Législatives 2017 et candidatures PCF

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Une petite musique circule en ce moment : si le PC a eu moins de, député.e.s élu.e.s qu’espéré, ce serait la faute de la France Insoumise ! Ces affirmations, répétées en direction des militants afin de renforcer le sectarisme vis à vis de la FI, ne résistent pas aux faits.

Selon André Chassaigne, dans une interview au Point, «aux élections législatives, l’une des priorités de La France insoumise a été de plumer la volaille communiste»

https://www.lepoint.fr/societe/andre-chassaigne-il-est-illusoire-d-esperer-etre-au-second-tour-17-01-2022-2460730_23.php

Or 7 député.e.s du PC sur 11 doivent leur élection à l’absence de candidat FI face à eux au premier tour.

Pour tout comprendre, il faut remonter à 2012. A l’époque le Front de Gauche regroupait le PC, le PG, Ensemble, République et Socialisme etc. avec 1 candidat commun à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon et un programme commun l’Humain D’abord. Sur la base du même programme, un accord de répartition des circonscriptions entre toutes les forces du Front de Gauche a été conclu : 82 % des circonscriptions étaient réservées au PCF dont 80 % de celles où le PC avait obtenu entre 4 % et 15 % en 2007 et 263 sur 352 de celles à moins de 4 %. Dans les 98 circonscriptions de métropole attribuées au Parti de Gauche, le PC n’avait pas atteint les 5 % dans 85 d’entre elles en 2007. En 2012, le PG dépassera les 5 % dans 63 de ces 98 circonscriptions.

Passée l’élection présidentielle, il n’y a plus eu de campagne nationale pour les législatives, chacun étant renvoyé à sa circonscription sans prendre appui sur les 11,10 % obtenus à la présidentielle.

En 2017 aucun accord législatif ne pourra être obtenu avant le 1er tour de la présidentielle, le PC exigeant la moitié des candidat.e.s alors que le rapport de force entre PC et FI n’était clairement pas celui-là. Une fois passé le 1er tour, des négociations ont repris avec l’idée d’arriver à un accord sur un nombre limité de circonscriptions. Nous proposions un accord sur 60 circonscriptions soit 30 pour chacune des deux forces avec garantie de reconduire les sortants. En réponse le PCF, par l’intermédiaire de Pierre Laurent, proposait un accord national avec partage à égalité des circonscriptions et des campagnes chacun sur son programme mais avec le logo de l’autre force politique. Nous répondions par une proposition sur 52 circonscriptions incluant le fait de ne pas présenter de candidat Insoumis face aux sortant.e.s du PCF ainsi que 8 circonscriptions parmi celles où Jean-Luc Mélenchon avait fait ses meilleurs scores et indiquions qu’il nous apparaissait nécessaire de clore un accord d’ici le 9 mai au plus tard. Nous apprendrons par la presse le lancement de la campagne législatives du PC alors que nous attendions une nouvelle date de rencontre. Nous apprenions aussi l’existence d’accords avec le PS dans plusieurs départements. Nous en avons donc tiré la conclusion que la direction du PCF refusait de continuer les négociations.

Malgré cela nous avons décidé de soutenir plusieurs candidats PCF dès le premier tour : Marie-George Buffet dans la 93-4 et Sébastien Jumel dans la 76-6 qui ont toujours montré leur volonté d’unité. Nous ferons aussi le choix politique de ne pas nous présenter contre Hubert Wulfranc dans la 76-3 et de nous retirer dans la 13-13 pour Pierre Dharéville en échange du retrait du PC face à Jean-Luc Mélenchon dans la 13-4. Stéphane Peu dans la 93-2 sera élu sous l’étiquette FI avant de rejoindre les députés PC dans le groupe GDR. Enfin Jean-Paul Dufrègne a bourré l’AG de circo de la FI pour se faire désigner candidat et ainsi éviter d’avoir un concurrent pour ensuite déposer sa candidature sous l’étiquette PC tandis que dans la 59-16 des pressions seront exercées pour faire craquer la candidate désignée par la FI et ainsi garantir l’élection de Alain Bruneel. Il faut aussi souligner que deux autres candidates du PC obtiendront à leur demande l’étiquette FI et donc pas de concurrent pour finalement déposer au nom du PC Yasmine Boudjenah dans la 92-11 (circonscription perdue par le PC en 2012 au profit du PS) et Nora Lamraoui dans la 94-7.

La FI a obtenu 11,03 % et le PC 2,72 %, le total des voix des 2 forces représentant 44,09 % des voix de la présidentielle et quasiment le double des voix des législatives de 2012. En 2012 il y avait 22 candidat.e.s du FG dont 21 PCF au second tour. En 2017, ce sont 74 candidat.e.s qui ont été soutenu.e.s au second tour par la FI dont 67 FI, 5 PCF non soutenus au 1er tour, 1 EELV plus Huguette Bello à La Réunion.

Peut-on dire que c’est le manque d’unité qui a fait perdre des députée.e.s au PCF et à la FI ?

Le total des voix FI+PCF nous aurait peut-être permis d’arriver au second tour dans 40 circonscriptions supplémentaires, encore que les élections ne se résument pas à des additions. Sur ces 40 circos, le PCF était derrière la FI dans 36. Dans 4 on aurait été contre le FN au second tour : la 62-3 (Lens) avec le PC devant la FI, les 13-7 (Marseille) et 59-19 (Valenciennes) où la FI étaient devant le PC et la 59-17 Douai où les 2 forces étaient au coude à coude (FI 12,08 % et PC 12,07 %). Dans 11 circos on aurait pu être au second tour à la place du FN, dans 12 à la place du PS, 2 où nous aurions été face au PS et 12 face à LREM ou LR. Mais être au second tour ne signifie pas gagner systématiquement.

Au final il y a eu bien plus de circonscriptions où au soir du premier tour la FI était devant le PC que le PC devant la FI. Il aurait donc fallu un accord dès le début entre les deux forces politiques pour que le PC puisse être présent au second tour dans plus de circonscriptions. La direction du PC avec Pierre Laurent porte la responsabilité de l’échec.

Pour 2022 Jean-Luc Mélenchon et la FI ont proposé au PCF d’établir un accord garantissant les député.e.s sortants du PCF comme celle et ceux de la FI, mais à condition qu’il n’y ait aucune exclusive et que cela concerne bien l’ensemble des sortant.e.s, les 11 communistes comme les 17 Insoumis. L’avenir nous dira ce qu’il en est. J’espère que ce sera possible. Mais pour cela ce serait aussi nécessaire que le PCF et son candidat Fabien Roussel arrêtent les attaques polémiques contre Jean-Luc Mélenchon. Le débat sur le fonds oui, les mensonges non. Il y a assez d’adversaires à droite et à l’extrême-droite.


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