Je suis intervenue en séance, ce mercredi 2 novembre, pour l’explication de vote sur le PLFSS (Budget de la Sécurité sociale) pour 2012, en première lecture à l’Assemblée : un budget insincère, à l’image des dix ans d’échecs pour la santé en démantelant notre système de Sécurité sociale, au passif des gouvernements UMP successifs depuis 2002. Bien sûr, les député-e-s du Front de Gauche ont voté contre, comme l’ensemble de le gauche. Même le Nouveau centre n’a pas voté le PLFSS 2012 (il s’est abstenu).
Alors que les gouvernements UMP ont empilé les déremboursements en tout genre (forfaits, franchises…), il refuse de stopper l’explosion des dépassements d’honoraires, ou de bloquer les prix des médicaments dictés par les laboratoires. Et face aux fermetures d’hôpitaux et de maternités publics, la politique libérale (T2A, convergence tarifaire public/privé..) cumules la chasse aux pauvres et la désertification médicale. Et avec ce PLFSS 2012 de nouveau coups bas sont en perspective : un nouveau prélèvement sur les mutuelles et un quatrième jour de carence pour toucher les indemnités journalières (arrêts-maladies). Encore une fois, les plus précaires sont les premiers touchés ! Vivement une autre politique !
Vous retrouverez mon intervention dans la vidéo ci-dessous.
Et voici le texte :
Vous nous demandez de voter un budget insincère basé sur une croissance
de 1,75 % alors qu’elle sera au mieux de 1 %. Il manque au moins 1
milliards d’euros en recettes.
S’il fallait résumer votre politique, ce sont dix ans d’échecs pour la
santé de la population et sans véritable résultat sur le plan financier.
Vous avez asséché les recettes de la sécurité sociale comme celles du
budget de l’État. Vous avez détricoté méthodiquement notre système de
santé alors qu’il est un des éléments forts de la cohésion du pays.
En 10 ans de gouvernements UMP :
-
Nous avons eu droit aux forfaits en tout genre sous prétexte
de responsabiliser les malades. Comme si on choisissait ses maladies.
Vous êtes devenus les rois des franchises, mais vous n’avez pas la
franchise de reconnaître le coût qu’elles représentent pour les malades.
Entre participations forfaitaires, franchises sur médicaments, sur
transports sanitaires, sur actes paramédicaux, déremboursement, etc.,
les sommes sont insupportables (plus de 100 euros par an) pour les
petits revenus. -
Vous refusez de stopper l’explosion des dépassements
d’honoraires, qui n’ont plus aucun tact et encore moins de mesure. - Les laboratoires continuent à pratiquer des prix de médicaments bien plus élevés que dans nombre de pays voisins
- La désertification médicale ne fait que s’amplifier, vos politiques d’ incitations ayant échoué
-
Alors que nombre de nos hôpitaux ne fonctionnent que grâce
aux médecins étrangers,vous venez de décider d’en renvoyer un grand
nombre. -
Cela facilitera, certes, les fermetures d’hôpitaux et de
maternités au profit des cliniques privées. Tant pis pour les personnes
âgées et toutes celles et ceux qui n’ont pas de véhicule pour se
déplacer. Vous cumulez absurdité sanitaire, économique, sociale et
environnementale.
Le profit, l’idéologie du tout libéral et de la chasse aux pauvres (salariés malades de leur travail et étrangers, synonymes pour vous de
fraudeurs encore dans ce PLFSS 2012) sont les seuls moteurs de votre
politique qui n’a plus de santé que le nom. Tout pour le secteur privé,
les assurances, les laboratoires ou les établissements de soin privé à
but lucratif.
Jusqu’à ce jour, notre système de santé a réussi à faire face grâce à la
qualité et à l’engagement de ses professionnels. Cependant, nombre de
nos concitoyens, selon la Cour des Comptes, renoncent aux soins : 11 % en
2009, 23 % en 2010 et 29 % en 2011, contre 36 % en Pologne.
La situation de l’hôpital public est plus préoccupante que jamais.
L’Ondam est irréaliste (2,8 % pour une évolution des besoins évaluée à
3,03 %), la T2A absurde et la poursuite de la convergence tarifaire avec
le secteur privé destructrice.
Vous savez pourtant pertinemment que les hôpitaux publics n’ont pas les
mêmes contraintes que les établissements privés à but lucratif. Ainsi,
l’hôpital public assure 90% des urgences.
Le désengagement de l’Assurance Maladie produit un transfert vers les
mutuelles. Or, 4 millions de nos concitoyens n’ont pas de complémentaire
: 3 % pour les ménages les plus aisés, sans doute par choix personnel,
mais et malgré les aides, 17 % des ménages les plus pauvres.
Cela ne vous arrête pas, puisque vous exigez un nouveau prélèvement sur les mutuelles de 1,7 milliards d’euros.
Après avoir proposé une baisse de 6 % du montant des indemnités
journalières, votre dernière idée est d’ajouter un 4e jour de carence.
Une nouvelle fois les plus précaires feront les frais de votre
politique. Il ne fait pas bon être en intérim ou en CDD dans la France
de l’UMP.
Vous persistez en vous attaquant à la branche famille avec le report de
janvier à avril de la revalorisation du montant des allocations.
C’est une toute autre politique qu’il faut mettre en œuvre. Il est
urgent de remettre à plat toutes les exonérations de cotisations
sociales et de faire le bilan de leur impact réel sur l’économie, sur le
financement de la sécurité sociale et la santé des habitants de notre
pays.
Il faut rompre avec la vision comptable et revoir l’orientation générale
de la politique de santé exclusivement focalisée sur les soins et pas
assez sur la prévention des maladies chroniques résultats de notre mode
de vie, des conditions de travail et de l’exposition aux produits
toxiques dans notre environnement.
Alors oui, nous le disons clairement, nous voulons reconstruire un
service public de santé fondé sur le droit à la santé pour tous, la
qualité et la proximité des soins. Cela suppose l’abrogation des
franchises, de la loi HPST et de la T2A. C’est à quoi s’engagent les
députés du Front de Gauche.
Aussi le députés communistes, républicains, citoyens et du Parti de
Gauche, ainsi que ceux d’Europe Écologie votent contre ce PLFSS 2012
qui, outre son insincérité, n’est que la poursuite du démantèlement de
notre système de santé.