Le gouvernement de M.Fillon se propose de ramener le bouclier fiscal mis en place par le gouvernement de Villepin de 60% des revenus à 50%. Cette mesure est emblématique de la conception UMP de l’urgence sociale, puisqu’elle fait partie de ses priorités, alors qu’elle ne concerne qu’une infime partie de la population, la plus aisée.
Rappelons en effet que le bouclier fiscal actuel mis en place par l’ancien gouvernement concerne 0,3% des contribuables. Il aboutit à une réduction d’impôt de 650 € en moyenne pour les 77 000 contribuables modestes concernés et de 22 000 € en moyenne pour les 16 000 contribuables assujettis à l’ISF. Les 911 personnes les plus riches bénéficieront de 193 000 € de gain en moyenne. D’ailleurs, 70% des baisses d’impôt sur le revenu depuis 2002 ont profité aux 10% les plus riches
L’abaissement du bouclier fiscal à 50% conforterait cette logique inégalitaire. Cumulée à la possibilité de déduire de l’ISF (jusqu’à 50 000 euros/an) les investissements effectués dans les PME, cette mesure aboutirait à supprimer de fait l’ISF (qui ne concerne que 1% des contribuables), puisque seuls les patrimoines supérieurs à 6 millions d’euros resteraient imposable.
Dédiée aux 350 000 foyers qui disposent d’un patrimoine supérieur à 1,2 millions d’euros, la mesure coûterait en outre entre 2 et 3 milliards d’euros par an à l’État, sans efficacité économique. A titre d’exemple, un contribuable ayant des revenus du type de ceux de Johnny Halliday économisera 800 000 € avec le bouclier fiscal Breton, 1,5 M€ avec le bouclier fiscal Sarkozy. Et ce ne sera même pas suffisant pour le faire revenir, puisqu’un exil fiscal en Suisse lui offre un gain de 3,9 M€…
Au total, les propositions fiscales de l’UMP (droits de succession, bouclier fiscal, ISF…) ne concernent que les impôts des ménages les plus fortunés. L’UMP de Sarkozy-Fillon s’inspire bien en cela de ses modèles étrangers (Thatcher, Bush, Berlusconi).