La loi de réforme du système de retraites votée en 2003 prévoyait un rapport avant le 1er janvier 2008 qui devait être transmis au Parlement et rendu public.
Ce rapport devait faire apparaitre l’évolution du taux d’activité des personnes de plus de 50 ans, la situation financière des régimes de retraite, l’évolution de la situation de l’emploi et l’examen de l’ensemble des paramètres de financement des régimes de retraite. Des éléments sont disponibles sur le site du COR mais le parlement n’a toujours pas reçu l’intégralité du rapport. C’est pourtant sur la base de ces chiffres que le gouvernement annonce la nécessité d’allonger encore la durée de cotisations pour avoir le droit de partir en retraite.
Or si le taux d’emploi pour les personnes âgées de 50 à 54 ans varie entre 75% et 80 %, il chute à partir de 55 ans et diminue régulièrement jusqu’à 59 ans pour atteindre 40%. A 60 ans (âge possible de départ en retraite pour celles et ceux qui ont le nombre de trimestres nécessaires), le taux d’emploi passe à 24% puis tombe autour de 10% entre 61 et 64 ans. Avant 60 ans les hommes ont un taux d’emploi supérieur à ceux des femmes mais après 60 ans, le taux d’emploi est identique.
Entre 2003 et 2006, le taux d’emploi des hommes ayant entre 55 et 59 ans a baissé (-2,3%). Celui des femmes a augmenté (+2,5%). Pour les hommes cela s’explique par l’effet du départ en retraite anticipé pour cause de longue carrière. Pour les femmes l’allongement de la durée de cotisation nécessaire à une retraite à taux plein et l’arrivée des générations ayant un taux d’activité salarié plus élevé explique cette hausse.
En 2000, au moment de la liquidation de leurs droits à la retraite, seule la moitié environ des salariés atteignait la condition de durée d’assurance requise (40 ans) pour liquider leur retraite à taux plein. De ce fait, __seuls 59,7% des salariés ont pu liquidé leur retraite à taux plein avant 65 ans__, 10,1% la liquidant à taux réduit faute d’avoir le nombre de trimestres suffisant, 30,2% avait du attendre 65 ans ou plus pour liquider leur retraite et 6,1 % des salariés étaient en invalidité et 12,1% en inaptitude.
Ainsi que l’indique le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) : « Pour la génération 1960, qui aura 60 ans en 2020, le taux de chômage des jeunes sans diplôme a été considérable : le chômage observé un an après les études a atteint 60% en 1985 ; pour les titulaires de CAP, BEP, ou BEPC, il était de près de 50%. Si donc on envisage, pour l’avenir à moyen ou long terme, un dispositif utilisant la durée, cette question devra être examinée. »
Et oui, si déjà dans le cadre des 40 ans d’annuité, beaucoup de salariés ne sont pas arriver à liquider leur retraite à taux plein en 2000, qu’en sera-t-il en 2020 avec 41 ans d’annuités obligatoires pour des jeunes qui ont eu tant de mal à accéder à leur premier emploi ?
Ainsi malgré un taux d’activité des salariés âgés de plus de 55 ans qui a très peu évolué pour cause de rejet de ces salariés par les entreprises (licenciements, non embauches), une dégradation encore pire que actuellement des montants des retraites par suite du chômage, une négociation sur la pénibilité bloquée par le Medef depuis 3 ans, le gouvernement nous explique qu’il faut retarder les départs en retraite.
Si on ajoute la suppression de la dispense de recherche d’emploi des chômeurs âgés de plus de 57 ans et donc à la possibilité de suspendre ou supprimer les indemnités de chômage, c’est la pauvreté chez les personnes âgées qui risque de réapparaitre à un niveau que nous ne connaissions plus depuis plusieurs années.