L’élection européenne aura lieu dans toute l’Union européenne entre le 6 et le 9 juin 2024 avec des modes de scrutin variable selon les pays. Les travaux de l’actuel Parlement européen s’achèveront le 25 avril 2024 et la première séance plénière du nouveau Parlement aura lieu du 16 au 19 juillet.
En France, depuis 2019, il s’agit d’un scrutin sur liste unique alternant femmes et hommes pour élire cette fois-ci 81 députées et députés contre 79 sortants. Les frais de campagne sont remboursés à partir de 3 % mais pour obtenir des élu.e.s il est nécessaire d’atteindre les 5 % des suffrages exprimés. Donc à 4,9 % pas d’élu.e.s mais à 5 % autour de 5 élus en fonction des scores des autres listes.
Tous les citoyens de l’Union européenne résidant en France et qui font la démarche de s’inscrire sur les listes électorales à cette fin peuvent voter. La date limite d’inscription pour toutes les électrices et électeurs est fixé au 1er mai pour les inscriptions en ligne et au 3 mai en mairie.
– 6 au 17 mai : dépôt des listes
– 27 mai début de la campagne officielle impliquant des règles de répartition équitables du temps d’antenne dans les médias entre les différentes listes.
A gauche pour le moment, EELV, le PS et le PCF ont annoncé chacun leur liste refusant toute discussion pour une possible liste unitaire. Cela n’a rien de surprenant.
Le PCF avec Fabien Roussel est sur une ligne d’affirmation politique. Pourtant, il pourrait tirer la leçon de 2019 où leur liste n’avait obtenu que 2,49 % et donc aucun élu et pas de remboursement des frais de campagne alors que les médias ne tarissaient pas d’éloge pour la campagne de Ian Brossat. Le réveil fut sévère. La probabilité qu’ils reviennent sur cette décision est faible puisque malgré les sondages qui ne les avaient jamais donné au dessus de 3 %, ils n’ont à l’époque pas changé d’avis.
De même pour la présidentielle en 2022 si quelques sondages ont donné au début Fabien Roussel à 4 %, à partir d’avril tous oscillent entre 2 % et 3 % pour un score final de 2,28 % mais jamais il n’imaginera se retirer pour permettre l’accession au second tour de Jean-Luc Mélenchon candidat le mieux placé de toute la gauche.
Pour ce qui est de EELV, il est indéniable que pour les européennes, les sondages éloignés du scrutin les ont quasiment toujours sous-estimé. C’est historiquement le scrutin où ils obtiennent les meilleurs scores avec plus de 10 % à trois occasions : en 1989 en tant que Verts 10,59 % ; en 2009 16,28 % en tant que EELV avec notamment les candidatures de Daniel Cohn-Bendit, José Bové et Eva Joly ; en 2019 13,48 % en pleine époque des manifestations massives des jeunes pour le climat. Cette dernière date est d’ailleurs celle où les Verts obtiennent le meilleur score au niveau européen avec 9,32 %. Il est donc vraisemblable que la direction de EELV ne s’inquiète pas, convaincue qu’une fois de plus les sondages les sous-estiment.
C’est leurs scores aux européennes qui leur a régulièrement permis de négocier des alliances avec le PS pour les autres élections. Aujourd’hui l’ambition affirmée publiquement est de pouvoir négocier les élections suivantes sur la base des résultats de juin dont Marie Toussaint tête de liste est persuadée qu’ils porteront EELV en tête. Et ce alors qu’une liste de la NUPES avec une tête de liste écolo leur permettait de se positionner comme capable de rassembler et d’obtenir un bon score et espérons-le de passer devant le RN grâce à une dynamique de campagne qui aurait redonner de l’espoir à bien des électrices et électeurs. On a une montée de l’extrême-droite partout en Europe, une campagne qui risque de se focaliser sur des discours anti immigrés et anti écologie et tout le problème pour EELV est de faire le meilleur score seul pour ensuite obtenir plus d’élus aux élections suivantes ! C’est à pleurer ou à hurler c’est selon !
Côté PS, Olivier Faure, faute de majorité suffisante, est obligé, en échange de 3 socialistes de sa majorité en position éligible, de s’accommoder de Raphaël Glucksmann comme tête de liste. Ce dernier, dirigeant de Place Publique et choisi un peu par défaut en 2019, a décidé cette fois-ci de lancer sa campagne sans attendre l’investiture du PS. Fin décembre, France 24 le présente comme pouvant rassembler gauche réformiste et déçus du macronisme. Très présent dans les médias écrits et audiovisuels, il a reçu le soutien de José Bové ancien député européen Vert et de Daniel Cohn-Bendit et Jacques Attali en froid avec Macron qui n’a plus besoin d’eux. De plus les notables du Parti Socialiste anti NUPES appellent les uns après les autres à soutenir sa campagne trop heureux de l’aubaine qui leur est offerte de mettre leur premier secrétaire en difficulté. Avec la composition sarkozyste du nouveau gouvernement, la bourgeoisie libérale se cherche un nouveau héraut. Un espace se libère donc pour une candidature social-libérale qui pourra être boostée par des médias qui n’attendent que cela. De ce point de vue Raphaël Glucksmann est leur candidat idéal et sa mise en orbite rappelle celle de Cohn-Bendit en 2009.
Si les résultats des européennes le porte devant Marie Toussaint, on peut être sûrs que Olivier Faure n’en aura plus pour très longtemps comme premier secrétaire du PS. Toute la droite du PS ne rêve que de cela. Et la suite logique, qui commence déjà à en écouter certains, sera de construire une candidature au centre gauche pour la présidentielle de 2027.
L’élection européenne est peu représentative compte tenu de l’abstention élevée frappant surtout les classes populaires. Sur 9 élections depuis 1984, cinq ont vu une abstention supérieure à 50 % allant jusqu’à 59,4 % en 2009 et en 2019 avec 49,9% il s’en est fallu de très peu. A la présidentielle de 2022 l’abstention a atteint 26,31 % au premier tour soit 23,59 points de moins qu’aux européennes de 2019. Tirer des leçons sur le rapport de force au sein de la gauche à l’issue des élections du 9 juin peut donc être trompeur.
Mais si le scénario Glucksmann en tête se produisait, la responsabilité de EELV serait grande dans l’échec d’une alternative sociale et écologiste alors que la proposition d’une liste unitaire avec tête de liste écologiste permettait de construire une campagne d’espoir et de regroupement pour les syndicalistes, militants associatifs et sympathisants de gauche qui se désespèrent de voir l’extrême-droite et la droite macronienne progresser.
Faute d’une liste unitaire, il revient à la France Insoumise de mener la campagne européenne la plus ouverte possible, sur la base du programme auquel les jeunes de la NUPES étaient arrivés afin de maintenir cette lueur d’espoir indispensable dans ce moment politique si sinistre entre guerres, montée de l’extrême-droite et virage autoritaire et ultra-libéral de la bourgeoisie.
(Sondage du 15 janvier réalisé par Cluster 17)