Le scénario financier invraisemblable de sortie du nucléaire de l’Institut Montaigne

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Donc pour cet Institut libéral, fondé par Claude Bébéar, ancien dirigeant de la société d’assurance AXA et aujourd’hui soutien d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle, la sortie du nucléaire coûterait 217 milliards d’euros.

Que l’Institut Montaigne soit pro-nucléaire c’est son droit mais quand on veut disqualifier ses adversaires, on commence par avancer des chiffres crédibles.

Le problème avec le nucléaire est que son coût est systématiquement minoré. Ainsi l’EPR de Flamanville était estimé à 3,3 milliards d’euros. Six ans plus tard EDF annonce un coût de 10,5 milliards, soit 3 fois plus.

De manière générale, l’Institut Montaigne a pris les chiffres qui l’arrangeaient pour sa démonstration : sous-estimé pour les dépenses du nucléaire ou la fourchette haute au contraire dans d’autres cas.

Ainsi le rapport Mariton-Goua de l’Assemblée nationale a cherché à chiffrer le coût du démantèlement de Fessenheim. Bilan entre 650 millions et 5 milliards !! Vous lisez bien l’écart va bien de 1 à 7 ! Comme le but est de démontrer que fermer Fessenheim coûte trop cher et qu’il vaut mieux le maintenir en activité, dans ce cas le choix a été de prendre la fourchette haute soit les 5 milliards.

Mais pour l’opération de grand carénage, c’est à dire la prolongation de la vie des centrales au delà des 40 ans, le coût est estimé entre 55 milliards par EDF et 100 milliards par la Cour des Comptes. Évidemment dans ce cas pour justifier la thèse du scénario coûteux de sortie c’est le chiffre de 55 milliards qui a été retenu.

De même l’abandon de Cigéo, le centre d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, n’a pas été pris en compte. Il est pourtant estimé à 25 milliards par Ségolène Royal et 34,4 milliards par l’ANDRA. Pas plus que l’abandon des deux EPR d’Hinkley Point estimés à 21 milliards d’euros à la charge d’EDF. L’arrêt du nucléaire veut aussi dire arrêt de l’importation d’uranium soit entre 500 millions et 1 milliard par an au cours actuel de l’uranium sans compter les frais engagés pour assurer la sécurité de la mine d’Arlit au Niger déjà la cible d’une attaque djihadiste. L’abandon de ces projets engendrent donc autant de dépenses en moins.

De manière générale, toutes les centrales devront être démantelées à un moment ou à un autre car leur durée de vie n’est pas éternelle. Donc le coût existe de toute façon. Il était estimé à 22 milliards en 2012 par la Cour des Comptes. Ce chiffre a été revu à la hausse, à 75 milliards, par l’Assemblée nationale.

Par contre la prolongation des centrales entraîne des dépenses supplémentaires en mise aux normes et en maintenance ainsi qu’en déchets nucléaires radioactifs supplémentaires qu’il faudra stocker.

Enfin un argument invraisemblable est avancé pour justifier le maintien du nucléaire : en sortir provoquerait obligatoirement une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, l’exemple de l’Allemagne étant là pour le démontrer. Sauf que cela ne démontre rien du tout sinon que lorsqu’on laisse faire le sacro saint marché si cher à l’Institut Montaigne, le secteur privé cherche l’énergie la moins chère sans se préoccuper des conséquences pour la planète.

C’est bien pourquoi le programme de Jean-Luc Mélenchon propose un pôle public de l’énergie (EDF+Engie renationalisé) pour avoir la maîtrise de la transition énergétique. Cela passe en premier par la sobriété et l’efficacité énergétique puis par le développement des énergies renouvelables pour lesquelles la France est particulièrement en retard par rapport à l’Allemagne.

Aujourd’hui le coût de l’énergie solaire est de 62,50 euros du Mwh contre 80 pour l’éolien et 120 prévu pour l’énergie fournie par Flamanville. Bien loin du scénario catastrophe présenté par ce fameux Institut Montaigne qui visiblement n’a toujours rien compris à l’urgence de la transition énergétique.


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