Du 6 au 11 février se tenait le Forum social mondial à Dakar. J’y suis allée pour représenter le Parti de Gauche. Mais hélas, mon apport aura été faible, car moi qui n’avais jamais eu la grippe de ma vie, il a fallu qu’elle me terrasse une fois là-bas. J’ai donc passé autant de temps prostrée au fond de mon lit que dans les allées du FSM ! Mon premier séjour en terre africaine aura du coup été très limité et je pourrai plus témoigner de l’excellence et de la gentillesse du médecin auquel j’ai dû faire appel que des débats multiples auxquels j’avais prévu d’assister !
Le mardi 8 février au matin, j’ai participé au Forum Mondial des parlementaires à l’Assemblée nationale du Sénégal. Une petite déception : peu de parlementaires ont daigné y prendre part et en plus cela se déroulait loin des autres débats du FSM, qui eux avaient lieu à l’Université de Dakar, donc pas de participation populaire prévue et possible. Dommage. Au passage, je signale qu’il y a 22% de députées femmes au Sénégal, soit plus qu’en France ! Des échanges intéressants avec nos collègues sénégalais mais bizarrement dans leurs interventions, une absence totale dans un premier temps des révolutions citoyennes qui se déroulaient au même moment en Tunisie et en Égypte. Mais ensuite un débat assez vif entre eux sur universalité ou non des valeurs de la démocratie et des droits de l’homme, l’immense majorité prenant quand même position contre le parti unique tel que l’ont connu et le connaissent encore un certain nombre de pays arabes et africains.
((/public/photos/.11.02.08-FSM_Dakar_m.jpg|11.02.08-FSM_Dakar.jpeg|C|11.02.08-FSM_Dakar.jpeg, fév. 2011))
L’après-midi, je suis intervenue dans un débat sur « Comment reconstruire les gauches du Nord et du Sud ».
Ci-dessous, les grandes lignes de mon intervention dans le débat « l’évolution de la démocratie en Afrique et dans le monde : défis et perspectives ».
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Monsieur le Médiateur de la République, vous vous êtes indigné qu’on ait pu entendre dire que les peuples africains n’étaient actuellement pas prêts à recevoir la démocratie. En tant que députée française, je veux vous dire ma honte d’avoir entendu des hommes politiques français tenir ce type de discours. Mais je tiens à souligner qu’ils sont clairement situés à droite de l’échiquier politique. Les mêmes ou leurs collègues de droite ont aussi cherché à nous faire croire que nous étions dans une guerre de civilisation entre occident et islam et que dans ce cadre, il valait mieux soutenir des dictatures que de prendre le risque de voir arriver des pouvoirs islamistes. Les peuples tunisiens et égyptiens viennent de démontrer, par leurs révolutions citoyennes, que le désir de liberté, de démocratie, de justice sociale est le plus fort. En même temps, dans nos pays d’Europe dont la France, la démocratie est menacée par la volonté des forces de droite et d’extrême-droite d’attiser la peur de l’autre, afin de dresser les citoyens les uns contre les autres sous prétexte d’origine, de culture, de religion ou de couleur de peau différente, afin d’empêcher justement la construction de l’unité au delà des différences de chacun pour se battre contre l’explosion des inégalités sociales, conséquence de la financiarisation de l’économie mondiale.
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, vous avez souligné les enjeux démocratiques ainsi que le problème soulevé par les catastrophes climatiques qui frappent durement l’Afrique notamment. Effectivement la démocratie passe par la prise en compte des enjeux écologiques notamment la question du réchauffement climatique, la perte de biodiversité et les pollutions. Il ne peut y avoir de démocratie sans solidarité et ce y compris évidemment entre pays du Nord et pays du Sud. Chaque pays doit se responsabiliser par rapport à ces enjeux, mais il n’est pas possible de mettre au même niveau les pays industrialisés responsables majeurs des émissions des gaz à effets de serre, cause du réchauffement climatique, et les pays du Sud dont en plus les matières premières ont été pillées pendant des siècles au profit du développement des pays riches. Les pays du Nord doivent aussi arrêter de délocaliser leurs productions polluantes ainsi que leurs déchets toxiques vers les pays du Sud. Nous devons changer de mode de production, de consommation et pour cela relocaliser nos productions chacun à une échelle régionale afin de favoriser les circuits courts production-consommation et bien évidemment ne pas relocaliser au Nord pour inonder ensuite les pays du Sud de nos produits.
Les peuples doivent prendre à bras le corps ces questions sinon nous verrons réapparaître des dictatures qui chercheront à imposer une répartition des ressources naturelles au profit de l’oligarchie, comme aujourd’hui ces oligarchies s’approprient partout la majeure partie des richesses.