Qu’est-ce que ce serait si Raymond Barre était antisémite !

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Il m’est difficile de trouver les mots pour exprimer tout ce que ces propos, qui plus est avec leur froideur, ont d’abject. Raymond Barre nous dit qu’il n’est pas antisémite mais :
* en 1980, à propos de l’attentat de la rue des Rosiers, il introduit des différences entre juifs et non juifs, faisant ainsi entendre qu’on est juif ou français mais pas les deux : » »Cet attentat odieux a voulu frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue, il a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic » ».

* 27 ans plus tard, le 20 février sur France Culture, il s’obstine à vouloir expliquer ce qui soi-disant aurait été mal interprété :  » »Alors, ceux qui voulaient s’en prendre aux Juifs, ils auraient pu faire sauter la synagogue et les juifs. Mais pas du tout, ils font un attentat aveugle et y a 3 Français, non juifs, c’est une réalité, non juifs. Et cela ne veut pas dire que les Juifs, eux ne sont pas Français ». » » C’est quand même effrayant, cette obstination à faire la différence. Et c’est bien cela qui relève de l’antisémitisme.

* Lorsqu’on écoute dans la même interview son jugement sur Papon, on comprend mieux :  » »Quand on a des responsabilités essentielles dans un département, une région ou à plus forte raison dans le pays on ne démissionne pas. On démissionne lorsqu’il s’agit vraiment d’un intérêt national majeur… Ce n’était pas le cas car il fallait faire fonctionner la France ». ». Ca se passe de commentaire.  » »Il avait été préfet, notamment en Algérie. Très courageux. Il avait été préfet de police à Paris pendant 10 ans. D’ailleurs il a payé surtout à cause de Charonne. Le reste c’était un alibi. Moi je suis convaincu qu’il paye la remise en ordre qu’il fait, l’ordre qu’il maintient, au moment de Charonne. » ». (Charonne, 8 février 1962, 9 morts).

* Enfin à propos de Gollnisch, dirigeant du Front National : il a été un bon conseiller municipal à Lyon. Pour le reste,  » »je suis quelqu’un qui considère que les gens peuvent avoir leur opinion » » certes,  » »je blâmais les propos de M. Gollnisch, mais j’ai tellement entendu les propos de M. Gollnisch à Lyon que cela finissait par ne plus m’émouvoir ». »

Ainsi pour Raymond Barre du moment que l’ordre règne, peu importe les opinions, peu importe les propos, peu importe les victimes : pendant la guerre, les Juifs, puis les Algériens qui se battent pour l’indépendance de leur pays puis les Français qui protestent contre la guerre d’Algérie.

A lire Raymond Barre, on ne peut qu’être terrifié par tant de désinvolture, tant de mépris envers tous ceux qu’ils considèrent comme « indignes » de l’histoire de France. C’est cette banalisation du racisme et de l’antisémitisme quotidien qui fait justement froid dans le dos: « cela finissait par ne plus m’émouvoir ».


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