__Son discours flirtait déjà allègrement avec les thèmes du Front National lors de sa campagne du premier tour. Depuis dimanche, toutes les lignes ont été enfoncées, toutes les digues ont été abattues, toutes les barrières abaissées. Pour attirer à lui la plus grande part possible des 6,4 millions de voix qui se sont portées, le 22 avril, sur Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy est prêt à toutes les outrances, pas seulement sémantiques.__
De jour en jour, de discours en discours, il reprend méthodiquement les idées, les thèses, les « obsessions », comme l’a dit « Le Monde » dans son éditorial, du Front National. __Jamais un candidat de la droite dite « républicaine » n’avait franchi autant de pas idéologiques en direction de l’extrême droite, allant même jusqu’à juger le FN « compatible avec la République ».__ Comme si le fait qu’un parti soit autorisé à participer aux élections lui donnait un brevet en matière de respect des valeurs républicaines. Il ne faut jamais oublier qu’Adolf Hitler est devenu chancelier par la voie des urnes. Au cours de sa campagne, Nicolas Sarkozy avait déjà fait référence aux « racines chrétiennes de la France », plaidé le « dépassement des corps intermédiaires », fustigé « le petit monde politico-médiatique parisien » dont il est pourtant un des plus illustres représentants. Il s’est érigé en candidats des frontières, comme pour montrer sa ressemblance avec Marine Le Pen, la candidate de l’entre soi.
__Mais depuis dimanche, c’est un véritable déluge.__