Scientifiques, GIEC, ONU, tous le disent : nous avons entre 12 et 15 ans pour inverser le cours actuel des émissions de gaz à effets de serre : il faudrait qu’entre 2030, – dans 12 ans -, et maintenant, elles diminuent de 25% pour contenir le réchauffement climatique de 2 degrés et à peu près de 50 à 55% pour contenir ce réchauffement sous 1,5 degré » selon Philippe Ciais. directeur de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE).
Cela suppose donc des décisions suivies d’actions rapides et radicales.
Nous avons eu le Pacte écologique de Nicolas Hulot à l’occasion de la présidentielle de 2007, signé de Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal en passant par les Verts. Nous savons comment cela s’est terminé avec « l’écologie ça commence à bien faire ».
L’Accord de Paris à l’issue de la COP21, a été salué sur toute la planète mais ne contenait rien de contraignant au point que les engagements volontaires des États nous amènent à un réchauffement de 3°C, une véritable catastrophe .Malgré l’appel à améliorer ces engagements, les COP 22,23,24 n’ont débouché sur aucune amélioration.
Les émissions de CO2 ont augmenté en France de + de 2% en 2017 pendant que Emmanuel Macron, nommé champion de la Terre, pratique la politique du 1 pas en avant 2 pas en arrière : la promesse de fermer les centrales à charbon d’ici 2022 a été remise en cause comme sur un autre plan la sortie du glyphosate.
Le projet de loi relatif à l’énergie qui sera bientôt en débat au parlement relève de cette même façon de procéder. La division par 4, le fameux facteur 4, des émissions de GES à l’horizon 2030, objectif chiffré et précis est remplacé par la neutralité carbone à l’horizon 2050. Ou comment lâcher la proie pour l’ombre. Comme le dit le rapport du CESE (Conseil Économique, social et environnemental) « L’objectif de neutralité3implique …. d’utiliser des capacités de stockage du carbone pour compenser les émissions résiduelles en 2050. Le CESE met cependant en garde contre le risque qu’il pourrait y avoir à surestimer ces capacités, dont le potentiel réel reste encore très incertain à ce stade ».
Lorsqu’un gouvernement veut faire croire à sa détermination à agir mais sans remettre en cause le modèle productiviste et libéral en vigueur, il remet sur la table la fiscalité carbone, mais jamais pour les secteurs les plus émetteurs (transport aérien et maritime, routier ..). Macron s’y est risqué et a dû reculer pour avoir pris les français pour des idiots en cherchant à cacher le fait que cela servirait à compenser la transformation du CICE en exonérations de cotisations sociales pour les entreprises.
A défaut d’avancer au niveau français, le Pacte Finance Climat est-il la solution au niveau européen ?
En résumant la lutte contre le réchauffement climatique à une question de financements, il évite de poser les choix douloureux de remise en cause du système de production, de distribution et de consommation et peut donc être signé aussi largement que le Pacte de Nicolas Hulot de 2007, y compris par des parlementaires qui ne s’opposent pas aux politiques gouvernementales.
La solution n’est pas d’ajouter des milliards d’euros pour les énergies renouvelables à côté de ceux investis dans les énergies fossiles ou le nucléaire. Il faut sortir des énergies fossiles et du nucléaire en arrêtant leur financement et en le redirigeant vers les politiques d’économies d’énergie et d’énergies renouvelables. Il est indispensable de réfléchir aux besoins réels de nos sociétés au lieu de courir derrière une croissance matérielle insupportable pour l’écosystème terrestre.
Nicolas Hulot et Laurent Berger ont avancé 66 propositions pour «faire face à l’urgence sociale et économique ». Concernant l’écologie peu de mesures précises, ainsi la sortie des énergies carbonées n’est pas posée et le grand manque porte sur comment les mettre en œuvre. Rien n’est proposé pour remettre en cause la main-mise des multinationales et des lobbies sur l’Union européenne et l’impossibilité de mener la bifurcation écologique urgente dans le cadre des traités européens la régissant.
Aujourd’hui les 0,5% les plus riches au niveau mondial émettent à eux seuls 13% des émissions de CO2. On ne peut donc pas proposer des solutions sans prendre en compte cette réalité.
Toute politique écologique doit partir des besoins des plus vulnérables et articuler besoins sociaux et environnementaux pour une écologie populaire.
De même lutter contre le réchauffement climatique ne peut se réduire à la question énergétique mais doit englober la biodiversité, le refus de la ‘artificialisation des sols, la suppression des élevages industriels, la restauration des milieux marins et aquatiques.
Puisque les gouvernements et les grandes entreprises font tout pour repousser les décisions indispensables, il revient aux citoyens et notamment aux jeunes de s’emparer du sujet et d’utiliser tous les moyens d’actions y compris la désobéissance civile pour obliger à mettre en œuvre la bifurcation écologique indispensable. Les élu.e.s de la France Insoumise seront à tous les niveaux un point d’appui dans cette bataille indispensable pour la survie de l’humanité.