Halte à l’utilisation du passé à des fins politiciennes

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Nicolas Sarkozy, une nouvelle fois dans la surenchère, a proposé d’associer chaque élève de CM2 à un enfant victime des persécutions nazies.
”« A la seconde, mon sang s’est glacé. »” a indiqué __Simone Veil,__ présidente d’honneur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, qui était présente mercredi 13 février au dîner du CRIF. Elle juge que cette proposition est ””inimaginable, insoutenable, dramatique et surtout, injuste”. “On ne peut pas infliger ça à des petits de 10 ans, on ne peut pas demander à un enfant de s’identifier à un enfant mort, souligne-t-elle, cette mémoire est beaucoup trop lourde à porter.”” (interview dans l’Express).

Je me retrouve tout à fait dans cette réaction. Oui il faut transmettre le souvenir de ce qui s’est passé pour garder la mémoire de tous ceux qui sont morts exterminés dans les camps nazis après avoir été arrêtés par la police française de Vichy et déportés parce que juifs. Oui il faut faire comprendre que sans une vigilance constante contre l’antisémitisme et tous les racismes, le pire n’est hélas jamais impossible.
Mais en direction des enfants cela doit se faire de façon pédagogique, collective et non comme une responsabilité individuelle d’un enfant de 10 ans par rapport à une période qui lui est difficile à situer par rapport à lui-même.

Aussi faut-il beaucoup mieux continuer à renforcer les actions qui se mènent déjà. Par exemple dans la circonscription, le travail fait avec l’__Amejd__ du 2ème est tout a fait exemplaire : chaque 26 janvier, date anniversaire de la libération du camp d’Auchwitz, l’association et le maire du 2ème vont dans les écoles parler aux élèves, fleurissent les plaques commémoratives, font témoigner d’anciens enfants cachés ou déportés, font lire les noms des disparus. Le maire et moi-même en tant que députée prenons la parole, les enfants lisent des poèmes ou des textes qu’ils ont écrit et nous observons une minute de silence avant de nous séparer. C’est simple, sobre, émouvant et efficace. C’est un travail de mémoire qui fait appel à la raison, qui cherche à expliquer l’incompréhensible, l’inconcevable : la shoah. Je trouve cela beaucoup plus éducatif que cette idée sortie du chapeau qui consiste à faire porter à un enfant de 10 ans la mémoire d’un autre enfant mort.
Il en est de même pour la cérémonie du souvenir à l’école des Lavandières Saint Opportune dans le 4ème.

Des plaques ont été apposées dans beaucoup d’écoles de Paris et ont commencé à l’être dans un jardin par arrondissement pour rappeler le souvenir des enfants juifs déportés. Je ne sais pas si cela s’est fait ailleurs en France.

Ce type d’action me semble bien plus efficace que la dernière foucade du président de la République, qui risque comme celle à propos de Guy Moquet ne pas durer plus que le temps d’un discours.


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