OGM en plein champ : non pour deux raisons

Partager cet article :

Lorsqu’on veut manipuler le vivant, il faut le faire avec précaution et dans une vision qui refuse le court terme sans se préoccuper des conséquences à long terme. Or l’extension imposée des cultures OGM correspond bien aux intérêts des industries agroalimentaires qui les produisent mais pas à ceux des agriculteurs ni des consommateurs.

Depuis des années, les militants écologistes, souvent isolés, parfois menacés, alertent l’opinion publique sur le développement des cultures génétiquement modifiées.
En effet, après quelques années de développement des cultures de maïs OGM, que constate-t-on dans les pays qui sont à la pointe de ces cultures : une contamination très étendue et très importante des cultures non OGM (USA, Mexique) avec son corrollaire, la diminution de la diversité des semences. Comble de culot, ou de cynisme, les industries agroalimentaires accusent ensuite les agriculteurs de leur avoir volé les semences. En effet la particularité de ces semences OGM est de livrer les paysans pieds et poings liés aux multinationales des semences puisqu’elles doivent être rachetées tous les ans.

Premier débat donc autour des OGM : le type d’agriculture que cela entraîne : une baisse de la diversité biologique et des paysans réduit au rôle de sous traitants.

Les lobbys de l’industrie agroalimentaire prétendent aussi, non sans ironie, que les OGM sont une des solutions pour vaincre la faim dans le monde. Or la question aujourd’hui n’est pas un manque de production alimentaire mais une mauvaise répartition de ces productions et l’écrasement des marchés des pays du sud par les subventions aux produits agricoles des pays du nord qui sont ensuite déversés dans les pays du sud à un coût moindre que les productions locales.
Deuxièmement : la famine ou la malnutrition au sud est plus liée à une concurrence internationale qui se fait au détriment des pays du sud qu’à un manque de production agricole mondiale.
Les risques sanitaires, que certains voudraient dissimuler derrière de prétendues nécessités de progrès scientifique, sont aussi bien là. Mais tout est fait pour empêcher la connaissance des risques des OGM sur la santé et l’environnement de se développer en toute impartialité. Dans la plupart des cas, les tests sont réalisés pour des durées et des surfaces limitées. Les interactions entre les êtres vivants sont certes complexes à établir à ce stade, mais malheureusement, les moyens accordés à l’évaluation des risques sont insuffisants : ils représentent 1% seulement du budget total de la recherche en biotechnologie tant aux Etats-Unis qu’en Europe.
Pour les consommateurs d’O.G.M, les risques sont essentiellement de développer des allergies (une personne allergique aux noix peut devenir allergique au soja transgénique contenant un gène de noix), et de multiplier des résistances aux antibiotiques et/ou d’absorber des substances toxiques qui s’avèreraient dangereuses. Des maladies jusque-là limitées aux espèces végétales pourraient ainsi être transmises aux espèces animales.
Un risque sanitaire inconnu donc.

Le gouvernement UMP a maintenu une opacité totale pendant 5 ans sur l’implantation des champs OGM en France, a retardé au maximum la transposition de la directive européenne encadrant les conditions de leur culture et fuit le débat au parlement pour finir par prendre des décrets en catimini. Il a fallu que je pose une question lors d’une des dernières séances d’actualité à l’assemblée nationale pour qu’enfin on apprenne que le débat du texte de loi ne serait jamais mené à son terme.
Dans ce contexte, je comprends et j’approuve la mobilisation des collectivités locales européennes (164 régions se sont déclarées zones « GM-Free »), des associations, des ONG et des citoyens, qui a largement contribué à entamer la conviction pro-OGM des pouvoirs publics européens. Mais le combat est encore devant nous.
Malheureusement l’étiquetage obligatoire des produits végétaux instauré par l’Europe s’est contenté d’une limite à ceux contenant plus de 0,9 % d’O.G.M., or à ce niveau les disséminations sont pratiquement certaines. De plus cela ne prend pas en compte le fait que 40% des céréales produites dans le monde sont directement utilisées dans l’alimentation du bétail.
Je continuerai donc la bataille pour une agriculture respectueuse des paysans, de la préservation de la diversité écologique de notre planète, de l’agriculture des pays du sud ainsi que le libre choix des consommateurs, le respect de leur santé et leur juste information.


Partager cet article :