Apruebo (ancienne Concertacion PS + Démocratie chrétienne etc.) 25 (dont seulement 2 DC) soit 16,13 %. Autres indépendants (surtout centre ou même droite) 22 soit 14,20 %. Donc 48 constituants soit quasiment 31 % n’appartiennent à aucun parti, ce qui est une grande surprise mais aussi l’expression du rejet des partis politiques. Cela correspond aussi à la représentation de combats spécifiques.
La première présidente Elisa Loncon, est une représentante Mapuche
Avec Elisa Loncon, 1ère présidente de la Convention constitutionnelle
Il en ressort une constitution rompant avec le modèle néolibéral. Ainsi l’article 1 annonce clairement que « le Chili est un état social et démocratique. Il est plurinational, interculturel, régional et écologique. Il se constitue comme une république solidaire. Sa démocratie est inclusive et paritaire. Elle reconnaît comme valeurs intrinsèques et inaliénables la dignité, la liberté, l’égalité concrète des êtres humains et leur relation indissoluble avec la nature ». En bref une constitution sociale, démocratique, féministe, écologique et qui reprend beaucoup des combats des mouvements sociaux des dernières années : lutte pour les droits des femmes dont l’IVG, pour les droits des personnes LGTQI+, pour l’accès à l’eau, pour une éducation publique gratuite et laïque, pour l’accès de tous à la santé etc.
Le texte proposé au vote comporte onze chapitres avec 388 articles plus les articles de transition et près de 60 000 mots. Selon une enquête seul 28 % de la population l’a lu en entier, 49 % a lu quelques articles, 23 % ne l’a pas lu. Il laisse en outre des flous importants qui ont bien évidemment été utilisés au maximum par la droite dans une énorme campagne de fake news alors que les médias appartiennent tous à l’oligarchie. C’est ainsi qu’une enquête réalisée 4 jours après le plébiscite dans 12 communes populaires de la métropole de Santiago démontre que 4 fake news ont eu énormément d’impact :
– la constitution remettrait en cause le droit à la propriété du logement et à sa transmission héréditaire, ce qui est totalement faux
– il ne serait plus possible de choisir son établissement scolaire alors qu’il est bien prévu le maintien d’établissements privés mais uniquement à but non lucratif (art 36), cela alors que l’éducation publique est médiocre vu le peu de moyens qui lui sont affectés et que plus de la moitié des collèges sont privés.
– l’imposition d’un système de santé public provoquerait l’explosion des listes d’attente dans les hôpitaux alors que l’article 44 prévoit l’inclusion des cliniques privées dans le système de santé public
– L’état allait s’approprier les fonds de pension des chiliens. Actuellement le système de retraite repose sur des fonds de pension où chacun cotise individuellement. Conséquence les pensions sont très faibles et dépendent des fluctuations de la bourse. Pendant la pandémie, le parlement a autorisé plusieurs retraits de 10 % des fonds pour ceux qui le voulaient. Les familles pauvres en ont donc profité pour les retirer afin de garantir leur survie immédiate sans préjudice de la baisse de pension de retraite dans le futur. Il est d’ailleurs significatif que le rapport de forces entre Apruebo et Rechazo ait basculé en faveur du Rechazo lors du débat sur un cinquième retrait possible des fonds de pension.
A cela il faut ajouter la définition de la plurinationalité et les droits spécifiques attribués aux peuples originaires (Mapuche notamment) qui ont été dénoncés comme une remise en cause de l’égalité des droits et une division du pays même si l’article 3 indique que le Chili forme un territoire unique et indivisible ainsi que l’inscription du droit à l’avortement combattu par l’église catholique et les évangélistes très présents au Chili.
Tract pour El Apruebo
Les porte-à-porte massifs réalisés tout au long du pays par le Comando del Apruebo n’ont pas suffit à contrer les fake news de la droite ni à expliquer suffisamment un texte aussi long et aussi dense, alors que la campagne n’a duré qu’un mois, pas de quoi avoir le temps de donner beaucoup d’explications et ce alors que la droite avait commencé sa campagne de rejet dès l’installation de la Convention constituante. De plus certains faux pas allant jusqu’à la démission d’un membre de la Convention ont braqué une partie de l’électorat.
Meeting fin de campagne à Santiago
Dans un contexte économique et social dégradé par les conséquences du Covid avec un taux de chômage en hausse, une aggravation de la précarité et une inflation à 12 %, la question sociale ne sera traitée que dans les derniers temps de la Convention. Qui plus est faute de temps, 12 mois au total, la participation citoyenne sera peu sollicitée. Enfin l’explosion de l’insécurité, notamment dans le Nord avec l’installation de mafias de la drogue, et l’existence d’une importante immigration notamment en provenance du Vénézuela ce qui est totalement nouveau pour le Chili, a aussi pesé dans le vote.
Le plébiscite du 4 septembre se déroule avec une grande nouveauté au niveau électoral : tous les habitant.e.s en âge de voter (18 ans) sont automatiquement inscrits sur les listes électorales et le vote est obligatoire.
Vote le 4 septembre Estadio nacional
Bien que l’abstention soit punie d’une amende, elle a atteint les 14,19 %. Sur un total d’un peu plus de 15 millions d’électeurs inscrits 13 millions ont pris part au vote, 4,8 millions se sont prononcés pour Apruebo soit 38,14 % et près de 7,9 millions soit 61,86 % pour le rejet Rechazo.
A comparer avec le résultat du vote du 25 octobre 2020 pour le choix du processus constituant où près de 80 % des électeurs s’était prononcé pour une Convention constituante élue mais avec une abstention élevée (50%) ou avec celui des présidentielles de 2021 où Gabriel Boric élu au second tour avait obtenu 4 620 890 voix contre 3 650 088 à Kast et ce avec une abstention de 52,67 %.
L’inscription automatique et le vote obligatoire ont donc amené autour de 5 millions d’électeurs en plus à voter le 4 septembre et l’immense majorité a choisi de rejeter ce projet de nouvelle constitution. Ces nouveaux électeurs proviennent des classes populaires et notamment de la jeunesse populaire qui ne votaient pas jusqu’ici notamment par rejet des partis politiques (une enquête de juillet 2022 montrait un rejet des partis de 96 %).
Ce n’est pas une approbation de la constitution de Pinochet, ni une victoire de la droite, mais un rejet massif du système qui jusqu’ici s’exprimait par l’abstention et qui avec le vote obligatoire s’est traduit en vote de rejet quelque fut les avancées que pouvaient contenir cette nouvelle constitution pour les classes populaires. Un exemple de cette contradiction est le vote de rejet dans la commune de Petorca où une lutte dure s’est menée contre l’appropriation de l’eau par les propriétaires des plantations d’avocats au détriment de la population. La nouvelle constitution garantissait l’accès à l’eau mais les électeurs n’y ont pas reconnu leur intérêt.
C’est aussi un vote contre le gouvernement de Gabriel Boric qui en 6 mois a réussi à changer peu de choses, d’abord par impréparation et manque d’expérience de sa jeune équipe gouvernementale, mais aussi faute de majorité au parlement. En effet son élection est due en grande partie au fait qu’il faisait face à un candidat Pinochetiste ce qui a mobilisé massivement la jeunesse pour le deuxième tour. Contre un candidat de la droite plus modérée, il est vraisemblable qu’il n’aurait pas gagné. A la veille du plébiscite la côte de popularité de Boric s’établissait à 38 % ce qui est finalement le score obtenu par el Apruebo.
Et maintenant ?
Gabriel Boric a procédé à un remaniement de son gouvernement en y faisant entrer des représentants de l’ancienne Concertacion à des postes clés comme le ministère de l’intérieur par exemple. Une réunion de l’ensemble des partis politiques s’est tenue pour commencer à réfléchir à la suite du processus. En effet le mandat pour une nouvelle constitution reste valide. Seule l’extrême-droite de Kast a fait campagne pour le maintien de la constitution de Pinochet. Le reste de la droite et du centre droit a fait campagne pour le rejet afin d’écrire une meilleure constitution disait-ils, en fait un texte moins radical. Dorénavant c’est le Congrès qui va décider de la suite. Appellera-t-il à l’élection d’une nouvelle constituante ? Si oui sera-t-elle réservée aux partis politiques ? Mais une constituante excluant les mouvements sociaux et les citoyens a-t-elle plus de chances d’arriver à un texte qui puisse être approuvé par les électeurs ? Beaucoup d’incertitudes pour le futur et de questions sur le modèle constituant à adopter pour écrire une nouvelle constitution. [...]
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30 juillet 2022A l’issue du premier tour de la présidentielle, puis du résultats des législatives, plusieurs commentateurs ont analysé le score de J.L Mélenchon et de la NUPES en évoquant le contraste entre le succès enregistré dans les métropoles et les banlieues et les difficultés dans d’autres zones. Dans Le Monde François Ruffin déclarait « On ne doit pas devenir la gauche des métropoles contre la droite et l’extrême-droite des bourgs et des champs ». Certains ont même fait référence à la fameuse note de la Fondation Terra Nova de 2012 qui proposait à la gauche de s’adapter à la rupture avec les ouvriers au profit des jeunes, femmes et immigrés. Le vote Mélenchon aurait avec succès en partie réalisé ce programme. Sauf que il n’a jamais été dans l’intention de La France Insoumise d’abandonner les ouvriers, au contraire. Mais des décennies d’abandon par la gauche, l’alignement sur le libéralisme qui s’est traduit par l’appel du PS à voter pour le traité européen en 2015, le désastre du quinquennat Hollande et les ravages de la mondialisation ont renvoyé une partie du vote ouvrier dans l’abstention (33%) ou le vote Le Pen (36 % des votants). Le vote Mélenchon reste devant celui pour Le Pen dans les communes de plus de 10 000 habitants (245 communes où JLM était en tête contre 202 pour MLP). Est-ce la présence d’un habitat social plus important dans ces communes ? Ce serait une étude à faire : corréler le vote Mélenchon au taux d’habitat social.
Les législatives se déroulant par circonscription, l’analyse ne peut pas être la même car tout dépend de l’astuce du découpage qui a été utilisé, du genre noyer les quartiers populaires dans des ensembles qui le sont moins pour neutraliser « le vote de gauche ». De plus en regardant la carte des seconds tours on se rend compte que l’analyse opposition métropole/périphérie est insuffisante puisqu’elle ne permet pas de comprendre la différence ouest/est.
Rappels généraux sur présidentielle et législatives 2022
Le premier tour de l’élection présidentielle a été très nettement marqué par le poids de la candidature de Eric Zemmour. Certes au final celui-ci n’a obtenu que 7,07 % des suffrages mais il a hélas réussi à imposer ses thèmes de campagne dans le débat public, notamment la pseudo théorie du grand remplacement. Le relais de ses thèses par de nombreux médias a entraîné la mobilisation électorale de toutes celles et ceux qui se sentaient visés par ces théories racistes. Peu importe qu’il soit apparu assez vite qu’il n’avait aucune chance de gagner, surtout avec la concurrence de Marine Le Pen. La peur s’était d’autant plus installée qu’il y a de solides raisons de savoir que le discours porté par Zemmour fait écho à la réalité de l’existence d’un racisme anti musulman de plus en plus présent dans notre société.
Cette peur de Zemmour, puis la campagne de Jean-Luc Mélenchon candidat de l’Union Populaire dénonçant très clairement ce racisme et la mobilisation de toutes et tous les militant.e.s de l’Union Populaire avec notamment du porte-à-porte dans les cités HLM expliquent le score de 21,7 % obtenu par Jean-Luc Mélenchon. Après 5 de macronisme, son programme anti-libéral à aussi trouvé un écho important auprès des classes populaires Hélas cela n’a pas suffit à passer devant Le Pen et à accéder au second tour même si la différence de voix a diminué par rapport à 2017 et ce alors que cette fois-ci le PCF avait décidé de présenter son propre candidat quelles qu’en soient les conséquences.
Pour les législatives, un accord, programmatique et électoral, a pu être trouvé entre l’ensemble des forces de gauche, EELV, PC, PS et France Insoumise, permettant la constitution de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale) dont j’ai expliqué dans un billet précédent la raison d’être : https://martinebillard.fr/2017-2022-deux-contextes-deux-strategies/
Malheureusement cet accord n’a pas suffit pour obtenir la majorité ou une majorité relative à l’Assemblée nationale et ce notamment à cause de la baisse de la participation électorale des classes populaires qui avaient voté pour Mélenchon au premier tour de la présidentielle. Pourtant la perte de participation aux législatives a cette fois-ci été moindre qu’en 2017. En effet le discours tenu le soir du premier tour appelant au maintien de la mobilisation, la mise en place de la NUPES avec des candidats uniques par circonscription et le mot d’ordre unificateur et mobilisateur de « Mélenchon premier ministre c’est possible », ont permis, en maintenant l’espoir d’une victoire aux législatives, de limiter la démobilisation habituelle suivant une défaite à la présidentielle.
Ainsi en 2022 les candidat.e.s de la NUPES récupèrent 54,24 % des voix qui s’étaient portées sur les différents candidats de cette alliance à la présidentielle. En 2017 les candidats FI+PC n’avaient retrouvé que 44,09 % des suffrages obtenus par Mélenchon, candidat commun, au premier tour de la présidentielle. Dans le même temps les candidats de la majorité pro Macron auront perdu 14 points entre 2017 et 2022 et n’obtiendront pas de majorité à l’assemblée nationale faisant ainsi mentir la thèse selon laquelle un président élu obtiendrait forcément une majorité aux législatives.
Comment expliquer les résultats aux législatives ?
– Une petite baisse de participation de l’électorat NUPES entre la présidentielle et les législatives qui peut s’expliquer par la disparition de la peur de Zemmour. Si on compare à périmètre similaire, les voix obtenues par les candidats aux législatives (NUPES + dissidents + DVG) aux voix obtenues au 1er tour de la présidentielle (Mélenchon+Bayou+Roussel+Hidalgo) la perte n’est que de 1,8 points mais la présence de candidatures divers gauche contre les candidatures uniques de la NUPES ont empêché un certain nombre de candidat.e.s d’accéder au second tour.
– Une meilleure mobilisation du RN aux législatives en 2022 qu’en 2017 : il a retrouvé 52,2 % de son électorat de la présidentielle contre 34,54 % en 2017 même si cela représente encore une différence de 11,5 points entre le 1er tour de la présidentielle et le 1er tour des législatives.
– En 2017 existait encore un réflexe de vote anti FN. Avec la baisse de la participation, les seconds tours se limitaient quasi totalement à des duels. Aussi se retrouver face à un.e candidat.e FN assurait quasiment, en dehors de quelques bastions FN style Hénin-Beaumont, de gagner le second tour et donc d’être élu. C’est ainsi que Caroline Fiat, arrivée seconde au premier tour en 2017 quatre points derrière le FN (15,94 % contre 19,92%) par suite d’une division de la droite entre 2 candidats au 1er tour, a ensuite été élue par 61,36 % contre 38,64 % .
Or en 2022, si elle arrive en tête au 1er tour avec 29,97 % contre 28,48 % au RN, au second tour elle n’est réélue que par 50,23 % contre 49,97 % au RN alors que l’abstention a baissé de 3 points et les blancs et nuls de 2 points. Il y a donc eu un vote massif de la droite en faveur du RN. Plutôt le RN qu’une députée insoumise !!! On peut penser que si Caroline n’avait pas été sortante et reconnue par son travail parlementaire, elle n’aurait jamais été élue face au RN en 2022.
En 2022, dans de nombreux duels NUPES-RN la droite a préféré voter RN plutôt que NUPES, abstention ou blanc, ce que personne n’avait anticipé car encore marqué par l’ancien schéma du barrage républicain. Cela explique les 89 député.e.s RN.
L’alliance NUPES a-t-elle apporté un plus ?
Les opposants socialistes à cette alliance, comme Carole Delga, ou certains au PCF comme Fabien Roussel, essaient d’expliquer que cette alliance n’a rien apporté et que des candidatures par partis auraient permis d’obtenir plus d’élus. Un tel discours est tellement déconnecté des réalités électorales qu’il est difficile de le prendre au sérieux. L’autre argument consiste à dire qu’il aurait fallu décider selon l’implantation des candidat.e.s La première réponse à faire à une telle remarque sont les législatives de 2017 : le raz-de-marée LREM est-il dû à leur implantation ? Bien sûr que non ! Et cette fois-ci combien de dissidents PS très bien implantés et soutenus par Carole Delga, Stéphane Le Foll ou François Hollande ont-ils gagné contre les candidats de la NUPES ? 6. Ils ont surtout permis d’élire quelques députés pro Macron en plus et même pire des députés RN. Belle réussite dont peuvent se vanter Delga et Le Foll. Et sans vouloir être cruelle avec le PCF qui utilise systématiquement cet argument de ses candidats bien mieux implantés et donc plus susceptibles de gagner, il faut signaler les circonscriptions 92-11 (Bagneux Malakoff) ou 69-4 (Vénissieux) régulièrement perdues par le PCF depuis 10 ans et qui ont cette fois été gagnées par des candidats FI-NUPES.
Fabien Roussel nous a aussi expliqué qu’il aurait mieux valu faire des campagnes locales qu’une campagne nationale. Outre que faire une campagne nationale n’a jamais empêché d’ajouter des éléments locaux de campagne, c’est ne pas comprendre que les élections législatives sont des élections nationales. Les électeurs ne votent pas pour un conseiller départemental mais pour un député qui va légiférer. Le vote se fait principalement en fonction des étiquettes et des programmes même si une part de poids personnel du/de la candidat.e. peut s’ajouter. Mais même ainsi cela ne garantit pas toujours la réélection. Ainsi malheureusement Alain Bruneel, député sortant PCF de la 16ème circonscription du Nord a été battu par le RN.
Au total aucune des forces participant à la NUPES, y compris la FI, n’aurait eu autant de député.e.s en y allant seule au 1er tour car beaucoup de candidats auraient alors été éliminés dès le 1er tour. Il y a ainsi une cinquantaine de circonscriptions où le RN est arrivé en 3ème position derrière la NUPES avec moins de 5 points d’écart. Tout le monde est donc gagnant dans cette alliance qui a permis l’élection de 155 député.e.s. Mais plus encore, elle a permis de redonner de l’espoir à de nombreuses et nombreux électeurs qui ne se reconnaissent dans aucun parti en particulier mais qui recherchaient l’union pour ne pas avoir à choisir entre les différentes forces.
Pour moi qui ai passé 16 ans chez les Verts où l’obsession était d’obtenir un groupe parlementaire, le fait d’en obtenir un en 2017 avec 17 député.e.s Insoumis.e.s sans pour cela dépendre du PS ou d’une autre force politique m’avait fait pleurer d’émotion. Alors en avoir 75 cette fois-ci quel bonheur de se dire qu’il existe une force politique qui va défendre les intérêts de celles et ceux qui ont le moins dans ce pays et se battre pour qu’il existe cette bifurcation écologique dont on a tant besoin.
Et maintenant ?
Nombre de commentateurs ont glosé sur le caractère éphémère de la NUPES. Personne ne peut dire de quoi sera fait l’avenir. Nous savons tous que si dans certaines circonscriptions la campagne a été menée en commun, au moins avec une partie des forces politiques composant la NUPES, c’est bien moins vrai dans d’autres circonscriptions. Aujourd’hui nos député.e.s se battent en commun à l’assemblée. Reconnaissons qu’en les traitant toutes et tous sans distinction d’anti républicains, d’islamo-gauchistes, d’extrême-gauche, de débraillés et sales etc … la droite et les macronistes obtiennent l’inverse de ce que certains affirmaient vouloir rechercher : diviser pour mieux régner. Mais tout mot de travers tenu par un.e député.e donne immédiatement lieu à une offensive en règle et très bien orchestrée et organisée. Il faut le savoir ils ne nous laisseront rien passer. Aucun droit à la moindre erreur même minuscule. La bourgeoisie est d’autant plus hargneuse que ses intérêts sont menacés. Elle sait reconnaître les forces politiques qui remettent en cause sa domination par rapport à celles qui se contentent de vouloir leur part de gâteau. Elle fait tout pour marginaliser ceux qui dénoncent ses mensonges et peuvent convaincre les électeurs.
Les déclarations de recherche de compromis ont vite montré à qui les macronistes s’adressaient : LR évidemment mais aussi le RN. En leur offrant 2 vice-présidences, en cherchant par tous les moyens à disqualifier et à salir les Insoumis, les macronistes sont en train d’ouvrir un chemin royal à Le Pen pour 2027. Sur toute la planète s’imposent des gouvernements libéraux autoritaires en alliance avec des extrêmes-droites locales. La France n’est pas à l’abri d’un tel scénario. Il est donc crucial de ne pas désespérer celles et ceux qui ont retrouvé de la confiance en une alternative antilibérale, écologique et démocratique avec l’existence de la NUPES. Nos député.e.s mènent ainsi de bons combats à l’assemblée nationale pour obtenir des lois en faveur de celles et ceux qui ont le moins.
Parallèlement il est fondamental de poursuivre le travail en direction des classes populaires engagé depuis maintenant plusieurs années par la France Insoumise.
Insoumis des villes, Insoumis des champs.
Il a beaucoup été question de l’origine de nos député.e.s insoumis.e.s. La première chose pour moi à souligner est la diversité sociale : 1 femme de chambre d’hôtel, un chauffeur de taxi, un ouvrier de l’aéronautique, une ouvrière agricole et d’autres profils sociaux qu’on n’a pas l’habitude de voir à l’Assemblée nationale.
Ensuite il est indéniable que la majorité des députés Insoumis viennent des circonscriptions des quartiers défavorisés des villes.
La NUPES a des députée.es dans 61 départements de l’hexagone et dans toutes les régions même si il y en a seulement 2 en Centre-Val-de-Loire (1 EELV et 1 PC) et 1 seul dans le Territoire de Belfort (FI).
Concernant la France Insoumise, ses 75 député.e.s sont répartie.e.s dans 36 départements (72 député.e.s) et 2 territoires d’Outre-Mer (La Réunion 2 et la Martinique 1) dont 28 soit 38,88 % dans les 8 départements d’Ile-de-France (dont les 2 du 77 et une du 78 sont des circonscriptions mêlant agglomération et ruralité). Sur les 44 circonscriptions hors IDF, les députés sont élus dans des départements qu’on dit plutôt ruraux : Ariège, Aveyron, Creuse, Dordogne, Haute-Pyrénées, Savoie, Tarn, Haute-Vienne soit 9 députés. Dans des départements plus mixtes, plusieurs sont élus dans des circonscriptions rurales (4 en Côtes d’Armor, Gard, Hérault, Ile-et-Vilaine) ou des circonscriptions mixtes (3 en Haute-Garonne, Sarthe, Seine-Maritime). Soit un total de 19 député.e.s (26,39 %) FI élus hors des grandes villes. Il faut plus le prendre pour un ordre de grandeur qu’un chiffre exact car la définition de ce qu’est une circonscription rurale ou mixte est évidemment sujette à discussion.
On peut donc dire que la France Insoumise est plus faible en ruralité. Mais pour aller plus loin dans l’analyse il faut regarder l’histoire politique des circonscriptions car en regardant la carte des duels pour le second tour on est frappé par la différence selon les territoires : https://www.francetvinfo.fr/elections/legislatives/carte-resultats-des-legislatives-2022-decouvrez-tous-les-duels-du-second-tour-de-l-election_5194927.html
Il y a de fait une diagonale, en gros de la Manche au Jura, qui sépare la France en deux au niveau des circonscriptions hors grandes villes. Ainsi à l’ouest de cette diagonale, la NUPES est présente en général au second tour à l’exception de la Vienne, de la Charente et de la Charente-Maritime, en PACA présente seulement dans le 04 et le 05 ou dans les grandes villes des Bouches du Rhône ainsi qu’une circonscription de Nice, et présente seulement dans une partie des grandes villes de Centre Val de Loire.
A l’est de cette diagonale, la NUPES n’est quasiment présente que dans les grandes villes et même pas dans tous les départements.
Donc plutôt qu’une opposition générale métropole/ruralité, on a une opposition villes les plus importantes des département et zones hors de ces villes dans les régions qui ne sont pas favorables à la NUPES. Quelles sont ces régions où, à l’exception des grandes villes, la gauche n’a jamais fait de très bons scores : celles qui sont historiquement rarement favorables à la gauche comme la Bourgogne (en dehors du bastion PS de la Nièvre) la Franche-Comté, le Grand-Est, la Normandie, le Centre-Val-de-Loire, des départements comme le Var, le Vaucluse, les Alpes-Maritimes etc .La NUPES n’a certes pas pu ou su faire plus que la gauche de ces 30 dernières années. Mais c’est déjà un exploit qu’on soit arrivé à cela.
Il ne faut aussi pas oublier que dans certains départements, exemple l’Orne que je connais un peu, les gens qui ont les moyens de s’acheter une maison habitent plutôt dans les villages périphériques des villes «importantes du département ». Ainsi les 3 villes de plus de 10 000 habitants (avec un taux HLM de 26 % à 42%) ont des maires PS mais les campagnes votent plutôt à droite voire maintenant à l’extrême-droite avec une population âgée et un habitat assez dispersé qui rend d’autant plus difficile le militantisme.
Des gains significatifs hors IDF pris à LREM par la FI notamment (il faudrait faire le travail pour toutes les circonscriptions NUPES) :
De nombreuses circonscriptions qui votaient historiquement à gauche et qui avaient été gagnées par LREM en 2017 ou la droite ces dernières années
– la circonscription historique de Carmaux (81-2), certes gagnée dans une triangulaire face au RN et Ensemble, qui était à gauche de 1981 à 2017 avec une parenthèse en 1993 ;
– la Creuse qui était PS de 2002 à 2017
– 2 circonscriptions gagnées par la NUPES en Dordogne alors qu’en 2017 la gauche avait disparu pour la première fois du département ;
– les 3 circonscriptions de la Haute-Vienne repassent à gauche alors que LREM avait fait le grand chelem en 2017
– la 2ème circonscription des Alpes de Haute-Provence gagnée contre Christophe Castaner
– la 5ème du Gard qui a été majoritairement PS
– la 2ème de l’Aveyron circonscription historique de Robert Fabre, MRG (député de 1962 à 1980)
– la 2ème circonscription du Territoire de Belfort ,ancienne circonscription de Jean-Pierre Chevènement
– la 1ère circonscription de Haute-Pyrénées ancienne circonscription de Jean Glavany PS
– la 4ème de Seine-Maritime circonscription historique de Laurent Fabius
– la 9ème circonscription du Val d’Oise plusieurs fois PS
Des circonscriptions plutôt à droite
– la 3ème circonscription de Metz historiquement à droite
– la 4ème de Savoie gagnée contre Patrick Mignola président du groupe Modem à l’assemblée de 2012 à 2017)
– la 4ème circonscription d’Ille-et-Vilaine toujours à droite, ancienne circonscription de Alain Madelin
– la 4ème circonscription de la Sarthe historiquement à droite notamment avec François Fillon député et une seule exception Stéphane Le Foll PS élu en 2017 mais sans candidat LREM contre lui
– la 2ème de la Loire très souvent à droite
– la 4ème de l’Hérault plus souvent à droite qu’à gauche
Mais il y a indéniablement une spécificité des Hauts-de-France qu’on retrouve dans certains départements de l’est : ce sont tous les secteurs désindustrialisés qui aujourd’hui donnent leurs voix massivement au RN. La gauche dans son ensemble paie le bilan des années de discours PS du genre « l’État ne peut pas tout faire ».
Il reste donc pas mal d’études encore à faire pour mieux comprendre tous ces résultats et s’adapter en conséquence. Mais il ne faut pas oublier que quelque soit la qualité du travail sur le terrain, il est extrêmement difficile de contrebalancer le poids des médias tous tenus par des tenants du libéralisme ou maintenant par l’extrême-droite comme CNEWS et Europe 1 qui en prend le chemin, les deux sous la houlette de Bolloré. [...]
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1 juin 2022Rappel sur le contexte de 2017
Le 2 décembre 2016 François Hollande renonce à se présenter à sa réélection comme Président de la République. C’est une première sous la 5ème République. Cette décision est le résultat des politiques menées pendant les cinq ans de sa présidence. Commencé par la trahison de son mensonge, « mon ennemi c’est la finance », son quinquennat aura été marqué par la mort de Rémi Fraisse à Sivens en 2014, Bernard Cazeneuve étant ministre de l’intérieur, le développement des bus Macron pour concurrencer le rail pourtant bien plus écolo, l’extension du travail de nuit et du dimanche au détriment de la santé et de la vie de famille des travailleurs, et encore plus des travailleuses, défendus par Macron ministre de l’économie, la loi El Khomri en 2016 sous Manuel Valls premier ministre avec une répression des manifestations qu’on n’avait pas vu depuis longtemps, le passage aux 43 ans de cotisation pour liquider sa retraite sans oublier la déchéance de nationalité etc.
Si le rejet de son quinquennat était tel et tout particulièrement dans les rangs de l’électorat de gauche et écologiste, comment pouvait-on imaginer un rassemblement avec Hollande pour les élections de 2017 ?
Et pourtant certains l’ont imaginé. Début janvier 2016 paraît dans Libération un appel pour une primaire de gauche de Hollande à Mélenchon. Je me souviens de notre stupéfaction au Parti de Gauche de voir que toutes les forces se réclamant de la gauche et des écologistes se précipitaient dans des réunions pour mettre cela en œuvre. Cela nous semblait irréel qu’on ait dénoncé les politiques menées pendant 5 ans, manifesté dans la rue sous les gaz lacrymogènes et les coups, soutenu les salarié.e.s et les militants associatifs de l’écologie qui se battaient contre ces politiques pour ensuite venir leur dire on oublie tout et on part tous ensemble. Pour nous une telle reddition revenait à tuer tout espoir et à renforcer le discours déjà très présent sur les politiques déconnectés du terrain et qui ne s’intéressent qu’à leurs postes.
Nous avons alors pris nos responsabilités. Il était urgent de bouger et de dire qu’il y avait un autre choix, un choix de luttes, de refus des renoncements, un choix d’espoir. Jean-Luc Mélenchon avait une émission de télévision prévue le 10 février. Il a donc été décidé d’annoncer sa candidature à cette occasion et de lancer la France Insoumise le 16 février. Pendant ce temps le reste des forces de gauche recherchait un candidat commun. Le 18 juin le Parti Socialiste appelait à une primaire commune de toute la gauche de gouvernement. On sait comment cela s’est terminé, avec la victoire de Benoît Hamon entraînant le départ vers Macron de nombreux candidats trahissant leur engagement à se ranger derrière le vainqueur.
Le Parti Communiste rejetait l’idée de s’associer à la candidature de Mélenchon par un vote de son conseil national le 5 novembre 2016 malgré le soutien de son secrétaire national d’alors, Pierre Laurent. Cette décision était renversée par un vote des adhérents à la fin novembre. Dix mois donc après le lancement de la campagne de la France Insoumise et 5 mois avant le premier tour de la présidentielle, le PCF rejoignait la campagne de Mélenchon.
Les législatives de 2017 se présentaient donc dans un contexte d’effondrement du PS où Hamon, candidat du PS et de EELV, n’avait obtenu que 6,36 % face aux 19,58 % de Jean-Luc Mélenchon candidat de la France Insoumise et du PCF.
Nous avions tiré la leçon des législatives de 2012, ne pas avoir de campagne nationale revenait à être invisible. Ensuite l’analyse que nous avions fait pour la présidentielle était toujours valable : tout rapprochement avec le PS, tout accord, serait vu comme une trahison par toutes celles et ceux qui avaient eu à subir les 5 ans du quinquennat Hollande. Or EELV avait un accord avec le PS, ce qui rendait impossible tout autre accord . Pour ce qui est du PCF j’ai déjà raconté sur ce blog ce qui s‘était passé.
Les résultats ont montré que l’analyse que nous faisions du rejet du PS était au-delà même de ce que nous pensions puisqu’il est passé de 280 élu.e.s en 2012 à 30 en 2017, un chiffre jamais atteint depuis 1958. Et EELV a été entraîné dans cette débâcle au point même que dans la circonscription dont Nöel Mamère était député, sa suppléante PS devenue la titulaire avec lui en suppléant, n’a pas pu résister à Loïc Prud’homme le candidat de la FI. Je dois avouer qu’à l’époque je n’avais pas anticipé cela.
La position de la France Insoumise n’avait donc rien à voir avec le sectarisme, juste avec une analyse de la situation politique du moment.
2022 la NUPES un changement de stratégie ?
Cette fois-ci c’est Macron qui était sortant avec un bilan très clair : régressions sociales, répression accrue, absence de politique écologique.
Dans ce contexte, les sommations à l’Union de la Gauche ont réapparu avec encore plus de force qu’en 2012. Mais le bilan du quinquennat de Hollande n’était pas purgé. Il était impossible de tourner la page et de faire comme si tout était clair maintenant du côté du PS. De nombreux notables socialistes continuaient à maintenir des ambiguïtés dans leur relation à la majorité gouvernementale. La méfiance était toujours là. De plus après des régionales pas trop mauvaises pour le PS, celui-ci croyait encore être la force la plus puissante à gauche. De même les résultats des européennes puis des municipales faisaient croire à EELV que son heure était enfin arrivée et que le leadership à gauche lui revenait de droit. De son côté la ligne d’affirmation identitaire du PCF avait pris le dessus. La réalité est donc qu’il n’y avait aucune possibilité d’arriver à une candidature commune dans le cadre de la présidentielle. Les tentatives de candidature autres que ce soit Christiane Taubira ou Arnaud Montebourg ont très vite fait flop.
Dans cette situation très complexe et très difficile face à Macron, la France Insoumise a considéré que le meilleur candidat pour y faire face était Jean-Luc Mélenchon. La suite nous a montré que c’était la bonne décision, d’autant qu’elle se conjuguait avec une ouverture bien au-delà de la France Insoumise par le lancement de l’Union Populaire symbolisée par son Parlement. Il est indéniable que l’acceptation par Aurélie Trouvé, ancienne porte-parole de Attac, d’en être la présidente était un signal très fort d’ouverture et d’appel aux réseaux militants hors partis à s’engager. Nous lui devons tous énormément.
On lit beaucoup que le formidable score de Jean-Luc Mélenchon est le résultat du vote utile, qu’il a en quelque sorte détourné des votes des autres candidats. Qu’il y ait eu des électeurs pour décider dans les dernières semaines, voir les derniers jours, de changer de vote c’est indéniable. Mais s’ils l’ont fait c’est parce qu’ils pensaient qu’il était possible de battre Macron, parce que ce vote était porteur d’espoir.
Comme il est difficile de nier le bon résultat de Jean-Luc Mélenchon, les opposants cherchent beaucoup d’explications pour le dévaloriser. On a eu le droit bien sûr au vote musulman, comme si les gens votaient d’abord en fonction de leur religion et pas en fonction de leur place sociale dans la société. D’ailleurs ce qui serait douteux pour Mélenchon au 1er tour ne pose pas de problème lorsqu’il s’agit de voter pour Macron au second tour face à Le Pen.
Ensuite le vote Mélenchon serait uniquement un vote de grandes villes et de quartiers populaires. Il faut souligner qu’il y a en 2022 1 165 693 inscrits de plus par rapport à 2017 et pourtant il y a 1 080 021 votants en moins, soit 4,08 points de participation en moins. Malgré cela, la candidature de Mélenchon a obtenu 652 569 voix en plus, soit 2,37 points en plus. Sauf qu’en 2017 il n’y avait pas de candidature Roussel puisque le PC participait à la candidature de Mélenchon donc il faut comparer à périmètre égal avec Mélenchon 21,95 % + Roussel 2,28 % = 24,23 % en 2022 soit 4,65 points en plus face à Hidalgo 1,78 + Jadot 4,63 % = 6,38 % soit quasi exactement le score de Hamon 6,36 % candidat PS-EELV en 2017. Si donc on compare 2017 et 2022 on peut dire que la candidature de Mélenchon n’a pas empiété sur celle du bloc PS-EELV. Évidemment ce n’est pas si simple car il est à peu près sûr qu’il y a eu des mouvements d’un bloc à l’autre et y compris vers ou en provenance d’autres candidats.
Cela montre que la relativisation de cette progression au nom d’un vote utile au sein de l’électorat de gauche est surtout l’expression du refus de reconnaître que le vote Union Populaire a su convaincre de nouveaux électeurs.
Pour les législatives, le contexte est différent de 2017 puisque ce n’est pas le PS qui est sortant mais Emmanuel Macron qui en 2022 n’a plus l’avantage de la nouveauté mais au contraire un bilan très négatif dans toutes les dimensions, sociale, écologie et démocratique.
De plus nous avions fait l’analyse qu’en cas d’échec à la présidentielle tout l’enjeu consisterait à maintenir la mobilisation de notre camp alors que spontanément les électrices et électeurs des perdants ont tendance à se dire que cela ne sert plus à rien de se bouger pour les législatives.
L’appel à l’union sur la base d’un programme partagé avait donc tout son sens en ce qu’il répond à l’aspiration à ne pas subir 5 ans de plus de politiques libérales. Cet espoir ne pouvait se limiter à un accord sur quelques circonscriptions laissées aux uns ou aux autres. Cela n’aurait entraîné aucune dynamique. D’où la volonté de l’Union Populaire de n’accepter qu’une négociation globale, programme et accord portant sur toutes les circonscriptions.
Il y a eu beaucoup de moqueries sur cet accord programmatique venant du gouvernement ou d’opposants au sein du PS. Carole Delga a par exemple expliqué que cet accord n’était pas crédible car il y avait des désaccords importants entre les différentes forces politiques. Mais alors comment expliquer les divers accords PS-Verts en 1997, 2002 et 2012 alors que les désaccords étaient là aussi très importants ?
Selon Abel Mestre, journaliste au Monde, la NUPES serait un révélateur des faiblesses de la France Insoumise et notamment d’une implantation territoriale faible. Il n’est pas le seul à répéter cela. C’est pourtant une affirmation absurde basée uniquement sur le nombre d’élu.e.s certes faible de la FI. Mais une implantation territoriale c’est aussi le nombre de militants présents et actifs sur le terrain. Et là la FI a globalement peu de concurrence, avec de nombreux militants et notamment des jeunes avec une implantation qui ne se limite pas aux centres villes des métropoles. Il n’y a qu’à regarder le nombre de Groupes d’actions actifs déclarés sur la plateforme. A l’inverse le PS a de nombreux élus mais il lui reste très peu de militants.
La FI aurait été absente des élections locales (nous avons participé à 560 listes aux municipales, été présents dans toutes les régions sauf une aux régionales et dans de nombreux cantons aux départementales). C’est donc totalement faux mais n’empêche pas les journalistes de répéter mois après mois cette contre-vérité. Il faut aussi rappeler qu’à l’occasion de ces élections locales nous avons appelé EELV à des candidatures communes et que nous avons été rarement entendus.
Il aurait été difficile d’investir des binômes paritaires dans toutes les circonscriptions sauf au risque d’investir des candidats non implantés ou au profil sulfureux. En 2017 nous avons présenté 556 candidat.e.s, d’une moyenne d’âge de 41 ans, dont la moitié de femmes et 60 % n’ayant jamais adhéré à un parti politique, le PS en avait investi 414, EELV 459 le PC 461. Aucun.e de nos candidat.e.s n’a été l’objet d’un quelconque signalement à l’époque.
Et donc alors qu’en 2022 il ne s’agit plus seulement de la FI mais de l’Union Populaire nous n’aurions pas été en mesure de trouver suffisamment de candidat.e.s ? Quelle mauvaise foi !
Et aujourd’hui c’est plutôt la majorité présidentielle qui a quelques problèmes avec des candidats au profil sulfureux, expression utilisée par Abel Mestre. D’ailleurs cela ne se limite pas aux candidat.e.s puisque plusieurs ministres sont aussi en cause.
Quand à l’hégémonie de la France Insoumise sur les autres forces, quelques rappels chiffrés
2012 : le PS soutient EELV dans 40 circonscriptions (dans 6 d’entre elles soit 15% il y aura un dissident PS) contre un soutien de EELV dans 60 avec la promesse pour EELV d’avoir 15 député.e.s pour former un groupe. Au passage d’ailleurs il faut souligner qu’en général dans les accords PS-Verts ce sont des circonscriptions à gagner sur la droite qui sont laissées. Au final EELV obtient 17 député.e.s et le PS 280 soit 5,72 % des élu.e.s pour EELV contre 97,27 % pour le PS dont 1 dissident contre EELV.
Dans l’accord de la NUPES, EELV obtient 100 circonscriptions. Au moment où j’écris, les sondages donnent de 20 à 30 député.e.s pour EELV donc bien plus qu’il n’en a jamais obtenu dans un accord avec le PS.
Le programme partagé entre l’ensemble des forces participant à la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, NUPES, a été présenté à la presse le 19 mai mais s’est heurté à un quasi silence de la part des principaux médias. Le 30 mai a été mis en place le Parlement de cette NUPES, rassemblant des représentants de toutes les forces mais surtout des syndicalistes, des militants associatifs, des intellectuels, des artistes dont plusieurs sont venus exprimer leur joie de voir ce rassemblement des forces politiques et sociales qu’ils appelaient de leurs vœux depuis bien longtemps.
Gouvernement Borne : à peine installé et déjà dans la tourmente
Macron a pris son temps pour proposer un nouveau gouvernement. Il est significatif qu’il ait été prêt à prendre comme première ministre Catherine Vautrin, ancienne ministre de Jacques Chirac et participante aux manifestations de la Manif pour tous contre le mariage pour tous et n’ait reculé que devant la fronde de dirigeants de LREM.
Mais sa volonté de faire des coups politiques et d’affaiblir ses adversaires en débauchant ici et là a tourné court. Impossible pour lui de trouver un profil écolo acceptant d’entrer dans son gouvernement. Il faut dire que l’expérience malheureuse de Nicolas Hulot, l’inertie écologique du gouvernement quand ce n’est pas la régression a douché plus d’une tentation et l’annonce de la relance du nucléaire a certes été avalée par sa ministre sortante Barbara Pompili prête à tout accepter pour être ministre, mais n’a pas convaincu celles ou ceux qui ont encore quelques convictions écolo.
Au final peu de renouvellement avec une domination des ministres issus de la droite pour ce qui est des ministères régaliens, Intérieur où se maintient Gérald Darmanin, Armées avec Sébastien Lecornu, Affaires étrangères avec Catherine Colonna, Finances où continue Bruno Le Maire.
La tactique de Macron consiste à dépolitiser au maximum ces législatives, en ne prenant aucune initiative et en avançant le moins possible de propositions pour ne pas offrir d’angles d’attaques. On aura rarement vu un président nouvellement élu avoir si peu d’initiatives. Il espère ainsi démobiliser l’opposition. Mais il n’avait prévu ni le scandale provoqué par la nomination de Damien Abad accusé de viols, ni l’incapacité de son ministre de l’intérieur Gérald Darmanin et du préfet de police, de gérer autrement que par la matraque et les lacrymos les supporters lors de la finale de la Ligue des Champions au Stade de France au point de faire honte à notre pays à l’échelle internationale. Les mensonges utilisés pour cacher cette incurie ne font que rajouter au scandale.
C’est pour contrecarrer cette volonté d’invisibiliser les enjeux des législatives et montrer que l’élection présidentielle ne signifiait pas la fin de toute possibilité de renverser le rapport de force que Jean-Luc Mélenchon dès le soir du premier tour de la présidentielle annonçait qu’il fallait voter pour lui comme premier ministre. Bien évidemment qu’il sait parfaitement que le premier ministre n’est pas élu. Ceux qui ont foncé la tête baissée pour s’exclamer c’est absurde ont surtout montré leur faiblesse en terme de tactique politique.
Le maintien de la mobilisation sur le terrain de toutes les équipes de la NUPES et le bon accueil dans les quartiers populaires ainsi que dans ceux historiquement favorables à la gauche, montrent l’aspiration à cette victoire aux législatives.
Oui nous avons la possibilité de faire l’histoire le 19 juin en remportant la majorité à l’assemblée nationale car la dynamique et l’espoir sont avec nous. Il n’y a qu’à voir la panique qui est en train de saisir le gouvernement et sa majorité qui ne l’est plus pour très longtemps. Tout dépend de la mobilisation des jeunes et des classes populaires. [...]
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22 avril 2022Depuis que Jean-Luc Mélenchon a émis cette hypothèse, certains se déchaînent sur le thème vous voyez il est prêt à pacter avec Emmanuel Macron. Pourtant, pour celles et ceux qui ont écouté attentivement, JL Mélenchon n’a pas dit je vais demander à E. Macron de me nommer 1er ministre. Il a appelé les français à l’élire 1er ministre. Mais me direz-vous le 1er ministre n’est pas élu. Certes, mais les député.e.s qui composent l’Assemblée Nationale, si.
Petit rappel constitutionnel :
– Le président de la République est élu au scrutin universel à la majorité absolue. Dimanche 24 avril à 20h nous saurons donc qui est le prochain président de la République et tout laisse à croire que le président sortant sera réélu. Le 1er ministre actuel, Jean Castex, a annoncé qu’il donnera alors la démission de son gouvernement ce qui amènera Emmanuel Macron à nommer un nouveau ou une nouvelle premier ministre en charge de composer un nouveau gouvernement. Bien évidemment ce premier ministre sera pro Macron. Aucune loi ne sera votée d’ici l’élection de la nouvelle Assemblée Nationale. Tout au plus l’Assemblée pourrait être convoquée en urgence en cas de nécessité liée à une situation imprévue : guerre, pandémie …
– une nouvelle Assemblée nationale sera élue les 12 et 19 juin. Il en sortira une majorité politique soit du fait qu’une force politique aura la majorité à elle seule, comme en 2017 pour la République en Marche, soit qu’une alliance de plusieurs forces politiques obtienne cette majorité. Rappel il y a 577 députés, la majorité nécessite donc 289 députés.
Suite à cette élection, le président élu peut donc voir confirmer sa majorité et peut alors soit maintenir tel quel le gouvernement qu’il aura choisi dans la foulée de son élection, soit le modifier (cas le plus courant), soit même changer carrément de premier ministre, ce qui n’est jamais arrivé dans l’histoire de la 5ème République.
– Si Macron n’a pas de majorité à l’assemblée nationale, il est obligé d’en tenir compte pour la nomination du premier ministre.
Certes rien n’oblige le nouveau 1er ministre à demander un vote de l’Assemblée nationale pour engager sa responsabilité mais si le président nomme un 1er ministre qui n’a pas de majorité, l’Assemblée nationale peut le faire tomber immédiatement par le biais d’une motion de censure prévue par l’article 50 de la Constitution : Lorsque l’Assemblée nationale adopte une motion de censure ou lorsqu’elle désapprouve le programme ou une déclaration de politique générale du Gouvernement, le Premier ministre doit remettre au Président de la République la démission du Gouvernement.
Donc le premier ministre est certes formellement nommé par le Président de la République mais dépend en fait de la majorité politique de l’Assemblée nationale et la tradition veut que ce soit le leader de la nouvelle majorité politique qui soit nommé, parce que de toute façon si ce n’était pas le cas l’Assemblée nationale pourrait immédiatement voter une motion de censure pour le renverser. Aucun président de la République responsable ne peut s’amuser à créer une crise politique autour de cette nomination.
La composition du gouvernement ne dépend que du 1er ministre même si la Constitution là encore prévoit par son article 8 une ratification du Président Sur la proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions. Le Président pourrait-il refuser la nomination de membres du gouvernement proposés par le 1er ministre ? François Mitterrand l’avait fait en 1986 pour le ministère des Affaires étrangères et celui de la Défense, domaines relevant des compétences spécifiques du chef de l’État.
Comme indiqué à l’article 39, L’initiative des lois appartient concurremment au Premier ministre et aux membres du Parlement.
Ce qui montre que le président de la République n’a aucun pouvoir sur les lois et donc quasiment aucun pouvoir en politique intérieure. Le gouvernement n’est responsable que devant l’Assemblée nationale et la Constitution ne prévoit pas que le Président de la République puisse révoquer le 1er ministre.
Certains diront oui mais le Sénat est de droite. C’est vrai mais la Constitution prévoit qu’en cas de désaccord entre les deux chambres le dernier mot revient à l’Assemblée Nationale. Il est donc très possible d’appliquer son programme législatif en n’étant majoritaire qu’à l’Assemblée Nationale. Ce qu’ont d’ailleurs fait de nombreux gouvernements.
Donc si les élections législatives de juin donnent la majorité à une alliance autour de l’Union Populaire sur un programme politique partagé, Jean-Luc Mélenchon peut effectivement devenir premier ministre. Il ne reste donc qu’à se retrousser les manches et à tout faire pour cela. [...]
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27 mars 2022Le billet de David Cormand intitulé «la parenthèse écologique de monsieur Mélenchon » est un tissu d’insinuations calomnieuses à l’égard de Jean-Luc Mélenchon, la France Insoumise et l’Union Populaire. C’est une offense à l’égard de tous les écologistes insoumis. https://www.davidcormand.fr/mon-blog-articles/la-parenthse-cologique-de-monsieur-mlenchon
Certaines expressions sont très révélatrices du fait que EELV ne tolère pas d’avoir perdu l’exclusivité de l’écologie. C’est ainsi que David Cormand accuse Jean-Luc Mélenchon de « tentative de hold-up sur l’écologie politique. » Un hold-up c’est un vol. EELV serait donc propriétaire de l’écologie politique ?
En fait David Cormand ne supporte pas qu’une autre force écologiste existe, que son programme l’AEC soit reconnu pour la qualité du travail effectué et le sérieux des réponses apportées à la catastrophe écologique en cours. Dur pour lui de voir que toutes les comparaisons des propositions écologiques des différent.e.s candidat.e.s à la présidentielle effectuées par diverses associations (RAC, FNE …) ne donnent pas d’avantage à Jadot. Alors, puisqu’il est impossible de démontrer que le projet de Jadot est meilleur pour l’écologie que celui de Mélenchon, il faut attaquer autrement et quoi de mieux que la calomnie. Comme dit le proverbe, calomniez, calomniez il en restera toujours quelque chose.
L’écologie n’aurait donc été qu’une parenthèse pour Mélenchon ? Rappelons comment ce dernier est arrivé à l’écologie. Il l’a dit publiquement en 2009 en sortant du PS, c’est d’ailleurs le fait qu’il reconnaisse publiquement son évolution qui nous avait convaincu celles et ceux qui nous posions la question de quitter les Verts, qu’il était possible de discuter avec lui.
Les Verts ont popularisé en France les idées écologistes. Ils ont fait évoluer les esprits et le mien en particulier. J’ai pris conscience de l’impasse dans laquelle se trouvaient les stratégies traditionnelles de gauche pour rendre compte de l’époque et répondre aux défis qui se posaient. Il fallait être aveugle pour ne pas voir que le modèle communiste, comme le modèle social-démocrate, intégrait une dimension productiviste qui est une aberration eu égard aux limites de la planète.
Depuis de nombreux écologistes ont rejoint d’abord le Parti de Gauche à partir de fin 2009, puis la France Insoumise en 2017 puis l’Union Populaire maintenant. Toutes et tous ces écologistes dont de nombreux venant des Verts puis de EELV et encore récemment, auraient donc prêter leur aide à un mensonge ? Ils/Elles ne seraient que de vulgaires rabatteurs électoraux selon les mots utilisés ? Quels mépris pour ces militantes et militants engagé.e.s dans de nombreuses luttes dont celles pour le climat depuis de nombreuses années.
Venons-en maintenant à la question utilisée pour justifier une telle thèse et un tel torrent de boue : la présence de Total en Russie, avec la seule question sérieuse : est-il possible de se passer immédiatement du pétrole et du gaz russe ? A priori oui pour le pétrole en le remplaçant par celui fourni par d’autres producteurs. Mais est-ce possible pour le gaz ? Toutes les études s’accordent pour reconnaître que à très court terme c’est quasi impossible. Or ce que laisse entendre David Cormand c’est que si Jadot est élu, ce qui à l’heure actuelle est assez peu probable, le lendemain et pas 6 mois plus tard ou un an plus tard, il coupe les approvisionnements en gaz russe. C’est tout simplement un mensonge car il n’y a pas de sources d’approvisionnement alternatives disponibles aussi vite.
Ce qui est très significatif c’est que pour défendre sa thèse, David Cormand oublie tout simplement de dire que l’alternative trouvée par le gouvernement pour compenser une partie du gaz russe, est du gaz de schiste américain. Or les techniques d’extraction de ce gaz sont particulièrement polluantes, raison pour laquelle d’ailleurs ce type d’extraction a été interdite en France à la suite de nombreuses luttes. Et le contrat signé par le gouvernement est pour 20 ans. 20 ans ? Quel rapport avec l’arrêt d’importation du gaz russe ? Aucun, si ce n’est qu’une nouvelle fois le libéralisme profite d’une situation pour maintenir son modèle économique sans se soucier de la planète.
C’est lorsque les crises surviennent qu’il faut tenir bon nous dit Cormand. Il faudrait surtout ajouter et ne pas remplacer une mauvaise solution par une autre tout aussi mauvaise. La sortie des énergies carbonées ne se limite pas à s’en prendre à Total, mais à remettre en cause tout le modèle économique. Et cela ne passe pas par des incantations sur le thème EELV lave plus vert que tous. Comme solutions, Jadot a proposé de diminuer le chauffage d’un degré, mais les 12 millions de français qui déjà ont réduit leur chauffage faute de pouvoir payer, ils font quoi ? De faire tourner les machines à laver le soir. Comment font celles et ceux qui vivent dans des immeubles mal isolés et doivent se coucher tôt pour partir tôt au boulot le lendemain matin ? A oublier la question sociale, ces propositions ne s’adressent tout simplement pas aux classes populaires. C’est justement ce qui différencie l’écologie de EELV et celle de la France Insoumise. Certes la sortie des énergies carbonées se fera notamment pas l’isolation thermique des logements, mais même s’il est possible de faire beaucoup mieux que la politique actuelle de Macron, cela prendra quand même des mois car il faut former la main d’œuvre supplémentaire indispensable, avoir les matériaux nécessaires et planifier ces rénovations.
Cette guerre démontre une fois de plus après la pandémie de COVID, que l’interdépendance des économies liées à la mondialisation libérale est un obstacle total à la bifurcation écologique indispensable. Que faute de souveraineté économique on a pas en main les outils nécessaires. Tout le monde aujourd’hui reconnaît cette nécessité de souveraineté mais combien de fois EELV a taxé Mélenchon de nationaliste pour avoir défendu cette idée ?
Pour bifurquer le plus vite possible, Jean-Luc Mélenchon s’appuie sur la proposition de planification écologique, seul moyen d’y arriver. Pareil combien de fois a-t-il traité d’étatiste par EELV pour cela. Mais bonne nouvelle il semble bien que Jadot s’y soit rallié.
Alors pour paraphraser David Cormand, le climat ne sera pas sauvé par des yakafokon mais par une planification écologique qui s’émancipe réellement des politiques libérales et porte une vision globale des solutions pour éviter de proposer des solutions inapplicables ou entraînant d’autres dégâts que ceux censés être supprimés. Un autre monde est possible à condition de ne pas opposer la question écologique à la question sociale. [...]
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21 mars 2022Tel est le titre de mon nouveau livre préfacé par Aurélie Trouvé et Thomas Portes.
A partir d’une synthèse des informations sur le réchauffement climatique, l’état de la biodiversité, les diverses ressources de la planète (énergies fossiles, métaux, ressources halieutiques, état des forêts) et les pollutions affectant la santé humaine et l’environnement, ce livre montre qu’il est impossible de continuer avec une croissance infinie sur une planète aux ressources limitées. Croire que la technologie peut tout résoudre ne sert qu’à retarder le moment des décisions indispensables à prendre au risque d’en nécessiter de plus douloureuses. L’urgence est telle qu’une politique se limitant aux incitations et aux gestes individuels est inefficace.
Le temps est venu d’une bifurcation écologique résolue. Globalement nous consommons trop de ressources, il faut revenir à un niveau supportable par la planète, d’où la nécessité de recentrer la consommation et la production sur les biens nécessaires au bon vivre et arrêter avec la course au consumérisme. Sobriété et justice sociale doivent être au poste de commande de toutes les politiques. En agissant dès maintenant, il est possible de convaincre la majorité de la population qu’elle a intérêt à cette bifurcation et vivra mieux qu’actuellement. Loin d’une écologie punitive, il s’agit d’une écologie des besoins, d’une écologie solidaire.
Il peut être commandé à www.editions2031.fr au prix de 10 € TTC [...]
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9 mars 2022Ce titre est repris d’une phrase du texte de Caroline de Haas expliquant pourquoi elle votera Mélenchon à la présidentielle https://blogs.mediapart.fr/carolinedehaas/blog/040322/ce-sera-melenchon
Je ne vais pas paraphraser le texte de Caroline mais je trouve qu’il aborde bien tous les aspects. J’ajouterais que dire qu’à ce stade de la campagne et compte tenu du contexte politique en France nous ne pouvons pas laisser tout l’espace au discours de racisme, de mépris de classe et d’irresponsabilité devant les enjeux écologiques, ne signifie pas délégitimer la campagne des autres candidats.
Tout le monde sait que Caroline a souvent été très critique contre Mélenchon, on peut donc penser que cette décision est mûrement réfléchie. Ces derniers jours d’autres expressions venant de tous les rangs de la gauche aboutissent à la même conclusion : Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat comme disait Aragon. Nous sommes à moins de 5 semaines du premier tour et la seule candidature qui se dégage à gauche est celle de Jean-Luc Mélenchon avec une possibilité, même si elle a encore besoin d’être renforcée, de pouvoir être au second tour.
Oui par rapport à cette situation il y a un vote efficace. Je ne cherche pas à convaincre les noyaux sectaires des différentes forces politiques, c’est peine perdue, je m’adresse à celles ou ceux qui se posent des questions. De même je demande aux Insoumis.e.s de laisser les réflexes sectaires de côté. C’est vrai que les attaques injustifiées pleuvent contre Jean-Luc Mélenchon, que des positions sont inventées ou des phrases coupées ou sorties de leur contexte pour lui taper dessus. Moi aussi parfois les doigts me démangent sur le clavier. Mais cela ne sert à rien. Notre objectif n’est pas de créer une citadelle assiégée, c’est de gagner.
D’autres me diront les sondages ne veulent rien dire. Un sondage seul, non. Une tendance si. Il y a des biais ? Oui tout à fait, comme celui de ne prendre que les 100 % certains d’aller voter, mais l’important est de voir les évolutions. Les sondages influent l’opinion ? C’est vrai aussi, les électeurs hésitants vont regarder les sondages et finir par choisir en fonction de celui ou celle qui a le plus de chance de gagner entre les divers candidats du spectre politique acceptable pour un électeur. Et donc pour Jean-Luc Mélenchon.
Nous connaissons maintenant le nombre de candidats à la présidentielle. Les candidats de gauche (même si certains discuteront de cette classification mais ils sont vus comme cela par la majorité de la population) à eux 6 n’atteignent pas actuellement les 30 %. Et pourtant il y a aussi 6 candidats de droite et extrême-droite soit au total 12 candidats avec le même nombre des deux côtés de l’espace politique. Le nombre n’explique donc pas le poids respectif des uns et des autres.
Que ce soit côté PS ou côté EELV, les résultats des élections locales (municipales, puis départementales et régionales) ont fait naître des espérances et masqué les faiblesses. Ces résultats ont été dus à une très faible participation électorale qui a comme conséquence d’écarter largement les classes populaires et les jeunes. Cela a donné une vision totalement déformée des rapports de force politique à l’œuvre dans le pays et créé des illusions quant aux perspectives présidentielles. L’atterrissage est donc d’autant plus douloureux pour certains.
Aujourd’hui sa candidate Anne Hidalgo la candidate du PS est donnée autour de 2%. Cela la rend très agressive et porteuse de mensonges contre JL Mélenchon. Si elle croit qu’elle va grignoter des voix comme cela elle se trompe lourdement. C’est absurde. Des militants socialistes peuvent-ils se dire que tout cela ne vaut plus le coup, qu’il vaut mieux choisir un candidat mieux placé ? Lorsqu’on regarde le second choix possible pour les électeurs de Hidalgo, c’est très instructif : 21 % pour Emmanuel Macron. Mais il y a aussi 14 % pour Mélenchon et 29 % pour Jadot, 13 % pour Roussel. Tout cela n’est pas figé. Je pense aux militants socialistes sincères, pas les membres de l’appareil, et je comprends comment cela doit être douloureux d’avoir appartenu à un parti de gouvernement pour finir à un tel niveau. Rappelez-vous en 2012, le PS avait le président de la République, une majorité parlementaire, il gérait la majorité des régions, des départements et des grandes villes. Un tel effondrement ce n’est pas facile à vivre. Certains me diront ils n’avaient qu’à partir du PS. Certes, mais lorsqu’on a un certain âge, qu’on y a passé toutes ses années de militantisme avec ce que cela signifie de liens tissés, de camaraderie, c’est dur. Il faut donc les convaincre que voter Mélenchon ne revient pas à renier toutes leurs années de socialiste. Juste tourner la page d’une histoire qui se termine alors que semaine après semaine plusieurs dirigeants historiques font encore le choix de rejoindre Macron.
EELV est sortie des régionales sur un petit nuage convaincu que son heure était venue, que plus jamais ils ne dépendraient de personne. Il y a pourtant une énorme différence entre élections locales et nationales. EELV a oublié que le taux de participation électorale n’était pas le même et notamment que les classes populaires, qui ne sont pas son électorat, se déplaçaient beaucoup plus lors d’une présidentielle. Sur un nombre bien plus important de votants leur score baisse très nettement. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire des Verts que leur résultat est bon lors des européennes ou des régionales mais qu’ensuite à la présidentielle comme aux législatives tout cela s’effondre https://www.france-politique.fr/elections-les-verts.htm
Jadot espérait pouvoir mettre la question climatique au centre du débat, ce qui était cohérent avec l’urgence climatique. Mais, sous l’impulsion des médias, c’est d’abord le débat sur l’identité nationale qui a été imposé. Face à l’inflation, le pouvoir d’achat a enfin pris la relève. Mais sur ce sujet les écologistes ne sont pas jugés les plus crédibles. Avec la publication de la deuxième partie du rapport du GIEC, le climat aurait enfin dû devenir un enjeu central. Mais la conférence de presse de Jadot sur le sujet le jour même est passée totalement inaperçue. La décision de Poutine d’envahir l’Ukraine a balayé tout le reste. Jadot pense qu’avec ses postures va-t-en guerre et ses attaques répétées contre jean-Luc Mélenchon y compris avec des mensonges il va gagner des voix. Le dernier sondage d’Elabe montre plutôt le contraire -1,5% car Macron est dix fois plus crédible que lui https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/sondage-bfmtv-presidentielle-macron-bondit-a-33-5-au-premier-tour-devant-le-pen-a-15-et-melenchon-a-13_AN-202203080664.html202203080664.html
Si on ajoute les conflits internes de EELV, la dynamique pour Jadot n’est pas au rendez-vous. Mais me dit-on il y a trop de divergences entre Jadot et Mélenchon. Pourtant lorsqu’en 1997 ou en 2002 les Verts ont pris la décision de participer à des gouvernements socialistes, il y avait aussi d’énormes désaccords. Lorsque des coalitions existent pour les élections locales, ce n’est pas sur la base d’un accord politique absolu. Pour tous les écologistes convaincus de l’urgence d’agir, faire le choix de l’efficacité, même si ce n’est pas le premier choix de cœur, est un impératif. Si on ne peut plus et veut plus attendre, il faut s’en donner les moyens. Et cela aujourd’hui passe par un vote pour le candidat de l’Union Populaire, porteur des valeurs de l’écologie et qui plus est de l’écologie populaire.
De son côté le PC a fait le choix de l’affirmation. C’est son droit. Mais maintenant que cette reconnaissance a été atteinte est-ce bien efficace de continuer à faire du bashing anti-Mélenchon ? Dans les sondages Fabien Roussel est donné au mieux à 4 %. Mais JLM progresse régulièrement, est passé devant Pécresse et dans ce sondage de Elabe à 13% passe même devant Zemmour. Ce qui veut dire qu’avec un candidat commun comme en 2012 et 2017, Mélenchon pourrait être au second tour face à Macron et cela créerait un espoir et donc une dynamique très forte. Mais certains militants communistes nous expliquent que les sondages de deuxième tour donnent Mélenchon perdant face à Macron et donc qu’il n’y a pas d’intérêt à y être. Avec un tel raisonnement combien de fois faudrait-il abandonner tout combat ? Pourquoi le PC a-t-il fait le choix d’aller sur la liste de Jean-Laurent Felizia de EELV avec le PS aux régionales en PACA alors que tous les sondages prédisaient un second tour RN/LR ? C’est absurde de raisonner ainsi. Imaginons que dans les 4 semaines qui restent Jean-Luc Mélenchon continuent à convaincre de l’utilité de voter pour lui et le programme de l’Union Populaire et arrive donc au second tour. Ce sera alors sans le PCF qui ne pourra donc se targuer comme en 2017 d’avoir été un des maillons du bon score réalisé.
Mais imaginons le pire, que Mélenchon ne soit pas au second tour alors qu’ensemble cela aurait été le cas. Croyez-vous camarades communistes que cela ne laissera pas de traces ? Pensez-vous que le fait que vous dépassiez vos derniers scores nationaux suffira à redonner de l’espoir à toutes celles et ceux qui se battent au quotidien pour leurs fins de mois, pour leurs conditions de travail, pour l’accès à la santé ?
Voter pour Roussel n’est pas inutile, c’est inefficace, ce n’est pas la même chose, cela ne permet pas d’éviter un second tour entre Macron et l’un ou l’autre des candidats d’extrême-droite. Vous nous dites pas de problème on fera barrage en votant Macron. Mais vous croyez vraiment qu’après 5 ans de politiques désastreuses socialement et environnementalement, tout cela accompagné d’une répression rarement vue, les électeurs n’ont pas envie d’une autre alternative ? Que leur seule attente soit de faire barrage à l’extrême-droite en votant Macron qui vient de les mépriser et insulter pendant 5 ans ?
D’autres nous disent ce n’est pas grave, on se rattrapera aux législatives. Mais depuis l’inversion du calendrier par Lionel Jospin, le sens du vote a changé : ceux dont le candidat a perdu se démobilisent pour les législatives pendant que le camp du vainqueur met toutes ses forces à donner une majorité au président élu. Alors vous croyez que si le second tour est raté de peu, vous aurez un raz de marée ensuite pour voter communiste ? Personne ne sera gagnant, ni la FI ni vous. Et comment mobiliser dans la foulée pour résister aux politiques antisociales de Macron sur la base d’une défaite ?
On ne demande à personne de se renier. Macron annonce la poursuite de son programme ultra-libéral de démantèlement du secteur public en s’en prenant par exemple au statut des enseignants. Le secteur de la santé est dans état pitoyable. L’industrie française a été démantelée. Le bilan écologique est désastreux. La répression a atteint un niveau jamais égalé. Les médias sont aux mains de groupes financiers et industriels et le peu de médias publiques restant est maintenant menacé par l’annonce de Macron de la suppression de la redevance publique.
Il n’est pas possible de se dire que ce n’est pas grave que Macron soit réélu, qu’on luttera. Reconstruire sur un champ de ruines prend énormément de temps. Regardez l’Italie, la disparition de toute force de gauche digne de ce nom et même l’absence d’une force écologiste conséquente se poursuit sans lueur d’espoir à l‘horizon. Dans un tel contexte il faut savoir se saisir de l’outil qui reste disponible. Et pour le moment au niveau politique, le seul capable de maintenir un rapport de force c’est la dynamique de l’Union Populaire, son programme l’AEC et son candidat Jean-Luc Mélenchon. [...]
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28 février 2022Le deuxième volet du 6ème rapport du GIEC, intitulé « Impacts, adaptation et vulnérabilité », alarme une nouvelle fois sur l’urgence d’agir : le réchauffement climatique a déjà provoqué des changements climatiques plus importants et plus rapides que envisagés dans les analyses précédentes du GIEC. Des évènements prévus pour 2100 se produisent déjà et des impacts déjà irréversibles sur l’écosystème planétaire sont relevés.
Le rapport signale que 20 millions de personnes deviennent réfugiées dans leur propre pays suite à des phénomènes météorologiques extrêmes. D’ici 2050 l’élévation du niveau de la mer concernera plus d’un milliard de personnes soit 10 % de la population mondiale. Entre 3,3 et 3,6 milliards vivent dans des territoires particulièrement vulnérables, notamment en Afrique, Asie, Amérique du centre et du sud et petits états insulaires.
Une des premières conséquences de ce réchauffement est l’atteinte à la santé humaine avec notamment une hausse des décès liée à la multiplication des épisodes de pollutions et de canicules. Il faudra aussi faire face à un manque d’eau à partir de 2°C de réchauffement y compris pour l’alimentation humaine. De plus chaleur et sécheresse pourraient rendre inexploitables 10% des surfaces d’élevage et de culture d’ici 2050. La faune et la flore sauvage ne peuvent pas tous s’adapter à une telle rapidité de changement.
Le rapport insiste aussi sur le fait que les quelques efforts d’adaptation mis en œuvre ne sont pas à la hauteur des nécessités et sont parfois carrément contre-productifs. Les solutions fondées sur la nature sont souvent plus pertinentes que le recours à de lourds travaux dont les effets secondaires peuvent parfois être désastreux. Mais il souligne aussi qu’il n’est pas impossible qu’il faille recourir à des méthodes plus radicales à partir de 2040. Et dans ce cas il vaut mieux anticiper dès aujourd’hui car par exemple relocaliser des villes par rapport à la montée des mers ne peut se décider et se réaliser dans l’urgence absolue. Il faut donc planifier.
Le GIEC conclue qu’il faut absolument maintenir l’objectif de cantonner le réchauffement climatique à 1,5°C alors que la planète s’est déjà réchauffée de 1,1°C. Chaque dixième de degré a des conséquences néfastes en plus et rend de moins en moins possible les chances d’un « avenir vivable ».
Halte à la procrastination. Il est possible d’agir mais il faut faire vite et choisir les bons instruments pour cela. Nous n’avons plus le temps pour une transition en douceur. Il faut une bifurcation écologique déterminée qui parte des limites de la planète et planifie la réduction des émissions de gaz à effets de serre et l’adaptation indispensable au réchauffement déjà en cours. [...]
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12 février 2022L’One Ocean Summit, réuni à Brest sur initiative d’Emmanuel Macron, a accouché d’une souris. Et c’est bien cela qui est désespérant. Régulièrement on peut lire que les océans sont en danger, que leur biodiversité est menacée mais les intérêts économiques priment sur toute décision qui pourrait inverser la tendance. En fait les annonces qui ont eu lieu visent plus à conforter ces intérêts établis qu’à leur remise en cause.
Ainsi pour ce qui est de la pêche l’accent a été mis sur la lutte contre la pêche illégale. Certes elle représenterait entre 12 % à 28 % de la pêche totale. Mais aucune mesure n’a été décidée pour lutter contre la disparition de nombreuses espèces halieutiques liée entre autres aux techniques de pêche industrielle : 82 millions de tonnes de poisson sont pêchées chaque année, soit une multiplication par 4 en 70 ans. La plupart des grosses unités de pêche appartiennent aux pays riches dont les chalutiers industriels ramassent la moitié des prises alors qu’ils ne représentent que 1 % de la flotte mondiale en nombre de bateaux. Pire ils utilisent les pires techniques comme le chalutage qui racle les fonds marins et ramasse indifféremment des espèces qui seront commercialisées comme d’autres qui seront immédiatement rejetées à la mer car jugées inintéressantes (38,5 millions de tonnes de prises accessoires chaque année). On a vu récemment le désastre de ce type de navire usine dans le Golfe de Gascogne avec la mort de dizaines de milliers de merlans.
Le nouveau danger qui menace les océans a très vite été écarté. Pas question pour Emmanuel Macron de s’engager sur le refus d’exploitation des ressources minérales des grands fonds marins.
Quant aux annonces, une fois de plus avec ce président, il y a un gouffre entre les déclarations et la réalité. Ainsi 23,5 % des eaux territoriales françaises seraient des zones protégées. En fait seule 1,6 % le sont réellement, c’est à dire que toute activité humaine y est prohibée et notamment toute extraction et toute pêche. La France n’est d’ailleurs qu’au 17ème rang mondial en terme de protection de ses eaux nationales selon l’association Bloom.
L’État a été condamné pour son inaction climatique. Il pourrait en être de même pour son manque d’actions à la hauteur de l’urgence à protéger les océans. [...]
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28 janvier 2022Une petite musique circule en ce moment : si le PC a eu moins de, député.e.s élu.e.s qu’espéré, ce serait la faute de la France Insoumise ! Ces affirmations, répétées en direction des militants afin de renforcer le sectarisme vis à vis de la FI, ne résistent pas aux faits.
Selon André Chassaigne, dans une interview au Point, «aux élections législatives, l’une des priorités de La France insoumise a été de plumer la volaille communiste»
https://www.lepoint.fr/societe/andre-chassaigne-il-est-illusoire-d-esperer-etre-au-second-tour-17-01-2022-2460730_23.php
Or 7 député.e.s du PC sur 11 doivent leur élection à l’absence de candidat FI face à eux au premier tour.
Pour tout comprendre, il faut remonter à 2012. A l’époque le Front de Gauche regroupait le PC, le PG, Ensemble, République et Socialisme etc. avec 1 candidat commun à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon et un programme commun l’Humain D’abord. Sur la base du même programme, un accord de répartition des circonscriptions entre toutes les forces du Front de Gauche a été conclu : 82 % des circonscriptions étaient réservées au PCF dont 80 % de celles où le PC avait obtenu entre 4 % et 15 % en 2007 et 263 sur 352 de celles à moins de 4 %. Dans les 98 circonscriptions de métropole attribuées au Parti de Gauche, le PC n’avait pas atteint les 5 % dans 85 d’entre elles en 2007. En 2012, le PG dépassera les 5 % dans 63 de ces 98 circonscriptions.
Passée l’élection présidentielle, il n’y a plus eu de campagne nationale pour les législatives, chacun étant renvoyé à sa circonscription sans prendre appui sur les 11,10 % obtenus à la présidentielle.
En 2017 aucun accord législatif ne pourra être obtenu avant le 1er tour de la présidentielle, le PC exigeant la moitié des candidat.e.s alors que le rapport de force entre PC et FI n’était clairement pas celui-là. Une fois passé le 1er tour, des négociations ont repris avec l’idée d’arriver à un accord sur un nombre limité de circonscriptions. Nous proposions un accord sur 60 circonscriptions soit 30 pour chacune des deux forces avec garantie de reconduire les sortants. En réponse le PCF, par l’intermédiaire de Pierre Laurent, proposait un accord national avec partage à égalité des circonscriptions et des campagnes chacun sur son programme mais avec le logo de l’autre force politique. Nous répondions par une proposition sur 52 circonscriptions incluant le fait de ne pas présenter de candidat Insoumis face aux sortant.e.s du PCF ainsi que 8 circonscriptions parmi celles où Jean-Luc Mélenchon avait fait ses meilleurs scores et indiquions qu’il nous apparaissait nécessaire de clore un accord d’ici le 9 mai au plus tard. Nous apprendrons par la presse le lancement de la campagne législatives du PC alors que nous attendions une nouvelle date de rencontre. Nous apprenions aussi l’existence d’accords avec le PS dans plusieurs départements. Nous en avons donc tiré la conclusion que la direction du PCF refusait de continuer les négociations.
Malgré cela nous avons décidé de soutenir plusieurs candidats PCF dès le premier tour : Marie-George Buffet dans la 93-4 et Sébastien Jumel dans la 76-6 qui ont toujours montré leur volonté d’unité. Nous ferons aussi le choix politique de ne pas nous présenter contre Hubert Wulfranc dans la 76-3 et de nous retirer dans la 13-13 pour Pierre Dharéville en échange du retrait du PC face à Jean-Luc Mélenchon dans la 13-4. Stéphane Peu dans la 93-2 sera élu sous l’étiquette FI avant de rejoindre les députés PC dans le groupe GDR. Enfin Jean-Paul Dufrègne a bourré l’AG de circo de la FI pour se faire désigner candidat et ainsi éviter d’avoir un concurrent pour ensuite déposer sa candidature sous l’étiquette PC tandis que dans la 59-16 des pressions seront exercées pour faire craquer la candidate désignée par la FI et ainsi garantir l’élection de Alain Bruneel. Il faut aussi souligner que deux autres candidates du PC obtiendront à leur demande l’étiquette FI et donc pas de concurrent pour finalement déposer au nom du PC Yasmine Boudjenah dans la 92-11 (circonscription perdue par le PC en 2012 au profit du PS) et Nora Lamraoui dans la 94-7.
La FI a obtenu 11,03 % et le PC 2,72 %, le total des voix des 2 forces représentant 44,09 % des voix de la présidentielle et quasiment le double des voix des législatives de 2012. En 2012 il y avait 22 candidat.e.s du FG dont 21 PCF au second tour. En 2017, ce sont 74 candidat.e.s qui ont été soutenu.e.s au second tour par la FI dont 67 FI, 5 PCF non soutenus au 1er tour, 1 EELV plus Huguette Bello à La Réunion.
Peut-on dire que c’est le manque d’unité qui a fait perdre des députée.e.s au PCF et à la FI ?
Le total des voix FI+PCF nous aurait peut-être permis d’arriver au second tour dans 40 circonscriptions supplémentaires, encore que les élections ne se résument pas à des additions. Sur ces 40 circos, le PCF était derrière la FI dans 36. Dans 4 on aurait été contre le FN au second tour : la 62-3 (Lens) avec le PC devant la FI, les 13-7 (Marseille) et 59-19 (Valenciennes) où la FI étaient devant le PC et la 59-17 Douai où les 2 forces étaient au coude à coude (FI 12,08 % et PC 12,07 %). Dans 11 circos on aurait pu être au second tour à la place du FN, dans 12 à la place du PS, 2 où nous aurions été face au PS et 12 face à LREM ou LR. Mais être au second tour ne signifie pas gagner systématiquement.
Au final il y a eu bien plus de circonscriptions où au soir du premier tour la FI était devant le PC que le PC devant la FI. Il aurait donc fallu un accord dès le début entre les deux forces politiques pour que le PC puisse être présent au second tour dans plus de circonscriptions. La direction du PC avec Pierre Laurent porte la responsabilité de l’échec.
Pour 2022 Jean-Luc Mélenchon et la FI ont proposé au PCF d’établir un accord garantissant les député.e.s sortants du PCF comme celle et ceux de la FI, mais à condition qu’il n’y ait aucune exclusive et que cela concerne bien l’ensemble des sortant.e.s, les 11 communistes comme les 17 Insoumis. L’avenir nous dira ce qu’il en est. J’espère que ce sera possible. Mais pour cela ce serait aussi nécessaire que le PCF et son candidat Fabien Roussel arrêtent les attaques polémiques contre Jean-Luc Mélenchon. Le débat sur le fonds oui, les mensonges non. Il y a assez d’adversaires à droite et à l’extrême-droite. [...]
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19 janvier 2022Une petite musique circule en ce moment : si EELV n’a pas eu de député.e.s en 2017 ce serait la faute de la France Insoumise ! Ces affirmations, répétées en direction des militants histoire de les rendre sectaires vis à vis de la FI, ne résistent pas aux faits.
Selon Julien Sage webmaster EELV, Jean-Luc Mélenchon serait responsable d’avoir fait perdre des dizaines de députés à la gauche et aux écologistes en 2017 https://twitter.com/JuSage/status/1480559343259066369?s=20
Il faut d’abord préciser que les Verts puis EELV n’ont jamais réussi à faire élire des député.e.s sur leurs propres bases contrairement à la France Insoumise en 2017. A chaque fois celles et ceux qui ont été élu.e.s l’ont été grâce à un accord avec le PS. Comme les législatives sont l’élection qui détermine le financement des partis politiques, les accords ne sont en général que partiels.
En 2012 ce sont 60 circonscriptions qui ont été réservées à EELV dans le cadre d’un accord avec le PS avec l’espérance de 25 à 30 député.e.s en cas de victoire et 15 en cas de défaite. Cet accord exclusif ne concernait ni le PC ni le PG et donc EELV a présenté des candidat.e.s contre toutes et tous les député.e.s sortant.e.s du Front de Gauche. Il y a eu 17 élu.e.s EELV.
https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2011/11/19/europe-ecologie-les-verts-valide-l-accord-conclu-avec-le-ps_1606623_1471069.html
Le 20 avril 2017, après avoir refusé dans un premier temps, EELV, après le retrait de la candidature de Yannick Jadot au profit de Hamon, signe finalement un accord avec le PS portant sur 42 circonscriptions assurant à EELV de ne pas avoir de concurrents PS face à ses député.e.s sortant.e.s et s’engageant en échange à ne pas se présenter face au PS dans 53 circonscriptions.
Ainsi alors que s’achève le quinquennat dramatique de Hollande que ce soit en termes de questions sociales, démocratiques ou écologiques, et alors que le président sortant est obligé de renoncer à se représenter de peur de se prendre une raclée, EELV choisit de reconduire un accord législatif avec le PS.
Sur les 18 député.e.s du groupe (17 EELV +1 UDB) élu.e.s dans le cadre de l’accord PS-EELV de 2012 :
– 6 quittent le groupe EELV provoquant son éclatement en mai 2016. 4 passeront à En Marche et seront réélu.e.s : Paul Molac UDB, François De Rugy, Barbara Pompili, François-Michel Lambert. 2 autres siégeront au groupe PS et se présenteront avec son soutien avant d’être battus : Christophe Cavard et Véronique Massonneau
– 4 ne repartent pas : Denis Baupin rattrapé par les accusations d’agression sexuelle est contraint de ne pas se représenter, Nöel Mamère devient suppléant d’une candidate PS, Danielle Auroy et Michèle Bonneton arrêtent.
Il reste donc 8 sortant.e.s qui repartent avec l’étiquette ou le soutien EELV et le soutien du PS :
– Eric Alauzet, un militant historique des Verts qui à peine élu rejoint En Marche.
– Isabelle Attard passée à Nouvelle Donne et soutenue par toute la gauche dont la FI, arrive en 3ème position et ne peut donc se maintenir au second tour.
– Sergio Coronado élu des Français de l’étranger et soutenu par la FI perd au second tour
– 3 sont soit en 3ème soit en 4ème position, la FI venant après : Eva Sas dans la 91-7, Laurence Abeille dans la 94-6, Brigitte Allain dans la 24-2 et il est peu vraisemblable que l’électorat Insoumis en l’absence de candidature FI se serait reporté sur une candidature soutenue par le PS.
– 2 : Seuls Cécile Duflot dans la 75-06 et Jean-Louis Roumegas dans la 34-1 bien que soutenus par le PS se retrouvent derrière les candidat.e.s FI arrivé.e.s en deuxième position.
Rappelons aussi que nous avons accepté de soutenir, sans contrepartie, le candidat proposé par EELV à Mantes-la-Ville dans la 78-8. Malheureusement le refus du PC ainsi que du PS d’une candidature unitaire pour faire barrage au FN l’empêchera de passer au second tour.
Donc seuls 2 député.e.s EELV sortants auraient pu éventuellement être au second tour mais au vu des résultats JL Roumegas n’avait aucune chance d’être réélu. Ne reste que Cécile Duflot qui aurait peut-être été réélue. On est très loin des dizaines de députés. Précisons aussi qu’à aucun moment EELV n’a demandé à rencontrer la FI pour discuter d’un accord.
Donc pour EELV il est justifié de se présenter en 2012 contre tous les sortants et sortantes Front de Gauche mais en 2017 il est scandaleux que la France Insoumise présente une candidate dans une circonscription où la sortante EELV aurait pu hypothétiquement être réélue. Deux poids deux mesures ! Dans leur logique hégémonique, ils considèrent anormal de ne pas être soutenus sans contrepartie.
Si EELV a perdu ses député.e.s en 2017, c’est à cause de la participation au gouvernement Hollande et à leur image totalement dégradée par les transfuges vers Macron ou le PS. Ils n’ont pas compris que ce dernier était tellement déconsidéré que passer un accord avec les socialistes revenait à sombrer avec eux, le bloc PS/EELV/PRG aura perdu 75 % de ses électeurs par rapport à 2012. Ils sont les seuls responsables de leur déroute.
Pour 2022 EELV annonce déjà se présenter partout en France sans alliance conformément à leur motion adoptée à leur Conseil National et cela concerne aussi toutes les sortantes et sortants FI contre lesquels ils ont prévu de candidater.
https://www.letelegramme.fr/ille-et-vilaine/rennes/legislatives-les-ecolos-bretons-auront-des-candidats-partout-et-sans-alliance-17-01-2022-12906196.php [...]
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9 janvier 2022Panique à bord au PS où la candidature de Anne Hidalgo ne décolle pas et chez Arnaud Montebourg où la Remontada s’est muée en Degringolada.
Le Ps pensait que la page était tournée après le désastreux score de Benoit Hamon, 6,36% en 2017, d’autant plus que les résultats des régionales les avaient soulagé avec la reconduite des présidentes et présidents sortants de région.
Mais le PS a oublié deux points essentiels :
l’énorme abstention, 66,72% aux régionales, qui en écartant le vote des classes populaires a favorisé des forces politiques comme le PS et EELVla dichotomie qui s’est installée entre les votes locaux avec l’éventuelle reconnaissance des capacités de gestion d’une région et les positionnements nationaux.
Pourtant les électrices et électeurs n’ont pas oublié le bilan calamiteux de François Hollande et le passage de nombreux dirigeants PS chez Macron est vécu comme une trahison par les militants et électeurs socialistes.
Pendant ces 5 ans le PS n’a pas été capable de reconstruire de la confiance vu sa difficulté à clarifier certaines de ses positions. De plus une partie des dirigeants restés au PS est toujours tentée par un vote Macron.
Dans ce contexte la figure ultra-parisienne de Anne Hidalgo ne peut mobiliser l’électorat “populaire” de gauche, outre que pour le moment ses discours sont plus que creux. Mais pour convaincre il ne suffit pas de tenir des propos vagues encore faut-il faire des propositions concrètes qui résonnent auprès des électeurs.
Or plus Hidalgo apparaît incapable d’atteindre un score électoral lui permettant d’être au second tour, plus l’électorat qui aurait pu revenir vers le PS se trouve conforté dans le fait de regarder ailleurs. Mais il est difficile pour le PS d’envisager d’être absent de cette échéance et Hidalgo se trouve prise en tenailles entre l’appareil PS qui veut un.e candidat.e coûte que coûte et ceux qui la poussent à se retirer pour éviter une raclée encore pire que celle de 2017 qui impacterait les législatives qui suivent. La dernière trouvaille de Hidalgo est d’espérer que Jean-Luc Mélenchon n’aura pas les 500 signatures, ce qui ne lui pose aucun problème puisque c’est la loi dit-elle, comme si le propre d’une loi n’était pas de pouvoir être modifiée. Et si il ne les obtient pas c’est qu’il ne les mérite pas selon elle !! Elle croît vraiment que dans ces conditions les électrices et électeurs de Jean-Luc Mélenchon voteraient pour elle ? Madame moins de 5% se juge plus légitime qu’un candidat qui fait au moins le double si ce n’est plus. Quelle vision de la démocratie !
L’opération Taubira et primaire à gauche apparaissait comme une tentative désespérée pour trouver une porte de sortie. Mais croire que Jadot pourrait se retirer ou risquer sa candidature dans une nouvelle primaire est absurde. Il a déjà renoncé en 2017 et cela s’est payé par un passage à vide de EELV avec des départs vers le PS ou vers Macron jusqu’aux européennes, où remis en selle par les mobilisations de la jeunesse pour le climat, aidé par l’abstention et décidé à ne pas dévier d’une ligne identitaire malgré déjà des pressions internes, Yannick Jadot a imposé une liste EELV. Le bon score obtenu suivi de celui aux régionales conforte sa conviction que le bon choix est l’affirmation identitaire de EELV. Certes il n’est donné qu’à entre 4% et 9% avec une moyenne autour de 7%. Mais il ne faut pas oublier que les scores des Verts à la présidentielle ont toujours été très faibles, un seul ayant passé la barre des 5% Noël Mamère avec 5,25 % en 2002. Les autres fois c’était entre 1,5% et moins de 4%.
A partir du moment où le retrait de la candidature Jadot est un pur fantasme, à quoi sert la primaire populaire ? Elle a commencé par entretenir un discours défaitiste sur le thème sans union pas de victoire possible. Il suffirait donc que tous les candidats “de gauche” se soumettent à une primaire, que le vainqueur soit soutenu par les vaincus et ainsi la “gauche” pourrait gagner. Les mêmes qui expliquent que l’élection présidentielle ne doit pas aboutir à une campagne derrière une personne, nous proposent à moins de 100 jours du premier tour, de choisir entre des personnes et ce sans accord sur un programme. On nous dit mais lorsque Mitterrand a gagné en 1981 l’Union de la Gauche avait explosé. Certes et effectivement Georges Marchais a été candidat pour le PC au premier tour. Mais le programme commun qui avait été rédigé en 1978 représentait de fait une base utilisable. Aujourd’hui non seulement il n’y a rien mais surtout il y a ce terrible bilan socialiste : loi El Khomri, déchéance de nationalité, soutien à la Tarification à l’activité dans les hôpitaux dont on vit dramatiquement les conséquences en ce moment, incompréhension de l’urgence écologique etc …
Et qu’en est-il de l’argument sans union pas de deuxième tour ? Déjà on aurait bien aimé que ceux qui donnent des leçons d’unité aujourd’hui aient eu les mêmes convictions en 2017 cela nous aurait évité un second tour Macron/Le Pen. Quant au nombre de candidats, Mitterrand gagne en 1981 avec 10 candidats dont 6 de “gauche”, Hollande gagne en 2012 avec 10 candidats dont 5 de gauche. Donc le problème n’est pas la division mais existe-t-il une force politique motrice au sein de cet espace politique large et y-a-t-il une réserve pour le second tour. Les 5 ans qui se sont déroulés depuis 2017 ont surtout vu l’ampleur du décrochage politique des classes populaires, écœurées par la politique menée par les gouvernements de Hollande, incluant d’ailleurs EELV pendant 2 ans, et le découragement face à des luttes qui n’arrivent pas à faire céder le pouvoir et qui sont victimes d’une répression policière et judiciaire allant crescendo depuis la loi travail à l’époque de Valls comme premier ministre. Dans ce cadre il est extrêmement difficile de convaincre les électeurs d’utiliser le bulletin de vote pour reprendre dans les urnes ce qu’on a perdu dans la lutte. Et c’est notre problème principal et la tâche à laquelle la France Insoumise s’attelle. D’ailleurs lorsqu’on regarde la rafale de sondages qui sortent depuis plusieurs semaines, on voit que les résultats en faveur de Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot diffèrent selon la participation prise en compte. A faible participation Jadot n’est pas très loin de Mélenchon, à l’inverse une participation plus forte creuse l’écart au bénéfice de Jean-Luc Mélenchon. Or le débat sur cette élection ne fait que démarrer. La France Insoumise et son candidat sont prêts avec un programme bien travaillé, une expérience de campagne électorale sans commune mesure, une implantation dans les quartiers populaires qui commence déjà à se faire sentir dans la mobilisation sur le terrain. Leur campagne est audible alors que celle de Jadot a du mal à percer.
Côté PS, Anne Hidalgo a pris acte que Jadot ne retirera pas sa candidature et donc que la primaire ne peut se tenir. Elle est donc obligée de maintenir sa candidature. Mais coup d’éclat, Christiane Taubira a pris goût à l’hypothèse d’être candidate, elle annonce donc sa participation à la primaire populaire et le respect du résultat. Sachant qu’avec le refus de Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon, elle sera la seule candidate ayant un petit poids électoral à y participer, que fera-t-elle si elle arrive en tête ? Une candidature de plus contrairement à ce qu’elle avait annoncé ce qui en ferait une répétition de 2002 qui la cantonnerait ainsi que Anne Hidalgo et Yannick Jadot sous les 5% ?
Malgré ces refus, la primaire populaire annonce le maintien d’un vote avec les candidats qui ne souhaitent pas y participer et soutiendra la ou le vainqueur de ce vote et donc indépendamment du programme que chacune ou chacun défendra. Quelle drôle de façon de faire de la politique ! Comment peut-on être disposé à voter indifféremment pour la retraite à 60 ans ou celle à 62 ans, celle par points ou celle par annuités, pour le nucléaire ou contre, pour accepter les diktats de l’Union Européenne et ce au détriment des travailleur/se.s et de l’environnement ou pas etc. Lancer une grève de la faim pour cette primaire en rajoute encore dans la guignolade au moment où des sujets bien plus importants préoccupent les françaises et français comme l’état de l’hôpital, les difficultés de fin de mois aggravées par l’inflation et l’inquiétude face aux conséquences du réchauffement climatique. [...]
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4 janvier 2022Pour la liberté l’égalité la fraternité
Pour une planète qui reste vivable
Prenons exemple sur le peuple chilien
A luchar ¡Hasta la victoria siempre! [...]
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20 décembre 2021Quelle émotion hier soir. Quarante sept ans après le coup d’état militaire du général Pinochet qui mettait fin au gouvernement d’Unité Populaire du président Salvador Allende, le Chili retrouve un président de gauche. Je n’ai pu m’empêcher de penser à tous les camarades tombé.e.s dans la lutte contre cette dictature, aux camarades disparus, aux prisonniers de la révolte d’octobre 2019, aux Mapuches en lutte pour récupérer leurs terres ancestrales et refuser le pillage de la nature.
Je pense tout particulièrement à mon ami Sergio Ruiz Lazo disparu le 21 décembre 1984, cela fera 37 ans demain.
Ce qu’il y a de fantastique au Chili c’est que les anciens ont continué à transmettre leur expérience mais que de nouvelles générations se sont levées, comme lors du mouvement étudiant de 2011 pour un enseignement public, gratuit et laïc, dont est issu Gabriel Boric tout comme le député Giorgio Jackson de Renovacion Democratica et Camila Vallejo et Karol Cariola toutes deux du PC chilien. Puis une nouvelle génération a encore pris le relais notamment avec le mouvement populaire démarré en octobre 2019 lors de l’augmentation du prix du ticket de métro à Santiago mais qui s’est très vite transformé en mouvement populaire plus général : no son 30 centavos son 30 años. Les lycéens ont refusé de payer bientôt suivi par l’ensemble de la population avec le soutien des travailleurs du métro.
Le 18 octobre le gouvernement décrète l’état d’urgence. La répression va faire plus de vingt morts et des centaines de blessés. Mais la mobilisation s’étend et unifie l’ensemble des luttes comme si cette hausse de tarif avait été la goutte d’eau de trop, sous la bannière « Grève générale ! Assemblée constituante souveraine, maintenant ! »
25 Octobre 2019 la “marcha la más grande de Chile” avec près de 2 millions de manifestants à Santiago au son de Chile despertó et Nueva Constitución
Il faut savoir que la Constitution actuelle date de l’époque de Pinochet et même si elle a subi plusieurs révisions depuis, celles-ci n’ont pu être que limitées et n’ont pas remis en cause le modèle ultra-libéral inscrit dans la Constitution sous l’impulsion de Milton Friedman économiste de l’école de Chicago. C’est pourquoi depuis des années le mot d’ordre de Assemblée constituante est devenu si présent. Le mouvement d’octobre 2019 a arraché une modification permettant de convoquer un référendum pour décider ou pas de la constitution d’une assemblée constituante. Pour cause de COVID, ce référendum n’a finalement eu lieu qu’en octobre 2020. Le texte soumis au référendum a beaucoup été critiqué car il contenait un seuil de blocage d’un tiers de sièges au sein de la Convention Constituante et ce alors que la droite chilienne faisait campagne contre le changement de constitution. Pour la première fois une assemblée est élue (78% de pour) avec l’obligation d’être paritaire, 17 sièges ont été réservés aux communautés indigènes, Elisa Loncon, universitaire Mapuche, en a été élue présidente et le seuil de blocage n’a pas été atteint par ceux qui refusent le changement de constitution.
L’enjeu de cette élection présidentielle était énorme. La poursuite des travaux de la Convention constituante était en danger en cas d’élection d’un des deux candidats de la droite.
Le premier tour a vu s’affronter plusieurs candidats dont plusieurs représentants des forces politiques traditionnelles de ces dernières décennies. Sebastián Piñera, le président de droite ne pouvait pas se représenter puisque la Constitution chilienne limite le mandat présidentiel à 4 ans non renouvelable immédiatement. Son remplaçant Sebastián Sichel est battu dès le premier tour avec 12,79%. Le candidat de l’extrême-droite se revendiquant de Pinochet et totalement opposé à la Constituante, José Antonio Kast est arrivé en tête avec 27,9% contre 25,8% pour Gabriel Boric. Il proposait de réduire encore plus les dépenses publiques, de diminuer les impôts, de maintenir le régime de retraite par capitalisation qui fait l’unanimité des salariés contre lui, de supprimer le ministère de la condition féminine et était opposé au mariage pour tous, voulait interdire l’avortement, donner plus d’aides sociales aux femmes mariées qu’aux autres, et dans un sinistre remake du Plan Condor de sinistre mémoire, collaborer avec les gouvernements étrangers pour poursuivre les opposants de gauche considérés comme radicalisés.
Il me semble aussi important de préciser dans quel cadre Gabriel Boric était candidat car après sa victoire on voit beaucoup de réécriture de l’histoire ici en France. Il avait été élu député en 2014 contre la droite et contre la Concertación alliance de la Démocratie Chrétienne (soutient de Pinochet en 1973), du PS et des Radicaux, le seul de ce cas vu le système électoral en vigueur à l’époque. Il appartient au Frente Amplio et a été choisi comme candidat à la présidentielle suite à une primaire avec Daniel Jadue candidat du Parti communiste chilien dans le cadre de l’alliance Apruebo Dignidad.
De son côté le Parti socialiste chilien a lui préféré soutenir la candidate de la Démocratie Chrétienne Yasna Provoste qui a été sèchement éliminée au 1er tour avec 11,61% des voix.
Certains ont accusé Gabriel Boric de manque de radicalité. Mais il faut savoir que le Chili est le pays le plus inégalitaire de l’OCDE et que tout est privé, l’éducation, la santé, la retraite … Il promet d’en finir avec le néo-libéralisme et de « remettre l’État au cœur des politiques publiques pour garantir des conditions de vie dignes »Pour cela il promeut une réforme fiscale pour un meilleur partage des richesses, un meilleur accès à la santé, à l’éducation, ainsi que la fin des AFP (système de retraites par fonds de pension) pour un système par répartition.
Maintenant il est indéniable qu’il ne va pas avoir les coudées franches. Il n’y a pas de majorité au Congrès et la droite ne va pas s’avouer vaincue aussi facilement. Aussi seule la poursuite de la mobilisation populaire en soutien aux mesures proposées par Boric permettra de les mettre en œuvre.
¡Chile despertó! Le Chili s’est réveillé.
Vous pouvez retrouver aussi mon article sur l’élection de 2017 et le bilan totalement décevant de Michelle Bachelet https://martinebillard.fr/chili-lirruption-du-frente-amplio/ [...]
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17 décembre 2021“Une croissance infinie est impossible, nous n’avons qu’une seule Terre”
Ce blog s’est arrêté il y a un an. Sa forme était devenue obsolète et sa maintenance difficile à assurer. Voici le nouveau et sans avoir perdu les anciens billets ! Merci à mon ami Reda, responsable de ce vrai miracle.
J’ai fait le choix de mettre en exergue la phrase de René Dumont parce qu’elle résume parfaitement le défi auquel nous sommes confrontés : une croissance infinie sur une planète aux ressources limitées est impossible.
J’aurais aimé que le premier billet de ce blog rénové soit pour annoncer de bonnes nouvelles. Comme par exemple le fait que la COP 26 aurait permis des avancées significatives dans la lutte contre le réchauffement climatique avec la décision de prendre des mesures concrètes accompagnées de mécanismes de contrôle. Comme vous le savez ce n’est malheureusement pas le cas. Au niveau français ce n’est pas mieux. Emmanuel Macron dans son discours de présentation de la présidence française de l’Union Européenne a expliqué qu’« atteindre la neutralité carbone ne signifie pas produire et consommer moins ». La catastrophe est à notre porte mais on continue comme avant ? C’est criminel de penser ainsi. Le GIEC dans son dernier rapport a démontré qu’il restait 10 ans pour engager la bifurcation écologique indispensable pour qu’on puisse disposer encore d’une planète vivable. Visiblement E. Macron n’a pas écouté.
Ce blog continuera à vous faire partager des réflexions et des informations sur tout ce qui concerne cette question de bifurcation écologique.
Au cours de ces années, beaucoup m’ont dit apprécier les billets que j’ai pu écrire concernant les échéances électorales et notamment les bilans. Je continuerai donc de travailler sur cette thématique.
J’écrirai aussi sur tous les autres sujets d’actualité politique que ce soit à propos des questions sociales, de liberté, de féminisme, de lutte contre les discriminations etc.
Tout ce qui passe en Amérique Latine, à commencer par le Chili, pays si cher à mon cœur, trouvera également sa place sur ce blog.
Enfin il sera bien évidemment question de la campagne présidentielle, à commencer par celle du candidat de l’Union Populaire, Jean-Luc Mélenchon, et de son programme l’Avenir en Commun (AEC). [...]
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12 décembre 2020https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/101220/nucleaire-la-mortifere-exception-francaise [...]
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12 décembre 2020Article paru sur le site de l’Insoumission [|https://linsoumission.fr/2020/12/10/5eme-anniversaire-des-accords-de-paris-rien-a-feter/|fr]
Le 12 décembre 2015, lors de la signature de l’Accord, les chefs d’État se sont ostensiblement congratulés. Pourtant les objectifs en termes d’augmentation des températures (2°C et si possible 1,5°C) ne reposaient que sur des engagements volontaires. Leur somme dessinait en fait une trajectoire de hausse des températures d’au minimum 3°C. Sur les 195 pays signataires, 12 ne l’ont pas ratifié (dont des pays producteurs de pétrole comme l’Irak, l’Iran, l’Angola …), les États-Unis se sont retirés momentanément et seuls une vingtaine ont défini un plan d’actions permettant de respecter leurs engagements à condition qu’ils le mettent en œuvre.
”
«Je savais que ce serait extrêmement difficile (…), mais c’est vrai que ce que je n’anticipais peut-être pas, c’est le fait que beaucoup de gouvernements allaient ne pas honorer leurs engagements.”» dixit Laurent Fabius qui était président de la COP 21. Naïf ? Car il était très clair que l’accord n’était pas contraignant et ne prévoyait aucun moyen de vérification.
Ce texte avait réussi la prouesse de ne jamais citer les énergies fossiles comme responsables des émissions de gaz à effet de serre, ni les émissions liées au transport aérien et maritime mondial. Il conseillait « ”d’accélérer, d’encourager et de permettre l’innovation pour une riposte mondiale efficace à long terme face aux changements climatiques et au service de la croissance économique et du développement durable.” ». La remise en cause de cette course à la croissance mortifère en termes d’émissions de gaz à effet de serre était totalement absente. Les terres agricoles et les forêts étaient réduites à des «” puits et réservoirs de carbone” », l’agriculture industrielle n’était pas remise en cause et la défense du libre-échange passait par l’acceptation des accords commerciaux internationaux type TAFTA,
Les derniers chiffres connus sur le réchauffement climatique, ceux de novembre, indiquent une augmentation moyenne de la température mondiale de 1,2°C. Nous en voyons déjà les conséquences : sécheresses (Brésil, Argentine, Paraguay, Chili) provoquant un déficit de ressources en eau et des mégas feux en Australie, Amazonie et Californie ; inondations records en Asie et Afrique ; 2 fois plus de cyclones que la moyenne dans l’Atlantique nord et d’intensité plus forte ; des millions de personnes déplacées.
En Europe une étude menée par Oxfam montre que les Européens les plus riches sont responsables de 27 % des émissions, celles des 10 % les plus riches ayant augmenté de 3 % entre 1990 et 2015 et celle des 1 % les plus riches de 5 %. Pendant ce temps, celles des 50 % les plus pauvres ont baissé de 24 % et celles des 40 % de revenus moyens de 13 %. Les inégalités sociales se doublent d’inégalités environnementales. Les riches polluent beaucoup plus que les pauvres, ce sont donc eux qui doivent en premier modifier leurs modes de consommation.
En prévision du Sommet de l’ambition climatique qui aura lieu le 12 décembre, la Commission européenne a proposé de renforcer les engagements pris en augmentant l’objectif de réduction des émissions de GES de moins 40 % à moins 55 % en 2030 (le Parlement européen a voté pour une baisse de 60%). Or entre 1990 et 2019 ces émissions n’ont diminué que de 24 % au sein de l’UE (hors Royaume-Uni).
Pour la France cela impliquerait de réduire ses émissions de – 45 % par rapport au niveau de 2019 selon Negawatt or entre 1990 et 2019, elles n’ont diminué que de 19 %.
De plus repousser sans cesse la réduction des émissions tout en maintenant l’objectif de la neutralité carbone en 2050 signifierait un effort gigantesque de réduction entre 2030 et 2050. Il est donc plus réaliste de commencer dès maintenant.
En comparant les engagements pris et leur mise en œuvre le rapport du PNUE (programme des Nations Unies pour l’environnement) conclue : « le monde n’est absolument pas sur la bonne trajectoire pour combler ce fossé et pour respecter les objectifs de l’accord de Paris ».
La crise sanitaire, malgré la baisse attendue de 7 % des émissions en 2020, n’aura qu’un effet négligeable sur le réchauffement climatique compte tenu de la durée de vie des GES. Pire si la relance s’accompagne d’une explosion de la consommation d’énergies carbonées nous irions vers une hausse des températures entre 3° et 4° C. Pourtant la tendance pourrait être inversée.
Pour cela il faut s’en donner les moyens concrets et donc planifier très précisément cette baisse des émissions de GES. Les secteurs concernés sont connus : énergies, transports, agriculture et utilisation des sols … Les solutions aussi à condition ne pas chercher à contourner les décisions courageuses par des fuites en avant technologiques de géo-ingénierie ou des impasses comme le piégeage du CO2 par les océans pourtant déjà saturés ou la relance du nucléaire tel que continue à le prôner E . Macron alors que le fiasco des EPR est éclatant.
Ayant présidé la COP 21 qui a abouti à cet accord, on aurait pu imaginer que la France allait soutenir une politique exemplaire. Il n’en a rien été et les politiques menées par l’actuel président tournent le dos à toute amélioration. Le plan de relance profite aux secteurs aérien et automobile sans contreparties environnementales de même que la suppression de l’impôt de production pour toutes les entreprises. Rien n’est prévu pour aider à sortir de l’élevage industriel et les aides à la rénovation thermique du bâti ne sont toujours pas à la hauteur.
Macron comme toujours nous explique que la France fait mieux que ses voisins. Ses permanentes vantardises deviennent fatigantes face à la réalité que sont la baisse du budget du ministère de l’environnement, la dislocation de l’ONF, le démantèlement programmé de EDF, la privatisation du rail, l’abandon des ressources industrielles qui nous permettraient justement de faire face aux nécessités de la bifurcation écologique (General électric …) avec leur délocalisation synonyme d’exportations des émissions de GES et l’abandon des promesses faites à la Convention citoyenne pour le climat.
La planification proposée par la France Insoumise vise à répartir, après un débat démocratique, et sur la base de la justice sociale, les efforts à faire par chaque secteur et chaque région pour aboutir à cette neutralité carbone en 2050. Il y a urgence à agir résolument pour cette bifurcation sinon la vie sur terre deviendra intenable. Mais cela suppose de rompre avec le système productiviste actuel, de démontrer qu’on peut modifier nos modes de consommations en supprimant l’inutile et les gaspillages et vivre dans une société de sobriété heureuse qui au lieu de courir derrière la croissance mette l’humain au poste de commande. [...]
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12 décembre 2020Article paru sur le site de l’Insoumission [|https://linsoumission.fr/2020/12/03/5-ans-apres-la-cop-21-autoritarisme-et-inaction-toujours-a-loeuvre/|fr]
Il y a 5 ans la COP 21 s’ouvrait à Paris le 30 novembre. L’année 2015 était annoncée comme étant la plus chaude de la planète avec un dépassement de 1° C. Depuis, la période 2015-2019 a vu les températures moyennes les plus élevées jamais observées. 2020 pourrait arriver au 1er rang des plus fortes chaleurs depuis 1900 avec une moyenne dépassant la normale de 1,5°C à 1,6°C. La hausse des températures se poursuit donc inexorablement. Les concentrations en gaz à effets de serre battent des records selon l’Organisation météorologique mondiale qui pour le CO2 annonce 400,1 ppm en 2015, 414 en juillet 2020.
Mais la bifurcation indispensable n’est toujours pas au rendez-vous.
En 2015 les ONG exhortaient les gouvernements à laisser 80 % des énergies fossiles dans le sol. Au même moment, l’entreprise pétrolière canadienne Vermillon Energy obtenait un permis de recherche d’hydrocarbures en Seine-et-Marne. 5 ans plus tard en 2020, comme un pied de nez sinistre, l’entreprise française Bridgeoil demande un permis pour 10 nouveaux forages toujours en Seine-et-Marne.
En 2018 les émissions de gaz à effets de serre liées à des financements de banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société générale et BPCE) ont atteint plus de 2 milliards de tonnes équivalent CO2 soit 4,5 fois les émissions de la France selon un rapport des ONG Oxfam et Amis de la Terre. Les engagements sont toujours remis à plus tard.
A l’occasion de la tenue de la COP21 des manifestations étaient prévues dans tous les pays du monde. Malheureusement à Paris, le 15 novembre des attentats étaient perpétrés par des commandos de Daech au Stade de France à St Denis puis au Bataclan et dans des cafés des 10ème et 11ème arrondissements de Paris. La déclaration consécutive de l’état d’urgence a alors été utilisée par Manuel Valls 1er ministre de François Hollande pour interdire la chaîne humaine prévue le 29 novembre par les plus de 130 associations, syndicats et partis politiques en hommage aux victimes des attentats, pour la justice climatique et pour la paix. Alors que des manifestations pacifiques se sont déroulées dans la quasi-totalité des pays, en France l’état d’urgence sera utilisé pour multiplier les perquisitions et les assignations à résidence contre des militants écologistes et la chaîne humaine se terminera par de nombreuses interpellations.
La COP 21 s’est conclue le 12 décembre par les Accords de Paris fixant l’objectif de ne pas dépasser 2°C de hausse de température et même si possible 1,5°. Mais ces accords n’avaient rien de contraignant et les politiques menées par les différents pays sont bien loin du respect de ces enjeux.
La COP 26 qui devait se tenir à Glasgow a été repoussée à novembre 2021 pour cause de pandémie. Mais un sommet virtuel sera organisé pour y présenter des « annonces ambitieuses » nous dit-on. Mais à quoi sert de relever les objectifs pour 2030 si tout se limite encore à des intentions non contraignantes et comment y croire alors que les objectifs de 2020 n’ont pas été tenus ? Il y a pourtant plus qu’urgence lorsqu’on voit la multiplication et l’intensification des phénomènes climatiques.
En France, 5 ans après, le ministre des « cars Macron » devenu président de la République agit aussi peu que son prédécesseur contre les émissions de gaz à effets de serre et réprime tout autant toute expression contre les politiques qu’il mène. [...]
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22 avril 2020Les premières annonces de relance économique montrent que certains ne tirent aucune leçon de cette pandémie et au contraire essaient même d’en tirer profit pour revenir sur de maigres avancées en termes de lutte contre les émissions de gaz à effets de serre ou de pollutions chimiques par les pesticides. Le Medef appelle ainsi à suspendre nombre de normes environnementales et sociales au nom de la relance économique.
Le patronat européen de l’automobile demande de ne pas appliquer les récentes normes d’émission de CO2 jugées trop contraignantes. Y-a-t-il vraiment urgence à relancer cette production ?
Le plan de réouverture du trafic aérien montre aussi cette tendance à repartir comme avant alors qu’il est passé de 1,665 milliards de voyageurs transportés en 2003 à 4,223 milliards en 2018. Or les premiers vols annoncés sont des vols au sein de l’hexagone alors que le rail dessert ces mêmes destinations en polluant nettement moins.
L’urgence n’est pas à relancer ces secteurs mais à investir dans l’hôpital public, dans la recherche médicale, dans l’attention apportée à nos anciens et plus largement dans la santé en relocalisant les productions qui vont avec (médicaments, matériels nécessaires ..)
__Le problème n’est pas donc pas de revenir à la normale car c’est la normale qui pose problème__
Depuis déjà plus d’une décennie, la possibilité d’un coronavirus provoquant une pandémie a été envisagée, et encore plus après le SRAS 2002, H1N1 2009 et Ebola 2014. Sans oublier les épidémies de dengue et de chikungunya qu’on a peut-être trop tendance à négliger parce que jusqu’ici elles ont surtout concerné les territoires d‘Outre-mer.
Pourtant les gouvernements ont continué avec la folie du néo-libéralisme dont la généralisation de l’économie à flux tendus accompagnée de délocalisations vers les pays à moindre coût social et environnemental. La déforestation et l’expansion humaine dans de nouveaux territoires par suite de l’augmentation de la population ont mis en contact les humains et des animaux porteurs de virus qui jusqu’ici vivaient loin de nous. Même les précédentes alertes, grippe aviaire et grippe porcine, n’ont pas arrêté cette marche vers l’abîme.
La pandémie de COVID-19 a pris une ampleur inhabituelle. Sera-t-elle enfin celle qui nous oblige à revoir nos modèles de production et d’échanges ? Elle démontre en tout cas qu’il est possible d’arrêter partout dans le monde les activités qui ne sont pas indispensables ainsi que la nécessité d’un état organisateur et planificateur.
Le confinement a cet avantage de montrer quels sont les secteurs indispensables : tout ce qui permet de s’alimenter, l’eau (en Guadeloupe et Martinique les coupures d’eau sont fréquentes à cause d’infrastructures défaillantes), la santé, l’énergie, les transports, le logement et toute l’industrie qui va avec ces besoins. C’est donc dans ces secteurs qu’il faut investir en priorité en relocalisant les productions correspondantes (et en développant l’autonomie alimentaire des territoires d’outre-mer et les synergies régionales comme le démontre l’appel aux médecins cubains en Martinique et Guadeloupe). De plus les investissements doivent intégrer l’objectif d’une économie décarbonée ce qui signifie choisir des transports non polluants, des logements isolés, des énergies renouvelables etc ..
Il met aussi en lumière la nécessité de rompre avec le modèle économique existant qui met le profit aux commandes à la place de l’intérêt général comme par exemple la fermeture d’usines de productions indispensables (masques, bouteilles d’oxygène etc .)
On voit qu’il y a de quoi créer de l’emploi. Mais il faut aussi soutenir des secteurs qui sont de grands pourvoyeurs d’emplois non délocalisables et qui sont parmi les plus touchés par les conséquences économiques du Covid19 : les cafés et restaurants, l’hôtellerie et l’hébergement de tourisme, le petit commerce non alimentaire, l’artisanat, la culture (cinéma, théâtre, spectacle vivant). Le risque de faillites de nombreuses entreprises de ces branches est indiscutable. Mais est-ce la proposition du Medef de supprimer des congés, d’augmenter les horaires de travail et de supprimer les RTT vont régler leurs difficultés ? Bien sûr que non. La consommation qui n’a pas eu lieu dans la restauration ne va pas être rattrapée ! Et ainsi de suite. Les entreprises de ces secteurs n’ont pas besoin d’une augmentation des heures de travail de leurs salariés, mais d’une aide directe pour passer ce moment difficile car nous avons intérêt au maintien de l’emploi. Pour le tourisme, on sait déjà que cet été il n’y aura pas séjours à l étranger. Est-ce un mal ? Ne serait-ce pas plutôt un bien que d’en finir avec cette prédation du tourisme de masse et d’en revenir à un tourisme plus responsable ?
Une autre des leçons de cette épidémie est de montrer que sa diffusion dépend aussi de l’urbanisme existant. Dans les métropoles où lieux de travail, d’habitat ou de loisirs sont éloignés les uns des autres et nécessitent d’utiliser des transports en commun surchargés, l’impact est d’autant plus fort, tandis qu’ailleurs l’implantation des centres commerciaux en périphérie de ville rend plus difficile le respect de mesures barrières. Une preuve de plus qu’il faut revoir l’aménagement du territoire dans une vision plus écologique.
Les collectivités locales ainsi que les entreprises privées se sont lancées dans une concurrence effrénée pour obtenir le matériel manquant en Chine. Quelle absurdité ! Mais il faut reconnaître qu’elles ont dû faire face à la mauvaise la gestion ou plutôt à l’incurie gouvernementale. Alors que l’État aurait dû jouer son rôle de planificateur au profit de l’intérêt général, Macron et Edouard Philippe ont réussi à augmenter la pagaille. Quelle tristesse, alors que c’est justement dans ce type de situation qu’une planification bien pensée, au profit de tous et s’articulant avec les capacités locales de relais serait indispensable. Comment croire que ce gouvernement est en mesure de mettre en œuvre les politiques nécessaires à l’indispensable et urgente bifurcation écologique ?
L’après-confinement peut et doit déboucher sur un autre modèle de société, plus écologique, plus solidaire, avec plus de reconnaissance pour les métiers de celles et ceux qui apparaissent indispensables. __Nous avons besoin de soignant.e.s, de caissières, d’éboueurs … pas de traders__.
__Nous n’avons pas besoin de plus de concurrence, plus de croissance, plus d’accumulation. Nous voulons rétablir la gestion du temps long plutôt que la dictature du temps court, le qualitatif plutôt que le quantitatif. Pour cela nous assumons de ne pas vouloir relancer des secteurs inutiles ou écologiquement néfastes tout en garantissant la reconversion des travailleuses et travailleurs, de s’appuyer sur des services publics au service de l’intérêt général, d’utiliser l’outil de la planification écologique pour faire face à l’urgence. Nous préférons un futur de sobriété heureuse à un futur rythmé par les angoisses d’épidémies mortelles__. [...]
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17 avril 2020Les municipales ont fait apparaître des tensions au sein de EELV entre une ligne défendue par Yannick Jadot visant à conquérir l’électorat centriste et une ligne plus de gauche. C’est un débat récurrent chez les Verts français. Il a été porté à d’autres époques par Antoine Waechter fondateur du MEI fluctuant entre droite et EELV selon les élections, puis par Dany Cohn-Bendit aujourd’hui thuriféraire de Macron. Il a souvent son centre de gravité au sein de la délégation au parlement européen. On peut au moins reconnaître la cohérence de Jadot entre ses prises de position en France et celle exprimée avec la signature du «Plan de relance verte pour un monde durable» signé aussi par Michèle Rivasi avec des PDG de plusieurs multinationales comme Renault Volvo Unilever Danone Engie Suez etc .. qui dans le même temps font un lobbying intense pour abandonner les objectifs climatiques de l’Accord de Paris.. Bizarre le silence de Julien Bayou à ce propos. Pourtant cela provoque pas mal de remous au sein de EELV. Je citerai en exemple le billet de Alain Coulombel, porte-parole de EELV, “Votre modèle durable n’est pas le notre” et sa caractérisation des 2 signataires EELV : ”Dérive écolo-centriste ? Opportunité stratégique ou volonté de saisir la crise du Covid-19 pour transcender les vieux clivages ? Probablement un peu de tout cela”. [|https://blogs.mediapart.fr/alain-coulombel/blog/160420/votre-modele-durable-nest-pas-le-notre |fr]
Aujourd’hui au Parlement européen, LREM avec qui Jadot a signé cette tribune, ont rejeté un amendement demandant que la relance européenne respecte les objectifs climatiques de l’accord de Paris. En Marche n’aura pas attendu longtemps avant de démasquer son vrai visage. EELV LREM et LR ont aussi voté contre un amendement refusant que l’épidémie de COVID-19 soit utilisé pour réduire les droits des travailleurs.
Faut-il imiter Julien Bayou et dire militant.e.s de EELV rompez les rangs ?
Notre désaccord sur les questions européennes ne se limite pas à cet appel. Alors que pour faire face à la crise économique conséquence de l’épidémie du COVID-19 les députés de la France Insoumise au parlement européen ont proposé que la BCE prête directement aux états à taux zéro au lieu de continuer à prêter aux banques pour qu’ensuite celles-ci prêtent aux états en s’enrichissant au passage par la facturation de taux d’intérêt, les députés de EELV ont voté contre.
Julien monte sur ses grands chevaux parce que Jean-Luc Mélenchon se demande si sa proposition relève du gouvernement d’union nationale ou de la grande coalition pratiquée par les Verts notamment en Allemagne. Alors reprenons son discours au Conseil Fédéral de EELV du 4 avril 2020. Déjà remarquons que avant de donner des leçons d’humilité aux autres il ferait bien de se les appliquer.
”Imaginez : hier nous demandions dans le désert des contreparties sociales et environnementales pour les aides aux entreprises comme le CICE et nous passions pour des utopistes. Aujourd’hui les conditions au versement des dividendes sont sur toutes les lèvres, même sur celles du ministre de l’économie”. Dans le désert ? De nombreuses forces politiques comme la FI et le PC le demandent depuis le début.
”Je ne veux pas faire de procès en insincérité, mais on ne peut pas se reposer sur de simples promesses. Le ‘monde d’après’ ne pourra pas être inventé par Emmanuel Macron et Édouard Philippe seuls. Il est nécessaire de trouver les modalités pour mettre tout le monde autour de la table.”
__Justement nous ne croyons pas que Emmanuel Macron et Edouard Philippe, seuls ou pas seuls, soient les personnes idoines avec qui négocier «le monde d’après ». C’est là où est notre désaccord.__ Nous n’oublions pas le niveau de répression jamais atteint contre un mouvement social en France que ce soit contre les Gilets Jaunes, contre les manifestations contre la réforme des retraites et contre les soignants, ceux-là mêmes qu’aujourd’hui il applaudit hypocritement. Nous n’oublions pas les discours non suivis d’effets pour l’environnement.
Et lorsqu’on étudie les mesures mises en œuvre actuellement, elles sont très concrètes et sans contreparties environnementales pour ce qui est de sauver l’aéronautique et l’industrie automobile. Par contre aucune mesure immédiate pour l’hôpital, les EHPAD et les soignants, sauf des primes temporaires et pour LREM la participation au défilé du 14 juillet ! Les soignants ne demandent pas l’aumône mais une santé publique digne de ce nom et à la hauteur des besoins de la population française.
__Comment croire qu’il suffira d’une négociation avec ce président pour que son gouvernement au service des lobbies change d’orientation et encore plus lorsqu’on voit ce qu’ils viennent de voter au au niveau européen__. Son refus de nationaliser l’usine Luxfer productrice de bouteilles d’oxygène et actuellement à l’arrêt est très significative. Il ne veut pas d’un précédent qui puisse faire jurisprudence malgré l’urgence sanitaire.
__Ce que nous obtiendrons c’est en l’arrachant par la lutte, pas en cherchant à négocier avec un président et un gouvernement qui n’ont eu de cesse de piétiner les syndicats et les associations depuis leur élection ainsi que le parlement à un niveau jamais atteint même sous Sarkozy__.
On ne peut que se féliciter de cette presque autocritique sur la participation de EELV aux gouvernements socialistes sous François Hollande. Pour rappel le Front de Gauche, justement parce qu’il avait déjà analysé ce refus de sortir de l’orthodoxie libérale, a refusé d’y participer. Au passage personne ne demande à EELV d’être les supplétifs de qui que ce soit et personne n’a obligé EELV aux alliances avec d’autres forces politiques pour obtenir des élus et des ministres. Bizarre aussi d’affirmer ”Nulle arrogance ni volonté d’hégémonie de notre part, mais devoir d’entraînement : nous cherchons à créer les conditions d’un basculement politique de grande ampleur” après avoir fait du chantage aux têtes de liste aux municipales sous peine de rompre des alliances qui avaient été construites avec d’autres forces politiques.
__Drôle de méthode enfin que de vouloir engager un dialogue constructif en maniant l’insulte à l’égard d’une autre force politique et de son président de groupe parlementaire__. Julien, tu peux te moquer des résultats de Jean-Luc Mélenchon en disant qu’il a perdu 2 fois l’élection présidentielle. Cela a dû faire rire pas mal de lecteurs en pensant aux scores des Verts. Peux-tu nous les rappeler ? (3,95 % en 1995 1,57 en 2007, 2,31 en 2012 et seul Noël Mamère en 2002 a dépassé les 5 % avec 5,25). Combien a obtenu Yannick Jadot en 2017 ? ah désolée il s’est retiré. Alors quand un candidat des Verts atteindra les 11,1 % ou les 19,58 % de Jean-Luc Mélenchon on en reparlera. Que ça nous plaise ou pas, la constitution de la 5ème République donne tant de pouvoirs au président de la République, encore aggravé avec l’inversion du calendrier électoral et dans le cas actuel avec la majorité écrasante de LREM à l’assemblée, que oui c’est un verrou à toute politique différente. Le nier en se moquant de la place centrale de cette élection est absurde. Il est bien connu que Yannick Jadot ne pense pas tous les matins en se rasant à l’échéance de 2022.
Oui nous assumons tout à fait d’avoir fait des élections législatives une élection nationale couplée à l’élection présidentielle car c’est ce qu’elle est. Et pour ce qui est des conséquences, c’est l’élection de 22 députés (17 FI et 5 PC soutenus dès le premier tour par la FI). Et nous sommes fiers du travail qu’ils abattent y compris pour l’écologie. Dois-je te rappeler que les Verts-EELV n’ont jamais réussi à faire élire des députés en dehors d’alliance avec le PS. Et je peux d’autant plus facilement le rappeler que c’est ainsi que j’ai été élue.
Dans mes dernières années chez les Verts, j’avais souvent coutume de dire que au final ce ne serait pas nos discours qui convaincraient les citoyens mais les faits. Nous y voilà depuis quelques années avec la réalité du réchauffement climatique, de la perte de biodiversité, de l’explosion des maladies liées aux pollutions chimiques etc …
Il faut s’en féliciter car maintenant le débat n’est plus si c’est réel ou non, même s’il reste ici ou là quelques climato-sceptiques qui n’ont plus aucun poids, mais quoi faire et comment. Et__ il faut se réjouir que des forces politiques qui hier minimisaient l’importance de l’écologie, comprennent aujourd’hui que c’est incontournable__.
__De nombreux appels sont parus pour réfléchir à un monde d’après. Beaucoup de propositions sont communes. La France Insoumise a aussi fait des propositions. Tant mieux cela ouvre un débat qui ne peut être que fructueux et EELV doit arrêter avec ses tentations hégémoniques et sa tendance à croire que l’écologie lui appartient, que c’est sa chasse gardée__. Oui ce sont les Verts qui ont été la première force politique à alerter sur les dommages créés par l’activité humaine à la planète. Et d’ailleurs Jean-Luc Mélenchon l’a souvent rappelé pour les féliciter d’avoir été en avance sur toutes les forces politiques. Mais maintenant bien d’autres forces apportent des propositions alors débattons-en d’autant qu’elles recoupent des projets de société totalement différents, entre le capitalisme vert, la relance verte ou l’écosocialisme.
Une partie de EELV, à commencer par Yannick Jadot pendant la présidentielle, a pas mal insulté la France Insoumise sur ses propositions de souveraineté et de planification écologique. __Aujourd’hui on voit concrètement ce qu’a donné cet abandon de souveraineté__ : plus d’industrie pharmaceutique, plus de fabrication du matériel de protection des soignants etc … La souveraineté ne peut pas être qu’alimentaire, elle doit concerner tous les secteurs. Et cela n’a rien à voir avec du nationalisme mais tout à voir avec l’écologie, car il n’y a pas de circuits courts sans souveraineté.
De même la planification écologique a beaucoup été brocardée. Aujourd’hui on voit ce que donne la concurrence entre régions et autres collectivités locales pour se procurer des masques et du matériel pour les soignants. Alors qu’un état stratège aurait été capable d’anticiper et de répartir de façon juste.__ La planification ce n’est pas le Gosplan mais la projection pensée et organisée de la bifurcation écologique indispensable articulée avec la justice sociale et la prise en main par les citoyens de leur avenir__. Pour celles et ceux qui ont envie de dépasser les caricatures, ils peuvent lire la tribune parue dans Le Monde “Après le coronavirus : « Pourquoi ne pas penser aussi à la planification à la française ?” » [|https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/17/apres-le-coronavirus-pourquoi-ne-pas-penser-aussi-a-la-planification-a-la-francaise_6036909_3232.html|fr]
Cette différence de projet se traduit forcément sur le plan politique. Vu l’urgence écologique sociale et démocratique, le temps des incitations, des petits pas, des compromis est derrière nous.
“Alors oui, “il faut rompre les rangs”. Car plus que jamais l’heure est à tracer des lignes de clivage entre l’écologie d’accompagnement du système et celle de rupture, seule à même d’offrir une possible issue à la catastrophe annoncée. Entre capitalisme vert et écosocialisme. Plus que jamais, nous devons bâtir le monde d’après sur de nouvelles bases, celui d’une écologie populaire partant des besoins de celles et ceux qui ont le moins. Alors avant d’appeler au rassemblement, clarifier déjà votre position, en assumant collectivement qu’écologie et libéralisme étant incompatible il n’y a pas d’issue politique en faisant du charme à En marche et autres centristes en France et en Europe. [...]
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12 avril 2020Ce bilan a été écrit dans les 15 jours qui ont suivi le premier tour. Aujourd’hui il semble à peu près sûr qu’il n’y aura pas de second tour en juin et qu’il faudra tout recommencer à zéro dans les communes qui n’ont pas élu leur conseil municipal. Difficile donc de penser quel sera le contexte de cette nouvelle élection et encore plus sans savoir si elle se passera en octobre ou en mars 2021. Juste une remarque à propos de cette dernière possibilité : est-il constitutionnellement acceptable que des conseils municipaux aient une durée de mandat de 6 ans et d’autres de 5 ans ?
__Contexte politique__
La séquence électorale de 2017 a fait exploser le champ politique traditionnel, les deux partis, PS et LR, qui structuraient jusque-là plus ou moins les autres forces politiques autour d’eux, volant en éclat. Puis leurs résultats calamiteux aux élections européennes donnaient l’impression que leur survie était en jeu.
Or à partir de septembre-octobre 2019, l’affaiblissement de la popularité de Macron et de son gouvernement a permis à LR de se repositionner en parti d’opposition et d’arrêter ainsi l’hémorragie qui avait commencé vers LREM.
De même pour le PS, la bataille contre la réforme des retraites a aidé à faire oublier en partie dans son électorat le moins militant les politiques désastreuses de Hollande et ses gouvernements.
Dans ce contexte, ces deux partis ayant de nombreux maires espéraient maintenir leurs positions locales avec un avantage à LR suite à sa victoire aux municipales de 2014.
EELV semblait en crise après avoir dû retirer son candidat à la présidentielle et avoir été incapable de faire élire le moindre député à l’Assemblée nationale. Mais la montée de l’urgence climatique avec la multiplication des journées de mobilisation pour le climat lui a permis un rebond spectaculaire aux européennes, 13.47 %, et l’a propulsé sur le devant de la scène politique sur cette thématique. En affirmant conduire ses propres listes, EELV rompait avec des décennies d’alliance derrière le PS ou le PC selon la force politique qui était en tête dans chaque ville.
Pour sa part LREM s’est vite rendu compte que ces élections ne lui étaient pas favorables de part son manque d’implantation locale et l’échec à attirer des maires sortants de droite comme de gauche sous sa bannière. De plus le Conseil d’État a fait échouer la tentative de s’approprier des résultats PS et surtout de droite au travers du bidouillage des nuances prévu par Castaner.
Côté France Insoumise, le résultat des européennes (6,31%) a été un véritable coup de massue pour les militant.e.s qui avaient intégré que le score de la présidentielle (19,62%) était lié à une conjonction de facteurs spécifiques mais réfléchissaient sur la base des résultats aux législatives (11,02%). Le manque de financement, d’ancrage local et d’expérience politique dans certains cas, a brider les militants que ce soit pour impulser des listes ou revendiquer la tête de liste.
__Bilan politique__
Ces élections ont vu un__ nouveau record d’abstention__. En 2014 tous les médias titraient sur l’abstention record de 37,87 % En 2020 elle est de 55,34 % soit 17,47 points de plus. Tous les départements ne sont pas frappés de la même façon. Ainsi paradoxalement la Seine-St-Denis est un des départements avec la moindre différence de participation entre 2014 et cette année même si le taux d’abstention est très élevé. Il semble aussi que souvent les villes PCF aient un différentiel de participation par rapport à 2014 moindre que la moyenne : l’électorat de ces villes se serait plus mobilisé (moins 6 points à Ivry, -9,69 à Malakoff, -10 à Aubervilliers, -11,05 à St Denis, – 13,61 à Fontenay-sous-Bois etc …).
Si la baisse est globale, elle recoupe aussi les catégories abstentionnistes habituelles, moins de 30 ans et milieux populaires. Or on aurait pu penser que la peur de l’épidémie frapperait plus massivement les personnes âgées.
La question reste donc ouverte de savoir si, au de là de la peur de l’épidémie, et après le record d’abstention de 2014, le discrédit du politique atteint aussi maintenant massivement les élections municipales.
__Les grands gagnants de ces élections sont les maires sortants__ réélus au premier tour dans leur grande majorité, 85 % des maires de communes de plus de 1000 habitants, quelque soit leur étiquette.
++La situation des différentes forces politiques++
Pour ++__EELV__++, en janvier Yannick Jadot donnait comme villes potentiellement gagnables par EELV Lyon, Lille, Nantes, Rennes, Montpellier, Rouen, Strasbourg, Tours, Besançon voire Bordeaux et Paris. et affirmait qu’ils iraient sous leur propre bannière.
En réalité EELV est partie avec des listes d’alliances dans la majorité des cas (60 % des villes de plus de 100 000 habitants par exemple). Mais la faiblesse des autres forces politiques (PS, PC, FI) lui a permis de s’imposer en tête de liste dans de nombreuses communes. Leur stratégie a même consisté dans les villes de plus de 100 000 habitants à provoquer la rupture de tout cadre collectif construit s’ils n’obtenaient pas la tête de liste (ex Quimper, Nice, Poitiers, Limoges, menaces à Toulouse et Valence …)
La progression de EELV est, plus que l’aptitude à gagner seule des grandes villes, sa capacité nouvelle à prendre la tête d’alliances à gauche alors que précédemment c’est elle qui se ralliait au PS ou au PC.
Si Eric Piolle semble assuré de conserver la mairie de Grenoble, c’est en alliance avec la FI et le PC. A Bègles, la liste soutenue cette fois-ci par le PC (Bègles est un ancien bastion PC) perd pourtant 2 points et devra attendre le second tour contrairement aux scrutins précédents. A Grande-Synthe, Damien Carême a soutenu une liste EELV contre le maire sortant PS qu’il avait pourtant mis en place après son élection au parlement européen et c’est ce dernier qui est réélu dès le premier tour, renouant avec la tradition des maires PS interrompu par le ralliement de Carême à EELV en 2015. A Arcueil le maire sortant en position de favori pour le second tour et membre d’un parti qui a fait le choix de partir seuls dans de très nombreuses villes où il participait pourtant à des exécutifs d’Union de la Gauche, s’en prend à la FI «On espère toujours mieux, surtout avec une candidature de La France Insoumise qui a empêché un rassemblement de toute la gauche. » Faut oser !
A Paris, David Belliard,10,8 % obtient moins que les Verts en 2001 12,35%. La seule ville de plus de 100 000 habitants où EELV peut se vanter d’être arrivée seule en tête est Lyon sur fonds de division de LREM.
A Strasbourg il s’agit d’une alliance avec le PCF, à Besançon avec PS PS et Génération.s, et à Tours avec FI PS PC.
A souligner la surprise de Rouen où la catastrophe de Lubrizol aurait pu faire croire à un succès de la liste EELV alliée au PC, à Génération.s et aux Radicaux de Gauche mais le maire sortant PS est arrivé en tête obligeant la liste conduite par JM Bérégovoy à se ranger derrière lui pour le second tour.
Dans les villes où EELV est arrivé deuxième, il n’y a que Villeurbanne et Rennes où ce soit sur ses propres forces, partout ailleurs il y a alliance avec au moins une si ce n’est plusieurs autres forces politiques.
Mais EELV peut déjà engranger quelques succès, là encore toujours en alliances politiques :
– à Saint-Egrève 15 838 habitants (métropole de Grenoble) une liste conduite par EELV avec le soutien de la FI a raté l’élection au premier tour de 32 voix.
– à Anduze dans le Gard, 3436 hab, la conseillère départementale EELV, Geneviève Blanc, avec la participation de la FI, fait tomber le maire sortant avec 53 % des voix.
– ++__LREM__++ apparaît dans l’incapacité de gagner de grandes villes sous propres couleurs et Edouard Philippe est en ballottage au Havre. Alors qu’en 2014 il avait été élu au premier tour, il est cette fois-ci en recul de 8,5 points face à la liste PC-FI conduite par Jean-Paul Lecoq à 35,87 %. A noter que la tête de liste EELV-PS a refusé de discuter d’une fusion pour le second tour avec la liste PC-FI.
– ++__La droite__++ garde bon nombre de ses maires sortants et peut donc se féliciter de ses résultats. A Paris la liste LR conduite par Rachida Dati se maintient dans ses bastions.
– ++__Le PS__++ a globalement conservé ses mairies sortantes et arrivent en tête dans ses grandes villes emblématiques Paris, Lille, Nantes, Rennes. Mais ses faiblesses sont aussi apparues avec l’incapacité à porter des listes dans certaines communes avec des militants éclatés entre LREM et Génération.s et ceux restant au PS n’étant plus en mesure de peser seuls sur ces élections. D’où leur absence ou leur ralliement à d’autres forces politiques. Lyon est ainsi emblématique de l’éclatement du PS, ses forces s’étant réparties entre les listes portées par Collomb, Kimelfeld et la liste PS-PC menée par Sandrine Runel pour la partie municipales et Renaud Payre pour la partie métropolitaines. Le résultat est désastreux puisque cette liste arrive en 6 ème position à moins de 10 %.
– ++ __Le PCF__++
Le bilan du premier tour est très mitigé pour le PCF car s’il a gardé un certain nombre de mairies, il a d’ores et déjà perdu Villetaneuse au profit d’un élu DVG soutenu par la FI et Firminy soit au profit d’une alliance DVG-PC soit pour la droite.Il a par contre gagné la commune de Pont Péan (35) de 4463 habitants et dont le maire sortant était PS
Il est en difficulté dans nombre de communes, 14 dont 6 hors IDF (St-Pierre-des-Corps où la succession de Marie-France Beaufils se révèle difficile en faveur du PS, Givors où le RN peut jouer sa carte dans une triangulaire, Vénissieux qui pourrait tomber aux mains de LREM, Gardanne là aussi lié à une succession difficile en l’occurrence celle de Mei, Fontaine où tout dépendra des alliances de second tour, Arles que LREM peut gagner là aussi lié à la succession de Schiavetti) et 8 en IDF (Villeneuve-saint-Georges, Aubervilliers, Champigny qui pourraient être gagnées par la droite, Saint-Denis qui pourrait être gagnée par le PS, Choisy-le-Roy, Gentilly dépendant des alliances de second tour, Limay dans une triangulaire comme conséquence de sa condamnation pour des faits de violence, Bezons avec 5 listes en capacité de se maintenir et donc où tout dépendra des alliances de second tour).
La stratégie de reconquête de communes précédemment communistes a une nouvelle fois échoué (Blanc-Mesnil, St-Ouen, Villejuif, Dugny, La Queue-en-Brie, Portes-lès-Valence) la seule commune d’importance pouvant être regagnée est Bobigny.
– ++__Le RN__++ a conservé dès le premier tour 8 des 12 communes gagnées en 2014 avec hélas des scores très haut. Il a par contre été dans l’incapacité de déposer des listes dans de très nombreuses communes où il avait obtenu des scores impressionnants aux européennes.
Si au second tour il devrait conserver sans problème Fréjus et Cogolin il pourrait par contre perdre Le Luc où la droite 43,94 % contre 37,76 % au RN peut reprendre la mairie, Mantes-la-ville où le maire RN sortant élu dans une quadrangulaire n’atteint que 33,72 % (notre liste avec 14,81 % se retire du second tour) et Bollène où la gauche (DVG 44,67 % + liste PC-FI 10,57%) est majoritaire au 1er tour face à Marie-Claude Bompard, Ligue du Sud, maire sortante.
Il échoue à gagner Denain avec Sébastien Chenu ou Calais où les maires sortantes sont réélues dès le premier tour mais est en très nette progression par rapport à 2014.
Mais au second tour il peut espérer gagner plusieurs communes à commencer par Perpignan, ce qui en ferait une victoire qui effacerait ses déboires ailleurs. Alliot, arrivé en tête a obtenu 35,65 % en progression d’un point et demi par rapport à 2014.
Dans la catégorie des villes entre 10 000 et 20 000 habitants, 2 communes peuvent basculer :
– Moissac (82) 13 029 habitants mairie LR sortant où le RN est arrivé en tête avec 47,03 % devant une liste liste FI-PC avec 23,01 % des voix.
– Morières-lès-Avignon (84) 8 317 habitants maire sortant PS où un candidat d’extrême-droite a obtenu 45,94 % face à 2 listes de gauche
Dans d’autres villes tout dépendra des alliances et des reports de voix au second tour (analyse faite avant qu’il apparaisse que le second tour n'(aura vraisemblablement pas lieu en juin) : Givors (69), Vauvert (30) Bruay-la-Buissière (62), Carpentras, Cavaillon, Graulhet (81) Puget-sur-Argens (83), Pauillac (33) Marles-les-Mines et Oignies (62)
– __Les listes citoyennes__++++ : le bilan est très contrasté selon les communes. Dans les villes de plus de 50 000 habitants où ces listes ont refusé tout soutien de partis politiques ou ne l’ont pas obtenue le résultat est en général inférieur à 5 % : Quimper 4,67 % Béziers 4,09 % Ailleurs tout dépend de si ces listes s’appuyaient sur des collectifs citoyens existants précédemment ou si elles avaient le soutien de forces politiques notamment la FI.
Mais il restera aussi que les pratiques de vote pour l’ordonnancement y compris pour le choix de la tête de liste et allant même jusqu’à l’inclusion de candidats tirés au sort se sont répandues au-delà de ces listes rompant ainsi avec la pratique généralisée précédemment des accords de partis pour composer des listes.
Le nombre de triangulaires, de quadrangulaires et de pentagulaires possibles à l’issue de ce premier tour montre une progression de la morcellisation de l’électorat. Ainsi si en 2014 il y a eu 1777 second tour dans les communes de plus de 1 000 habitants cette fois-ci il devrait y en avoir 1433 soit une augmentation de 19 %. Les duels qui comptaient pour 31,85 % des cas en 2014 ne représentent plus que 4,74 % en 2020 (68). Par contre les triangulaires (924) peuvent atteindre 9 points de plus, les quadrangulaires (25,89%) 14 points de plus, les pentagulaires (66) sont multipliées par 5 et il y a même 6 communes où 6 listes peuvent se maintenir. Bien évidemment il est vraisemblable qu’il y ait des fusions et des retraits mais si cela réduira un peu ce morcellement, il n’en restera pas moins qu’il sera plus élevé qu’en 2014.
++__Bilan pour la France Insoumise__ ++
La France Insoumise poursuivait dans sa volonté de faire reculer l’abstention dans les milieux populaires et de promouvoir l’auto-organisation citoyenne. Aussi le texte adopté pour les municipales insistait sur le fait de ne pas faire de liste FI et de rechercher à construire des listes promouvant l’implication citoyenne.
« ”Proposons aux animateurs et animatrices des luttes locales, sociales et environnementales, aux militant⋅es associatif⋅ves, syndicalistes et politiques et à celles et ceux qui le souhaiteront d’appuyer avec nous ce processus de fédération populaire et d’y prendre part” »
Mais dans certains cas ces démarches ont échoué et finalement les Insoumis.e.s se sont résigné.e.s à rejoindre une liste lancée par d’autres partis politiques, situations qui avaient été aussi prévues par le texte de cadrage ”Si toutefois les insoumises et insoumis constataient d’ici la fin de l’année l’impossibilité de présenter une liste issue de ce cadre citoyen, une nouvelle assemblée pourra décider d’une liste regroupant des insoumis⋅es et citoyen-ne-s se retrouvant dans le programme proposé”.
Dans les communes où des divergences de stratégie ont été proposées par les Insoumis.e.s locaux, le texte de cadrage a servi d’appui au comité électoral pour décider par exemple entre démarche d’implication citoyenne ou accords de partis politiques (Montpellier avec le choix de soutenir la démarche de Nous Sommes et non un accord avec EELV, Arcueil avec la décision d’impulser une liste au lieu de partir avec le maire EELV sortant etc).
Les lignes rouges fixées, notamment celle sur le refus de participer à toute liste incluant des candidats favorables à la politique gouvernementale, ont permis au Comité électoral de refuser la participation à certaines listes (ex Dunkerque derrière Vergriette, l’Haÿ-les-Roses avec une tête de liste PS envisageant un accord avec LREM pour le second tour) ou de valider certaines prises de décisions locales (retrait à Annecy pour manque de clarté de la liste).
Il s’est par contre avérer plus difficile de vérifier et de faire respecter celui sur les délégations de service public – La France insoumise ne soutiendra aucune liste comportant des équipes qui dans cette mandature ou la précédente auront mené des politiques de délégation des services publics aux entreprises privées ou des politiques portant atteinte à l’environnement.
Des dissensions sont apparues dans certaines communes quant à la stratégie à adopter. Les mêmes qui réclamaient la supériorité du vote majoritaire pour justifier leur choix local (ex les militants de Montpellier qui ont fait le choix de partir avec Clothilde Ollier) étaient bien contents qu’on ne l’applique pas ailleurs où ils soutenaient une décision qui avait été minoritaire localement (Liste d’union à Amiens et non liste purement FI). Nous avons vu apparaître des Insoumis.e.s inscrits de dernière minute voire à des GA seulement créés dans le but d’obtenir le soutien à une liste et nous avons été confrontés à des usurpations de logo FI y compris par certaines forces politiques.
La mobilisation sociale continue a eu comme effet de pousser les militants syndicalistes et associatifs à s’investir sur des listes, notamment dans le dernier trimestre lorsque aucune liste de gauche ne semblait pouvoir être déposée dans certaines communes.
A partie de la carte électorale des précédentes élections, nous connaissions nos points forts et nos points faibles, notamment les communes peu populaires. Nous savions donc que cela allait être difficile dans certaines villes mais au-delà de la recherche de score, nous espérions que l’actualité sociale et le rejet de Macron nous permettrait de mettre en œuvre notre stratégie visant à remobiliser l’électorat populaire.
Il est difficile de dire si c’est la moindre participation qui a handicapé la France Insoumise. La seule chose qu’on peut dire c’est que le travail de porte-à-porte effectué dans de très nombreux quartiers populaires semble ne pas avoir entraîné le retour aux urnes des électeurs qui en sont particulièrement éloignés. La situation aurait-elle été différente sans le coronavirus ? Difficile à dire. Pour cela il aurait fallu pouvoir effectuer une enquête post-élection dans ces quartiers pour pouvoir comprendre.
Mais ce travail a souvent permis de construire des listes telles que nous le voulions ce qui est déjà un bilan positif. Pourtant il nous faudrait avancer sur ce bilan car si malgré tous nos efforts dans ces quartiers cela ne se traduit pas en score électoral en dehors de l’élection présidentielle cela ne peut qu’avoir des conséquences en termes de stratégie électorale.
Nous pouvons remarquer aussi que les listes ayant commencé plus tôt dans les villes où nous étions déjà fortement implantées et où nous avions obtenu de bons scores aux européennes, obtiennent de meilleurs résultats.
Plusieurs de nos maires sortants sont réélus. Nous gagnons 4 nouvelles communes de plus de 1 000 habitants à commencer par Faches-Thumesnil 17 835 habitants avec 53,02 % dans le cadre d’une liste de toute la gauche face à 1 seule autre liste, Aubin 3761 habitants dans l’Aveyron, Fillé 1494 habitants dans la Sarthe, Sauveterre de Guyenne 1788 habitants. Et nous obtenons autour de 300 élus à l’issue de ce premier tour.
De bons scores sont obtenus dans le cas de collectifs existants depuis longtemps (Bouguenais, Rezé dans la métropole de Nantes par exemple), de listes avec des figures locales particulièrement reconnues (Mantes-la-Ville 14,81 % ou de liste emmenée par un.e élu.e sortant.e connus comme à St-Denis, Gennevilliers, Guéret, Montataire, Clermont-Ferrand etc.) ou enfin la présence de seulement 2 ou 3 listes dans les communes de moins de 10 000 habitants.
Le meilleur exemple du poids de la tête de liste est Lyon, où malgré les conflits à répétition portés par certains Insoumis partis soit avec le PS-PC soit avec EELV, la liste conduite par Nathalie Perrin-Gilbert maire sortante du 1er arrondissement et opposante notoire et conséquente à Colomb-Kimelfeld a obtenu 10,6 % passant devant la liste PS-PC dans tous les arrondissements sauf le 8ème où la tête de liste PS Sandrine Runel est élue sortante et candidate à maire de Lyon. (on avait pourtant proposé au PC de se joindre à la liste Lyon en commun).
Sans oublier Bordeaux où Philippe Poutou obtient 11,77 % pouvant ainsi se maintenir au second tour et être élu dans une ville où la FI avait obtenu 6,20 % aux européennes.
Les listes lancées par des initiatives citoyennes auxquelles la FI a ensuite apporté son soutien n’ont que très rarement dépassé les 10 % : Montpellier 9,25 % Nantes 8,94 % Perpignan 6,57 % Pau 5,36 % Palaiseau 7,58 % mais ont permis de construire des dynamiques citoyennes locales très intéressantes.
Pour les listes ayant refusé de faire apparaître tout soutien politique le bilan est encore plus contrasté : A Commercy la liste Gilets jaunes atteint 9,77 % alors qu’à Quimper elle n’obtient que 4,67 %. A Béziers la liste soutenue par aucune force politique Béziers citoyen obtient 4,09 % des voix alors que la liste EELV-FI dépasse de peu les 5 % avec 5,36 %.
De manière générale, on pourrait presque dire que le score de la FI est inversement proportionnel à la taille de villes. Si on peut saluer le caractère volontariste de camarades pour déposer des listes y compris dans des communes que nous savions peu favorables à la FI, hélas les résultats n’ont pas toujours récompenser leurs efforts.
Mais cette campagne aura permis la relance de collectifs Insoumis parfois en sommeil, la constitution de listes dans des communes peu favorables à la FI, la bonne tenue dans les villes en cas de présence de tête de liste implantée localement et connue. Les nombreux élu.e.s y compris dans des communes où aucun sortant ne se réclamait de la France Insoumise seront autant de relais pour les idées de la France Insoumise ainsi que de points d’appuis pour toutes celles et ceux qui se battent au quotidien pour une société plus juste socialement, plus démocratique et mettant en priorité la bifurcation écologique et sociale dont nous avons besoin. [...]
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