Stat’ethniques la fausse bonne idée.

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Nul n’a besoin de statistiques ethniques pour savoir que la discrimination à l’embauche existe et selon une enquête du BIT, publiée le 13 Mars, elle est même extrêmement courante (près de quatre fois sur cinq l’employeur a décidé d’embaucher le candidat au nom et à l’apparence bien française).
Lorsque j’entends parler de statistique ethnique, je ne peux m’empêcher de penser à l’Afrique du Sud de l’apartheid avec son classement des individus selon le pourcentage de couleur de peau, ou cette tristement fameuse arborescence de définition des juifs de France du gouvernement de Vichy (présentée lors d’une exposition sur la déportation en mairie du 4ème) en fonction du nombre d’ascendants juifs.
« L’enfer est pavé de bonnes intentions », car une fois ces statistiques établies, certains proposeront évidemment de s’en servir pour autre chose que de pures études sociologiques.

* Non, on ne classe pas les gens en fonction de la couleur de leur peau. Dans quelle catégorie placer les métisses, les quarterons; comment résumer son identité à une seule origine. Il n’y a pas de race, ou alors une seule, la race humaine.

* La mise en place de ce genre de statistiques ne ferait que renforcer l’émiettement de la France avec l’identification de plus en plus forte et à un groupe d’appartenance fondé sur la culture, la religion ou une stigmatisation ressentie, plutôt qu’à un seul et même pays.

* La simplification nécessaire des sondages quantitatifs pour aboutir à des données, dites, représentatives, ne ferait que renforcer la stigmatisation que certaines catégories connaissent. Stigmatisation qui nourrit l’ignorance, qui pousse à l’amalgame et qui modèle un imaginaire bipolaire articulé autour de la séparation ethnico-religieuse souvent entre « nous » et « eux ».

Il faut arrêter de tergiverser. Les discriminations existent en France, le racisme aussi, clairement ou dans les non-dits. Lorsqu’il est question de « français d’origine immigrée », est-ce un hasard si l’imaginaire majoritaire pense à « non-blanc » ? Est-ce un hasard si lorsqu’il s’agit de se le représenté ce “genre de français”, il est question de français d’origine maghrébine, africaine, asiatique mais rarement, voire jamais, italienne, espagnole, hongroise … ?
Le temps n’est plus aux enquêtes statistiques, il est à la lutte concrète contre les discriminations.


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