»Tribune publiée dans l’Humanité »
__Dans la quasi totalité des médias, la pensée unique se déploie avec vigueur :__ puisqu’on vit plus vieux, il faudrait travailler plus longtemps. Cette affirmation péremptoire est tout simplement absurde. Elle consiste à séparer périodes d’activités rémunérées et reste de la vie comme si les retraités n’étaient pas d’un grand apport à la société du fait notamment de leur investissement dans nombre d’associations.
__Mesurons combien cette présence est précieuse à l’heure du recul de l’État sur tous les fronts.__ De plus, avant d’être retraités, c’est le travail de ces femmes et ces hommes qui ont enrichi notre pays. Nous sommes donc face un choix de société : quelle place réserve-t-on aux personnes de plus de 60 ans, sachant qu’à cet âge il reste en moyenne 10 ans à bénéficier d’une santé permettant de vivre sans handicap ? Si les plus de 60 ans ne sont pas une charge mais une ressource pour le pays, alors la question est celle de la répartition des richesses entre générations et au sein de la société.
__C’est l’emploi qui détermine les recettes des régimes de retraites.__ Selon le COR, 500 000 emplois ont été perdus en 2009. Cela pèse lourdement sur les comptes de la sécurité sociale et donc sur les régimes de retraite. Le nombre d’heures travaillées est donc le premier facteur de recettes à condition que soient supprimées les exonérations de cotisations sociales dont profitent aujourd’hui les entreprises malgré de nombreux rapports ayant démontré leur inefficacité.
__Pour garantir l’équilibre de l’ensemble des régimes de retraite, la solution n’est pas de faire travailler plus longtemps des salariés déjà épuisés.__ C’est au contraire d’offrir un emploi à tous les chômeurs dont les plus de 50 ans ainsi que l’accès au plein temps pour tous les salariés, surtout des femmes, victimes des temps partiels contraints, deux options qui n’ont pas été retenues par le COR.
Le retour à l’équilibre financier ne pose aucun problème si toutes les exonérations sont compensées et que l’État rembourse ses dettes. Il serait aussi juste qu’il prenne à sa charge les compensations entre régimes liées au déficit démographique de certains (agriculteurs principalement) et le financement du Fonds Solidarité Vieillesse. Si on ajoute la suppression des exonérations de cotisations de retraite, ce sont près de 30 milliards qui sont ainsi récupérés pour un déficit 2010 prévu autour de 10 milliards.
L’extension des cotisions sociales aux revenus actuellement non pris en compte comme l’épargne salariale, une très forte taxation des retraites chapeau et l’imposition de surcotisations pour les entreprises spécialistes des emplois précaires et des temps partiels imposés permettrait de dégager des ressources supplémentaires. L’arrêt du bradage de l’industrie et de certains services par les délocalisations, le soutien à une production socialement et environnementalement responsable et une reconversion écologique de l’économie privilégiant les circuits courts entre production et consommation permettraient un maintien et une création massive d’emploi. Le retour à un taux de chômage frictionnel de 3% est possible mais ce n’est pas l’option du capitalisme financier qui veut poursuivre la pression sur les salaires pour continuer à favoriser les profits des actionnaires qui ont pourtant explosé en vingt ans au détriment des revenus du travail.
__Au total rien ne justifie une nouvelle aggravation des conditions d’accès à la retraite. Au contraire, il est possible de garantir une retraite décente pour toutes et tous et le départ à 60 ans.__
[Tract PG retraites|http://www.lepartidegauche.fr/images/stories/tracts/tract-retraites-avril-2010.pdf|fr]