Dans la campagne présidentielle actuelle, on entend beaucoup de choses à propos de la valeur travail.
Je dois être un peu rétrograde parce que, lorsque j’entends cela dans la bouche de candidats qui n’ont jamais eu de difficultés pour trouver un emploi, je ne peux m’empêcher de penser qu’ils se moquent du monde et que la démagogie a encore de beaux jours devant elle.
Quand en plus j’écoute la proposition du candidat de l’UMP « travailler plus pour gagner plus », me vient une incroyable envie d’envoyer tous ceux qui tiennent ce type de discours travailler au SMIC dans certains boulots pour voir si leur réaction ce serait d’exiger plus de temps de travail ou un meilleur salaire.
Personnellement, j’ai le souvenir d’avoir travaillé 45 heures, dont le samedi matin, lorsque j’ai commencé à travailler, puis 42 heures et demi comme câbleuse à la SNECMA. J’étais jeune, je tenais le coup physiquement, mais je me souviendrais toujours de l’enthousiasme soulevé quand les syndicats ont lancé un mot d’ordre de grève d’une heure par semaine. Cela correspondait tellement à une aspiration profonde, notamment des femmes, qu’on a pratiqué cet auto réduction de notre temps de travail pendant des semaines, les syndicats n’arrivaient plus à stopper le mouvement.
Oui la réduction du temps de travail est une vraie avancée sociale. De plus, elle est créatrice de richesses car, sur le temps libéré, de nombreuses activités se sont développées : bénévolat associatif (que deviendrait nombre d’associations sans les retraités et les bénévoles ?), loisirs dont beaucoup sont créateurs d’emplois (bricolage, jardinage, activités culturelles).
Aujourd’hui la richesse globale de la France a-t-elle diminuée? Non au contraire elle a augmenté. Mais, entre les prix du logement qui explosent, les prix des transports qui augmentent d’année en année, et des salaires qui ne bougent pas, de nombreux salariés n’arrivent plus à boucler les fins de mois.
La seule réponse que nous propose Sarkozy, c’est de travailler plus. Comme si c’était le salarié qui décidait du nombre d’heures de travail à effectuer. Vous vous voyez aller voir votre chef et lui dire: « j’ai des fins de mois difficiles, je voudrais travailler 4 heures de plus par semaine ». C’est ne rien connaître au monde du travail, ou vraiment être dans l’hypocrisie la plus totale, pour inventer un conte pareil. Et si vous avez un contrat de travail avec un forfait jours (étendu par le gouvernement sortant à des salariés non cadres) vous faites comment ? et si vous avez un contrat de travail annualiser, avec le temps de travail comptabilisé sur l’année, ce qui ne permet pas la prise en compte hebdomadaires des dites “heures supplémentaires” (temps, au final, récupéré sur des semaines moins chargées?)
Les caissières de la grande distribution, les employées du commerce, les salariés du nettoyage, celles des services à domicile, toutes ces femmes avec des contrats à temps partiels imposé voudraient déjà tant travailler à temps plein (car 80% des temps partiels non choisis sont occupés par des femmes). Mais elles, elles n’y ont pas le droit, car les entreprises de ces secteurs qui pourtant pour la grande distribution par exemple font d’énormes bénéfices, ne veulent pas détourner ne serait-ce que des miettes pour que ces femmes puissent gagner correctement leur vie. Les rémunérations des actionnaires passent avant.
Ainsi ceux qui ont de petits salaires, qui sont au SMIC ne doivent plus espérer des augmentations de salaires mais doivent se résigner à revenir aux 40h, voire 48h, pour avoir de quoi survivre pendant que ceux qui ont des gros salaires pourront continuer à bénéficier des 35h ?
Elle est belle la société ainsi proposée. Et pendant ce temps Forgeard et bien d’autres continueront à partir avec des parachutes dorés même lorsqu’ils ont coulé leur entreprise et mis des salariés, sans parachute, au chômage.