La création de l’ordre des infirmiers (mais c’est aussi vrai pour les autres professions paramédicales) relève d’une loi du 13 juin 2006, votée par la majorité UMP-UDF d’alors, pour laquelle tout était bon quand il s’agissait de désengager l’État de ses missions, les ordres ayant un statut totalement privé. Elle s’est faite sous la pression d’un petit lobby de quelques associations venant du secteur libéral et dont on peut dire qu’il a bien fonctionné, contre l’avis la majorité de la profession, notamment des syndicats représentatifs. Or, 85 % des infirmier-e-s sont salarié-e-s, pour une bonne part agents de la fonction publique hospitalière, et refusent catégoriquement d’être soumis à cet ordre, censé se mettre en place à l’automne 2009.
Pour les titulaires du diplôme d’État, l’accès à la profession est soumis à une inscription obligatoire et gratuite de tout professionnel auprès de la DASS du département d’exercice. De même, la profession est représentée au Haut Conseil des Professions Paramédicales (HCPP) qui en assure le suivi. Les règles professionnelles et les compétences des infirmiers étaient jusqu’alors fixées par décret sans que cela ne soulève de réels problèmes. Le HCPP, qui mériterait sans doute d’être perfectionné, présente l’avantage de rassembler l’ensemble des professions de santé et de ne pas les isoler les unes des autres.
Le corporatisme auquel conduit la création de l’ordre des infirmiers n’est ni dans l’intérêt de la profession infirmière ni dans celui des usagers du système de santé. La profession dans son écrasante majorité refuse de confier à une poignée de conseillers ordinaux l’évolution de leur métier, la définition des bonnes pratiques et leur évaluation. De plus, la cotisation, qui au départ devait être symbolique, de l’ordre de 10 euros par an, s’élève désormais à 75 euros. Si vous multipliez ce chiffre par celui des infirmier-e-s, 500 000, le pactole devient considérable et l’on comprend que certains s’y soient intéressé.
__Dans ce contexte, à défaut de la suppression de cet ordre, je soutiendrai la proposition de loi visant à réduire son champ d’intervention à la pratique libérale de cette profession.__ Une telle disposition devrait aussi s’appliquer aux autres professions paramédicales qui se trouvent dans la même situation : kinésithérapeutes, podologues…