En mai 1968 je suis âgée de 15 ans et demi et élève de première C (mathématiques) au lycée Marie-Curie à Sceaux. C’est un lycée de jeunes filles (2500 élèves en 1958), la majorité des lycées de l’époque n’étant pas mixte.
Le système éducatif est alors très différencié socialement.
Jusqu’en 1959, les cours complémentaires annexés aux écoles primaires permettent à quelques enfants des milieux populaires, notamment des jeunes filles, de dépasser l’enseignement primaire à une époque où seuls les enfants de la bourgeoisie, à l’exception de quelques boursiers, ont accès à l’enseignement secondaire. En 1959 l’examen d’entrée en 6ème est supprimé et la scolarité obligatoire passe de 14 ans à 16 ans.
Puis sont créés les CEG (collège d’enseignement général) où vont très majoritairement les élèves des classes populaires. Ils peuvent sortir avec le certificat d’études à 14 ans ou s’ils sont bons élèves aller jusqu’en 3ème où ils passent le brevet élémentaire. Ce brevet permet d’entrer dans la vie active notamment dans le secteur des services qui commence à se développer (banques, assurances). Passer du CEG au lycée est alors très difficile. En 1970, il y a encore 67% des enfants d’ouvriers qui arrêtent leurs études avant 15 ans.
Il y a 1 100 000 élèves dans le secondaire en 1950, 2 628 000 en 1960 et 4 654 000 en 1970.