A écouter Mme Parisot, mon premier réflexe a été de me dire, mais 60 ou 61 ans ne change pas grand chose. L’important ce sont les trimestres (40 ans en 2008 , 41 ans en 2012) et de moins en moins de salariés auront le nombre de trimestres nécessaires à 60 ans pour avoir commencé à travailler assez tard. Je me suis donc interrogée sur les raisons de cette nouvelle proposition alors qu’il était plutôt question jusqu’ici d’allonger la durée de cotisations.
»Comprendre le système français actuel »
Le système est basé sur une double obligation : la possibilité de partir en retraite dès 60 ans mais à condition d’avoir la durée de cotisation nécessaire (40 ans soit 160 trimestres au 1er janvier 2008). Autrement la retraite obligatoire est à 65 ans. Il existe ensuite des possibilités de cumul retraite-emploi dans des conditions limitées. Entre 60 et 65 ans, vous pouvez continuer à travailler tant que vous n’avez pas le nombre de trimestres suffisant pour une retraite à taux plein, ou si vous souhaitez améliorer votre retraite en profitant du mécanisme de surcote introduit par la réforme Fillon de 2003.
»Pourquoi donc repousser la retraite possible à 61 ans ? »
Aujourd’hui la majorité des salariés sont déjà hors activité quand ils liquident leur retraite (invalidité, chômage, préretraite) et l’âge moyen d’ouverture des droits se situent à 61,3 ans donc au delà des 60 ans. La réforme de 2003 a ouvert le droit au départ des salariés ayant moins de 60 ans mais ayant atteint le nombre d’annuités nécessaires. Nombre de salariés se sont aperçus que s’ils attendaient pour prendre leur retraite il leur faudrait alors travailler beaucoup plus. Et c’est ainsi que pour un décret mal rédigé (faisant dépendre l’accès à ce nouveau droit de la date de liquidation de la retraite et non de l’âge) une réforme qui visait à permettre aux salariés les plus usés et ayant atteint le nombre de trimestres nécessaires de partir avant 60 ans s’est changé en sauve qui peut de peur de ne plus pouvoir ensuite profiter de cette possibilité ! Conséquence, les estimations du coût financier de ces départs « anticipés » se sont avérées totalement sous-estimées. Et cela explique la nouvelle proposition du Medef. En 2012 (année proposée pour l’entrée en vigueur de cette réforme) pour partir à 61 ans il faudra être né en 1951. Pour avoir les 41 ans nécessaires de cotisation à ce moment-là, il faudra avoir commencé à travailler en 1971, soit à 20 ans. Or la majorité des salariés commencent à travailler après 21 ans (seuls 30% des jeunes de moins de 29 ans sont salariés) et devront donc de toute façon travailler après 60 ans faute d’avoir le nombre nécessaire d’annuités de cotisations.
__Qui serait donc concerné par ce report de 60 à 61 ans ? ceux qui commencent déjà à travailler le plus tôt, c’est à dire en général ceux qui occupent les emplois les plus durs. Cette proposition est donc particulièrement injuste et aggraverait encore les inégalités entre salariés.__