PROJET DE FRANCHISES DE SOINS A LA CHARGE DU MALADE : UNE IDEE INJUSTE, INEFFICACE, ET DONC INACCEPTABLE !

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Pouvoir être bien soigné quels que soient ses revenus personnels ou sa situation sociale – cadre, employé, demandeur d’emploi- est le signe d’un pays moderne, civilisé et solidaire. Une consultation chez un médecin spécialiste, la réalisation d’une échographie ou d’un scanner ne doivent pas être différées parce que les fins de mois sont difficiles. La santé est un bien trop précieux pour être livré aux seules considérations financières. Pourtant l’égalité d’accès à la santé recule.
Sous les gouvernements UMP de 2002 à 2007, la couverture des frais de santé par l’Assurence maladie n’a cessé de diminuer, alors que les déficits se cumulaient. Aujourd’hui, Monsieur Fillon projette d’amplifier le démantèlement progressif, insidieux mais réel de la Sécurité sociale. Le dispositif de franchises de soins présenté par M. Fillon va dans ce sens là. Et c’est pourquoi je m’y oppose. Il se garde bien d’ailleurs de rappeler qu’il existe déjà plusieurs forfaits : forfait hospitalier journalier en cas d’hospitalisation, forfait 1 euro par acte, forfait sur les opérations chirurgicales.

Qu’est-ce que cette nouvelle franchise de soins que l’UMP nous promet pour l’automne? C’est l’obligation pour tous, par principe, de payer de sa poche une somme forfaitaire, non remboursée par la sécurité sociale et les mutuelles complémentaires, afin d’accéder à des consultations, des examens biologiques ou des traitements médicamenteux. Pour l’instant le projet est encore flou, l’UMP préfère cacher le détail de cette mesure, purement financière, qui revient à limiter l’accès aux soins des plus modestes.

Plus précisément, sur le fond, je considère que ce projet est scandaleux dans sa philosophie et douteux dans son efficacité.

Il frappera très durement les revenus modestes et moyens, et aura donc pour effet majeur d’encourager le renoncement aux soins médicaux de suivi.

Il alimentera l’engorgement des urgences, que nous connaissons si bien à Paris, à l’Hôtel Dieu ou à St Antoine, et qui déstabilise tellement l’hôpital public.

Il revient à faire peser sur les malades la plus grande partie des efforts financiers de redressement de l’assurance maladie. Or, dans une société développée dont la population vieillit, il faut admettre que les dépenses de santé vont croître. Le poids de ces dépenses doit être équitablement réparti.

Il conforte l’impression que la clé de toute réforme de l’assurance maladie est de « responsabiliser les assurés », c’est-à-dire de culpabiliser les patients (choisit-on d’être malade ? oublierait-on que ce sont les médecins qui prescrivent les soins qui leur paraissent nécessaires?).

Il laisse à penser que la fraude à la sécurité sociale est la cause d’une grande partie des maux, alors que cela est faux : en termes financiers cette fraude est marginale.

Il nous entraîne dans un système de financement de la sécurité sociale injuste, et dont on ne verra pas la fin. Le montant de ces franchises va varier chaque année en fonction du « trou » de l’assurance-maladie. En effet le principe de la franchise est inscrit dans la loi, mais le montant dépend de décrets permettant de modifier les montants à tout moment. Or, comme du fait du vieillissement de la population voire des avancées de la recherche médicale, les dépenses de santé augmentent, la franchise risque d’augmenter facilement elle aussi. Qu’importe pour l’UMP, initialement le forfait peut être d’un montant minime, l’important c’est d’en faire accepter le principe. C’est bien ce principe que je refuse.

Les soins les moins chers sont ceux dont on a pas besoin parce qu’on a bénéficié d’une bonne prévention, d’une bonne information, d’un environnement plus sain.

En savoir plus sur mes prises de position sur ce sujet pendant ces 5 ans :
[article santé| http://martinebillard.org/article.php3?id_article=272|fr]
[article santé|http://martinebillard.org/article.php3?id_article=271|fr]


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