Les récents mouvements lycéens, en novembre-décembre, d’ailleurs largement ignorés par la presse, ont conduit suscité bien des interrogations : quel était le niveau d’information des lycéens ? Comment étaient décidées les actions ? Dans le centre de Paris, parents d’élèves, enseignants et élèves organisés dans les syndicats lycéens de Paris centre ont choisi de se réunir pour en débattre début janvier. L’une des questions qui a émergé était l’exercice effectif du droit de réunion des lycéens.
J’ai donc questionné le gouvernement à ce sujet jeudi matin. Voici le compte-rendu de séance officiel, avec question et réponse.
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__Exercice du droit de réunion dans les lycées__
__Mme la présidente.__ La parole est à Mme Martine Billard, pour exposer sa question, n° 898.
__Mme Martine Billard.__ Le droit de réunion des élèves des lycées est garanti et encadré par les articles L. 511-2 et R. 511-10 du code de l’éducation, complétés par l’article 3 du décret 85-924 relatif aux établissements publics locaux d’enseignement et par la circulaire 2000-106 relative au règlement intérieur des EPLE.
L’article R. 511-10 précise notamment que le droit de réunion, qui reste dans les collèges à l’initiative des seuls délégués des élèves pour l’exercice de leur fonction, est étendu aux associations déclarées et reconnues au sein de l’établissement et même à « un groupe d’élèves de l’établissement pour des réunions qui contribuent à l’information des élèves » lorsqu’il s’agit d’un lycée. L’exercice de ce droit contribue incontestablement à l’apprentissage concret de la démocratie. Qui plus est, il peut aider à apaiser les tensions par la diffusion d’informations recoupées, par le débat et par la possibilité de partager des décisions.
Ces derniers mois, des rumeurs relatives à la réforme des lycées ont conduit des élèves à décider des mobilisations dont la forme, notamment le blocage d’établissements, a suscité des controverses au sein de la communauté éducative. Les organisations lycéennes, les associations de parents d’élèves et les syndicats d’enseignants ont constaté que, dans certains lycées, des restrictions injustifiées avaient été apportées au droit de réunion des lycéens. Ainsi, l’impossibilité de tenir des assemblées générales n’a pas permis de prise de décision démocratique sur les modalités d’action. L’exercice plein et entier du droit de réunion des lycéens, de manière autonome, donc sans la présence de l’autorité administrative, relève de l’intérêt général.
Quelles mesures le ministre de l’éducation compte-t-il prendre pour garantir l’application des textes dans l’ensemble des lycées de notre pays ?
__Mme la présidente.__ La parole est à M. Pierre Lellouche, secrétaire d’État chargé des affaires européennes.
__M. Pierre Lellouche,__ »secrétaire d’État chargé des affaires européennes. » Madame la députée, je vous prie de bien vouloir excuser M. Luc Chatel qui, ainsi que je l’ai déjà indiqué, est en déplacement dans les départements d’outre-mer.
Vous attirez l’attention du Gouvernement sur l’exercice du droit de réunion des lycéens dans les établissements scolaires. Le code de l’éducation assure à ces derniers un certain nombre de libertés : la liberté d’adhérer à une association, la liberté de publier un journal ou la liberté d’organiser une réunion. La liberté de réunion peut s’exercer à l’initiative d’associations lycéennes, de délégués des élèves ou, tout simplement, d’un groupe d’élèves désireux d’échanger sur un sujet d’actualité ou d’intérêt général.
Comme toute liberté, l’organisation d’une réunion par des lycéens est soumise au respect d’un certain nombre de conditions précisées par le règlement intérieur de l’établissement : la réunion doit se tenir en dehors des heures de cours des participants ; la sécurité des personnes et des biens doit être assurée ; les actions de nature publicitaire ou commerciale sont prohibées.
Non seulement le Gouvernement est profondément attaché au respect de ces libertés, mais la réforme du lycée mise en œuvre par Luc Chatel vise précisément à favoriser une plus grande responsabilisation des lycéens, y compris au sein de leur établissement. Les délégués lycéens bénéficieront, dès la rentrée prochaine, d’une formation pour être mieux à même d’accomplir leur mission et disposeront d’un guide de l’élu. Les responsabilités prises au lycée et en dehors par les lycéens seront mieux valorisées et reconnues dans le livret de compétences.
Enfin, les textes relatifs aux différentes formes d’expression des lycéens – droit de publication, maison des lycéens – seront modernisés. Comme vous le voyez, madame la députée, le Gouvernement est attentif à accompagner les lycéens dans leur préparation aux responsabilités de l’âge adulte. À ce titre, il veille à ce que les lycéens puissent exercer leurs droits comme leurs devoirs au sein de leurs établissements.
__Mme la présidente.__ La parole est à Mme Martine Billard.
__Mme Martine Billard.__ Je vous remercie, monsieur le secrétaire d’État, pour cet engagement du Gouvernement de respecter les libertés des lycéens. Il n’est pas inutile de rappeler que lorsque ceux-ci tiennent une réunion dans les conditions prévues par la loi, ils ont le droit de le faire sans la présence de l’autorité administrative, comme cela a été le cas dans un certain nombre de lycées. Pour ce qui est de la difficulté pour définir les modalités d’action, il me paraît important de laisser les lycéens prendre les décisions, ce qui évite la montée des tensions.