Une petite musique circule en ce moment : si EELV n’a pas eu de député.e.s en 2017 ce serait la faute de la France Insoumise ! Ces affirmations, répétées en direction des militants histoire de les rendre sectaires vis à vis de la FI, ne résistent pas aux faits.
Selon Julien Sage webmaster EELV, Jean-Luc Mélenchon serait responsable d’avoir fait perdre des dizaines de députés à la gauche et aux écologistes en 2017 https://twitter.com/JuSage/status/1480559343259066369?s=20
Il faut d’abord préciser que les Verts puis EELV n’ont jamais réussi à faire élire des député.e.s sur leurs propres bases contrairement à la France Insoumise en 2017. A chaque fois celles et ceux qui ont été élu.e.s l’ont été grâce à un accord avec le PS. Comme les législatives sont l’élection qui détermine le financement des partis politiques, les accords ne sont en général que partiels.
En 2012 ce sont 60 circonscriptions qui ont été réservées à EELV dans le cadre d’un accord avec le PS avec l’espérance de 25 à 30 député.e.s en cas de victoire et 15 en cas de défaite. Cet accord exclusif ne concernait ni le PC ni le PG et donc EELV a présenté des candidat.e.s contre toutes et tous les député.e.s sortant.e.s du Front de Gauche. Il y a eu 17 élu.e.s EELV.
Le 20 avril 2017, après avoir refusé dans un premier temps, EELV, après le retrait de la candidature de Yannick Jadot au profit de Hamon, signe finalement un accord avec le PS portant sur 42 circonscriptions assurant à EELV de ne pas avoir de concurrents PS face à ses député.e.s sortant.e.s et s’engageant en échange à ne pas se présenter face au PS dans 53 circonscriptions.
Ainsi alors que s’achève le quinquennat dramatique de Hollande que ce soit en termes de questions sociales, démocratiques ou écologiques, et alors que le président sortant est obligé de renoncer à se représenter de peur de se prendre une raclée, EELV choisit de reconduire un accord législatif avec le PS.
Sur les 18 député.e.s du groupe (17 EELV +1 UDB) élu.e.s dans le cadre de l’accord PS-EELV de 2012 :
– 6 quittent le groupe EELV provoquant son éclatement en mai 2016. 4 passeront à En Marche et seront réélu.e.s : Paul Molac UDB, François De Rugy, Barbara Pompili, François-Michel Lambert. 2 autres siégeront au groupe PS et se présenteront avec son soutien avant d’être battus : Christophe Cavard et Véronique Massonneau
– 4 ne repartent pas : Denis Baupin rattrapé par les accusations d’agression sexuelle est contraint de ne pas se représenter, Nöel Mamère devient suppléant d’une candidate PS, Danielle Auroy et Michèle Bonneton arrêtent.
Il reste donc 8 sortant.e.s qui repartent avec l’étiquette ou le soutien EELV et le soutien du PS :
– Eric Alauzet, un militant historique des Verts qui à peine élu rejoint En Marche.
– Isabelle Attard passée à Nouvelle Donne et soutenue par toute la gauche dont la FI, arrive en 3ème position et ne peut donc se maintenir au second tour.
– Sergio Coronado élu des Français de l’étranger et soutenu par la FI perd au second tour
– 3 sont soit en 3ème soit en 4ème position, la FI venant après : Eva Sas dans la 91-7, Laurence Abeille dans la 94-6, Brigitte Allain dans la 24-2 et il est peu vraisemblable que l’électorat Insoumis en l’absence de candidature FI se serait reporté sur une candidature soutenue par le PS.
– 2 : Seuls Cécile Duflot dans la 75-06 et Jean-Louis Roumegas dans la 34-1 bien que soutenus par le PS se retrouvent derrière les candidat.e.s FI arrivé.e.s en deuxième position.
Rappelons aussi que nous avons accepté de soutenir, sans contrepartie, le candidat proposé par EELV à Mantes-la-Ville dans la 78-8. Malheureusement le refus du PC ainsi que du PS d’une candidature unitaire pour faire barrage au FN l’empêchera de passer au second tour.
Donc seuls 2 député.e.s EELV sortants auraient pu éventuellement être au second tour mais au vu des résultats JL Roumegas n’avait aucune chance d’être réélu. Ne reste que Cécile Duflot qui aurait peut-être été réélue. On est très loin des dizaines de députés. Précisons aussi qu’à aucun moment EELV n’a demandé à rencontrer la FI pour discuter d’un accord.
Donc pour EELV il est justifié de se présenter en 2012 contre tous les sortants et sortantes Front de Gauche mais en 2017 il est scandaleux que la France Insoumise présente une candidate dans une circonscription où la sortante EELV aurait pu hypothétiquement être réélue. Deux poids deux mesures ! Dans leur logique hégémonique, ils considèrent anormal de ne pas être soutenus sans contrepartie.
Si EELV a perdu ses député.e.s en 2017, c’est à cause de la participation au gouvernement Hollande et à leur image totalement dégradée par les transfuges vers Macron ou le PS. Ils n’ont pas compris que ce dernier était tellement déconsidéré que passer un accord avec les socialistes revenait à sombrer avec eux, le bloc PS/EELV/PRG aura perdu 75 % de ses électeurs par rapport à 2012. Ils sont les seuls responsables de leur déroute.
Pour 2022 EELV annonce déjà se présenter partout en France sans alliance conformément à leur motion adoptée à leur Conseil National et cela concerne aussi toutes les sortantes et sortants FI contre lesquels ils ont prévu de candidater.