Les Halles : quelles priorités ?

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Dans la presse, le débat sur le devenir des Halles se focalise sur le jardin et même plus spécifiquement sur le jardin d’aventures conçu par Claude Lalanne. Pourtant, le contenu du bâtiment à venir, la Canopée, est très inquiétant d’un point de vue écologiste, et il ne faudrait pas que la focalisation sur le jardin laisse la Canopée évoluer vers des choix que nous regretterions ensuite.
Le dessin de la Canopée avait fait l’unanimité. Quelques manques avaient été soulignés, notamment concernant les espaces alloués aux services publics. Avec l’avant-projet sommaire qui vient d’être présenté dans le cadre de la concertation, les volumes dédiés au Conservatoire de Paris centre ont été augmentés, ce qui est positif, mais au prix de l’augmentation de la densité, les commerces, très « bien servis » dès le départ, n’en faisant pas les frais : + 12 000 m2 ! Conséquence : le parti-pris retenu lors du travail de l’équipe SEURA-Mangin était d’un bâtiment de 9 m de haut ; celui du projet de « Canopée » de Berger et Anziutti montait à 11 m ; il culmine maintenant à 14,5 m. De grands cafés ouvrant sur le jardin sont prévus, les accès latéraux supprimés et les passants canalisés vers les commerces.

__Surdensification, multiplication des surfaces commerciales et conception tournée exclusivement vers les commerces, c’était précisément ce que les Verts de Paris centre souhaitaient éviter__ (voir [la position présentée à la presse le 7 juin 2004|http://martinebillard.org/article.php3?id_article=254|fr]). Est-il bien responsable de chercher à attirer encore plus de monde dans cette zone commerciale du centre de Paris alors que les transports la desservant sont déjà saturés, comme le RER A, par exemple ?

Et ce, d’autant que des éléments essentiels ne trouvent toujours pas place dans le bâtiment tel qu’il est pensé aujourd’hui :
* __un équipement qui intègre la dimension métropolitaine du lieu__ et donne une place digne de ce nom aux nombreux jeunes franciliens qui s’y retrouvent,
* __pour les quelques 3 200 salariés du site, un lieu géré par l’ensemble des syndicats,__ qui leur permette de faire valoir leurs droits,
* des accès aux transports en commun et des circulations qui permettent de __se déplacer sans passer systématiquement devant les commerces__…

Si rien n’est encore figé, __la mobilisation doit porter sur ces questions, qui relèvent du projet de société : il est temps de sortir du culte de la consommation !__ Cela suppose que la puissance publique prenne ses responsabilités, y compris en termes de financement des projets d’urbanisme, et ne se fasse pas prisonnière volontaire des intérêts privés qu’elle sollicite. Car dès lors que le financeur principal est le secteur privé, il décide des contenus, et ce ne peut être dans le sens de l’intérêt général.

Pour ce qui concerne le jardin, qui fait couler tant d’encre, l’enjeu est celui d’un nouvel espace vert plus vaste, plus végétalisé, plus accessible. Une interrogation subsiste sur le sort qui sera réservé à __la place René Cassin__. Ses usages sont unanimement appréciés. SEURA et David Mangin sauront-ils restituer correctement ses fonctionnalités et les intégrer à leur projet ? L’issue des discussions en cours avec la Ville est très attendue !

Autre enjeu : les maîtres-d’œuvre sauront-ils éviter que la partie du jardin jouxtant la Canopée se transforme en esplanade au service des commerces et des cafés ?

__Quant au jardin Lalanne__, il est indéniable que les normes de sécurité se sont durcies depuis sa création. Il serait dommage de ne pas pouvoir réfléchir à un nouveau jardin, au moins aussi bien, mais espérons-le mieux, pour les enfants du quartier. Le programme d’aménagement soumis au vote du Conseil de Paris de juillet, demain et après-demain, prend en compte les usages actuels et les éléments originaux du jardin Lalanne. En particulier, contrairement à ce qu’on peut lire ici ou là, la possibilité de retrouver des dénivelés dans cet espace est bien préservée. De même, la présence d’animateurs a été actée. Enfin, la volonté est exprimée d’obtenir une gestion beaucoup plus satisfaisante du jardin, d’un point de vue environnemental. Et sur ce point, le jardin actuel est quand même fortement marqué par les limites culturelles du début des années 80 ! L’enjeu est aussi d’avoir un nouveau jardin ouvert avant que l’ancien ne ferme avec les travaux. Ce dernier point, concernant le phasage, a fait l’objet d’engagements fermes de la Ville. Ils doivent être tenus. Aux associations de contrôler le respect de tous les engagements pris. En tous les cas, les Verts seront vigilants à ce sujet.

Car bien sûr, la vigilance reste de mise sur chacun de ces points et j’espère que des éléments précis, permettant d’apprécier le souci de garder et d’améliorer les fonctions de l’espace dédié aux enfants, seront communiqués. Ce sera l’un des éléments de __la réunion publique qui se tiendra le jeudi 10 juillet 2008, à 18h, au Pavillon de l’Arsenal__, 21 boulevard Morland (4e). Mais ce serait une erreur grave que de passer les autres questions sous silence.


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