Un espace de respiration dans cet environnement politique toxique

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Ce titre est repris d’une phrase du texte de Caroline de Haas expliquant pourquoi elle votera Mélenchon à la présidentielle https://blogs.mediapart.fr/carolinedehaas/blog/040322/ce-sera-melenchon

Je ne vais pas paraphraser le texte de Caroline mais je trouve qu’il aborde bien tous les aspects. J’ajouterais que dire qu’à ce stade de la campagne et compte tenu du contexte politique en France nous ne pouvons pas laisser tout l’espace au discours de racisme, de mépris de classe et d’irresponsabilité devant les enjeux écologiques, ne signifie pas délégitimer la campagne des autres candidats.

Tout le monde sait que Caroline a souvent été très critique contre Mélenchon, on peut donc penser que cette décision est mûrement réfléchie. Ces derniers jours d’autres expressions venant de tous les rangs de la gauche aboutissent à la même conclusion : Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat comme disait Aragon. Nous sommes à moins de 5 semaines du premier tour et la seule candidature qui se dégage à gauche est celle de Jean-Luc Mélenchon avec une possibilité, même si elle a encore besoin d’être renforcée, de pouvoir être au second tour.

Oui par rapport à cette situation il y a un vote efficace. Je ne cherche pas à convaincre les noyaux sectaires des différentes forces politiques, c’est peine perdue, je m’adresse à celles ou ceux qui se posent des questions. De même je demande aux Insoumis.e.s de laisser les réflexes sectaires de côté. C’est vrai que les attaques injustifiées pleuvent contre Jean-Luc Mélenchon, que des positions sont inventées ou des phrases coupées ou sorties de leur contexte pour lui taper dessus. Moi aussi parfois les doigts me démangent sur le clavier. Mais cela ne sert à rien. Notre objectif n’est pas de créer une citadelle assiégée, c’est de gagner.

D’autres me diront les sondages ne veulent rien dire. Un sondage seul, non. Une tendance si. Il y a des biais ? Oui tout à fait, comme celui de ne prendre que les 100 % certains d’aller voter, mais l’important est de voir les évolutions. Les sondages influent l’opinion ? C’est vrai aussi, les électeurs hésitants vont regarder les sondages et finir par choisir en fonction de celui ou celle qui a le plus de chance de gagner entre les divers candidats du spectre politique acceptable pour un électeur. Et donc pour Jean-Luc Mélenchon.

Nous connaissons maintenant le nombre de candidats à la présidentielle. Les candidats de gauche (même si certains discuteront de cette classification mais ils sont vus comme cela par la majorité de la population) à eux 6 n’atteignent pas actuellement les 30 %. Et pourtant il y a aussi 6 candidats de droite et extrême-droite soit au total 12 candidats avec le même nombre des deux côtés de l’espace politique. Le nombre n’explique donc pas le poids respectif des uns et des autres.

Que ce soit côté PS ou côté EELV, les résultats des élections locales (municipales, puis départementales et régionales) ont fait naître des espérances et masqué les faiblesses. Ces résultats ont été dus à une très faible participation électorale qui a comme conséquence d’écarter largement les classes populaires et les jeunes. Cela a donné une vision totalement déformée des rapports de force politique à l’œuvre dans le pays et créé des illusions quant aux perspectives présidentielles. L’atterrissage est donc d’autant plus douloureux pour certains.

Aujourd’hui sa candidate Anne Hidalgo la candidate du PS est donnée autour de 2%. Cela la rend très agressive et porteuse de mensonges contre JL Mélenchon. Si elle croit qu’elle va grignoter des voix comme cela elle se trompe lourdement. C’est absurde. Des militants socialistes peuvent-ils se dire que tout cela ne vaut plus le coup, qu’il vaut mieux choisir un candidat mieux placé ? Lorsqu’on regarde le second choix possible pour les électeurs de Hidalgo, c’est très instructif : 21 % pour Emmanuel Macron. Mais il y a aussi 14 % pour Mélenchon et 29 % pour Jadot, 13 % pour Roussel. Tout cela n’est pas figé. Je pense aux militants socialistes sincères, pas les membres de l’appareil, et je comprends comment cela doit être douloureux d’avoir appartenu à un parti de gouvernement pour finir à un tel niveau. Rappelez-vous en 2012, le PS avait le président de la République, une majorité parlementaire, il gérait la majorité des régions, des départements et des grandes villes. Un tel effondrement ce n’est pas facile à vivre. Certains me diront ils n’avaient qu’à partir du PS. Certes, mais lorsqu’on a un certain âge, qu’on y a passé toutes ses années de militantisme avec ce que cela signifie de liens tissés, de camaraderie, c’est dur. Il faut donc les convaincre que voter Mélenchon ne revient pas à renier toutes leurs années de socialiste. Juste tourner la page d’une histoire qui se termine alors que semaine après semaine plusieurs dirigeants historiques font encore le choix de rejoindre Macron.

EELV est sortie des régionales sur un petit nuage convaincu que son heure était venue, que plus jamais ils ne dépendraient de personne. Il y a pourtant une énorme différence entre élections locales et nationales. EELV a oublié que le taux de participation électorale n’était pas le même et notamment que les classes populaires, qui ne sont pas son électorat, se déplaçaient beaucoup plus lors d’une présidentielle. Sur un nombre bien plus important de votants leur score baisse très nettement. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire des Verts que leur résultat est bon lors des européennes ou des régionales mais qu’ensuite à la présidentielle comme aux législatives tout cela s’effondre https://www.france-politique.fr/elections-les-verts.htm

Jadot espérait pouvoir mettre la question climatique au centre du débat, ce qui était cohérent avec l’urgence climatique. Mais, sous l’impulsion des médias, c’est d’abord le débat sur l’identité nationale qui a été imposé. Face à l’inflation, le pouvoir d’achat a enfin pris la relève. Mais sur ce sujet les écologistes ne sont pas jugés les plus crédibles. Avec la publication de la deuxième partie du rapport du GIEC, le climat aurait enfin dû devenir un enjeu central. Mais la conférence de presse de Jadot sur le sujet le jour même est passée totalement inaperçue. La décision de Poutine d’envahir l’Ukraine a balayé tout le reste. Jadot pense qu’avec ses postures va-t-en guerre et ses attaques répétées contre jean-Luc Mélenchon y compris avec des mensonges il va gagner des voix. Le dernier sondage d’Elabe montre plutôt le contraire -1,5% car Macron est dix fois plus crédible que lui https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/sondage-bfmtv-presidentielle-macron-bondit-a-33-5-au-premier-tour-devant-le-pen-a-15-et-melenchon-a-13_AN-202203080664.html202203080664.html

Si on ajoute les conflits internes de EELV, la dynamique pour Jadot n’est pas au rendez-vous. Mais me dit-on il y a trop de divergences entre Jadot et Mélenchon. Pourtant lorsqu’en 1997 ou en 2002 les Verts ont pris la décision de participer à des gouvernements socialistes, il y avait aussi d’énormes désaccords. Lorsque des coalitions existent pour les élections locales, ce n’est pas sur la base d’un accord politique absolu. Pour tous les écologistes convaincus de l’urgence d’agir, faire le choix de l’efficacité, même si ce n’est pas le premier choix de cœur, est un impératif. Si on ne peut plus et veut plus attendre, il faut s’en donner les moyens. Et cela aujourd’hui passe par un vote pour le candidat de l’Union Populaire, porteur des valeurs de l’écologie et qui plus est de l’écologie populaire.

De son côté le PC a fait le choix de l’affirmation. C’est son droit. Mais maintenant que cette reconnaissance a été atteinte est-ce bien efficace de continuer à faire du bashing anti-Mélenchon ? Dans les sondages Fabien Roussel est donné au mieux à 4 %. Mais JLM progresse régulièrement, est passé devant Pécresse et dans ce sondage de Elabe à 13% passe même devant Zemmour. Ce qui veut dire qu’avec un candidat commun comme en 2012 et 2017, Mélenchon pourrait être au second tour face à Macron et cela créerait un espoir et donc une dynamique très forte. Mais certains militants communistes nous expliquent que les sondages de deuxième tour donnent Mélenchon perdant face à Macron et donc qu’il n’y a pas d’intérêt à y être. Avec un tel raisonnement combien de fois faudrait-il abandonner tout combat ? Pourquoi le PC a-t-il fait le choix d’aller sur la liste de Jean-Laurent Felizia de EELV avec le PS aux régionales en PACA alors que tous les sondages prédisaient un second tour RN/LR ? C’est absurde de raisonner ainsi. Imaginons que dans les 4 semaines qui restent Jean-Luc Mélenchon continuent à convaincre de l’utilité de voter pour lui et le programme de l’Union Populaire et arrive donc au second tour. Ce sera alors sans le PCF qui ne pourra donc se targuer comme en 2017 d’avoir été un des maillons du bon score réalisé.

Mais imaginons le pire, que Mélenchon ne soit pas au second tour alors qu’ensemble cela aurait été le cas. Croyez-vous camarades communistes que cela ne laissera pas de traces ? Pensez-vous que le fait que vous dépassiez vos derniers scores nationaux suffira à redonner de l’espoir à toutes celles et ceux qui se battent au quotidien pour leurs fins de mois, pour leurs conditions de travail, pour l’accès à la santé ?

Voter pour Roussel n’est pas inutile, c’est inefficace, ce n’est pas la même chose, cela ne permet pas d’éviter un second tour entre Macron et l’un ou l’autre des candidats d’extrême-droite. Vous nous dites pas de problème on fera barrage en votant Macron. Mais vous croyez vraiment qu’après 5 ans de politiques désastreuses socialement et environnementalement, tout cela accompagné d’une répression rarement vue, les électeurs n’ont pas envie d’une autre alternative ? Que leur seule attente soit de faire barrage à l’extrême-droite en votant Macron qui vient de les mépriser et insulter pendant 5 ans ?

D’autres nous disent ce n’est pas grave, on se rattrapera aux législatives. Mais depuis l’inversion du calendrier par Lionel Jospin, le sens du vote a changé : ceux dont le candidat a perdu se démobilisent pour les législatives pendant que le camp du vainqueur met toutes ses forces à donner une majorité au président élu. Alors vous croyez que si le second tour est raté de peu, vous aurez un raz de marée ensuite pour voter communiste ? Personne ne sera gagnant, ni la FI ni vous. Et comment mobiliser dans la foulée pour résister aux politiques antisociales de Macron sur la base d’une défaite ?

On ne demande à personne de se renier. Macron annonce la poursuite de son programme ultra-libéral de démantèlement du secteur public en s’en prenant par exemple au statut des enseignants. Le secteur de la santé est dans état pitoyable. L’industrie française a été démantelée. Le bilan écologique est désastreux. La répression a atteint un niveau jamais égalé. Les médias sont aux mains de groupes financiers et industriels et le peu de médias publiques restant est maintenant menacé par l’annonce de Macron de la suppression de la redevance publique.

Il n’est pas possible de se dire que ce n’est pas grave que Macron soit réélu, qu’on luttera. Reconstruire sur un champ de ruines prend énormément de temps. Regardez l’Italie, la disparition de toute force de gauche digne de ce nom et même l’absence d’une force écologiste conséquente se poursuit sans lueur d’espoir à l‘horizon. Dans un tel contexte il faut savoir se saisir de l’outil qui reste disponible. Et pour le moment au niveau politique, le seul capable de maintenir un rapport de force c’est la dynamique de l’Union Populaire, son programme l’AEC et son candidat Jean-Luc Mélenchon.


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