Une étape se clot, une nouvelle s’ouvre

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Premier jour où j’arrive enfin à me poser réellement. Il me reste à rendre les clés de mon local de circonscription vendredi matin et une page de ma vie se tournera. N’étant plus députée, ce blog prend donc une autre dimension et de fait mettra dorénavant l’accent sur les réflexions politiques qui peuvent être les miennes ou des réactions à des situations concrètes.

A celles et ceux qui me demandent ce que je vais faire maintenant : je vais continuer à militer, j’ai d’ailleurs la coprésidence du PG à assumer jusqu’au prochain congrès, et je peux vous dire que cela m’occupe pas mal. Et puis je vais enfin pouvoir retrouver le chemin des expositions, voire du cinéma, pourquoi pas et m’occuper un peu de moi-même, mon dos a bien besoin de repos. Pour ce qui est du travail, je ne pense pas qu’à un an de la retraite et avec une telle étiquette politique collée au dos, j’ai quelque chance que ce soit de retrouver un emploi. L’Assemblée nationale va donc devoir vraisemblablement m’indemniser au chômage pendant un an.
J’aurais donc été députée des 4 premiers arrondissements de Paris de 2002 à 2012, dans une circonscription qui était à droite depuis son dernier découpage. Elue et réélue dans le cadre d’accords de répartition de circonscriptions entre les Verts et le PS, je savais en quittant les Verts en juillet 2009 que la probabilité que je sois réélue députée était plus que réduite, d’autant qu’à Paris plus qu’ailleurs les électeurs votent « étiquette politique ». Mais ce choix, je ne le regrette pas, il correspondait au bilan que je faisais de l’évolution des Verts. Je dois dire que j’ai assisté avec effarement au spectacle lamentable de la course aux maroquins ministériels de la part de la direction d’EELV. Et lorsque je vois, qu’en 15 jours, le gouvernement Ayrault s’est empressé de montrer le peu d’intérêt qu’il portait à l’écologie et plus encore la priorité donnée aux lobbies pétroliers alors que l’avenir de notre planète est en jeu, tout cela avec des ministres EELV du coup réduits à se taire, je me dis que, décidément j’ai vraiment fait le bon choix.

Ceci étant le bilan de cette séquence des élections présidentielles et législatives est paradoxal.

– Le PG a son premier parlementaire élu sous ses couleurs : Marc Dolez réélu dans le Nord alors qu’il avait été élu en 2007 en tant que député PS. Sa victoire n’avait donc rien de garanti.

– nous avons mené une splendide campagne présidentielle avec un score de 11% à un niveau qu’il y a bien longtemps qu’une force à gauche du PS n’avait pas atteint

– aux législatives, nous avons progressé en voix et pourcentage par rapport aux scores du PCF en 2007 et pourtant le Front de Gauche aura moins de députés.

Et ce, dans un contexte marqué par

– une contamination de la droite par l’extrême-droite marquant une tendance vers une homogénéisation idéologique,

– et une campagne du 2e tour du PS faite sur un seul mot d’ordre : donner une majorité à Hollande.

La situation du Front de Gauche a donc été extrêmement difficile. Malgré la dynamique de la campagne présidentielle qui a permis à l’immense majorité des députés sortants du FG de progresser, cela n’a pas suffit d’autant que le PS a souvent mis plus d’énergie à faire les chuter qu’à combattre le Front national, y compris à Hénin Beaumont, où le combat courageux de Jean-Luc Mélenchon avec les camarades du Front de Gauche du Pas de Calais a échoué de peu.

Un résultat qui apparaît donc fort injuste pour nombre de nos concitoyens qui ne comprennent pas comment à la sortie de ces élections législatives, le Front de Gauche va avoir moins de députés que EELV avec pourtant quasiment le double de voix (3,5% pour EELV dans les circonscriptions où ils y allaient sans l’aide du PS). La logique de la 5ème République atteint donc là son paroxysme et ce avec un nouveau record d’abstention concernant en particulier la jeunesse et les classes populaires. Deux partis, le PS et l’UMP, qui n’atteignent pas à eux deux 60% des suffrages, vont pourtant concentrer 90% de la représentation nationale.

Une nouvelle étape s’ouvre donc : la concentration de l’immense majorité des pouvoirs institutionnels (ne manquent que le Conseil Constitutionnel tenu par l’UMP et la majorité des 2/5 au parlement pour pouvoir modifier à sa guise la constitution), rend la social-démocratie seule responsable des politiques qui vont être menées.

La totalité des forces du Front de Gauche a décidé de ne pas participer au gouvernement. En effet si nous avons participé à la chute de N. Sarkozy et à la défaite de nombre de députés UMP en appelant à les battre, nous l’avons fait sur nos propres bases. Nous ne sommes pas d’accord avec les 60 propositions de F. Hollande. C’est donc pourquoi nous ne sommes ni dans la majorité présidentielle, ni dans la majorité parlementaire.

Pendant la campagne, le gouvernement s’est contenté d’annoncer des mesures ne provoquant pas de rejet dans l’électorat de gauche (hausse de la prime de rentrée scolaire, abandon de plusieurs mesures de droite dans l’éducation nationale…). Par contre, il s’est bien gardé de clarifier celles qui justement faisaient clivage entre le PS et le FG comme la hausse du SMIC, la retraite à 60 ans ou les politiques d’austérité imposées par la troïka européenne. Et le PS a eu beau avouer son lâche soulagement du fait que le droite grecque soit arrivée en tête en Grèce devant Syriza, la question européenne et les réponses à la crise sont maintenant au centre des débats. Notre refus des politiques austéritaires est donc plus que jamais d’actualité.

Et après les bonnes annonces (hausse de la prime de rentrée scolaire, nouvelle loi sur le harcèlement sexuel…), tout de suite les élections terminées et le gouvernement Ayrault II mis en place, les mauvaises nouvelles sont tombées : coup de pouce au SMIC limité à 5 centimes par heure ; poursuite de la réduction du nombre de fonctionnaires hors école, justice et police ; gel des dépenses publiques en valeur donc réduction en volume compte tenu de l’inflation ; baisse des subventions de l’état aux collectivités locales… Toutes politiques que la droite avait annoncées et que la gauche avait dénoncées. C’était avant que le PS soit au gouvernement.

Côté environnement, à la première pression des lobbies pétroliers, le gouvernement a cédé, désavouant au passage Nicole Bricq qui du coup n’aura fait qu’un bref passage au ministère de l’écologie. Et les forages pétroliers continueront au large de la Guyane, quels que soient les risques pour le milieu marin et l’absurdité de rechercher le pétrole jusqu’à la dernière goutte alors que le refus d’agir pour un changement du mode de développement nous rapproche chaque jour davantage du point de non retour avec un réchauffement climatique irrémédiable.

On a donc du travail sur la planche. Et pour cela, le Front de Gauche continue et tiendra même un jour et demi de réunion commune cet été à Grenoble ouvert à tous ses militants.

On lâche rien !

__Listes des député-es élu-es pour le Front de Gauche__

Marc Dolez 59 PG

Gaby Charroux 13 PCF

Nicolas Sansu 28 PCF

Alain Bocquet 59 PCF

Jean-Jacques Candelier 59 PCF

Patrice Carvalho 60 PCF

André Chassaigne 63 PCF

Marie-George Buffet 93 PCF

François Asensi 93 FASE

Jacqueline Fraysse 92 FASE


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