Le nucléaire n’est ni bon marché, ni bon pour le climat. Quelques remarques après le débat télé.

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Le nucléaire c’est :

– 78 % de la production brute d’électricité en France (la production nette est inférieure compte tenu des pertes et de l’exportation)

– 17 % de la consommation d’énergie finale en France,

– 16 à 17 % de la production d’électricité dans le monde,

– 6 % de l’énergie primaire dans le monde,

– moins de 3 % de la consommation d’énergie finale de la planète.

L’EPR est un réacteur de 3ème génération (basé sur la fission comme les précédents) et non de 4ème génération (technique basée sur la fusion, mais bien loin d’être au point, qui consomme une énergie considérable et semblerait produire des quantités importantes de radioactivité à ses différents stades). L’erreur de Nicolas Sarkozy est d’autant plus surprenante que c’est lui qui a lancé le projet lorsqu’il était ministre de l’économie en 2005.
L’utilisation des chiffres est difficile car liée au choix de multiples conventions possibles (net/ brut, primaire / final, national ou solde des échanges inclus, etc.). A travers toute la variation possible des conventions on peut calculer un taux d’indépendance énergétique pour la France entre 53 %… et un malheureux 13 % ! Or c’est aussi parce que ces conventions sont mal établies et que les conseillers des gouvernants savent admirablement en jouer que s’entretient la confusion des dirigeants sur ces dossiers.

Cela en fait donc du nucléaire une énergie marginale alors que son risque est maximal en terme de conséquence d’un accident majeur (rappelons-nous Tchernobyl) ou d’utilisation militaire (tout pays possédant le nucléaire civil peut basculer vers le nucléaire militaire, c’est bien la peur que nous avons aujourd’hui avec l’Iran). Imaginez-vous ce que peut devenir le nucléaire aux mains de fanatiques.

De plus, les centrales nucléaires ont besoin d’énormément d’eau pour le refroidissement. Or une des conséquences du réchauffement climatique est la multiplication des périodes de canicule et la diminution des ressources en eau. Déjà, lors de la canicule de 2003, il a fallu asperger les centrales nucléaires françaises qui n’arrivaient plus à refroidir. La baisse des cours d’eau prévue pour les refroidir a fait courir des sueurs froides pour un certain nombre d’entre elles (centrale du Blayais sur la Gironde par exemple, coutumière d’accidents par ailleurs). Pourquoi s’obstiner dans une telle impasse qui coûte des milliards ?

De plus le nucléaire n’est ni bon marché, ni bon pour le climat.

Il ne protège pas la France de l’envolée du prix de l’énergie, car il ne concerne que la production d’électricité et de plus la France est totalement dépendante des importations d’uranium (dont seulement 0,7% du minerai est utilisable à la production d’énergie nucléaire) et des réserves mondiales estimées à 50 ans. De plus, la facture du démantèlement des installations et gestion des déchets représente plusieurs centaines de milliards d’euros.

Il produit du CO2 comme le démontre une nouvelle étude du 27 avril 2007, issue du Ministère de l’environnement allemand : « Les mines d’uranium produisent des quantités considérables de gaz à effet de serre qui dépassent largement celles nécessaires pour mettre en place des énergies renouvelables, éolienne, hydraulique ou biogaz. Mais même une chaudière à cogénération utilisant le gaz terrestre a un bilan CO2 qui soutient facilement la comparaison avec l’énergie nucléaire ».

Il en ressort que suivant l’origine de l’uranium, une centrale nucléaire allemande génère entre 31 et 61g de CO2 par KWh produit. En comparaison, les énergies renouvelables produisent des quantités moindres : seulement 23g/KWh pour l’éolien et 39 g/KWh pour l’énergie hydraulique. Seule l’électricité photovoltaïque dépasse l’électricité nucléaire avec 89g/KWh.

Le prétendu avantage de l’électricité nucléaire diminue encore si l’on tient compte aussi du fait qu’un ménage n’a pas besoin uniquement d’électricité mais aussi de chaleur et qu’il est beaucoup plus efficace d’utiliser la chaleur perdue lors de la production d’électricité, comme lors de la cogénération. En effet, lorsqu’on utilise de l’électricité nucléaire, on a parallèlement besoin d’une autre source de chaleur pour se chauffer, le plus souvent du fuel ou du gaz, ou bien des convecteurs et un chauffe-eau électrique (au très faible rendement). Une chaudière locale qui produit à la fois de la chaleur et de l’électricité émet moins de gaz à effet de serre (747g de CO2) que la combinaison électricité nucléaire et chauffage au fuel (772g de CO2), pour la production d’un KWh d’électricité et 2 KWh de chaleur. Le meilleur bilan pour le climat revient de loin à la cogénération à partir de biomasse (228g de CO2). Le ministre allemand conclue ainsi « Si l’on veut vraiment enrayer les changements climatiques, on n’a pas besoin d’électricité nucléaire supplémentaire mais de davantage de cogénération ».

L’étude montre aussi que si on compare les coûts de production de l’énergie, le nucléaire est plus coûteux que l’ensemble des énergies fossiles. Les coûts des énergies renouvelables se situent pour l’énergie éolienne juste au-dessus, bien que ne soient pas intégrés les « coûts externes » qui, dans le cas d’un accident atomique, pourraient prendre des proportions absolument incalculables.

« Lorsqu’on étudie, sans a priori idéologique, l’énergie atomique, il est clair que celle-ci n’est pas le moyen le moins coûteux de produire de l’électricité. Il est temps de tordre le cou au mythe de l’atome bon marché et ne produisant pas de CO2 » concluait le ministre de l’Environnement. « Même en ne tenant pas compte des risques potentiels énormes du nucléaire, l’énergie atomique ne se classe que moyennement sur le plan des émissions de CO2 et des coûts de production. L’énergie nucléaire n’est pas et ne sera pas une option pour pallier aux changements climatiques. Nous avons de bien meilleures possibilités à notre disposition pour produire de l’énergie : les énergies renouvelables et la cogénération ».


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