Après le green washing, le blue washing

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L’One Ocean Summit, réuni à Brest sur initiative d’Emmanuel Macron, a accouché d’une souris. Et c’est bien cela qui est désespérant. Régulièrement on peut lire que les océans sont en danger, que leur biodiversité est menacée mais les intérêts économiques priment sur toute décision qui pourrait inverser la tendance. En fait les annonces qui ont eu lieu visent plus à conforter ces intérêts établis qu’à leur remise en cause.

Ainsi pour ce qui est de la pêche l’accent a été mis sur la lutte contre la pêche illégale. Certes elle représenterait entre 12 % à 28 % de la pêche totale. Mais aucune mesure n’a été décidée pour lutter contre la disparition de nombreuses espèces halieutiques liée entre autres aux techniques de pêche industrielle : 82 millions de tonnes de poisson sont pêchées chaque année, soit une multiplication par 4 en 70 ans. La plupart des grosses unités de pêche appartiennent aux pays riches dont les chalutiers industriels ramassent la moitié des prises alors qu’ils ne représentent que 1 % de la flotte mondiale en nombre de bateaux. Pire ils utilisent les pires techniques comme le chalutage qui racle les fonds marins et ramasse indifféremment des espèces qui seront commercialisées comme d’autres qui seront immédiatement rejetées à la mer car jugées inintéressantes (38,5 millions de tonnes de prises accessoires chaque année). On a vu récemment le désastre de ce type de navire usine dans le Golfe de Gascogne avec la mort de dizaines de milliers de merlans.

Le nouveau danger qui menace les océans a très vite été écarté. Pas question pour Emmanuel Macron de s’engager sur le refus d’exploitation des ressources minérales des grands fonds marins.

Quant aux annonces, une fois de plus avec ce président, il y a un gouffre entre les déclarations et la réalité. Ainsi 23,5 % des eaux territoriales françaises seraient des zones protégées. En fait seule 1,6 % le sont réellement, c’est à dire que toute activité humaine y est prohibée et notamment toute extraction et toute pêche. La France n’est d’ailleurs qu’au 17ème rang mondial en terme de protection de ses eaux nationales selon l’association Bloom.

L’État a été condamné pour son inaction climatique. Il pourrait en être de même pour son manque d’actions à la hauteur de l’urgence à protéger les océans.


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