Retraites : explication de vote

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Au terme d’un débat bridé par les règles imposées au Parlement par Sarkozy et interprétées de manière de plus en plus restrictive par un président de l’Assemblée aux ordres, il m’est revenu de présenter l’explication de vote du groupe de la Gauche démocrate et républicaine. Juste avant que je m’exprime, un député non inscrit (proche de Dominique de Villepin) a vainement tenté de prendre la parole : pas de place pour les expressions dissonantes, même dans la majorité, en régime UMP. Voici mon intervention. Vous pouvez également télécharger les résultats du vote solennel en cliquant [ici|/public/Texte/Retraite_Vote_solennel_15_09_10.pdf|fr].
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Monsieur le Président, dans cet hémicycle, il y a des groupes politiques, il y a aussi des députés non inscrits et au nom de notre groupe je proteste contre le traitement qui est fait à ces députés non inscrits qui sont tout aussi légitimes que les autres députés, qui sont aussi des élus du peuple.

Monsieur le Président, au nom du groupe GDR, des députés communistes, républicains, du Parti de Gauche, des Verts et des ultra marins, je proteste solennellement contre votre putsch de ce matin sur ordre de l’Élysée.
Le gouvernement est aux abois, empêtré dans le maquis des affaires et les règlements de compte internes à votre majorité. Vos tentatives de diversions en excitant les relents xénophobes sur le dos des populations roms, que vous désignez à la vindicte populaire, n’ont pas réussi. Des dizaines de milliers de manifestants vous l’ont dit le 4 septembre. Vous jetez la honte sur notre pays. Qui a dit le « présumé coupable », bafouant ainsi les valeurs de le république ? C’est Brice Hortefeux le ministre de l’intérieur.

Face à la montée du rejet de votre texte sur les retraites par les français, dont nous sommes tous des représentants dans cet hémicycle, y compris les députés non inscrits, il ne vous reste que l’autoritarisme et le manque de courage. Où est le Premier Ministre en ce moment, alors que nous allons voter cette contre réforme anti-sociale ?

Depuis le début, vous avez tout fait pour museler le débat :
* aucune négociation avec les syndicats mais un simulacre de discussion
* un examen en commission fin juillet pour empêcher le débat avec la nation
* une seule lecture, tellement vous êtes pressés d’imposer votre contre réforme et tellement vous avez peur de l’expression du peuple français.
* l’imposition, une fois de plus, du temps limité. Depuis ce matin, votre agence de com vous fait répéter en boucle que la démocratie moderne c’est de délibérer à la va vite. Alors si c’est ça votre modernité, nous vous la laissons !
* 62 heures de débat : moins de 7 minutes par député. C’est ce que vous appelez la démocratie. Alors oui chers collègues, la démocratie est en berne.

Votre gouvernement est un gouvernement de menteurs, du Président de la République à l’arrière-ban des ministres.
Mensonges !
* Mensonge sur vos comparaisons européennes
* Mensonge sur la démographie
* Mensonge à propos de la situation des femmes devant la retraite
* Mensonge sur les fonctionnaires
* Mensonge sur la pénibilité
* Mensonge sur la médecine du travail
* Mensonge sur l’efficacité financière de votre réforme

L’équité pour vous, cela s’applique toujours entre pauvres. Mais lorsqu’il s’agit de taxer les richesses, l’équité disparaît.

Ce mépris des élus du peuple, des syndicats et du peuple tout entier est insupportable.
Vous avez ajouté la régression démocratique à la régression sociale.

Les Français refusent votre loi :
* 57% sont contre le report de l’âge de la retraite à 62 ans,
* 65 % contre le passage à 67 ans pour toucher une retraite sans décote.
* Les deux tiers jugent vos concessions sur la pénibilité et les carrières longues insuffisantes.

A la dernière minute, des amendements scélérats ont été introduits, sans aucune négociation avec les syndicats, pour casser la médecine du travail. Une fois de plus, lorsque le Medef bloque tout accord, vous nous imposez sa loi.

De même, votre asservissement au marché et aux compagnies d’assurance vous conduit à imposer la retraite par capitalisation aux français qui la refusent. Votre objectif, malgré tous vos mensonges, est la casse de la retraite par répartition, solidaire et contributive.

Ce sont toujours les mêmes qui trinquent ! 80% de l’effort pour les salariés et le travail, 7% seulement pour les hauts revenus. Ce sont les femmes, les jeunes, les retraités les plus pauvres à qui vous demandez de se serrer la ceinture, pas à vos amis du Fouquets, du Bristol et du Premier Cercle.

Le 24 juin, près de 2 millions de travailleurs étaient dans la rue pour exprimer leur refus.

Pendant tout l’été la mobilisation a continué.

Les députés du Parti Communiste et du Parti de Gauche ont rencontré un accueil chaleureux lors de la signature de la pétition de soutien à leur proposition de loi pour la retraite à 60 ans. Cette pétition a rassemblé 120 000 signatures. Et nous avons ainsi montré qu’il y avait 3 projets.

Le 7 septembre, près de 3 millions de manifestants ont renouvelé leur opposition. 70% des français souhaitent la poursuite de ces mobilisations. Le 23 septembre, des mouvements de grève sont déjà annoncés dans plusieurs branches y compris dans le secteur privé. Nous serons à leur côté.

Et aujourd’hui, nous votons contre ce texte.

Et nous sommes très fiers, devant vous qui allez asséner ce sale coup au peuple français, d’avoir été à la rencontre des manifestants tout à l’heure Place de la Concorde pour leur dire que nous sommes avec eux pour défendre les vrais idées de progrès : la retraite à 60 ans à taux plein, sans allongement de durée de cotisation et sans décote. La retraite ce n’est pas une aumône. C’est un droit et c’est possible. Vous avez perdu cette bataille devant l’opinion publique. Les sénateurs vont reprendre le flambeau pour ce qui est du Parlement. Et vous serez obligés de reculer.


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