Hier soir nous nous sommes retrouvés au ministère de la crise du logement avec l’association Belinux et quelques curieux intéressés par les logiciels libres et le développement des mesures de surveillance d’Internet. Dans une ambiance conviviale, nous avons débuté la soirée par une intervention de Benoît Sibaud, le président d’APRIL.
Il nous a si bien raconté la triste expérience des machines à voter à Issy les Moulineaux ainsi que tous les biais et dangers que comporte cette « avancée technologique » que le débat, retransmis sur la radio du Ministère, a duré près d’une heure.
L’utilisation d’une machine qui ne parle pas entièrement le français, incapable de traduire tous les caractères de notre langue (des petits coeurs apparaissaient à la place des caractères accentués!!) et qui donne la possibilité pour un président de faire confirmer ou annuler un vote si un problème se pose, comporte un vrai danger pour la démocratie. Il a aussi cité plusieurs cas où le nombre d’émargements a été différents du nombre de votes exprimés. Annie Lahmer a apporté un témoignage convergent sur ce qui s’est passé au Perreux sur Marne. Mais grâce à sa vigilance et à celles d’autres personnes face aux dysfonctionnements, le maire de cette commune a décidé de suspendre l’utilisation de ces ordinateurs de vote pour les prochains scrutins.
Nous avons perfectionner notre système de vote durant plus d’un siècle de façon à ce que chaque citoyen puisse contrôler le déroulement du scrutin et surtout, un système où le secret du vote est garanti. L’isoloir et l’urne transparente sont les principaux symboles de ces objectifs de transparence et de crédibilité que notre démocratie doit revendiquer . Ces machines remettent en cause ces principes fondamentaux. Il a ensuite balayer les arguments des « pro machines » qui invoquent la modernité et le caractère écologique de ce système en expliquant que la ville a du envoyé à tous les électeurs, en plus des professions de foi, un guide d’utilisation de ces nouvelles machines. Le débat et les explications furent passionnantes. Par la suite, Benoit Sibaud a tenu un tchat en direct du Ministère sur les mêmes questions.
Nous avons alors réouvert le débat sur l’informatique et les libertés, animé, entre autres, par Benjamin Bayart, vice président des rencontres mondiales du logiciel libre et président de French Data Network.
Il était question de l’impact de la réglementation d’Internet et de la fonction de contrôle donnée aux fournisseurs d’accès. Pour Monsieur Bayart, cette législation peut aboutir à certaines dérives. Par exemple, l’excès sécuritaire peut être contre productif dans le cas où ceux qui se sentiraient menacés, se mettraient à diffuser massivement les moyens de la piraterie informatique.
Nous avons terminé ce débat sur l’idée qu’ Internet est un formidable outil de démocratie et de diffusion mais qu’il reste des problèmes à régler quant à son usage.
Mention spéciale à l’équipe de Belinux pour nous avoir permis d’organiser cette soirée.