Pour la journée des femmes, je suis invitée au lycée Sophie Germain pour un débat sur « femme et engagement politique ». A ce débat devait aussi participer Marie-Thérèse Hermange, sénatrice UMP de Paris. Malheureusement cette dernière s’est désistée au dernier moment et malgré toutes les tentatives de l’équipe organisatrice de ce débat (la proviseur adjointe, et une professeur d’histoire-géographie …) il n’a pas été possible de trouver une autre élue UMP pour la remplacer. Les élèves ayant fourni un énorme travail de préparation, la décision a été prise de ne pas annuler.
Je me retrouve donc à 10h30 ce jeudi matin devant une classe de terminale ES bientôt rejointe par une classe de seconde. Mise à part la terminale présente tout du long, un va-et vient de classes, rythma la rencontre.
Pour commencer, 4 élèves présentent un montage autour de l’évolution de l’éducation des jeunes filles depuis la fin du 19ème siècle. Sur fond de photos d’époque, ils lisent tour à tour des textes illustrant l’évolution des positionnements autour de cette question, et présentent les grandes dates du 20ème siècle concernant les droits des femmes.
Le travail a été très bien fait et réveille chez moi un flot de souvenirs.
Puis, Alexandra, une de ces 4 lycéennes, qui, selon ses professeurs, a réalisé l’année dernière un très bon travail sur la question des femmes, joue le rôle de modératrice du débat.
Les questions portent sur les raisons de mon engagement, la place des femmes en politique, dans les partis et en tant qu’élues ; les acquis des luttes des années 70.
Je leur raconte ce qu’était un lycée de jeunes filles à mon époque (jusqu’en 68), les interdictions (pas de port du pantalon, pas de maquillage, pas de cheveux longs flottants, pas de nu-pieds l’été, pas droit de jouer au football etc ..), la majorité à 21 ans avec ce que cela impliquait comme difficulté d’accès à la contraception. J’essaie de leur expliquer, à leur demande, ce qu’a représenté mai 68 pour nous, lycéennes de ces lycées non mixtes: en premier lieu, la transgression de toutes ces interdictions qui nous pesaient tant.
Une lycéenne m’interroge pour savoir si la lutte pour les droits des femmes doit être réservée aux femmes ? Je lui réponds que comme toute lutte contre des inégalités, contre des discriminations, ce sont les « victimes » qui doivent être le moteur de la lutte, mais qu’il ne s’agit pas d’une lutte des femmes contre les hommes, qu’être le moteur ne doit surtout pas signifier exclure. Au contraire, pour que la société avance dans son ensemble il faut que toutes et tous prennent leur part dans ce combat.
Dès l’introduction leur professeur avait insisté sur le fait qu’il fallait rester vigilant sous peine de vivre des régressions. En écho à cela, il m’est demandé s’il reste des avancées à obtenir et lesquelles. J’insiste sur cet aspect en leur expliquant qu’au niveau législatif, il reste encore quelques améliorations à obtenir et que surtout, il faut continuer à se battre pour changer les mentalités (la responsabilité de l’éducation des enfants incombent encore trop majoritairement aux femmes, le partage des taches ménagères est encore insuffisant) pour obtenir l’application des lois dans la réalité (les lois existent sur l’égalité de salaires, la réalité est toute autre), et pour empêcher des régressions (il existe encore des mouvements contre la contraception et encore plus contre l’IVG).
J’ai parlé de la remontée des agressions contre les jeunes filles.
Une lycéenne m’interpelle pour savoir que faire contre ce sentiment d’insécurité vécue y compris dans une ville comme Paris lorsque, jeune fille, on circule dans les rues. Je décide de mettre les pieds dans le plat. Je rappelle le slogan des associations féministes : « lorsqu’une femme dit non, c’est non » et j’insiste sur le fait que surtout ce n’est pas à elles d’avoir honte mais aux hommes qui les importunent, les harcèlent. Je leur raconte que les associations féministes avaient organisé un 8 mars, une marche exploratoire dans une rue de Paris en mettant « la main aux fesses » des hommes pour leur montrer quel effet cela fait et en précisant que femme ou homme, on avait toujours le droit de choisir qui vous met la main aux fesses.
Puis vint le spectacle de fin monté par le groupe théâtre.
Une belle rencontre!!