L’Amicale des Foreurs a eu son dû !

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Toute la journée de mardi a été menée au rythme de l’opposition aux gaz et aux huiles de schiste. D’abord dans la matinée, je suis allée soutenir les collectifs « Non aux gaz de schiste » qui s’étaient rassemblés devant l’Assemblée Nationale, j’y reviendrai. Ils étaient très nombreux pour faire pression sur le gouvernement, la droite et les députés en général suite aux modifications apportées au texte de loi dont j’ai parlé dans ma note précédente.

Une longue bataille s’annonçait dans l’hémicycle – elle durera quasiment jusqu’à 4h du matin. Nous l’avions préparée longtemps en amont y compris en portant des amendements discutés avec les collectifs. J’avais peaufiné l’intervention avec mon équipe, étudié de près les amendements qui allaient venir à la discussion, préparé les contre argumentaires. Et c’est là que tout a commencé à se dégrader. Prise de vertiges à plusieurs reprises dans la journée, j’ai essayé de m’accrocher car cela me semblait trop incroyable de ne pouvoir aller me battre contre l’hypocrisie de la majorité et son retournement de veste. Contre l’avis du médecin, je suis quand même restée pour participer à la discussion générale dont voici la vidéo.

Mais j’ai ensuite dû quitter prématurément l’hémicycle de peur d’avoir un malaise, ce qui n’aurait rien apporté. Rien de plus enrageant ! Le corps qui vous lâche au moment où il ne faudrait pas. Je me demande toujours comment font certains pour tenir des rythmes encore supérieurs au mien. De quoi être jalouse ! En tous les cas, le chocolat noir n’est pas suffisant en cas d’épuisement.

Le midi, plusieurs centaines de personnes, venues de toute la France, s’étaient donc rassemblées devant l’Assemblée Nationale. Certains d’entre eux avaient affrété des bus et même voyagé toute la nuit pour être sur place. Ils n’étaient donc pas quelques dizaines comme les médias ont bien voulu les compter. Mais comment s’étonner des chiffres de la presse ? Les journalistes présents en nombre n’avaient qu’une idée en tête. Qu’est ce que Joly pense d’Hulot et Hulot de Joly ? José Bové était là en arbitre. Bref, un rassemblement qui a vite tourné à la campagne des primaires d’Europe Écologie. Dommage ! Beaucoup de membres des collectifs nous font part de leur écœurement. Partir à deux heures du matin pour voir ce spectacle et se faire piétiner par les journalistes, on comprend leur énervement !

Les camarades du PG étaient bien présents avec drapeaux et autocollants et beaucoup sont impliqués directement dans les différents collectifs locaux. Le message que nous portons commence à passer. C’est important car on ne peut pas se contenter de focaliser sur la technique de fracturation et la pollution. L’exploitation des gaz et des huiles de schiste est une fuite en avant face aux limites finies de la planète. Il faut à la fois faire faire un virage écologique à la société mais aussi redistribuer les richesses, j’y reviens dans mon intervention.

Heureusement, la présence de Danielle Mitterrand à ce rassemblement a été très remarquée et appréciée. La Fondation France Libertés a eu l’excellente idée de fabriquer des « feuilles d’eau » (les fameuses bouteilles des porteurs d’eau) à l’effigie du combat contre les gaz de schiste : « Bien commun, l’eau en danger. Gaz de Schiste non merci ».

L’Assemblée a donc adopté le texte aujourd’hui. La droite a voté quasiment d’un seul bloc en sa faveur. Il est pourtant clair que les industriels ont le champ libre pour démarrer les forages. Les rapports qui sont demandés feront certainement référence à une technique que l’on appellera autrement (stimulation de la roche, fracturation « à la française » ou fracturation propre…). Les recours devant les tribunaux administratifs prendront un temps infini qui permettra aux exploitants de continuer tranquillement leur exploration pour préparer le lancement de l’exploitation après les échéances électorales de 2012. Les intentions de la droite sont évidentes quand on sait qu’a été voté un amendement du député UMP Gatignol (très favorable à l’exploitation et fervent partisan du nucléaire par ailleurs) qui assouplit encore la loi si cela se fait dans le cadre de la recherche scientifique.

Mais la bataille n’est pas encore perdue car la mobilisation citoyenne est très forte.


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