Chili : premier bilan des élections

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Quatre élections avaient lieu le même jour :
présidentielle
législatives
sénatoriales : moitié du sénat
régionales : pour la première fois les conseillers régionaux sont élus et non plus nommés

Rappel : au Chili le mandat présidentiel est de 4 ans non renouvelable consécutivement. Bachelet, présidente de 2006 à 2010 n’avait donc pu se représenter et c’est la droite avec Pineira qi avait gagné l’élection fin 2009. Le mandat de Bachelet avait été marqué par la non remise en cause de la constitution de Pinochet ni même d’aucun aspect du modèle ultralibéral du Chili. Confrontée à un mouvement lycéen mobilisé pour la gratuité de l’enseignement, elle avait d’abord réprimé avant de faire semblant de répondre aux revendications pour finalement ne rien faire. Elle est aussi responsable de la mort de plusieurs militants Mapuche, peuple du sud du Chili contre lequel elle n’avait pas hésité à utiliser la loi antiterroriste de Pinochet. Tout ceci explique le refus des milieux militants et d’une partie de la jeunesse scolarisée de voter Bachelet au 1er tour voir au second tant la défiance est grande après les promesses non tenues à l’époque.
Pour reprendre le pouvoir à la droite, la Concertacion a donc choisi Michelle Bachelet comme candidate et élargi l’alliance au PC créant ainsi le regroupement électoral Nueva Mayoria .

L’objectif affirmé était d’obtenir l’élection de Bachelet au premier tour et non seulement la majorité dans les 2 chambres mais aussi celle nécessaire pour faire une réforme constitutionnelle.

Aucun de ces 2 objectifs est atteint. La victoire de Bachelet proclamée à l’avance par tous les médias internationaux est paradoxale et en réalité pas si imposante que cela.

Le nombre de votants n’a jamais été aussi faible alors que l’inscription sur les listes est devenue automatique. Le taux d’abstention est de 51% et dans certaines régions (nord du Chili) il atteint 62%
Michelle Bachelet avec 46,68% est loin de passer au 1er tour. Cela renforce la droite qui était plutôt en crise avec plusieurs candidats, outre la candidate officielle Evelyn Matthei 25%, dont l’un plutôt facho a obtenu un peu plus de 10%.
le score de la Nueva Mayoria est de 50,48% aux sénatoriales et de 47,72 aux législatives, soit un peu plus que le score présidentiel. Par rapport au sénat sortant, la droite perd seulement un sénateur. Par contre la Nueva Mayoria remporte 67 députés contre 49 à la droite. Les 67 se répartissent en 21 Démocratie Chrétienne, 15 PPD (sociaux démocrates) 15 PS, 6 PRSD, 6 PC (contre 3 précédemment), 4 indépendants Il y aussi 3 indépendants et un député du Parti Libéral, les 4 classés à gauche, hors Nueva Mayoria. Le premier parti est la UDI (droite pinochetiste), le second la Démocratie chrétienne. Au total la majorité est bien à gauche mais il manque 1 parlementaire pour pouvoir changer la constitution.

L’autre élément marquant de cette élection est l’entrée comme député de 4 dirigeants étudiants et d’un dirigeant social.
Ainsi 2 ex-dirigeantes étudiantes ont été élues par le PC, Camila Vallejo et Karol Cariola, dans le cadre de la Nueva Mayoria. Camila avec 43% a obtenu parmi les meilleurs scores et Karol 38%.
Deux autres ex dirigeants ont été élus  en indépendants : Giorgio Jackson (Revolucion democratica) élu en tant qu’indépendant mais sans candidat de Nueva Mayoria contre lui a obtenu 48% et Gabriel Boric, (Izquierda Autonoma) élu contre la droite et aussi contre la Nueva Mayoria ce qui au vu du système électoral chilien verrouillé pour empêcher toute élection de député en dehors des 2 blocs est un véritable exploit.
Dans le même temps la campagne « Marca el voto » qui a consisté à marquer AC (assemblée constituante) sur les bulletins de vote ( qui ne sont pas annulés dans ce cas au Chili si cela ne masque pas le vote émis) aurait atteint 8% de votes exprimés ou en tous les cas recensés car les partis qui le portaient n’avaient pas les forces suffisantes pour contrôler tous les bureaux de vote.

Cela démontre, paradoxalement avec l’abstention, l’aspiration au changement qui existe dans le pays et la défiance envers les hommes et femmes politiques en place. Cela ouvre des perspectives de recomposition politique d’une alternative à gauche qui devient urgente face à éparpillement actuel.

Résultats  des candidats faisant plus de 1% (2 font moins):
Michelle Bachelet (PS-PPD-Parti radical-PC …) 46,67
Evelyn Matthei (droite) 25,1
Marco Enriquez-Ominami 10,96
Franco Aldo Parisi (droite ultra) 10,13
Marcel Claude (Parti Humaniste + Izquierda Unida) 2,79
Alfredo Sfeir (Verts) 2,33
Roxana Miranda (extrême-gauche) 1,26


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