Une élection n’est pas une addition

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Panique à bord au PS où la candidature de Anne Hidalgo ne décolle pas et chez Arnaud Montebourg où la Remontada s’est muée en Degringolada.

Le Ps pensait que la page était tournée après le désastreux score de Benoit Hamon, 6,36% en 2017, d’autant plus que les résultats des régionales les avaient soulagé avec la reconduite des présidentes et présidents sortants de région.

Mais le PS a oublié deux points essentiels :

  • l’énorme abstention, 66,72% aux régionales, qui en écartant le vote des classes populaires a favorisé des forces politiques comme le PS et EELV
  • la dichotomie qui s’est installée entre les votes locaux avec l’éventuelle reconnaissance des capacités de gestion d’une région et les positionnements nationaux.

Pourtant les électrices et électeurs n’ont pas oublié le bilan calamiteux de François Hollande et le passage de nombreux dirigeants PS chez Macron est vécu comme une trahison par les militants et électeurs socialistes.

Pendant ces 5 ans le PS n’a pas été capable de reconstruire de la confiance vu sa difficulté à clarifier certaines de ses positions. De plus une partie des dirigeants restés au PS est toujours tentée par un vote Macron.

Dans ce contexte la figure ultra-parisienne de Anne Hidalgo ne peut mobiliser l’électorat « populaire » de gauche, outre que pour le moment ses discours sont plus que creux. Mais pour convaincre il ne suffit pas de tenir des propos vagues encore faut-il faire des propositions concrètes qui résonnent auprès des électeurs.

Or plus Hidalgo apparaît incapable d’atteindre un score électoral lui permettant d’être au second tour, plus l’électorat qui aurait pu revenir vers le PS se trouve conforté dans le fait de regarder ailleurs. Mais il est difficile pour le PS d’envisager d’être absent de cette échéance et Hidalgo se trouve prise en tenailles entre l’appareil PS qui veut un.e candidat.e coûte que coûte et ceux qui la poussent à se retirer pour éviter une raclée encore pire que celle de 2017 qui impacterait les législatives qui suivent. La dernière trouvaille de Hidalgo est d’espérer que Jean-Luc Mélenchon n’aura pas les 500 signatures, ce qui ne lui pose aucun problème puisque c’est la loi dit-elle, comme si le propre d’une loi n’était pas de pouvoir être modifiée. Et si il ne les obtient pas c’est qu’il ne les mérite pas selon elle !! Elle croît vraiment que dans ces conditions les électrices et électeurs de Jean-Luc Mélenchon voteraient pour elle ? Madame moins de 5% se juge plus légitime qu’un candidat qui fait au moins le double si ce n’est plus. Quelle vision de la démocratie !

L’opération Taubira et primaire à gauche apparaissait comme une tentative désespérée pour trouver une porte de sortie. Mais croire que Jadot pourrait se retirer ou risquer sa candidature dans une nouvelle primaire est absurde. Il a déjà renoncé en 2017 et cela s’est payé par un passage à vide de EELV avec des départs vers le PS ou vers Macron jusqu’aux européennes, où remis en selle par les mobilisations de la jeunesse pour le climat, aidé par l’abstention et décidé à ne pas dévier d’une ligne identitaire malgré déjà des pressions internes, Yannick Jadot a imposé une liste EELV. Le bon score obtenu suivi de celui aux régionales conforte sa conviction que le bon choix est l’affirmation identitaire de EELV. Certes il n’est donné qu’à entre 4% et 9% avec une moyenne autour de 7%. Mais il ne faut pas oublier que les scores des Verts à la présidentielle ont toujours été très faibles, un seul ayant passé la barre des 5% Noël Mamère avec 5,25 % en 2002. Les autres fois c’était entre 1,5% et moins de 4%.

A partir du moment où le retrait de la candidature Jadot est un pur fantasme, à quoi sert la primaire populaire ? Elle a commencé par entretenir un discours défaitiste sur le thème sans union pas de victoire possible. Il suffirait donc que tous les candidats « de gauche » se soumettent à une primaire, que le vainqueur soit soutenu par les vaincus et ainsi la « gauche » pourrait gagner. Les mêmes qui expliquent que l’élection présidentielle ne doit pas aboutir à une campagne derrière une personne, nous proposent à moins de 100 jours du premier tour, de choisir entre des personnes et ce sans accord sur un programme. On nous dit mais lorsque Mitterrand a gagné en 1981 l’Union de la Gauche avait explosé. Certes et effectivement Georges Marchais a été candidat pour le PC au premier tour. Mais le programme commun qui avait été rédigé en 1978 représentait de fait une base utilisable. Aujourd’hui non seulement il n’y a rien mais surtout il y a ce terrible bilan socialiste : loi El Khomri, déchéance de nationalité, soutien à la Tarification à l’activité dans les hôpitaux dont on vit dramatiquement les conséquences en ce moment, incompréhension de l’urgence écologique etc …

Et qu’en est-il de l’argument sans union pas de deuxième tour ? Déjà on aurait bien aimé que ceux qui donnent des leçons d’unité aujourd’hui aient eu les mêmes convictions en 2017 cela nous aurait évité un second tour Macron/Le Pen. Quant au nombre de candidats, Mitterrand gagne en 1981 avec 10 candidats dont 6 de « gauche », Hollande gagne en 2012 avec 10 candidats dont 5 de gauche. Donc le problème n’est pas la division mais existe-t-il une force politique motrice au sein de cet espace politique large et y-a-t-il une réserve pour le second tour. Les 5 ans qui se sont déroulés depuis 2017 ont surtout vu l’ampleur du décrochage politique des classes populaires, écœurées par la politique menée par les gouvernements de Hollande, incluant d’ailleurs EELV pendant 2 ans, et le découragement face à des luttes qui n’arrivent pas à faire céder le pouvoir et qui sont victimes d’une répression policière et judiciaire allant crescendo depuis la loi travail à l’époque de Valls comme premier ministre. Dans ce cadre il est extrêmement difficile de convaincre les électeurs d’utiliser le bulletin de vote pour reprendre dans les urnes ce qu’on a perdu dans la lutte. Et c’est notre problème principal et la tâche à laquelle la France Insoumise s’attelle. D’ailleurs lorsqu’on regarde la rafale de sondages qui sortent depuis plusieurs semaines, on voit que les résultats en faveur de Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot diffèrent selon la participation prise en compte. A faible participation Jadot n’est pas très loin de Mélenchon, à l’inverse une participation plus forte creuse l’écart au bénéfice de Jean-Luc Mélenchon. Or le débat sur cette élection ne fait que démarrer. La France Insoumise et son candidat sont prêts avec un programme bien travaillé, une expérience de campagne électorale sans commune mesure, une implantation dans les quartiers populaires qui commence déjà à se faire sentir dans la mobilisation sur le terrain. Leur campagne est audible alors que celle de Jadot a du mal à percer.

Côté PS, Anne Hidalgo a pris acte que Jadot ne retirera pas sa candidature et donc que la primaire ne peut se tenir. Elle est donc obligée de maintenir sa candidature. Mais coup d’éclat, Christiane Taubira a pris goût à l’hypothèse d’être candidate, elle annonce donc sa participation à la primaire populaire et le respect du résultat. Sachant qu’avec le refus de Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon, elle sera la seule candidate ayant un petit poids électoral à y participer, que fera-t-elle si elle arrive en tête ? Une candidature de plus contrairement à ce qu’elle avait annoncé ce qui en ferait une répétition de 2002 qui la cantonnerait ainsi que Anne Hidalgo et Yannick Jadot sous les 5% ?

Malgré ces refus, la primaire populaire annonce le maintien d’un vote avec les candidats qui ne souhaitent pas y participer et soutiendra la ou le vainqueur de ce vote et donc indépendamment du programme que chacune ou chacun défendra. Quelle drôle de façon de faire de la politique ! Comment peut-on être disposé à voter indifféremment pour la retraite à 60 ans ou celle à 62 ans, celle par points ou celle par annuités, pour le nucléaire ou contre, pour accepter les diktats de l’Union Européenne et ce au détriment des travailleur/se.s et de l’environnement ou pas etc. Lancer une grève de la faim pour cette primaire en rajoute encore dans la guignolade au moment où des sujets bien plus importants préoccupent les françaises et français comme l’état de l’hôpital, les difficultés de fin de mois aggravées par l’inflation et l’inquiétude face aux conséquences du réchauffement climatique.


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