Le discours de Christine Lagarde, ministre de l’économie, des finances et de l’emploi, pour présenter sa loi dans l’hémicycle a laissé plus d’un député et plus d’un journaliste fort surpris par le contenu.
Ci-dessous donc les “meilleurs moments” de ce discours qui marque indéniablement une vraie rupture par l’affirmation sans fard de l’appel à s’enrichir et de la responsabilité individuelle exclusive puisque chacun aurait les mêmes chances au départ.
Confiance, croissance, emploi, tels sont les trois principes qui guideront notre action, tels sont les trois principes qui permettront à notre pays de regagner le sens du travail.
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Cette loi est faite pour que le travail n’exclue personne, pour que le travail paye, pour que le travail ne laisse jamais un goût amer et l’impression d’avoir été fait en vain. Durant ces derniers mois, que nous ont dit les Français ? Qu’ils voulaient non pas des loisirs en plus, mais du travail […] non pas « du pain et des jeux », mais les fruits de leur labeur. Ils nous ont dit qu’ils en avaient assez de voir leurs efforts quotidiens méprisés par quelques « bobos » à la mode. […] La valeur travail, je veux vous indiquer à quel point elle me parait démocratique, républicaine, économique et sociale.
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__Reconsidérer le travail, c’est rompre en effet avec une tradition de mépris qui trouve sa source dans l’Ancien régime, quand les nobles avaient défense de s’adonner au commerce.__ La Révolution n’a pas mis fin à cette attitude. On la retrouve au XIXe siècle chez de nombreux auteurs : chacun pensera évidemment à Paul Lafargue et à son éloge de la paresse, ouvrage dans lequel il souhaitait que les Français travaillent trois heures par jour, et, pour le reste, passent leur vie à « fainéanter et bombancer ».
Le dernier avatar de ce Droit à la paresse, c’est, dans les années 90, le mythe post-industriel de la fin du travail : l’homme pourrait, illusion suprême, être définitivement remplacé par les machines et par les ordinateurs. Et la loi sur les 35 heures est l’ultime expression de cette tendance historique à considérer le travail comme une servitude. Comment ne pas voir quels préjugés aristocratiques recouvre une telle conception ?
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Oui, dans une démocratie, c’est __le travail__ qui doit être le fondement de toutes les réussites, de toutes les fortunes. Il __met l’ensemble des professions sur un pied d’égalité__ : __le grand patron comme le petit employé savent l’un et l’autre ce que c’est qu’une « grosse journée de boulot ».__
Le travail est une chose naturelle, essentielle à l’homme pour mener une vie équilibrée, indispensable à l’individu pour s’accomplir et développer au mieux ses potentialités. Ce n’est ni une aliénation ni un simple pis-aller uniquement destiné à subvenir aux nécessités du quotidien. Oui, en ce XXIe siècle bien entamé, l’idée du travail s’offre à nous de tous côtés : du côté des chômeurs qui en réclament, du côté des salariés qui veulent le voir mieux rémunéré, du côté des employeurs qui cherchent à le rendre plus compétitif.
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Entre l’égalité de tous sur la ligne de départ et les performances de chacun à l’arrivée, __le travail fait de l’individu le seul responsable de son propre parcours.__
Croire que l’on va résoudre le chômage par la réduction du travail c’est prendre, à mon avis, le problème à l’envers. […] Allons-nous encore longtemps, nous qui avons tant de forces, continuer à nous automutiler ?
J’entends dire parfois, à propos du travail et de la concurrence qu’il engendre : c’est la guerre de tous contre tous. Voilà un véritable contresens. Car à la guerre, le plus fort soumet le plus faible tandis que, __dans les rapports de travail, le plus fort communique de la force au plus faible.__
__Ce qui compte dans le travail, ce n’est pas le combat mais l’émulation, la possibilité offerte à chacun de se surpasser.__ Certains, bien sûr, réussissent mieux que d’autres mais, c’est là l’essentiel, personne n’y perd. Rien, mieux que le travail, ne tisse des liens entre les hommes, par-delà les hiérarchies sociales, par-delà les frontières. Et je prétends qu’une feuille de paie est le plus sûr garant de la paix, de la paix sociale comme de la paix entre les peuples.
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Cessons donc d’opposer les riches et les pauvres, comme si la société était irrémédiablement divisée en deux clans. Cette loi est destinée à tous ceux qui travaillent, quels que soient leurs revenus.
Que de détours pour dire finalement une chose toute simple : le travail paye. Mais c’est une vieille habitude nationale : __la France est un pays qui pense__. Il n’est guère d’idéologie dont nous n’ayons fait la théorie, et nous possédons probablement dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. __C’est pourquoi j’aimerais vous dire : assez pensé, assez tergiversé ; retroussons tout simplement nos manches !__
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Le travail recèle la possibilité d’un épanouissement personnel. Ainsi que le dit Confucius : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. »
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Il n’y a rien de honteux, pour quelqu’un qui travaille, à vouloir gagner davantage d’argent. Cessons d’être aussi pudiques sur notre intérêt personnel, qui, bien souvent, rejoint celui du groupe. La lutte des classes est bien sûr une idée essentielle mais, de mon point de vue, essentielle pour les manuels d’histoire. Il faudra certainement, un jour, en étudier les aspects positifs, mais elle n’est aujourd’hui d’aucune utilité pour comprendre notre société.
__Ce qui importe aujourd’hui, c’est de se battre pour s’imposer soi-même et non pas de lutter contre les autres.__ Demandez donc aux jeunes, y compris et surtout ceux des quartiers difficiles, ce qu’ils en pensent. Un riche, pour eux, ce n’est pas un rentier exploiteur, c’est bien souvent un entrepreneur qui a réussi. Pour eux l’argent n’est plus synonyme d’injustice, mais d’espoir. Nos jeunes n’ont pas forcément envie de renverser l’ordre des choses, mais de s’y insérer, voire de s’y imposer. […] Que la jeunesse de notre pays ait à ce point envie de crier victoire, c’est pour nous le plus bel encouragement à poursuivre notre tâche !
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[…] j’en viens au bouclier fiscal. […]__ Ceux parmi vous qui sont curieux peuvent se poster gare du Nord un vendredi soir, à l’arrivée de l’Eurostar ou du Thalys. Ils comprendront que tous ces banquiers français partis travailler à la City, tous ces exilés fiscaux réfugiés en Belgique n’ont qu’une envie : rentrer vivre en France.__ À tous ceux-là, ainsi qu’à tous nos compatriotes qui cherchent les clés des paradis fiscaux, nous ouvrons nos portes. Nous leur disons : la France n’est pas un paradis fiscal, mais ce n’est pas l’enfer non plus. Revenez, car nous avons besoin de vous, besoin que vous veniez dépenser en France les sommes que vous dépensez ailleurs.
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Si des fortunes se sont honnêtement constituées, il s’agit d’en faire profiter au mieux le reste du pays par le biais de l’incitation plutôt que de la contrainte, car c’est, à mon sens, le mode le plus civilisé de la redistribution.
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Il est naturel de vouloir transmettre à ses proches le fruit d’une vie de travail. La constitution d’un patrimoine représente en quelque sorte, j’ose le dire, le développement durable d’une famille. […] Entre époux ou partenaires liés par un PACS, les droits de succession sont tout simplement éliminés. […] Prenons l’exemple de deux personnes mariées sous le régime de la communauté légale, ayant deux enfants et étant propriétaires d’un seul bien commun, un immeuble estimé à 800 000 euros. Si l’une des deux décède, aucun membre de la famille ne paiera de droits de succession, alors qu’auparavant, ils auraient dû débourser au total 30 000 euros. Dans la même situation, mais avec un immeuble valant près du double, le conjoint sera toujours exonéré et les droits de succession pour les enfants seront réduits de 20 000 euros.
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Aujourd’hui plus que jamais, le travail est pour notre pays la clé de son devenir, dans le grand jeu de la mondialisation. Nos concurrents, qui se satisfaisaient de voir la France un peu endormie, en arrière de la main, s’effraient de la voir aujourd’hui se réveiller. Cette course de fond que j’ai annoncée tout à l’heure, nous allons la mener en tête. Travaillez plus, vous multiplierez l’emploi ; dépensez plus, vous participerez à la croissance ; gagnez plus, vous augmenterez le pouvoir d’achat !