“Ne dites pas biocarburants”

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Ces carburants n’ont rien de bio, bien au contraire, même s’ils sont issus de l’agriculture.

Ces carburants n’ont rien de bio, bien au contraire, même s’ils sont issus de l’agriculture.

Pourquoi cet engouement ?

Le pétrole. Deux raisons principales poussent à chercher des alternatives à cette ressource.
D’abord, répondre à la pénurie à venir. Nous avons consommé à peu près la moitié des réserves de pétrole et celles-ci nécessitent des millions d’années pour se reconstituer. La fin du pétrole est inévitable d’ici la fin du siècle et donc, plus les années vont passer, plus son prix va flamber.
Or le pétrole représente aujourd’hui 47% de l’énergie consommée en France, dont 33% pour le transport. Il faut se rappeler que le pétrole sert aussi dans la production de beaucoup de produits : plastique, engrais, détergents …
La seconde raison est le réchauffement climatique provoqué par l’émission de gaz à effets de serre. Les transports sont responsables de 39,3 % des émissions de gaz carbonique (chiffres 2002) en France.
Il devient donc urgent d’économiser le pétrole et de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre.

La production d’agrocarburants en France comment ça marche? :

Les huiles végétales pures. Extraites notamment du colza et utilisées en tant que telles comme carburants, elles ont un bon bilan énergétique total. Autorisées par l’Europe, la France fait tout pour freiner cette solution. Elle a en effet un inconvénient du côté des pouvoirs publics et des producteurs d’énergie : elle n’a pas besoin d’intermédiaires et n’est pas soumise à la TIPP (taxe sur le pétrole). Ces huiles ont été autorisées récemment uniquement dans le cadre d’une auto consommation par les producteurs de colza pour leur propre matériel agricole. Mais la justice continue à poursuivre les collectivités locales qui innovent en les utilisant pour leurs véhicules.
L’éthanol. Incorporé dans l’essence. En France il est principalement produit à partir de maïs, de blé ou de betterave. Solution particulièrement désastreuse, car on consomme plus d’énergie dans le processus de production qu’on en récupère à la sortie (le maïs a de plus besoin d’une grande quantité d’eau à une époque où l’on cherche à l’économiser et cela pose encore une fois la question des OGM). L’utilisation du blé répond aux mêmes inconvénients, même si il demande moins d’eau. Mais étant donné la pénurie de céréales sur la planète cette ressource ne paraît pas plus envisageable. Et de plus la réduction des émissions de gaz carbonique est minime.
Le biodisesel, obtenu par l’incorporation d’huile végétale de colza ou de tournesol au gazole après transformation chimique.

Alors, les agrocarburants, alternative crédible?

Beaucoup de facteurs sont à prendre en compte pour mesurer l’efficacité économique et environnementale de nouvelles sources d’énergie. Il faut comparer leur efficacité énergétique (l’énergie restituée à la sortie du processus de production doit être supérieure à celle utilisée pour produire) et leur impact en terme d’émissions de gaz à effet de serre. Il faut aussi analyser le bilan environnemental global et notamment l’utilisation de pesticides, engrais, OGM et le transport du lieu de production au lieu de consommation. Ainsi, importer de l’éthanol est particulièrement stupide du point de vue du bilan environnemental global. En exporter le serait tout autant puisque les solutions doivent aussi chercher à diminuer les besoins en déplacement, notamment des marchandises. Enfin, en terme financier, le coût de revient est totalement lié au prix du baril de pétrole puisque pour produire un litre d’éthanol, il faut 0,8 litre de pétrole. Financièrement, cela n’a que peu d’intérêts pour l’automobiliste parce la baisse éventuelle du prix au litre est compensée par l’augmentation des subventions financées par les impôts.

En terme d’émissions de gaz à effet de serre, la réduction de la vitesse sur autoroutes, la production de véhicules moins polluants auraient les mêmes effets.
En terme de choix agricoles, il faudrait l’équivalent d’une fois et demie des surfaces cultivables de la France pour atteindre les objectifs fixés. Alors manger ou rouler, il faut choisir ! Cela signifierait aussi un recours massif aux OGM, avec ses risques de dissémination, dans le cadre d’une agriculture intensive, avec des conséquences sur l’environnement incalculables. En outre, cela n’empêcherait pas le rejet dans l’atmosphère de polluants, ni l’émission de gaz à effets de serre, lors de la production intensive de ces carburants…

Le vrai drame dans les choix faits par le gouvernement, c’est qu’ils tendent plus à subventionner les lobbies céréaliers et betteraviers qu’à introduire des alternatives au tout pétrole et aux émissions de gaz à effet de serre.


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