La taxe carbone a fait son retour aujourd’hui au Conseil des ministres, après la censure constitutionnelle du 29 décembre dernier. La première version excluait 93% des émissions de CO2 d’origine industrielle et plus de la moitié des émissions totales.
En relevant que le dispositif était « contraire à l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique » et engendrait une inégalité face à l’impôt, le Conseil constitutionnel a de fait donné raison, a posteriori, aux interventions en séance de la députée Martine Billard qui avait demandé, amendements sur amendements, la suppression de toutes ces exonérations.
Les lobbies industriels de la sidérurgie, la cimenterie, les transports et l’électricité, rangés derrière la présidente du MEDEF Laurence Parisot, demandent un report de la taxe carbone à 2011 ou à défaut l’instauration d’une « compensation » pour les entreprises, sur le modèle du bonus/malus. Oubliant les pseudo-déclarations volontaristes de Sarkozy de Copenhague, le ministre Borloo promet une « concertation » pour diminuer leur contribution au strict minimum acceptable par le Conseil constitutionnel.
Il y a de l’indécence dans ces cris d’orfraie des lobbies industriels qui refusent de prendre leur part dans la lutte contre le changement climatique. Pendant ce temps, les ménages subissent de plein fouet la crise économique et l’explosion du nombre de chômeurs non indemnisés. Ils n’échapperont pas à la potion amère de la taxe carbone version d’origine et vont donc payer pour des dépenses contraintes (logements, transports) sans que la collectivité n’offre d’alternatives, à travers une planification écologique d’ensemble (isolation des bâtiments, urbanisme compact et dense, développement du ferroutage et des réseaux de transports publics).