L’épisode du droit à la liberté de conscience pour les maires inventé par François Hollande est une grande première dans l’histoire de la République. Ainsi des maires pourraient s’abstraire de l’application de la loi ! Imaginer ce que cela pourrait donner si on l’applique à d’autres actes de la vie civique. C’est effarant que le gardien des institutions selon notre constitution puisse faire une telle déclaration. Il serait peut-être temps que François Hollande comprenne qu’il n’est pas possible de satisfaire tout le monde : ses adversaires comme ses soutiens.
Et en plus cela ne rime à rien. Vous croyez que la droite rétrograde, celle qui était contre la contraception, contre l’avortement, contre le PACS et maintenant contre l’égalité devant le mariage, va arrêter ses manifestations pour autant ? Nous ne sommes pas dans une société de bisounours, les avancées progressistes ne se feront qu’au rapport de force. Heureusement qu’il y a les associations comme l’inter-LGBT et les partis politiques (PG, PCF, EELV, partie du PS …) pour avoir immédiatement réagi.
Finalement les seuls sujets sur lesquels ce gouvernement n’hésite pas c’est lorsqu’il s’agit de grand projets inutiles (Notre Dame des Landes ou la ligne Lyon-Turin). Mais après un mois d’affrontements à NDDL, il se rend compte qu’il est tombé sur une résistance qu’il n’avait pas prévu. Et les tentatives de divisions entre résidents et soutiens venus de l’extérieur et notamment les jeunes qui se sont installés sur la zone pour empêcher les expulsions, non seulement ne fonctionnent pas mais ont plutôt l’effet inverse de souder tout le monde contre cette obstination appuyée par des centaines de gendarmes mobiles et autres CRS qui seraient nettement plus utiles pour courir derrière les trafiquants de drogue qui se descendent allègrement à coup de kalachnikov et autres calibres et tuent au passage un ouvrier qui n’a eu que le tort de déjeuner dans le mauvais café au mauvais moment.
Et l’annonce d’un soi-disant dialogue a vite fait long feu : comme l’a affirmé dans la foulée Jean-Marc Ayrault, il ne s’agit pas de revenir sur la décision de construction de l’aéroport mais d'”exposer le projet et d’entendre toutes les parties prenantes”. La porte-parole du gouvernement limite le rôle de la commission à “exposer à toutes les parties prenantes la réalité des travaux réalisés, de leur impact sur la biodiversité”. Mais pas de remise en cause sur le fonds : “On en est aujourd’hui à l’étape de la mise en œuvre”. Quand aux demandes de retrait des forces de l’ordre, la réponse est sur le même ton “Chaque fois qu’il le faudra, (le gouvernement) fera intervenir les forces de police”. Fermez le ban !
En fait cette annonce n’a qu’un but : sauver la face à EELV qui est de plus en plus interpellée y compris par ses militants sur le sens de la poursuite de sa participation au gouvernement dans un tel contexte. Le communiqué de victoire a été immédiatement envoyé mais cela n’a aucun écho sur place où les opposants à l’aéroport continuent à juste titre d’exiger le retrait du projet. Les cocoricos de victoire sur l’utilité d’être au gouvernement risquent donc de s’étrangler assez vite dans la gorge d’EELV. Et la rage de ceux qui auront eu l’impression d’être pris pour des idiots risque elle de décupler. Que fera EELV ? sa direction et ses parlementaires vont-ils malgré tout continuer à appeler à manifester avec le risque que le PS les pousse hors du gouvernement ? Les semaines qui viennent nous dirons ce qu’il en est.
Mais le gouvernement avait aussi besoin de détendre les relations dans sa majorité sur ce dossier car il veut absolument faire passer en urgence à l’assemblée les 20 milliards de cadeaux aux entreprises et leurs contreparties payées par toutes et tous avec les hausses de TVA. Or là c’est dans les rangs du PS que cela râle. Il faut dire que Hollande député s’était vigoureusement élevé contre toute hausse de TVA. Plus, une des premières annonces, une fois élu président, avait été la suppression de la TVA sociale inventée par Sarkozy. Mais en refusant finalement de s’attaquer à la finance, il ne reste que les recettes habituelles de hausse de la TVA ou de la CSG.
Bilan la TVA c’est pour maintenant, la CSG ce sera pour le premier trimestre 2013.
Enfin le débat et vote sur la loi de finances n’est pas terminé. Compte tenu de son contenu, dans la droite ligne des politiques d’austérité affirmées par la ratification du TSCG, de la loi organique portant introduction de la règle d’or et les lois de programmation budgétaire maintenant la perspective de réduire le déficit à, 3% du PIB fin 2013 pour aboutir à l’équilibre en 2017, le PG s’est prononcé pour un vote contre ainsi que pour le budget de la sécurité sociale. Ce n’est pas un vote tactique par rapport au PS ou au gouvernement. C’est un vote de fonds, conforme aux analyses que nous faisons sur la situation fiscale, économique, sociale et écologique de notre pays. C’est un vote de convictions.
Le PS n’a pas de majorité à lui tout seul au sénat. Aussi, il fait constamment du chantage sur les sénatrices et sénateurs du Front de Gauche pour obtenir qu’ils s’alignent sur les desiderata du gouvernement. Il y a pourtant une façon simple pour lui d’avoir la majorité : qu’il écoute celles et ceux qui portent les 4 millions de voix qui se sont portés sur le bulletin Jean-Luc Mélenchon et modifient ses politiques en conséquence.
Mais si le gouvernement préfère continuer dans la lignée des politiques de restriction des dépenses publiques de la majorité des ministères, qu’il ne fasse pas l’étonné lorsque les parlementaires du Front de Gauche, cohérents avec les batailles menées jusqu’ici, refusent de voter aujourd’hui pour ce qu’ils ont combattu hier. Où sont passés les parlementaires socialistes qui hier rejetaient les franchises médicales, les forfaits etc … La politique est trop déconsidérée par les promesses non tenues. Pour le PG, nous considérons de notre devoir de continuer à défendre ce que nous avons porté pendant la campagne présidentielle car ce n’était pas qu’un décors d’élections qu’on range une fois les lumières éteintes.
Actuellement l’UMP se déchire à belles dents et alimente la rubrique “le ridicule ne tue pas en politique”. Ce serait donc le moment de ne pas céder et de faire une réelle politique de rupture au bénéfice de celles et ceux qui ont le moins.
Et ce serait aussi le moment de faire voter la loi pour l’amnistie des militants syndicalistes et associatifs condamnés par la justice sous Sarkozy pour avoir refuser de baisser la tête. Or la justice continue de s’acharner contre des syndicalistes.
Attention à ce que de plus en plus le bilan ne soit pas, le changement, on l’attend toujours. Les responsables en seront le gouvernement, pas celles et ceux qui veulent le changement. C’est bien pour cela que le PG continuera à donner clairement son appréciation sur les politiques menées, à proposer des mobilisations pour faire avancer les revendications dans tous les champs du politique et à soutenir toutes celles et ceux qui se battent, syndicalistes, militants de l’égalité des droits, militants solidaires avec les sans papiers, militants écologistes ….