Logement: construire mais construire utile !

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Nul ne peut nier la crise de l’immobilier provoquée en grande partie par le déficit de construction de la dernière décennie et les erreurs de prospective.
En effet, non seulement les conséquences de l’évolution des structures familiales, (nombre de célibataires, familles monoparentales, recomposées…) sur l’habitat, n’ont pas été anticipées mais les déplacements à l’échelle de l’Europe, voire à l’échelle internationale n’ont pas, non plus, été pris en compte.
Or, le marché immobilier n’est plus un marché franco-français. La moindre densité d’habitants au km2, la situation géographique de la France, les prix de l’immobilier inférieurs à la moyenne européenne, et disons-le, la douceur de vivre de notre pays ont convaincus de nombreux étrangers d’y installer, soit leur résidence principale (comme en Dordogne, Limousin …), soit un pied à terre.
Nous connaissons bien ce dernier phénomène dans le centre de Paris où nombre d’achats d’appartements sont le fait de français résidant à l’étranger ou d’étrangers souhaitant disposer d’un logement pour des séjours à Paris.

Tout cela a logiquement eu comme conséquence une flambée des prix de vente et, par ricochet, des prix des loyers. Nous sommes entrés dans une spirale de spéculation immobilière chassant non seulement les ménages à petits revenus, mais aussi bon nombre de ménages à ressources moyennes.

__Construire pour qui ?__

Il faut certes construire plus mais il faut aussi construire utile. Ainsi, si en 2000 67% de la construction se faisait sous conditions de ressources, en 2006 cela ne représentait plus que 41%. Au même moment, les logements intermédiaires représentaient 10% de la construction sociale, ils en représentent aujourd’hui plus du tiers.
La Fondation Abbé Pierre en conclut que les incitations fiscales créés par le gouvernement ces 5 dernières années, ont favorisé la constitution d’un patrimoine immobilier au détriment des besoins sociaux.
Tout le monde n’a pas les moyens de devenir propriétaire. Il faut maintenir un secteur locatif privé et public. Et compte tenu du prix des terrains, il ne faut surtout pas vendre les logements sociaux existants car les plus « vendables » sont ceux des centre-villes justement là où il n’y a plus de terrain disponible pour construire. Tout HLM ainsi vendu réduit donc non seulement le locatif social disponible mais aussi plus globalement le logement social à terme puisqu’il n’est pas possible ensuite d’en interdire la revente.

__Construire où ?__

Le réchauffement climatique et la baisse des réserves de pétrole nous obligent à prévoir une réduction des déplacements nécessaires. Il faut donc dès maintenant remettre en cause les politiques d’urbanisme qui ont comme conséquence l’étalement urbain ainsi que, concentrer les constructions dans les zones desservies par les transports et pourvues de commerces et de services publics. Il faut aussi protéger les zones agricoles nécessaires.

__Construire comment ?__

La lutte contre le réchauffement climatique et la diminution progressive des réserves de pétrole, imposent la nécessité de construire dans le respect des normes de haute performance énergétique en utilisant des énergies renouvelables pour l’électricité, l’eau chaude et le chauffage.
Un bâtiment a eu une durée de vie de 50 à 100 ans au moins. On ne peut donc pas remettre à plus tard. De plus, cela permet de réduire les factures des ménages et celle de la France si on arrive à diminuer les importations de pétrole. Et cela créé des emplois qui ne sont pas délocalisables. C’est donc tout gagnant !

En conclusion voici les principales mesures à mettre en oeuvre :
* construire en évitant l’étalement urbain, en exigeant l’application de normes de haute performance énergétique
* Faire respecter les 20% obligatoires de logements sociaux prévus par la loi SRU par la mise en place de sanctions plus lourdes
* application de la loi de réquisition (rappel : cela ne concerne pas les petits propriétaires mais les possédants d’immeubles entiers vides)
* gel des loyers pendant 5 ans (hausse en 2004 : 5,4% – en 2005 5,1% – 3,5% en 2006 – 3,23 % depuis le début 2007 !)


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