Bilan Législatives 2017

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__La France Insoumise a abordé les élections législatives avec une conviction : l’idée d’une séquence commune avec la présidentielle__. En particulier, depuis l’inversion du calendrier par Lionel Jospin en 2002, les élections législatives sont une élection nationale. Elles doivent donc se concevoir dans la dynamique de l’élection présidentielle avec la même cohérence et non des programmes différenciés selon les circonscriptions. De même __une étiquette politique commune était indispensable__ et non des étiquettes dépendant d’arrangements locaux qui auraient fait perdre tout l’avantage de __pouvoir utiliser la dynamique de la présidentielle et le bon score obtenu__.

Dans ce cadre ainsi défini, il était cohérent de présenter des candidats partout. Toute personne acceptant de soutenir Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle et le programme l’Avenir en Commun pouvait déposer sa candidature pour se présenter sous l’étiquette FI, quelle que soit son appartenance politique (PG, PC, Ensemble, NGS, écolo) ou non appartenance à une force politique. La seule condition posée était la signature de la Charte [|https://lafranceinsoumise.fr/campagnes/campagne-legislatives-2017/charte-candidat-e-s/|fr] qui revenait à s’engager en terme d’éthique, de respect du programme en cas d’élection comme député.e et vis à vis des militants de la France Insoumise.

Une procédure commune a été appliquée pour désigner les candidat.es : les candidatures ont été proposées par les AG de circonscriptions, et un comité électoral national avait pour mission de veiller à obtenir une parité nationale et garantir la diversité des candidatures en terme d’âge, de profession, de répartition sur les territoires, d’engagement syndical et associatif.

Pendant la campagne présidentielle, la France Insoumise a été taxée de sectaire pour avoir refusé de retirer son candidat au profit de Benoît Hamon, candidat du PS. Le résultat sans appel, 6,35 % pour ce dernier contre 19,58 % pour Jean-Luc Mélenchon a démontré ce que nous affirmions et que certains ne voulaient pas écouter : l’immense majorité des électeurs ne voulaient plus entendre parler du PS après 5 ans de gouvernement Hollande et le fait d’être « frondeur » n’y changeait rien puisque ces derniers n’avaient pas rompu avec leur parti.

C’est donc ce constat qui nous a amené à refuser toutes les injonctions à sauver « la gauche » face aux candidats d’En Marche.

Dans une élection où quasiment tous les médias prenaient partie pour En Marche et insistaient sur la nécessité de donner une large majorité à E. Macron et où tout a été fait pour créer le bazar dans l’envoi du matériel électoral afin de décourager un peu plus les électeurs d’aller voter, nous avons fait le choix de la cohérence politique et c’est cela qui a été bien reçu par les électeurs.

Aussi à chaque interpellation sur la nécessité de l’unité avec le PCF, Ensemble, EELV, ou les frondeurs du PS, nous avons toujours répondu la même chose : oui dans le cadre FI, non dans un cadre de cartel occultant la campagne de Jean-Luc Mélenchon et se référant à un autre programme.

Notre refus d’accords de répartition des circonscriptions n’a donc rien à voir avec du sectarisme mais découle du bilan de 2012 et du désastre de la campagne législatives avec 82% de candidatures PCF sans campagne et logique nationale, de celui des élections suivantes, cantonales et régionales avec des alliances à géométrie variable aboutissant à une confusion totale et à la disparition du Front de Gauche et enfin de l’analyse du moment politique.__ L’étiquette PS faisait sombrer quelque candidat que ce soit, frondeur ou EELV sortant compris__.

Enfin les 7 millions d’électeurs qui avaient apporté leur voix à Jean-Luc Mélenchon et au programme l’Avenir en Commun n’étaient pas disposés à voter ensuite pour des candidats portant une autre étiquette que ce soit PCF, PS ou EELV et faisant campagne pour un autre programme.
__559 candidat.es présentés ou soutenus par la France Insoumise__

– __556 candidats présentés sous étiquette FI__

– __3 candidat.es soutenus__ en accord avec les groupes locaux FI : Marie-George Buffet 93-4, Sergio Coronado EELV dans la 2ème circonscription des Français de l’étranger ; Huguette Bello députée sortante La Réunion, 2

– __5 circonscriptions avec non présentation volontaire ou retrait__ : 76-6 Sébastien Jumel qui a apporté son soutien à la candidature de JLM depuis le début et 76-3 circonscription de Hubert Wulfranc maire de St Etienne du Rouvray, la 14-5 avec Isabelle Attard députée ex EELV sortante les 3 avec accord des groupes FI ; retrait dans la 18-1 pour Nicolas Sansu député sortant et dans la 13-13 pour Pierre Dharéville circonscriptions où les 2 députés PCF sortants avaient parrainé Jean-Luc Mélenchon,

– __6 circonscriptions où pas de candidats volontaires__ : Cantal 2 ; Loiret 4 ; Wallis et Futuna et St Barthélémy (candidature qui n’est pas allé au bout dans ce dernier cas), la deuxième de Martinique ; la deuxième de Nouvelle-Calédonie,

– __7 autres cas__ : 4 non présentation par manœuvre PCF : 71-2 où un candidat s’est fait investir par la FI mais a déposé PCF ; 94-7 la candidate a soit-disant déposé FI en nous montrant la photo du formulaire mais en a déposé un autre avec PCF ; 03-01 où le PCF a investi une AG FI pour faire voter le retrait du candidat FI ; 59-16 où les pressions répétées du PCF ont fait craquer la candidate FI ; La 10 des français de l’étranger où le candidat proposé par Ensemble et qui devait se déclarer FI s’est déclaré divers gauche ; la 92-9 où la candidate désignée par la FI n’a pas déposer sa candidature ; la 5ème de La Réunion où nous avons refusé de valider un changement de candidature.

(rappel : il y avait eu 547 candidats présentés par le Front de Gauche en 2012)

__Une rupture de négociations par le PCF__

Le supplément au journal l’Humanité du 11 janvier 2017 rendait ainsi compte de la réunion des secrétaires fédéraux : Vient parfois la question : oui mais, il y a « France insoumise », qui compliquerait les choses. Pierre Laurent rappelait qu’il n’a jamais été question d’accord pour les législatives avec France insoumise, et il n’y en aura pas. Ce qui est primordial aujourd’hui pour les communistes,c’est d’apparaître nationalement dans toutes les circonscriptions. Cette présence communiste « va être un des éléments de stabilité à gauche », alors que bien des repères risquent d’exploser dans les prochains mois. Il faut aller à la bataille dans un esprit constructif, en appelant à voter Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, et pour les candidats soutenus par les communistes aux législatives. [http://www.pcf.fr/sites/default/files/663_communistes.pdf|http://www.pcf.fr/sites/default/files/663_communistes.pdf |fr]

Malgré cela des rencontres ont eu lieu entre le PCF et une délégation de la France Insoumise (à partir de son Espace politique) avant le premier tour de la présidentielle. La direction du PCF expliqua qu’il fallait privilégier la nécessité de gagner des députés et que compte tenu de la longue histoire du PCF et la brève de la FI, les candidat s du PCF étaient les mieux placés pour cela.

[http://www.communcommune.com/2017/02/rencontre-pcf-france-insoumise-sur-les-legislatives-le-23-fevrier-2017-compte-rendu-par-les-membres-de-la-delegation-du-pcf.html|http://www.communcommune.com/2017/02/rencontre-pcf-france-insoumise-sur-les-legislatives-le-23-fevrier-2017-compte-rendu-par-les-membres-de-la-delegation-du-pcf.html|fr]

”« Concernant les 3 circonscriptions Compiègne Nord, Ivry et Montreuil, la délégation du PCF a été ferme, cela n’étant pas négociable. La circonscription de Patrice Carvalho étant menacée directement par le FN . Dans les deux circonscriptions citées ci-dessus, la capacité rassembleuse du PCF, avec un soutien citoyen, est incontestable Les candidats que nous présentions étant les mieux placés pour gagner. Nous leur avons demandé de nous faire la démonstration inverse, ce qu’ils n’ont pu faire. »”

Compte tenu de ce blocage, les discussions étaient reportées à après le premier tour de la présidentielle.

Le PCF a alors proposé une répartition des circonscriptions 50/50 entre la France Insoumise et le PCF, chacun avec son programme et sa campagne propre. Cela ne reflétait absolument pas le rapport de force, comme l’a alors fait remarquer Manuel Bompard et de plus cela revenait en Loire-Atlantique par exemple à faire campagne dans la moitié du département pour l’aéroport de Notre-Dame des Landes (position du PCF) et contre dans l’autre moitié.

Nous avons donc refusé cette proposition absurde et proposé un accord limité aux circonscriptions où le PCF avait des sortants ainsi que des circonscriptions où le PCF avait eu des députés dans la dernière décennie. Nous avons en effet toujours dit que notre objectif n’était surtout pas d’empêcher le PCF d’avoir ds députés. Dans un premier temps les discussions ont porté sur 56 circonscriptions, soit 23 pour le PCF et 23 pour la France Insoumise. Nous avons en effet exigé que pour toute circonscription où la France Insoumise ne présenterait pas de candidat ou retirerait celui qui était investi, le PCF en fasse autant dans une circonscription de valeur similaire en terme de victoire possible.

Les 56 ont fini par se réduire à 26, soit 13/13 à la demande du PCF. La dernière réunion de discussion s’est tenue le lundi 8 mai après-midi. Le PCF bloquait sur Montreuil et Grigny. Pierre Laurent indiquait alors que leur direction avait une réunion le lendemain matin et que nous nous pouvions nous revoir juste après. Le mardi on a attendu en vain la proposition de nouveau rendez-vous, et ce malgré nos relances. Un point presse de Pierre Laurent dans l’après-midi nous donnait la réponse avec l’annonce que les candidat.es PCF partaient en campagne.
Malgré nos relances pour savoir si c’était ou pas un point de non retour, nous n’avons eu aucune réponse. Nous avons donc pris acte de cette décision unilatérale du PCF et décidé de lancer la campagne de nos candidats dans les deux circonscriptions où nous ne l’avions quasiment pas fait jusque là c’est à dire à Ivry avec Mathilde Panot et à Aubervilliers avec Bastien Lachaud.

Du côté d__’Ensemble__, de nombreux militants ont rejoint la France Insoumise et ont été candidats. La direction d’Ensemble qui avait appelé à l’unité avec Hamon pendant toute la campagne présidentielle a demandé un accord national de répartition de candidatures avec la FI après les résultats du premier tour de la présidentielle tout en négociant parallèlement avec le PCF. Nous avons essayé de voir s’il y avait des circonscriptions où de nouveaux militants d’Ensemble pouvaient être candidats sous l’étiquette FI. Mais la France Insoumise avait investi des candidats partout qui avaient déjà commencé leur campagne. Le seul accord passé l’a été pour la 10ème circonscription des français de l’étranger, accord qui n’a pas été respecté puisque le candidat n’a pas déposé sa candidature sous l’étiquette FI. Au final, Ensemble aura eu 24 candidats titulaires sous l’étiquette FI dont 2 élues, 1 sous l’étiquette EELV et 7 sous l’étiquette PCF. Dans de nombreux départements des militants d’Ensemble auront fait campagne sous l’étiquette FI en tant que Ensemble Insoumis pendant que d’autres militants d’Ensemble faisaient alliance avec le PCF contre la FI avec leur logo sur le matériel PCF cautionnant ainsi une campagne particulièrement violente et malveillante contre nos candidats (ex Gard).

Outre des candidatures de plusieurs militant.e.s de __EELV__ décidées assez tôt, des candidats EELV ont rejoint la FI comme titulaire ou suppléant notamment dans les Yvelines, la Haute-Garonne etc. après le 1er tour de la présidentielle.

__Résultats__

__Un niveau record d’abstention__

Au 1er tour : 51,30% (22 654 164 suffrages exprimés) et au 2ème tour 57,36% (18 176 066 suffrages exprimés).

Elle a été deux fois plus importante chez les jeunes (64% chez les moins de 35 ans) que chez les plus âgés (35% chez les plus de 60 ans) et elle touche davantage les employés (61%) et les ouvriers (66%) que les cadres (45%).

Selon l’Ipsos, 53% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 57% de ceux de Marine Le Pen à l’élection présidentielle se sont abstenus aux élections législatives.

Les circonscriptions avec le taux d’abstention le plus fort au premier comme au second tour sont celles des Français de l’étranger entre 77% et 88% (le vote électronique y a été abandonné par crainte de piratage) et celles des Dom-Tom bien que dans ces dernières le second tour y ait vu une hausse de la participation contrairement au reste de la France .

En métropole c’est le 93, la Seine-Saint-Denis où le taux d’abstention est le plus élevé avec une moyenne départementale au premier tour à 66,77% suivi de la Moselle avec 57,47% ; le Val d’Oise avec 56,09% et la Seine-et-Marne avec 54,97%

16 circonscriptions ont un taux d’abstention supérieur à 60% au premier tour  dont 8 circonscriptions sur 12 du 93 : 67,03% dans la 93-2 ; 66,77% dans la 93-4 ; 64,97% dans la 93-11 ; 63,02% dans la 93,1% ; 62,34% dans la 93,10% ; 62,17% dans la 93-6% ; 61,77% dans la 93-5%.

Mais on trouve aussi 2 circonscriptions du 95 : la 95-8 avec 67,91% (record d’abstention en métropole ; circo de Puponi député PS sortant) et la 95-9 avec 61,67% ; 2 du Nord : la 59-8 avec 66,57 % et la 59-10 avec 61,26% ; plus la 54-3 avec 61,02% ; la 57-6 avec 62,53% ; la 69-14 avec 63,83% et la 13-7 avec 67,39% (deuxième taux d’abstention en métropole).

Plusieurs villes dépassent les 70 % d’abstention.

Au deuxième tour le taux d’abstention s’est envolé avec 6 points de plus qu’au premier tour à 57,36% et notamment dans les circonscriptions où il n’y avait plus vraiment d’enjeu quand il s’agissait de choisir entre des candidats qui sous une étiquette ou une autre n’affirmait pas d’opposition claire et résolue à Macron et son gouvernement. Ainsi 4 circonscriptions de métropole dépassent les 70% d’abstention la 13-7 (2eT LREM/FN) avec 72,36% ; la 93-2 avec 70,48% (Stéphane Peu/LREM); la 93-4 avec 70,38% (MG Buffet/LREM) et la 59-08 avec 70,09% (LRM/FN)

Il serait intéressant de faire une analyse très fine de l’abstention pour voir si selon les forces présentes au second tour il y a une différence d’évolution dans le taux d’abstention. A première vue ce n’est pas évident. Mais des remontées des bureaux de vote il apparaît clairement que dans les circonscriptions où des candidats FI étaient au second tour, des abstentionnistes du premier tour des quartiers populaires sont venus voter au second.

Au final les ¾ des députés élus le sont par moins de 25 % des électeurs.

__4 forces politiques au-dessus de 10 %__

Malgré la multiplicité des candidatures (7882 soit 13,6 candidats en moyenne avec un record à 27 dans la 9ème circonscription des FFE contre 6500 en 2012 et une moyenne de 13 avec un record à 21 à Paris), __les résultats sont une nouvelle fois concentrés sur peu de forces politiques__ : En marche (ou Modem), LR (ou UDI), FN, FI.

Nuances de Candidats Voix % Inscrits % Exprimés

Extrême gauche 175 214 0,37 0,77

PCF 615 487 1,29 2,72

La France insoumise 2 497 622 5,25 11,03

Parti socialiste 1 685 677 3,54 7,44

Parti radical de gauche 106 311 0,22 0,47

Divers gauche 362 281 0,76 1,6

Ecologiste * 973 527 2,05 4,3

Divers 500 309 1,05 2,21

Régionaliste 204 049 0,43 0,9

La République en marche 6 391 269 13,44 28,21

Modem 932 227 1,96 4,12

UDI 687 225 1,44 3,03

Les Républicains 3 573 427 7,51 15,77

Divers droite 625 345 1,31 2,76

Debout la France 265 420 0,56 1,17

Front National 2 990 454 6,29 13,2

Extrême droite 68 320 0,14 0,3

* inclue EELV, AEI, MEI, Parti animaliste …

__France Insoumise__

Avec ____11,03% des exprimés____ (11,49% pour nos 556 candidat.es) __la France Insoumise est la quatrième force politique__ du premier tour des législatives, nettement devant le PS (7,44%) avec 3,5 points de plus (811 945 voix de plus). Elle fait nettement mieux que le Front de Gauche en 2012 (4,12 points de plus : 6,91% en 2012 contre 11,03% en 2017 et 704 430 voix en plus avec 2 497 622 voix contre 1 793 192 voix)

Le total des voix FI+PCF correspondant au vote JL Mélenchon, (3 113 109 voix soit 13,75%) est supérieur aux voix FN 13,20%. Le report des voix JLM du premier tour de la présidentielle au premier tour des législatives est de 44,09% (similaire à celui de 2012 45%) pendant que le FN n’a su mobiliser que 39,09% de ses électeurs.

__Sur les 556 candidats, 535 dépassent les 5%__ (sur les 21 en dessous il y en a 8 en métropole dont 3 en Corse plus les 2 du 16è arrondissement de Paris, la 6ème des Hauts de Seine Neuilly, la deuxième de Mayenne, la 8ème du Haut-Rhin ) aucun n’a un score inférieur à 1%.

__364 candidats FI obtiennent plus de 10 % soit 65,46% des candidats__ dont 2 plus de 30% (Marseille 4 JLM et 93-11 Clémentine Autain), 8 entre 20 % et 30 %, 354 entre 10 et 20 % et 193 entre 0% et 10 %. (En 2012 seuls 88 candidats FG avaient obtenu plus de 10 % soit 16,08% des candidats)

– 171 entre 5 % et 10 %,

– 21 moins de 5%,

– aucun en dessous de 1% .

__65 départements sont au-dessus de 10%__ : Ariège 19,5% ; Seine-Saint-Denis 17,5% ; Alpes de Haute Provence 15,9% ; Haute-Garonne 15,7% ; Hérault 15,1% ; Somme 15% ; Lot 14,9% ; Hautes Pyrénées 14,7% ; Loire-Atlantique 14,3% ; Dordogne 13,9% ; Aude 13,8%. __Ces scores de la FI se situent dans des départements historiquement de gauche et où la FI a remplacé le PS voire le PCF __

Nous sommes devant le PS dans 225 circonscriptions et le PS n’est devant nous que dans 122 circonscriptions 

__Le PS avait 414 candidats__ dont certains sans candidats En Marche contre eux. (48 circonscriptions sans candidat.e En marche soit au profit du PS, du PRG ou de la droite). Malgré cela il n’obtient que 7,44% des voix contre 29,35% en 2012 soit quasiment 4 fois moins.

Dans les 389 circonscriptions où il affrontait un candidat.e EM ou Modem/EM il ne passe les 40% que dans 1 circonscription, les 30 % dans 1, il obtient entre 20 et 30% dans 15 circos ; entre 10 et 20 dans 148 et le PS est en dessous des 10% dans 224 circonscriptions soit plus de la moitié des circonscriptions où il se présentait (57,54%) !! (contre 34,54 % pour la FI)

__Le PCF avait 461 candidats__ sous son étiquette et soutenait 23 autres candidats dont plusieurs dans le cadre d’accords départementaux avec le PS : Jura, Somme, Marne, Yvelines, Eure 2 ou EELV dans les Pyrénées Atlantiques.

Ses candidats obtiennent 2,72% des suffrages, moins qu’en 2007 où il avait obtenu 4,3 %. Il ne dépasse les 20% que dans 10 circonscriptions mais obtient moins de 5% dans 374 circonscriptions et même moins de 1% dans 35 d’entre elles, bien plus qu’en 2007.

Il est au-dessus de 5% dans seulement 10 départements : 63 9,6% – 76 8,7% – 18 8,5% – 03 8,2% – 93 6,9% – 48 6,7% – 87 6,7% – 94 6,4 % – Oise 5,9% et Corrèze 5,5 % mais en dessous de 2% dans 40 départements.

Voir aussi les articles de Roger Martelli [http://www.regards.fr/qui-veut-la-peau-de-roger-martelli/article/pcf-et-france-insoumise-donnees-complementaires|http://www.regards.fr/qui-veut-la-peau-de-roger-martelli/article/pcf-et-france-insoumise-donnees-complementaires|fr]
Sur 434 circonscriptions où Fi et PCF avaient des candidats qui se faisaient face, le PCF ne devance la FI que dans 10 cas : la deux de Haute-Corse, la 7 d’Ile-et-Vilaine, celle de Nanterre dans le 92 celle de Lens dans le Pas-de-Calais, Allard dans la 2 de Haute-Vienne, celle de Jean-Paul Lecocq dans le 76 qui a été élu député, de Sébastien Roussel dans le Nord qui a aussi été élu ainsi que André Chassaigne dans le 63 et Elsa Faucillon dans le 92 (Gennevilliers) tandis que Patrice Carvalho dans l’Oise a été battu au second tour.

__Le FN avec 571 candidats__ et 13,20 % des suffrages contre 13,60 % en 2012 a perdu 538 209 voix par rapport à 2012 et conservé moins de 39% des voix du premier tour de la présidentielle (4 688 037 voix perdues sur les 7 678 491 voix de la présidentielle).

__EELV avec 459 candidats__ a obtenu 773 767 suffrages soit 3,41% des suffrages exprimés dont 49 sans candidat PS en face d’eux et 16 sans candidat PCF en échange de 52 soutiens au PS et 16 au PCF Accord départemental dans le 64 Olivier Dartigolles ayant une suppléante EELV (4,62 %).

__Le Parti Animaliste__ avait 147 candidats dont 86 ont passé les 1%.

Du côté des __candidatures citoyennes__, la preuve est faite une nouvelle fois qu’il ne suffit pas de se proclamer citoyens pour convaincre les électeurs dans une élection nationale et ce même dans un contexte de désaveu des forces politiques : « Ma voix » obtient 0,94% des voix dont 15 candidats qui ont passé les 1, « 577 pour la France » de Jean-Christophe Fromantin et la « France qui ose » de Rama Yade ont des scores anecdotiques. Charlotte Marchandise, qui se voulait candidate citoyenne à la présidentielle, obtient 2,22 % des voix, Ben Lefetey, opposant au barrage de Sivens obtient 1,37% des voix.

__Isabelle Attard__, qui se présentait comme une candidature citoyenne mais n’avait aucun candidat EELV, FI, PC et PS en face et plutôt le soutien de l’ensemble de ces forces localement est éliminée dès le premier tour avec 18,20 % contre 21,47% en 2012 comme candidate EELV-PS et alors qu’une candidature FG avait obtenu 3,80%. Pour toutes celles et ceux qui nous sommaient de faire l’unité à gauche, la preuve est donnée que le problème n’était pas l’unité d’appareils politiques puisque Isabelle Attard seule candidate et qui pouvait être fière de son bilan de députée sortante perd 7 point entre 2012 et 2017 par rapport à la somme des scores “de gauche” de 2012.

Les listes PEJ expression de l’AKP turque en France ne réalise entre 1 % et 2% que dans 7 circonscriptions sur 52 candidatures.

Enfin, le score de En marche, 28,1%, est un des scores les plus faibles obtenus au premier tour des législatives par le parti du président élu.

__SECOND TOUR__

La forte abstention du premier tour ne permet qu’une seule triangulaire contre 48 possibles en 2012 (même si 34 au final suite à des retraits) dans la 1ère circonscription de l’Aube entre En Marche, LR et FN (29,86 -25,69 – 24,89)__ A noter qu’aucun media n’a fait un scandale parce que le candidat LR, arrivé second, s’est maintenu au risque de faire gagner le FN__.

Le nombre de blancs et nuls atteint 9,87% des votants soit 4 fois plus qu’au premier tour mais moins qu’au second tour de la présidentielle avec 11,52% des votants).

__Le PS n’a eu que 47 candidats au second tour__ qui avaient affronté un candidat En Marche ou soutenu par En Marche (16 PS n’avaient pas de candidat.es LREM contre eux). Au final 29 députés PS ont été élus dont 8 grâce à la bienveillance de EM comme Stéphane Le Foll. Avec 3 députés PRG eux aussi réélus de manière autonome, le groupe qui a pris le nom de « Nouvelle Gauche », histoire de déconsidérer définitivement le concept de gauche, ne compte plus que 32 députés, du jamais vu sous la 5 ème République où même lors de l’échec de 1993 le PS avait sauvé 53 députés.

A signaler qu’un seul député « frondeur » sur 4 présents au second tour a été réélu, Régis Juanico dans la Loire. Nous avons pris la décision d’appeler à voter pour les 4 députés frondeurs (Barbara Romagnan, Christian Paul et Yann Galut) face aux candidats En Marche, mais sans mettre notre logo sur leur matériel, pour des raisons de bataille politique et sur la base de 4 exigences : voter contre la confiance au gouvernement, contre les ordonnances travail, contre la transposition des dispositions de l’état d’urgence dans le droit commun, contre la ratification du CETA. En refusant d’appeler à voter pour d’autres candidats PS comme de nouveau on nous l’intimait, il s’agissait là encore de faire preuve de clarté et de cohérence car la suite a montré que la France Insoumise était bien la seule force en mesure de fédérer l’opposition à la politique du gouvernement Macron.

Ainsi seuls 5 députés PS (dont Régis Juanico) sur 32 ont voté contre la confiance à un gouvernement dont ceux qui tiennent les manettes principales en terme économique et social viennent de la droite. Il s’est donc trouvé des députés PS pour voter pour ou s’abstenir pour Edouard Philippe, Bruno Lemaire, Gérard Darmanin, Jean-Baptiste Lemoyne etc … hier encore militants actifs de droite et même pour certains militants contre le mariage pour tous et fervents défenseurs du toujours plus de libéralisme ! Visiblement un gouffre s’est creusé entre les sympathisants PS qui à 60% souhaitaient un vote contre. [|http://www.lefigaro.fr/politique/2017/07/07/01002-20170707ARTFIG00001-sondageles-francais-en-desaccord-avec-l-executif.php|fr]

__Le FN a eu 122 candidat.es au second tour__ soit le double par rapport à 2012 mais seulement 20 en tête et souvent avec peu d’avance. 93 ont affronté En marche, 10 le Modem, 4 l’UDI, 1 FI, 1 le PRG, 1 le PS, 1 un divers gauche, 2 le PCF, 7 LR et 1 un divers droite. Au final il obtient 8 élus, tous contre des candidats En Marche qui n’est donc pas une force capable de faire systématiquement barrage au FN, et se trouve dans l’impossibilité de constituer un groupe.

__EELV a eu 2 candidats au second tour__ mais Eric Alauzet, député sortant EELV, était soutenu par En Marche et une fois élu a rejoint leur groupe. Sergio Coronado soutenu par la France Insoumise a malheureusement été emporté au second tour par la vague Macron comme quasiment tous les députés des français de l’étranger. Tous les autres députés sortants, y compris Cécile Duflot (14,69% 4 points derrière Danielle Simonnet) ont été éliminés dès le premier tour.

__Le PCF a eu 12 candidats au second tour__ dont seulement 4 avaient un candidat FI face à eux au premier tour : André Chassaigne dans le 63 ; Jean-Paul Lecocq dans le 76, Sébastien Roussel et Alain Bruneel dans le 59. Il obtient 10 députés. A noter que si au niveau national il y a bien eu un appel à voter pour les candidats de la FI présents au second tour, localement l’appel s’est souvent limité à battre le candidat d’En Marche.

Le tsunami Macron qui devait tout emporter sur son passage au 2ème tour a finalement été moins important qu’annoncé car l’enjeu du second tour n’étant plus de donner une majorité à Macron qui est apparue acquise à l’issue du premier tour, les électeurs des autres forces politiques se sont plus mobilisés au second tour pour essayer de faire gagner le plus de députés possibles de leur camp. La droite, LR et UDI, le PCF et nous en avons profité et même le PS dans une moindre mesure ce qui lui a permis de sauver des députés qui semblaient pourtant bien mal parti au premier tour. Il n’y a que pour le FN que cela n’a pas fonctionné.

C’est l’analyse que nous avions fait au soir du premier tour et qui nous permettait d’espérer que là où nous avions des candidats, les nôtres, y compris des abstentionnistes du 1er tour, se diraient que la victoire était possible et donc que cela valait la peine de se déplacer. Et c’est ce qui s’est passé !

__La France Insoumise a eu 67 candidat.e.s sous son étiquette présents au second tour__ et rate le second tour de moins de 2% dans 5 circonscriptions.. Plus que le PS. Elle a ainsi montré sa capacité à être au second tour sur la base de ses propres forces ce que les Verts ont toujours ambitionné mais n’ont pas réussi à faire en étant obligés de passer des alliances avec le PS pour obtenir des députés.

Sur la base de nos 4 exigences politiques de second tour, nous avons soutenu 89 candidats entre FI, autres soutenus par FI, PCF, frondeurs plus Nathalie Perrin-Gilbert à Lyon et 3 candidats en Outre-Mer que nous n’avions pas soutenu au 1er tour : Jean-Philippe Nilor en Martinique, Jean-Hugues Ratenon à la Réunion et Davy Rimane dans la 2ème circonscription de Guyane (dirigeant de l’UTG, animateur de la grève) qui hélas échoue de 57 voix.

Les candidats de la FI ont éliminés des personnalités comme Jean-Christophe Cambadelis (Sarah Legrain) Christophe Borgel (Manu Bompard) Michel Destot (Raphaël Briot) …

Au second tour les scores des candidats FI vont de 33,9 % dans la 56-3 à 64,2% dans le 59-2 avec une moyenne de 45%.

Nos candidat.es ont été présent.e.s au second tour dans 6 circonscriptions sur 10 en Haute-Garonne, 7 sur 12 et même 8 avec MG Buffet en Seine-Saint-Denis, 2 sur 4 en Dordogne, 4 sur 10 en Loire-Atlantique, 6 sur 18 à Paris.

__17 députés élus sous l’étiquette France Insoumise__

Mais le PCF ayant fait le choix de constituer son propre groupe en s’alliant avec 4 députés d’Outre-mer, Stéphane Peu membre du PCF, élu député de Saint-Denis sous l’étiquette FI et 11ème député PCF, a fait le choix de rejoindre le groupe GDR de façon à ce que le groupe puisse se constituer avec 15 députés.

Jean-Hugues Ratenon, député de la 5ème circonscription de La Réunion, qui avait fait la campagne de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle a décidé de rejoindre les 16 autres députés FI permettant ainsi la constitution d’un__ groupe France Insoumise de 17 député.e.s.__  : Bénédicte Taurine 09-1 Michel Larive 09-2 Jean-Luc Mélenchon 13-4 Loïc Prud’homme 33-3 Muriel Ressiguier 34-2 Caroline Fiat 54-6 Adrien Quatennens 59-1 Ugo Bernalicis 59-2 François Ruffin 80-1 Jean-Hugues Ratenon 974-5 Danièle Obono 75-17 93-1 Eric Coquerel 93-6 Bastien Lachaud 93-7 Alexis Corbière 93-9 Sabine Rubin 93-11 Clémentine Autain 94-10 Mathilde Panot

Ils sont répartis sur 11 départements dont 8 en dehors d’IDF avec notamment l’Ariège, historiquement PS, où nous emportons les 2 circonscriptions !(10 députés en Ariège 2, Bouches-du-Rhône, Gironde, Hérault, Meurthe et Moselle, Nord 2, Somme , La Réunion), IDF (75, 93 5 députés, 94)

Ils ont conquis les sièges détenus auparavant par 15 députés PS dont Bruno Le Roux (Eric Coquerel), Elisabeth Guigou (Bastien Lachaud), Claude Bartolone (Sabine Rubin), Daniel Vaillant (Danièle Obono), Patrick Menucci (Jean-Luc Mélenchon), Bernard Roman et avant Pierre Mauroy et Roger Salengro (Adrien Quatennens), Bernard Derosier (Ugo Bernalicis), Jean-Yves Le Déaut (Caroline Fiat), Georges Frèche (Muriel Ressiguier) ainsi que Noël Mamère (Loïc Prud’homme).

__L’unité FI-PCF aurait-elle permis d’avoir plus de députés ?__

C’est une hypothèse toujours difficile à vérifier car une élection ne se limite pas à des additions. Ceci étant si on regarde les scores FI et PCF du premier tour, et en s’en tenant aux additions, il y a __40 circonscriptions où l’addition des scores aurait permis d’être au second tour__  ce qui ne veut pas forcément dire gagner ensuite.

Dans__ 36 cas, la France Insoumise est devant le PCF__ dont la 57-8 avec Lionel Burillo syndicaliste CGT d’Arcelor Mittal contre lequel le PCF s’est obstiné à mettre un candidat, la 94-9 où on aurait pu être au second tour à la place de Carvounas ; dans la 78-8 où une candidature commune FI-EELV-Ensemble-Nouvelle Donne et regroupement local a du affronter un candidat PCF l’empêchant ainsi d’être au second tour alors qu’une des villes principales de cette circonscription (Mantes la Ville) est passée au FN en 2014.
Dans 11 cas la FI aurait été au second tour à la place du FN, dans 12 à la place du PS et au second tour, dans 2 en duel avec le PS

__Dans 3 cas le PCF est devant la FI (Lens, Compiègne, Nanterre)__

dans la 59-17 (Douai ex circo de Dolez) au coude à coude 12,08 FI et 12,07 pour le PCF

__On peut penser qu’il y aurait eu 4 circonscriptions gagnables contre le FN__

62-3 Lens où PCF devant FI

Douai FI et PCF au coude à coude

13-7 Marseille (Ouali Brinis devant JM Copola) et 59-19 Valenciennes, les deux avec FI devant PCF

__Conclusion__

La stratégie choisie par la France Insoumise a donc permis d’obtenir un score plus élevé qu’en 2012 dans un océan d’abstention qui concerne surtout notre électorat et face à une vague Macron soutenue massivement par les médias. Dans ces conditions, nombre de nos candidats ont fait des scores tout à fait remarquables au premier tour et au second tour des remontées impressionnantes qui malheureusement n’ont pas toujours pu briser la machine médiatique. Nous ne pouvons que regretter de ne pas avoir eu d’élus en Haute-Garonne et dans l’Essonne et pas plus à Paris. Nous pouvons aussi regretter que notre volonté de faire entrer des dirigeants syndicalistes à l’assemblée (Lionel Burriello, Mehdi Kemoune …) n’ait pas été couronnée de succès. Mais nous avons maintenant un groupe de député.e.s combatifs qui dès les premiers jours montrent leur volonté de porter haut la parole de « ceux qui sont rien » à l’assemblée nationale.


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